Vaincre peur et culpabilité grâce à l’autohypnose et aux neurosciences
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Avis sur Vaincre peur et culpabilité grâce à l’autohypnose et aux neurosciences
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Aperçu du livre
Vaincre peur et culpabilité grâce à l’autohypnose et aux neurosciences - Bernard Sensfelder
2016.
Découvrir la « paire de lunettes »
COMPRENDRE LE MAL-ÊTRE : LES BASES
A – Oui, d’accord… Mais quand je suis coincé dans un embouteillage, il est normal que je m’énerve, quand même ?
B – Tu as dit : « je m’énerve » ; as-tu décidé de t’énerver ?
A – Bien sûr que non !
B – Alors tu pourrais dire que tu ressens de l’énervement, ou que tu es envahi par l’énervement. Il me semble que ces façons de dire conviennent mieux. En effet, tu ne décides pas de t’énerver, tu es envahi par l’énervement. A priori, si tu l’avais décidé, je pense que tu ne te serais pas énervé.
Pause dans le dialogue…
Madame, Mademoiselle, Monsieur,
Ce texte commence par un dialogue imaginaire entre A et B, dans lequel A fait office de jeune psychologue et B est censé me représenter. Vous rejoignez ce dialogue alors qu’il est commencé depuis un bon moment. A et B y discutent des émotions, notamment de savoir si éprouver telle ou telle émotion est « normal ».
Si vous lisez ce livre, c’est que vous essayez – peut-être pas pour la première fois – de comprendre comment sortir du mal-être. Cela peut être pour vous ou parce que vous accompagnez des personnes souffrantes. Aussi, il paraît important de poser quelques bases de compréhension des mécanismes en jeu dans l’existence d’un mal-être. Je vais commencer en expliquant de façon globale certains éléments de fonctionnement du cerveau et en présentant comment aborder l’humain en général.
Puis, je développerai les notions clés de peur et de culpabilité, ce qui vous permettra (de façon non exhaustive) de commencer à découvrir comment faire pour sortir du mal-être, non seulement de manière globale, mais aussi avec des outils utilisables tout de suite. Vous commencerez à voir ce vers quoi ce livre vous invite à aller.
De façon à illustrer et préciser cet abord du mal-être, je vous proposerai un regard particulier sur l’origine de beaucoup de comportements d’enfants et une lecture originale du fonctionnement des symptômes. Ces deux regards (enfants et symptômes) permettront d’évoquer une technique de communication spécifique.
Enfin – et c’est la visée de fond de ce livre –, « enlever » prendra vraiment tout son sens. D’abord, par une réflexion sur un positionnement d’accompagnant puis, enfin, par un développement sur la perceptude.
Bien entendu, je vous invite à ouvrir votre pratique, que ce soit sur vous ou sur les personnes que vous aidez, en y insérant de nouveaux éléments issus de votre lecture.
Dans un premier temps, de façon à montrer combien notre quotidien est plein de petites choses à modifier afin d’endiguer le mal-être, nous commençons cette présentation par une phrase apparemment simple et banale : « je m’énerve ». Vous êtes invité à réfléchir à cette petite phrase, à poser dessus un regard interrogatif.
Reprenons le dialogue.
A – Ben oui, si j’avais pu décider, je serais resté calme.
B – Donc formuler ce qui se passe par « je m’énerve » ne convient pas. Il est plus exact de dire que tu subis ce qui se passe en toi. Je pense que tu ne te fabriques pas tes problèmes psychologiques. Tes problèmes arrivent, tu « fais avec ». Une fois qu’ils sont là, tu fais du mieux que tu peux pour les supporter. Donc ils se créent sans que tu interviennes. Il existe une citation d’Ayya Khema qui va dans ce sens : « Nous n’avons pas demandé à avoir ces sensations, alors pourquoi dire qu’elles sont nôtres⁴ ? »
A – Personne ne s’énerve ?
B – Si, dans le cas d’un acteur : si son personnage est censé être envahi par de l’énervement, alors, comme c’est ce qu’il a à faire à ce moment-là, l’acteur s’énerve…
Seconde pause. Celle-ci est l’occasion d’une remarque importante pour la suite de la présentation.
L’idée que la personne se crée elle-même ses problèmes est banale et omniprésente. Je pense que cette idée repose sur une confusion entre la personne et son cerveau. En effet, la croyance que nous
sommes notre cerveau est très ancrée dans notre vision du monde. Dans ce livre, je vais vous montrer un autre point de vue :
Nous ne sommes pas notre cerveau.
