Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

L'amour sous tout ses angles
L'amour sous tout ses angles
L'amour sous tout ses angles
Livre électronique242 pages3 heures

L'amour sous tout ses angles

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Qu’arrive-t-il quand vous vous engagez pleinement dans l’amour? Rien que du bon, dit Scott Stabile, qui a dû surmonter beaucoup d’adversité pour le découvrir. Ses parents ont été assassinés lorsqu’il avait quatorze ans. Neuf ans plus tard, son frère a succombé à une surdose d’héroïne. Peu de temps après, Scott a joint les rangs d’une secte qui a dominé sa vie pendant treize années avant qu’il ne trouve le courage d’en sortir. Dans L’Amour sous tous ses angles, un recueil qui rassemble des anecdotes personnelles livrées avec franchise et d’une manière éclairante et rafraîchissante, Scott raconte divers épisodes de sa vie, des expériences plus profondes aux petites difficultés et aux victoires du quotidien, qui sont inspirantes, amusantes et universelles. Qu’il s’agisse de vivre avec la honte, de rebondir après un échec ou de surmonter ses peurs, Scott partage des leçons apprises à la dure et qui tournent invariablement autour de l’amour, autant de soi que des autres.
LangueFrançais
Date de sortie3 déc. 2018
ISBN9782897866518
L'amour sous tout ses angles

Auteurs associés

Lié à L'amour sous tout ses angles

Livres électroniques liés

Corps, esprit et âme pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur L'amour sous tout ses angles

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    L'amour sous tout ses angles - Scott Stabile

    exacts.

    INTRODUCTION

    Il y a environ une quinzaine d’années, un bon ami à moi m’a demandé : « Quel est ton objectif de vie ? » En plein le genre de question qui rend dingue, n’est-ce pas ? Ce n’était pas la première fois que cette question m’était posée et, invariablement, j’étais incapable de formuler une réponse claire sur ma destinée ou mes aspirations profondes. Au début de l’école secondaire, je souhaitais ardemment devenir un joueur de tennis professionnel, même si je n’étais pas particulièrement doué pour ce sport. Le désir y était cependant : je jouais au tennis et je m’imaginais en train d’affronter Boris Becker sur la pelouse de Wimbledon. Puis ma passion pour le tennis s’est peu à peu estompée pendant l’école secondaire, puisque je m’imaginais sur scène avec Bono beuglant Desire. Puis en tant qu’adulte naviguant plutôt à vue, j’ai toujours un peu envié ceux et celles de mes amis qui avaient toujours su depuis l’enfance ce qu’ils voulaient faire dans la vie. Moi, je n’en avais pas la moindre idée.

    « Sérieusement, qu’est-ce que tu aimerais accomplir dans ta vie ? », m’a redemandé mon ami qui estimait que je n’avais pas répondu à sa première question.

    « En fait, je souhaiterais ne jamais avoir à répondre à cette question », me disais-je.

    Dans l’espoir de dire quelque chose d’un peu plus consistant, j’ai évité les réponses du genre « parcourir le vaste monde » ou « simplement être heureux ». « Je veux propager le plus d’amour possible », ai-je répondu. Entrez arcs-en-ciel, et unicornes ! Un chiot s’il vous plaît !

    Une réponse un peu à l’eau de rose, peut-être pas d’une grande profondeur, mais sincère.

    « Très bien », a rétorqué mon ami. « Et comment comptes-tu t’y prendre ? » Un peu casse-pieds, cet ami.

    « Je n’en ai aucune idée », ai-je dit, une fois de plus en toute sincérité. Je ne savais pas en quoi consistait le rôle de propagateur d’amour, mais j’avais l’impression que ce serait un objectif de vie qui vaudrait la peine de s’y consacrer et qui offrirait au monde quelque chose dont il avait désespérément besoin : de l’amour, de l’amour, et encore de l’amour. Par-dessus tout, je croyais à l’amour et à son pouvoir de provoquer des changements importants et positifs. Je le crois toujours, plus que jamais.

    En fait, comment ne pas aimer tout ce qui touche à l’amour ?

    L’amour est ce qui a le plus d’impact dans tout ce qui a de l’importance.

    Il l’a toujours eu et il l’aura toujours.

