Besoin d'un chum... pis ça presse !
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À propos de ce livre électronique
Moi, la fille de party endurcie, obsédée en secret par les princes de Disney, je mérite autant cet héritage. Tout comme Léa, ma constipée de soeur, toujours pucelle à vingt-cinq ans.
Ayant vécu une injustice similaire dans le passé, maman a juré que, cette fois, ça ne se passerait pas comme ça. Voici le plan : Léa et moi devons nous dégoter de faux chums et jouer aux couples amoureux lors de l'anniversaire de grand-père. A force de nous voir, celui-ci reviendra peut-être sur sa décision…
Le problème ? Mon bum de voisin est le seul qui accepte de m'accompagner, et ma soeur n'a pas pu trouver mieux que son collègue hyper geek… Je suis surprise de constater à quel point ces deux-là sont prêts à se donner pour la mise en scène. Peut-être même trop !
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Aperçu du livre
Besoin d'un chum... pis ça presse ! - Johanne Pronovost
Édition
Les Éditions de Mortagne
C.P. 116
Boucherville (Québec) J4B 5E6
Tél. : 450 641-2387
Téléc. : 450 655-6092
Courriel : info@editionsdemortagne.com
Site Web : www.editionsdemortagne.com
Tous droits réservés
Les Éditions de Mortagne
© Ottawa 2018
Illustration en couverture
© Géraldine Charette
Dépôt légal
Bibliothèque et Archives Canada
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Bibliothèque nationale de France
2e trimestre 2018
Adaptation numérique : Studio C1C4
ISBN 978-2-89662-831-5
ISBN (epdf) 978-2-89662-832-2
ISBN (epub) 978-2-89662-833-9
Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC.
creditsMembre de l’Association nationale des éditeurs de livres (ANEL)
Prologue
illustrationLe garage où je travaille depuis des années est tranquille à sept heures du matin. Seul mon patron, Stanley, est arrivé. Il a ouvert les grandes portes et le vent d’été entre à profusion. Normalement, ces conditions feraient de moi une femme complètement heureuse. Hélas, aujourd’hui, même gratter trois palmiers sur un billet de loterie ne m’arracherait pas l’ombre d’un sourire.
En soupirant, j’entre dans la salle d’attente et je me laisse tomber lourdement dans un fauteuil tout près de l’étalage de pneus Motorcraft. L’horloge suspendue au-dessus du comptoir de la réception m’indique qu’il me reste peu de temps avant l’arrivée de mes collègues mécanos. En tortillant une longue mèche de ma chevelure noire, je les imagine déjà me demander pourquoi je porte une salopette courte en jeans avec un top dessous plutôt que ma combinaison lousse, et je ne veux pas avoir à leur répondre.
— Stanley ! crié-je en tournant la tête vers son bureau.
— Quoi ?
— J’ai besoin d’un congé.
— Viens ici.
— Non, je suis déjà partie ! bougonné-je, foutant la paix à ma mèche de cheveux pour écraser mon poing contre ma joue.
Je l’entends marmonner « Bon… qu’est-ce qui se passe ? » et, ensuite, sa chaise qui craque, signe qu’il s’amène. Quand il apparaît dans le cadre de porte en ensemble Big Bill, avec sa peau plissée et brunie par de trop longues expositions au soleil, je le dévisage d’un air bête.
— Il t’a mise à la porte à cause de ton obsession. C’est ça ? suppose-t-il.
Je croise les bras et fixe le coin de la machine à café.
— Pas rapport ! J’ai pas d’obsession et, avec Léandre, ça va numéro un !
— Ah ouais ! ?
Stanley avance jusqu’à la fenêtre et, un coude déposé sur un présentoir d’essuie-glaces, il enchaîne :
— Alors pourquoi la Volks de ta mère est stationnée juste là, avec une garde-robe complète empilée sur la banquette arrière et une mijoteuse sur le siège avant, attachée à une fougère et à une paire de pantoufles de La Reine des neiges ?
Tandis qu’il énumère tout ça, je plaque mes paumes sur mon visage.
Eh oui ! C’est le peu qu’il me reste, mais je m’en fous, du matériel ! Je ne peux pas croire que mon prince charmant m’a donné mon quatre pour cent !
J’inspire un bon coup et bredouille la triste vérité :
— Tu as tout compris : Léandre m’a larguée et j’ai dû partir en vitesse. Genre aussi vite qu’on s’était retrouvés dans les bras l’un de l’autre, le jour de notre rencontre, il y a cinq ans.