Bien entendu, le cerveau fait partie de nous, mais nous ne nous réduisons pas à notre cerveau. En effet, comme vous le verrez au cours de ces lignes, le mal-être est généré par le cerveau. Mais nous ne créons pas notre mal-être… Par contre, nous le subissons. Sur la façon de sortir du mal-être, comme vous le constaterez plus tard dans votre lecture, je vais plus loin que l’action sur le cerveau, je vais beaucoup plus loin que la parole et la compréhension. Cette notion de base étant introduite, reprenons le dialogue.
A – Mais si cet énervement ne vient pas de moi, d’où vient-il, qu’est-ce que c’est ?
B – Il vient de ton cerveau, c’est la conséquence d’une dérivation de l’influx nerveux.
A – Je ne comprends pas, mon cerveau et moi sommes pareils. Si mon cerveau fait quelque chose, je le fais et réciproquement. Il me semble que tu introduis une distinction inhabituelle, tu affirmes qu’il y a d’un côté « moi » et d’un autre côté, « mon cerveau ».
B – C’est en effet ce que j’affirme en réaction à ta phrase « je m’énerve ». Je t’explique que dans le cas de l’énervement, cette confusion entre la personne et son cerveau ne tient pas. Bien entendu, il arrive aussi que la personne et le cerveau soient en harmonie, mais ce n’est pas toujours le cas. Tout ce que je souligne, c’est que la personne et son cerveau sont deux choses différentes.
A – …
La compréhension du dialogue nécessite quelques notions de neurosciences. B va décrire de façon simplifiée le cheminement de l’influx nerveux dans le cerveau. Comme le thème de ce livre est le mal-être, B va insister sur ce qu’il pense être les deux origines du mal-être : la peur et la culpabilité.
Je le laisse reprendre.
B – Comme tu le sais, le cerveau traite des informations. Ces informations déclenchent éventuellement des signaux de danger, de peur ou de culpabilité. Tout dépend de comment le cerveau interprète les informations qu’il a reçues.
Tu sais aussi, comme cela a été démontré, que ces réactions de danger, de peur ou de culpabilité sont déclenchées bien avant que l’information n’arrive à la conscience.
Ce déclenchement en amont sera réexpliqué dans la partie sur la théorie des trois cerveaux.
Donc, de façon automatique, sans que tu interviennes, le cerveau déclenche des états qui sont parfois désagréables.
De façon imagée, tu peux te représenter un ordinateur qui reçoit une information et la compare avec une banque de données. En fonction de ce qui est stocké, il déclenche des signaux ou des lignes de programmes différents.
Dans ce cadre, l’énervement est un exemple d’état déclenché par le cerveau en réaction à l’arrivée d’informations qu’il estime, ou reconnaît, comme dangereuses ou culpabilisantes.
Donc, ton cerveau déclenche l’énervement et toi, tu te retrouves pris dans l’énervement. Cela te dépasse, c’est comme ça.
A – Tu peux expliquer un peu plus ce que j’ai besoin de savoir en neurosciences afin de pouvoir suivre tes explications ?
B – Oui, nous allons y passer du temps. Je te propose de poser quelques notions de base, peut-être les connais-tu déjà, peut-être pas ?
A – Je n’ai pas trop le choix…
B – (Sourire.) C’est parti !
Le cerveau fonctionne à l’économie, il est conçu pour dépenser le moins d’énergie possible. Donc, en situation de fonctionnement de base, les chemins les plus courts sont toujours privilégiés. Au niveau émotionnel, cela se traduit par de la sérénité, tu te sens posé, tu es dans une absence de vagues émotionnelles.
Le cerveau est l’un des organes composant ton corps, tu ne remarques l’existence de ton cerveau que lorsqu’il te pose problème. Afin d’illustrer ce propos, prenons au hasard un autre organe : l’estomac. En temps normal, tu oublies l’estomac, il fonctionne et tu ne le remarques pas. Tu n’es attentif à ton estomac qu’à partir du moment où il dysfonctionne. Tu te rends compte que tu as un estomac parce que tu as mal au ventre ou parce que tu as des nausées, etc. Il en est de même pour le cerveau. La plupart du temps, il fonctionne sans que tu t’en aperçoives, tu le remarques lorsqu’il dysfonctionne.
