Derrière la porte de la duperie

Par Bella Depaulo

La psychologie des mensonges graves, du point de vue des menteurs et des personnes qu'ils essaient de tromper.

Pendant des années, Bella DePaulo (Ph.D., Harvard) a demandé à des gens ordinaires de raconter à son équipe de recherche les mensonges les plus graves qu'ils avaient jamais racontés, et les mensonges les plus graves qui leur avaient été racontés. L'un après l'autre, ils se sont ouverts, décrivant des mensonges sur l'amour et le sexe, la tricherie et le vol à l'étalage, la maladie et les abus, la parenté et l'adoption, les réalisations et les ressources.

Ils ont raconté des mensonges qui ont entraîné la perte de relations, de réputations et de grosses sommes d'argent. Ils ont même décrit des mensonges qui se sont avérés mortels.  Certains ont admis avoir vécu un mensonge.  Bien que leurs récits aient été très douloureux, ils ont également fait preuve d'une résistance remarquable.  Il y a des leçons à tirer de ces centaines d'histoires de déceptions majeures. Dr DePaulo donne des conseils pour éviter la tentation de dire des mensonges graves, et explique pourquoi certaines des personnes les plus improbables peuvent être vulnérables à la tromperie.

• Langue: Français
• Éditeur: BadPress
• Date de sortie: 9 févr. 2021
• ISBN: 9781071587911

Bella Depaulo

Bella DePaulo, PhD, is a psychologist and the author of Singled Out: How Singles Are Stereotyped, Stigmatized, and Ignored, and Still Live Happily Ever After. Her research and writing have been featured in The New York Times, The Washington Post, and many other outlets, and she blogs at Psychology Today, Psych Central, and Huffington Post. DePaulo is currently a visiting professor of psychology at UC Santa Barbara in California.

Aperçu du livre

PARTIE 1

Histoires des dupes

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Mensonges sur l'amour et le sexe

Mensonges mortels

Mensonges qui sont une affaire d'honneur

De quelle chair et de quel sang ? Mensonges sur la parenté

Mensonges sur la fortune et les moyens de subsistance

Chapitre 1

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Mensonges sur l'amour et le sexe

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En 1970, mon ex-mari, qui était le doyen d'un collège, a entamé une relation avec une secrétaire dans le bureau du prévôt. Mon ex-mari est un ministre ordonné et avant de devenir doyen d'un collège, il avait été professeur au département de religion d'une autre université. Nous étions mariés depuis près de 20 ans à l'époque, nous avions quatre enfants formidables, et je pensais que notre mariage était fondamentalement heureux. Cette liaison était la dernière chose que j'aurais attendue de lui.

Le mensonge était en fait toute une série de mensonges et d'évasions. Celui dont je me souviens le plus clairement est qu'il m'avait signalé que les exigences de son nouveau travail l'obligeaient à retourner à son bureau après le dîner presque tous les soirs. Souvent, il ne rentrait à la maison qu'à 1 ou 2 heures du matin. Étant donné que des heures de travail comme celles-ci étaient typiques de lui (il a toujours été un noctambule), je n'étais pas soupçonneuse. Je n'aimais pas rester seule tous les soirs, mais je n'ai jamais soupçonné qu'une autre femme, et non le bureau, était sa destination. Son attitude envers moi durant cette période n'était pas sensiblement différente. Il n'est pas une personne chaleureuse et sociable, et il restait souvent des jours sans dire autant. Je savais qu'il était préoccupé par son travail, en particulier par sa relation avec le prévôt. Tout a éclaté à son retour d'un voyage d'affaires. Je rassemblais ses vêtements sales pour la lessive, quand j'ai remarqué une petite boîte à bijoux dans sa mallette. J'étais curieuse et je l'ai ouverte, et elle contenait un joli pendentif sur une chaîne. Quand il voyageait, il rapportait généralement des cadeaux pour moi et les enfants, et je pensais qu'il l'avait acheté pour moi. Je l'ai remis dans sa boîte. Le lendemain soir, nous avons assisté à une pièce de théâtre au collège. Pendant l'entracte, nous avons rencontré la secrétaire dans le hall du théâtre, et autour de son cou se trouvait le pendentif. Je ne suis pas du genre à faire un drame en public, mais j'ai tranquillement demandé que nous sortions, et une fois dehors, je l'ai confronté.

Soudain, j'entendais dire qu'il était malheureux depuis des années et qu'il pensait à me quitter. À l'époque, j'étais une personne très différente de celle je suis aujourd'hui, et j'avais l'impression que tout mon monde s'était effondré sous moi.

Six ans plus tard, j'ai intenté une action en divorce. Le mensonge (et la liaison, depuis longtemps terminée) n'en sont pas la cause, mais ils ont été l'éperon qui m'a poussée à regarder mon mariage d'une manière que je n'avais jamais considérée, jusqu'alors. Les années suivantes ont été très douloureuses, mais j'ai progressivement, avec l'aide de quelques très excellents conseillers, pris le contrôle de ma vie. Aujourd'hui, je suis une femme très heureuse, mariée depuis trois ans à un homme merveilleux qui est mon ami le plus proche, ainsi que mon mari. Il est direct et franc, et je sais que si je commets un acte qui lui déplaît, j'en entendrai parler maintenant, pas dans 15 ans ! »

—Rita

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Même si mentir est néfaste, cela est encore pire envers les personnes que vous aimez.