    Par ailleurs, il nous est donné à tous d’être des propagateurs d’amour. Nul besoin de quitter votre emploi actuel. Chaque fois que nous posons un geste de gentillesse ou d’accueil, nous propageons l’amour. Chaque fois que nous choisissons la compassion au lieu de la condamnation, nous propageons l’amour. Chaque fois que nous trouvons le courage de pardonner, nous propageons l’amour. Jour après jour, la vie nous offre des occasions de faire propager un peu, ou énormément, d’amour. Et chaque fois que nous le faisons, un ange déploie ses ailes et verse des larmes argentées de joie. Bon d’accord, j’exagère un peu à propos des anges, mais il n’en demeure pas moins que grâce à l’amour, nous rendons un fier service au monde ainsi qu’à nous-mêmes.

    C’est une raison suffisante pour aimer davantage, n’est-ce pas ? Je crois que oui.

    Lorsque j’ai lancé ma page d’auteur Facebook en 2012, je pensais davantage à la renommée qu’à l’amour. Je cherchais à faire la promotion d’un film pour enfants et d’un roman d’amour à la sauce paranormale pour adolescents que j’avais écrit. Sans grand succès, dans un cas comme dans l’autre. Après quelques tentatives timides de faire mon autopromotion, et après avoir compris que cette opération me rendait anxieux et me donnait la nausée, j’ai changé l’orientation de la page. La question « Quel est ton objectif de vie » est devenue « Quel est ton objectif avec cette page ? » J’en suis arrivé à la même conclusion : propager l’amour.

    J’ai décidé de donner à ma page un ton résolument positif à l’instar du paradis de Pollyanna, cette héroïne de la littérature jeunesse. J’ai commencé à publier des textes sur des sujets qui me tenaient à cœur comme la gentillesse, la compassion, le pardon, l’authenticité et, bien entendu, l’amour. À coup de mèmes positifs, la page a fini par trouver un écho — des centaines, puis des milliers de personnes ont commencé à se manifester — et j’ai découvert, à ma très agréable surprise, un canal par lequel je pouvais assouvir mon désir de propager l’amour. Sans compter que mon ego était tout aussi flatté de recevoir autant de mentions « J’aime ».

    Cependant, se lancer dans une aussi vaste entreprise qui touche le cœur et l’âme n’est pas une mince tâche. Combien existe-t-il de façons de communiquer le sens de la vie — ou de donner un sens à la vie — en une phrase ou deux ? Il n’existe pas assez de polices de caractère et de fonds d’écran capables de rendre plus convaincant — ou unique — ce que j’écrivais. J’en étais bien conscient. Tous les auteurs qui œuvrent dans le domaine de la croissance personnelle et de la spiritualité professent plus ou moins la même chose : la gentillesse est importante, la compassion est reine, l’amour finit toujours par l’emporter et il suffit d’être soi-même. Tout cela est vrai et je pense qu’il est toujours utile de le rappeler. Mais est-ce suffisant ?

    Je le croyais jusqu’au jour où une femme a écrit le commentaire suivant sous une de mes phrases typiques du genre « la vie est belle et nous avons la chance d’en profiter » : « Ce n’est pas tout le monde qui est aussi heureux et positif que vous l’êtes, Scott. Il y en a parmi nous qui en arrachent vraiment. » Ce commentaire m’a particulièrement remué — et non seulement parce que je me considérais moi-même comme une personne morose qui en arrachait autant —, mais aussi parce mes paroles empreintes d’optimisme ne lui avaient pas remonté le moral, au contraire : je lui en avais soustrait au lieu de faire jeu égal. Tout cela m’embêtait royalement. Bien entendu, à lire tout ce que j’affichais sur ma page, il lui était permis de croire que j’étais un joyeux drille. Pourquoi ne voyait-elle pas ce qu’elle avait en commun avec moi ?

    J’ai alors commencé à parler de moi. Le vrai moi.