De temps en temps, le fonctionnement de base du cerveau est perturbé. Ces perturbations peuvent donner des symptômes d’ordre physique et aussi ce que l’on considère comme des symptômes d’ordre « psychique », par exemple l’angoisse ou l’énervement. Ces états sont révélateurs d’une dérivation de l’influx nerveux : là où l’influx nerveux devrait aller au plus rapide, il bifurque. Cette bifurcation a des conséquences, comme l’énervement. Ainsi, lorsque tu ressens de l’énervement, tu ressens des effets de la déviation de l’influx nerveux.
Ce n’en est pas fini des explications sur le cerveau… Pour l’instant, la notion de « perturbation dans le trajet de l’influx nerveux » causée par l’arrivée d’une information déclenchant automatiquement de la peur ou de la culpabilité est au centre du discours. Maintenant, B va passer à la notion d’« interprétation ».
A – Heu, j’entends bien. Peux-tu développer pour ce qui est du positif, de l’agréable ?
B – Non, je traite ici uniquement de l’abord du mal-être.
A – Oups… J’y reviendrai car je suis aussi têtu que toi… Mais bon, peux-tu développer ce que tu entends par « le cerveau interprète » ?
B – Oui. Pour te répondre, je vais présenter de façon grossière le trajet de l’influx nerveux. Ce sont sûrement là des évidences pour toi, mais parfois, c’est une bonne chose de reprendre les explications à la base.
Nous captons des informations par nos sens : la vue, l’ouïe, etc. Les yeux, les oreilles, le nez sont donc des capteurs. Ces informations sont transmises au cerveau sous forme d’impulsions électriques par des câbles ; l’influx nerveux est donc du courant électrique transporté sous forme chimique par les nerfs dédiés. Ces câbles – les nerfs – arrivent dans un centre de tri, lui-même soumis à d’autres zones du cerveau. Ce centre de tri s’appelle le thalamus. Par la synthèse d’informations multiples, il décide si l’information suit son chemin, si elle est bloquée ou si elle est dérivée. Prenons le cas où tout va bien. En ce cas, le thalamus décide que le courant peut continuer son chemin au plus simple. Les impulsions électriques vont emprunter les nerfs qui sont connectés à des zones spécifiques du cerveau dont la fonction est de décoder ces impulsions, comme l’aire visuelle, l’aire auditive, etc. Puis, les éléments issus de ces décodages sont transmis ailleurs dans le cerveau. À cela s’ajoutent de multiples interactions, les zones du cerveau interagissant de façon très complexe.
Par exemple, en guise d’illustration, prenons l’image d’un objet. En gros, voici ce qui se passe. Il y a de la lumière, une partie de la lumière est renvoyée par l’objet. Les yeux captent les fréquences de la lumière renvoyée auxquelles ils sont sensibles. Les yeux transforment cette lumière captée en impulsions électriques. Ces impulsions sont ensuite transportées sous forme chimique par des câbles – les nerfs optiques –, passent par le thalamus puis, en général, vont jusqu’à l’arrière du cerveau, dans une zone que nous nommons évidemment « aire visuelle », qui décode les impulsions électriques. Ce décodage produit cet effet que nous qualifions d’« image ».
Comme tu peux le constater, l’image est une interprétation d’une partie de la lumière renvoyée et non un accès direct à l’objet.
Nous ne regardons pas l’objet exactement du même endroit et puisqu’il n’y a pas deux yeux identiques, ni deux nerfs identiques, ni deux aires visuelles identiques, tu peux en déduire que non seulement nous avons accès uniquement au résultat final de toutes ces opérations – c’est notre interprétation du monde –, mais qu’en plus, cette interprétation est différente d’une personne à l’autre. Il est donc logique de dire que nous n’accédons pas au monde tel qu’il est.
En conséquence, nous pouvons poser que nous accédons uniquement à l’interprétation que nous faisons du monde. Enfin, nous pouvons affirmer que cette interprétation est différente d’une personne à l’autre.
Petite remarque : le but est que tu comprennes le mécanisme général, donc je raccourcis les trajets par rapport à ce qu’ils sont réellement dans le cerveau. Ainsi, puisque le thalamus est notamment sous contrôle de l’amygdale et de l’hippocampe, je parlerai directement de l’hippocampe et de l’amygdale sans parler du thalamus.
Ouf ! Je me demandais quand il allait terminer… Croyez-vous qu’il va s’arrêter là ? Non, il va « enfoncer le clou » !