— Ayoye ! Ça, c’est fast en pompe à eau ! rétorque mon vieux patron en grattant son menton mal rasé qui fait scrouch scrouch.
Seul Stanley, qui est mon confident, est au courant de la façon trop rapide et, surtout, trop folle dont j’ai rencontré Léandre…
Il y a plusieurs années, à l’arrivée de mes vacances, je suivais toujours la même routine : je sortais le bordel entassé dans mon locker afin d’atteindre ma poche de hockey tout au fond. Un trésor s’y cachait : ma robe de princesse taillée sur mesure. J’étais certaine que cette tenue allait m’aider à trouver l’homme de mes rêves, puisque je cherchais un prince ou un chevalier. L’endroit où je le dénicherais m’apparaissait évident : au Duché de Bicolline, cet immense domaine consacré aux jeux de rôle médiévaux. J’ai dû y aller trois ans avant que le miracle se produise et que je revienne, enfin, avec autre chose que des numéros de téléphone appartenant à de pauvres gars, moins virils que Peter Pan dans leur costume de paysans. Comment aurais-je pu résister à ce nouveau participant, imposant et musclé, vêtu d’un habit de guerrier du Moyen Âge ? Il se tenait là, l’épée à la main, debout en plein centre du champ de bataille, après avoir remporté un combat improvisé. Sa longue tignasse et sa cape battaient au vent. J’aurais juré qu’il venait de s’échapper d’un livre de contes tant il était fantasmatique, et je n’oublierai jamais la manière dont il m’a abordée :
— Hé, toi ! La Cendrillon aux cheveux noirs avec la bouille de Kate Middleton ! Watche ta semelle de droite : tu trimballes une longue ribambelle de papier cul.
Ooooh… me faire comparer à Kate Middleton ! C’était comme du Dales Hawerchuk dans mes oreilles : planant et poétique. Oui, j’avais honte en retirant la guirlande collée sous mon escarpin, mais lui avait quelque chose de coincé entre les dents, alors j’ai pu lui rendre la pareille. Notre histoire d’amour a débuté ainsi : dans un malaise total, que nous avons oublié en baisant dans la forêt enchantée…
Pffff… Ici, maintenant, c’est difficile de revoir cette scène en pensée !
Ma gorge pique et je ravale ma peine afin de ne pas pleurer.
— Je t’en supplie, Stanley… mets-moi off pour la journée.
— Tu veux laisser sortir le motton en privé ?
Inutile de répondre : il devine toujours tout, ce psy de fond de garage.
Stanley semble désolé pour moi. J’aimerais bien qu’il me serre dans ses bras, comme le bon papa réconfortant qui manque à ma vie. Je n’ai personne à part lui à qui raconter mes ennuis. Ma passion pour les princes étant devenue trop intense une fois que je me suis retrouvée en couple avec Léandre, mes copines m’ont rapidement exclue du groupe. Pour ce qui est des gars du garage, côté communication, c’est un peu compliqué : si je parle d’un truc vraiment personnel à l’un d’eux, il s’imagine aussitôt, et à tort, que je veux coucher avec lui. Il reste bien ma mère et ma sœur que je vois régulièrement, mais sœurette manque de vécu tandis que maman entraîne chaque malheureuse qui cogne à sa porte au 281 pour lui changer les idées… Et moi, voir ma mère se taper une crise d’hyperventilation aux pieds d’un Jimmy en string, c’est un traumatisme que je préfère m’éviter. Je dois donc faire une croix sur cette option et aussi… sur les câlins d’un vieux patron. Je n’ose pas lui en demander. Il acceptera, et je risque de ne plus être capable de me décoller de lui.
Ma lèvre du bas se met à trembloter dangereusement, informant Stanley que je ne retiendrai plus longtemps le désespoir qui m’envahit, alors il s’accroupit devant moi, le regard empreint de bienveillance.
— T’as un endroit où aller ?
— Je trouverai un appart cet après-midi même.
— Tu sais, Jamie… cinq ans d’amour fou, ça ne s’efface pas comme ça ! Arrête de jouer les fortes devant moi, me conseille-t-il doucement. Pour la millième fois, je te le répète : triper aussi intensément sur les princes à ton âge, ce n’est pas normal. Léandre a dû s’écœurer que tu racontes à tout le monde que lui en était un vrai de vrai. Voyons donc ! Faut que tu comprennes d’où elle te vient, cette folie, et, pour ça, l’introspection représente ta seule solution. Je peux t’aider. Est-ce que tu veux que je l’inscrive à mon agenda ?