Avant que mes collègues et moi avons commencé à étudier les mensonges  graves, nous essayions de comprendre les petits mensonges que les gens racontent dans leur vie quotidienne. Nous avons demandé aux personnes participant à ces études antérieures de tenir un journal, tous les jours pendant une semaine, de toutes leurs interactions sociales d'une durée de 10 minutes ou plus, et de tous les mensonges qu'elles ont racontés lors de ces interactions. La plupart de ces mensonges étaient insignifiants. Les gens ont menti, par exemple, en disant que le chèque était dans le courrier et qu'ils se souciaient de savoir où aller pour déjeuner ; ils ont feint d'aimer des gens qu'ils n'aimaient vraiment pas du tout, et ont surestimé leurs résultats à un test à l'école ou à un devoir au travail. En ce qui concerne ces mensonges pour la plupart sans importance, les participants à nos études en ont raconté relativement peu aux personnes de leur vie auxquelles ils tenaient le plus. Nichés dans la chaleur d'une relation personnelle intime, ils mettent de côté les petits mensonges de la vie quotidienne pour la communication réconfortante de la vérité et de la confiance.

Cependant, lorsque nous laissons les petits légers mensonges derrière nous et que nous nous aventurons dans le domaine plus inquiétant des mensonges sérieux, les relations étroites deviennent traîtresses. C'est l'une des tristes leçons de l'histoire racontée par Rita.  Son expérience n'était guère unique. Les personnes qui ont raconté aux dupes les mensonges les plus blessants qu'on leur ait jamais racontés étaient le plus souvent les personnes mêmes dont ils se sentaient le plus proches.  Comme Warren Jones et ses collègues l'ont noté dans leurs études sur la trahison, « le potentiel de trahison par un partenaire intime est le 'prix'  que l'on paie pour les avantages de l'intimité.  Au sens interpersonnel, on ne peut être trahi que par un partenaire en qui on a confiance et dont on est proche, alors que la protection ultime contre la trahison est de n'avoir aucune relation, ou seulement des relations superficielles. » Dans nos propres études, nous avons constaté que les gens ne mentent pas seulement à ceux qu'ils aiment, mais aussi qu'ils mentent souvent à propos de l'amour. Tant dans l'échantillon d'étudiants que dans l'échantillon de personnes de la communauté, un participant sur quatre décrivant l'expérience d'avoir été dupé a parlé d'une liaison. 

Les relations romantiques ne sont pas les seules relations étroites empreintes de trahison.  À l'exception des meilleurs amis, qui sont rarement impliqués dans le récit de ces mensonges des plus blessants, pratiquement n'importe quel partenaire proche fera l'affaire.  Les adolescents, par exemple, accusent souvent leurs parents de les tromper le plus profondément.  Pourtant, tant pour les adolescents que pour les adultes mariés et non mariés, ce sont les partenaires romantiques qui sont le plus souvent cités. Lorsque nous avons classé les personnes qui racontent des mensonges graves (comme les dupes les ont nommés) dans les catégories suivantes : partenaires romantiques, parents, frères et sœurs, enfants, autres membres de la famille, meilleurs amis, amis, connaissances et étrangers, la catégorie des partenaires romantiques s'est retrouvée surchargée avec la part très disproportionnée de 40 % des menteurs. Il semble que nous gardions nos mensonges les plus importants pour les personnes avec lesquelles nous avons partagé l'intimité la plus profonde, comme si ces mensonges étaient un trésor précieux.  Les dupes, cependant, les voient rarement de cette façon.

Cela fait tellement mal

Quand quelque chose de ce genre se produit, vous n'avez soudain plus aucun sens de la réalité.  Vous avez perdu une partie de votre passé. L'infidélité elle-même n'est rien comparée aux dommages cérébraux de faible niveau qui résultent lorsqu'une partie de votre vie s'avère être complètement différente de ce que vous pensiez.  Il devient impossible de revenir sur tout ce qui s'est passé - du plus simple échange entre vous deux lors d'un dîner à la mort horrible de M. Abbey - sans se demander ce qui s'est réellement passé.  Voir le couple. Voir le couple avec le bébé. Voir le couple avec le bébé avoir un autre bébé. Qu'est-ce qui ne va pas avec cette image ? Tout, comme il se doit. »

—Rachel, de l'émission Heartburn de Nora Ephron

Les mensonges les plus dévastateurs sont ceux qui effacent une partie précieuse de votre identité et de votre vie.  Lorsque Rita a vu le joli pendentif autour du cou de la secrétaire, elle a appris en une fraction de seconde que le pendentif n'était pas un gage de l'amour de son mari pour elle, mais de sa dévotion envers quelqu'un d'autre ; que son mariage n'était pas « fondamentalement heureux » ; que son mari n'était pas le pilier moral qu'il semblait être ; que la vie qu'il avait menée avec elle était un mensonge ; et que la réalité à laquelle elle croyait et dont elle vivait était tout aussi frauduleuse. Une des raisons pour lesquelles les mensonges graves font tellement mal, du coup, est qu'ils imposent violemment une redéfinition globale de votre passé, et vous forcent à faire face à un avenir nouveau et incertain.

Les dupes qui semblaient se sentir les plus perdus, désorientés, et dévastés par la découverte de la tromperie étaient ceux qui s'étaient le plus emmêlés aux personnes qui les avaient trahis. Comme l'a fait remarquer un homme, « elle a pris beaucoup de temps et j'ai donné beaucoup de moi-même... mon humeur, mes sentiments...Je suppose que beaucoup