    J’ai parlé de mon enfance avec un frère toxicomane et du deuil de mes parents qui ont été assassinés lorsque j’avais 14 ans. J’ai parlé de la honte que j’ai ressentie pendant des années en raison de mon homosexualité, et de mes efforts pour être le plus authentique possible dans un monde qui nous pousse à l’attitude contraire. J’ai parlé de mes peurs et de mes incertitudes, de ma tristesse et de ma rage, et de mon combat contre les aspects les plus sombres de ma vie afin de laisser plus de place à la lumière. N’allez cependant pas croire que ma page était devenue soudainement déprimante et lugubre. On y retrouvait encore beaucoup de phrases comme « L’amour, c’est extra », ou encore « La gratitude est le chemin le plus court qui mène vers le bonheur ». Je m’autorisais seulement à faire preuve de plus d’honnêteté et de vulnérabilité. La communauté qui s’était rassemblée autour de ma page a rapidement réagi dans le même sens, et beaucoup d’entre nous ont commencé à se sentir moins seuls dans nos singularités et nos souffrances. Différentes versions de « Je me sens mieux quand je me sens moins seul » sont devenues les commentaires que je recevais le plus fréquemment. Après tout, l’honnêteté et la vulnérabilité ne sont que de l’amour en action.

    Peu de temps après le début de la rédaction du présent ouvrage, je me suis placé devant un miroir pour me demander : « Quel est l’objectif de ton livre ? » Une question importante, des réponses sur lesquelles je n’exerçais aucun contrôle. Mais il est toujours permis d’espérer…

    Je souhaite que ce livre vous rappelle que vous n’êtes pas seul, vraiment pas seul. Personne n’est parfait, nous sommes tous occupés, nous nourrissons tous des peurs secrètes, et nous nous débattons tous dans des difficultés. Chacun et chacune d’entre nous, jour après jour. J’aimerais que ce livre vous montre que vous êtes aussi digne d’être aimé que quiconque, et qu’il n’y a rien que vous puissiez faire pour vous rendre moins digne. Ou plus digne. J’aimerais vous encourager à accepter chaque facette de votre vie afin de mieux vous outiller et ainsi atteindre une paix plus profonde et une joie plus grande. J’aimerais que vous envisagiez de nouvelles perspectives auxquelles vous n’aviez peut-être jamais songé, ou que vous renforciez celles que vous avez peut-être négligées, afin d’avoir une relation plus ouverte et plus franche avec vous-même et avec les autres. Plus important encore, j’aimerais que ce livre vous inspire à voir en l’amour une force susceptible de guider votre vie, peu importe les circonstances. Rien ne peut vous transformer davantage, ou transformer vos relations avec les autres et avec le monde, qu’un engagement à vivre sa vie avec amour. Plus cet amour est grand, mieux c’est.

    J’oubliais. J’espère également que ce livre vous fera sourire souvent. Et qu’il soit un grand succès de librairie.

    Voilà ce que je souhaite. Et vous ? Quelles sont vos attentes par rapport à L’Amour sous tous ses angles ?

    Peut-être que vous avez choisi ce livre parce que vous êtes un lecteur de ma page Facebook et que vous êtes curieux de voir si je peux communiquer autrement que sous la forme de petites phrases. Peut-être que vous avez aimé la couverture du livre et que, comme moi, vos choix en matière de livres ou de vins reposent parfois sur une page couverture ou une étiquette attrayante. Le quart de mes choix se font de cette façon. Et ça marche ! Peut-être aussi que vous êtes un adepte de l’amour et que plus il y en a, mieux c’est. L’Amour sous tous ses angles devient alors un choix logique. Ou peut-être avez-vous confondu ce livre¹ avec la populaire série télé HBO du même nom qui porte sur la polygamie, sans savoir que ce n’était pas le cas (désolé). Peut-être, enfin, que comme tant d’autres, l’imprévisibilité de la réalité dans laquelle nous vivons vous déconcerte et que vous êtes à la recherche de mots, d’idées, ou de gens avec qui vous pourriez entrer en relation afin d’apprendre d’eux une chose ou deux. C’est mon cas. Toujours. Nous voulons tous nous sentir un peu plus utiles, et beaucoup moins seuls.