A – Oups ! O.K. Ce que tu présentes est donc une approche très « biologique » du mal-être.
B – Bien entendu, il va de soi que lorsque tu vois quelque chose, il n’y a pas un être psychique qui regarde une petite image dans ton cerveau, il n’y a pas non plus un « truc » qui plane au-dessus de toi. Voir, c’est biologique. Il y a l’activation d’un réseau neuronal, dans l’aire visuelle, cette activation produisant un effet. C’est cet effet que l’on appelle « l’image »…
De même, lorsque tu penses, c’est quelque chose du même ordre qui se passe : ta pensée est un effet d’échanges électriques dans ton cerveau. La pensée est une production du cerveau.
Cet abord très « biologique » du psychisme explique ma difficulté avec le mot « psychisme ». En fait, tout ce que l’on désigne par le terme « psychique » recouvre des événements somatiques, physiologiques, biologiques…
Il me semble que ce n’est en rien révolutionnaire d’affirmer que nous ne sommes pas de purs esprits… Nous savons que nous sommes constitués de cellules et que parmi elles se trouvent les cellules nerveuses. Ainsi, nos pensées, nos ressentis d’émotions, nos ressentis de sensations sont le résultat d’une activité cérébrale.
Nous sommes de chair et de sang et en tant qu’êtres humains, nous sommes une des espèces de grands singes, il n’y a rien de révolutionnaire là-dedans…
Comme tu peux le constater, j’essaye d’être le plus lucide possible, j’essaye d’élaborer une compréhension du mal-être le plus proche possible de la réalité. Une « compréhension pragmatique », en quelque sorte…
A – C’est joli comme expression !
B – Je trouve aussi. Tu sais, le problème, c’est de garder les pieds sur terre et de rester dans des théorisations permettant d’aboutir à des pratiques utiles…
Au passage, en reprenant ce que j’ai expliqué sur la notion d’interprétation, tu en déduiras facilement que mon modèle explicatif du mal-être n’est pas la vérité mais seulement mon interprétation.
Toutefois, je crois que plus nous nous approchons de la réalité, plus nous pouvons être efficaces dans les pratiques qui vont être élaborées à partir du modèle explicatif du mal-être que je développe.
A – Tu penses qu’il convient de comprendre le cerveau, non pour se comprendre, mais pour mieux comprendre ce qui se passe lorsque nous sommes dans du mal-être.
B – Oui, car il crée le mal-être.
A – Et tu penses qu’il convient d’élaborer des pratiques pour sortir du mal-être dans un deuxième temps ?
B – Oui, tout à fait. Tout en sachant que si le cerveau est un organe important dans la compréhension du mal-être, ce n’est pas la seule dimension à comprendre.
Je commence les explications en exposant des éléments de fonctionnement du cerveau venant contrarier l’idée qu’habituellement nous nous fabriquons du mal-être. Sortir de l’idée que nous sommes notre cerveau est l’ouverture à une autre façon d’aborder le mal-être qui me semble une première étape importante.
Je ne sais pas pour vous, mais moi, j’aimerais bien qu’ils parlent un peu de quand ça va, de quand nous nous sentons bien !
A – D’accord, ce que tu commences à présenter concerne le mal-être. Mais, lorsque je suis serein, comment ça se passe ?
B – Tu es têtu… Je vais donc survoler le sujet, en utilisant uniquement des éléments pouvant être intéressants pour comprendre le mal-être.
Comme je l’ai dit, en l’absence de mal-être, ton cerveau fonctionne à l’économie, vite et simplement, sans blocage. Dans ce cas, tu ne te rends même pas compte que tu es bien, tu ne te poses pas la question, tu es, simplement, dans l’instant présent et tu vis l’instant présent en te laissant porter.
Lorsque tu es bien, tu n’analyses pas ton comportement, tu n’es pas dérangé par ce que tu fais, par ce que tu ressens, rien ne vient t’inciter à te poser la question du fonctionnement de ton cerveau : on peut dire que tu ne te rends pas compte que le cerveau fonctionne.
A – Mais, des fois, je me rends compte que je vais bien.
B – Alors c’est que tu compares, c’est que tu es bien, mais tu pourrais encore être mieux, tu pourrais aller jusqu’au stade où les comparaisons disparaissent.
Merci !
S’ils pouvaient un peu synthétiser tout ce qui vient d’être dit, je trouverais cela bien !
Par contre, lorsque tu es énervé, cela signifie que le courant est