    Peu importe la raison, je suis heureux que vous soyez là. Et reconnaissant. Merci, merci, merci. J’ai dû traverser un fleuve de craintes et d’incertitudes pour écrire ce livre, et c’est un honneur de le partager avec vous. C’est un rêve devenu réalité, vraiment. Cela étant dit, il faut être réaliste. Je suis absolument certain que ce livre ne contient pas toutes les réponses aux défis que la vie nous offre. Je sais cependant que ce livre propose certaines réponses qui s’appliquent parfois à certains défis. Des réponses qui, à tout le moins, m’ont aidé à trouver plus de paix, de joie et de sens. Des réponses qui souvent commencent, et se terminent, par l’amour. Puisque sous la surface composée de doutes, de joies et de peines propres à la nature humaine nous nous ressemblons tous, je m’estime en mesure d’affirmer que certaines de ces réponses, ainsi que plusieurs questions que je pose, trouveront un quelconque écho en vous. Nous n’avons pas à vivre exactement les mêmes choses pour nous comprendre mutuellement. Si les belles personnes qui appartiennent à ma communauté virtuelle m’ont enseigné une leçon, c’est que nous sommes tous semblables à peu de choses près, et que nous avons beaucoup à apprendre les uns des autres.

    Nous voulons tous aimer et être aimés.

    Nous voulons tous exister aux yeux des autres.

    En passant, je vous vois et je sais que vous êtes une personne particulièrement resplendissante.

    Dans chaque chapitre de ce livre, je raconte une anecdote personnelle où je suis sorti de ma zone de confort — voire ébranlé — et je parle des moyens qui m’ont ramené vers la sérénité et l’amour. Certaines de ces expériences sont tragiques, comme le meurtre de mes parents en 1985 et le décès de mon frère par surdose d’héroïne neuf ans plus tard. Ces chapitres ne sont pas les plus joyeux du livre (en supposant que le reste le soit). Pour retrouver mon équilibre intérieur, j’ai dû composer avec ces réalités plutôt que les ranger définitivement derrière moi. Réussit-on vraiment à trouver la paix après de tels chagrins ?

    La plupart de ces anecdotes sont autant de reflets des défis du quotidien auxquels nous sommes tous confrontés, comme le poids de la honte, la quête du bonheur, l’exigence de l’authenticité, ou la gêne associée au don de sperme (dans la mesure où ce dernier exemple s’applique à vous). J’aborde ces situations qui ont poussé mon esprit à se lancer dans une danse endiablée, ce qui est par ailleurs son moyen de prédilection pour s’éclater. Tout au long des chapitres, je me concentre sur les multiples facettes de l’amour, comme la gentillesse, la compassion, l’ouverture et le pardon. Je constate l’effet produit lorsque l’amour est préféré à la peur, et le cœur à l’ego. (Alerte spoiler : rien que du positif). Je parle également des occasions où je me suis conduit de manière grossière. En fait, ce sont des exemples qui illustrent parfaitement à quel point la vie est plus difficile lorsque nous faisons fi de l’énergie de l’amour. (Alerte spoiler no 2 : rien que du négatif).

    Même si je voulais que le titre anglais du livre soit Big Love — parce que j’aime cette association et parce que ces deux mots sont ma signature Facebook — je me demandais s’il donnait un juste reflet de son contenu. Puis j’ai passé en revue les différents exemples que j’ai utilisés au fil des pages, tous ces moyens utilisés pour faire preuve de compassion, de pardon, de bienveillance ou de gentillesse. Et tous les moments de jalousie, d’envie, d’arrogance, d’échecs embarrassants et de honte. Dans chaque cas, c’est grâce à l’amour que j’ai retrouvé mon équilibre. L’amour m’a mis au défi d’avancer malgré mes peurs. Chaque fois, l’amour était là pour m’accompagner.

    Je suis certain d’une chose :

    L’amour rend la vie meilleure. L’amour guérit.

    Ce ne sont que deux exemples, mais ils sont représentatifs du reste.

    Choisissez l’amour pendant une semaine, puis voyez s’il y a quelque chose de différent dans votre vie. C’est d’ailleurs l’exercice auquel je vous convie. Chaque fois que vous ressentirez l’envie de céder à la colère ou au blâme, à l’arrogance ou au reproche, faites une pause, prenez une grande respiration, et invitez l’amour à entrer en vous. Vous verrez alors ce qui se produit. Je fais le pari qu’il s’agira de quelque chose de formidable. Voire miraculeux.

    Le moment semble bien choisi pour proposer un livre de la sorte. (À moins que vous pensiez plutôt avoir affaire à la série télé diffusée par HBO et que vous ne vous en êtes pas encore rendu compte. Ou peut-être que si ?)

    Avant de plonger dans le vif du sujet, j’aimerais rendre hommage à ma communauté Facebook. Si j’avais pu, je l’aurais fait avec tambours et trompettes. Il ne fait aucun doute dans mon esprit que ce livre existe en grande partie en raison de l’amour et du soutien que ces gens m’ont manifesté au cours des dernières années. Et puisque cette communauté est nombreuse, mon projet est devenu beaucoup plus intéressant pour un éditeur. Ces gens m’ont encouragé à continuer à animer cette communauté, à écrire, et à livrer mon témoignage. Ils m’ont accompagné pendant mes passages à vide et ils m’ont rappelé — lorsque j’en avais vraiment besoin — que je n’étais pas seul et que j’étais aimé. Ils m’ont encouragé à aller de l’avant et à me forger une vie plus conforme à mes rêves. (C’est précisément ce qui est en train de se produire !) Je leur suis reconnaissant d’avoir cru en moi.

    Pour vous qui êtes en train de lire ces lignes, qui que vous soyez et où que vous soyez, ne doutez point que, telle que vous êtes actuellement, vous êtes une personne belle, résiliente et immensément digne d’amour. Merci d’entreprendre ce cheminement en ma compagnie. Espérons qu’il en résulte de l’espoir, de l’inspiration, de la clarté, de la communication, du plaisir et, bien entendu, de l’amour avec un grand A.

    1 Le titre original anglais (É.-U.) est Big Love.

    CREUSER

    J’avais 14 ans lorsque mes parents ont été abattus dans leur fruiterie située dans la ville de Détroit, le Mary’s Market. Ils avaient décidé de conserver ce nom puisque c’était celui inscrit sur la devanture du magasin lorsqu’ils l’avaient acheté plusieurs années auparavant. C’est pour cette raison que tous les clients appelaient ma mère « Mary », même si son prénom véritable était Camille. Elle n’a jamais rectifié l’erreur. Quant à mon père James, tout le monde l’appelait Jimmy. Jimmy et Camille Stabile. Cinquante-huit et cinquante-six ans. Mariés depuis 36 ans. Parents de sept enfants. Assassinés un lundi matin de septembre.

    J’avais passé le weekend chez ma sœur Rose. Nous venions de terminer le petit déjeuner lorsque mon frère Jimmy a appelé pour dire qu’un voisin avait aperçu la Camaro bleu marine de mes parents vide, stationnée devant le magasin. Les portes du magasin étaient encore fermées et verrouillées, alors qu’elles auraient dû être ouvertes depuis plusieurs heures. Personne à l’intérieur ne répondait au téléphone.

    J’ai senti la panique qui s’était emparée de ma sœur monter aussi en moi. Le commerce de mes parents se trouvait dans un quartier défavorisé de Détroit marqué par des crimes violents. Tout ceci n’augurait rien de bon. « Où êtes-vous ? » pensais-je. « Répondez au téléphone et dites-nous que tout va bien. » Je craignais le pire, mais j’avais choisi de rester optimiste jusqu’à ce que nous puissions en savoir davantage. Il est déjà difficile d’accepter le décès d’un proche lorsqu’il ne subsiste aucun doute ; dans le cas contraire, c’est carrément impossible. Sans confirmation de leur mort, mes parents étaient vivants dans mon esprit. Un espoir ténu.

    Rose et moi sommes montés à bord de sa Chevy Chevette pour nous rendre au Ham Place, le restaurant de son mari Joe où ma sœur Kim travaillait. Nous devions nous rassembler là pour attendre des nouvelles de Jimmy qui s’était rendu au magasin de mes parents pour voir ce qui s’était passé. Si j’ai oublié ce dont Rose et moi avons discuté pendant le trajet, je me souviens cependant avoir entendu la musique du film Le Feu de St-Elmo à la radio. D’autres chansons ont sûrement dû jouer pendant le trajet de 25 minutes pour arriver à destination, mais je me souviens uniquement de cette pièce musicale au saxophone langoureux. C’est à cette bande sonore que furent associées ces dernières pensées d’un avenir avec mes parents et que sera associé à tout jamais le fait de les perdre.

    Mon beau-frère avait fermé le restaurant tôt, et en plus de Joe, Rose, Kim et moi-même,

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1