D’un geste sec, j’essuie la petite larme qui a réussi à s’échapper de mon trop-plein, à la veille de déborder.
— Non. Je m’en sortirai bien, tu verras. Je n’ai pas besoin de ça ! Mais merci de me l’offrir, papa. Euh, je veux dire… Stanley !
Deux calendriers et des poussières plus tard…
illustrationMagouille et Tylenol
illustrationD’un pas rapide, je rentre chez moi. Comme toujours, la soirée d’hier a été chaude et généreuse en alcool, mais là, il est dix heures du matin et le dévergondage est réellement fini. Au menu, c’est plutôt : mal de cœur, cervelle douloureuse, urgent besoin de retrouver mes vêtements mous et pressante envie de faire pipi – un besoin que j’aurais dû assouvir avant de quitter le loft de… Pffff ! J’ai oublié son prénom, mais, en tout cas, je sais qu’il conduit une Mazda, parce qu’en début de semaine, c’est moi qui ai changé les freins de sa voiture. Il a trouvé sexy que ce soit une petite ténébreuse dans une combinaison trop grande tachée de graisse qui s’en occupe. J’avoue que ce gars était pas mal, avec ses airs d’Aladin. En plus, il m’appelait constamment Jasmine plutôt que Jamie. Le hic, c’est qu’il lui manquait un petit quelque chose, plus précisément un tapis volant et une lampe magique. Ha ! Ha ! Ha ! Mais non, je blague ! On s’en fout, de ces objets impossibles. C’est plutôt un filtre capable de l’empêcher de sacrer tous les trois mots qui m’aurait convaincue de rester. Léandre avait beaucoup plus de classe : il jurait uniquement lorsque nécessaire, lui ! Alors, fin classique de toutes mes aventures avec un prince ratées, pouf ! , je me suis volatilisée dès le réveil. Maintenant, pas la peine de me plaindre de l’inconfort de ma vessie pleine. J’arrêterai chez ma mère en chemin pour régler la chose, voilà tout. J’approche, d’ailleurs. D’ici, je vois le duplex qu’elle habite, et… tiens donc ! ? AH YEAH ! Ma sœur est là ! Sa voiture garée devant la bâtisse la trahit.
J’atteins l’escalier de métal et monte au deuxième. Comme d’habitude, j’entre librement par la porte non verrouillée.
— Oh ! Bonjour, ma poulette ! s’exclame ma mère, Brigitte, dès que j’apparais dans la cuisine.
Plantureuse et magnifique avec sa longue chevelure blonde, elle étire les bras pour m’offrir une accolade… que, hélas, j’évite en la contournant par la droite.
— Désolée ! Code jaune ! l’informé-je.
Je salue brièvement Léa au passage tout en continuant mon chemin vers la salle de bain, où je finis par m’enfermer. J’entends très bien à travers la porte ce que ma sœur raconte à notre mère :
— Jamie a encore fait la fiesta toute la nuit ? Je commence à craindre qu’elle soit nymphomane et alcoolique !
— Bien sûr qu’elle l’est ! déclare maman. Ne me dis pas que tu viens juste de t’en rendre compte ! Et, parlant de ça… t’attends quoi pour prendre exemple sur elle ?
Je pouffe de rire, assise sur la toilette. Mets-en que sister devrait me copier. Je l’aime de tout mon cœur, mais ça ne m’empêche pas de la trouver trop coincée : pucelle à vingt-cinq ans, elle n’a jamais touché une goutte d’alcool de sa vie, elle mange bio, pratique la méditation, son sport extrême, c’est le yoga, et, la cerise sur le sundae, elle est technicienne médicale en salle d’autopsie. Tout pour vous endormir plus vite qu’un Valium. Si on enlevait « Langevin » de notre nom, je crois que plus rien ne témoignerait de notre lien familial.
Ma sœur, qui durant sa jeunesse était une mordue des bandes dessinées Archie, n’arrêtait pas de prétendre qu’un jour nous allions devenir Betty et Veronica. Quinze ans plus tard, je dois avouer qu’effectivement nous ressemblons au célèbre duo. Si j’ai les cheveux foncés et du caractère comme Veronica, Léa est aussi blonde, sage et intelligente que Betty… sauf qu’elle arbore un nez beaucoup plus moche : hyper retroussé, même un peu trop. On jurerait qu’un chirurgien l’a manqué !
Un autre point qui nous différencie concerne sa superbe poitrine, la même que maman. Sœurette chérie la dissimule imbécilement sous des vêtements de style « madame ». C’est révoltant ! Moi, au moins, je saurais en tirer des avantages !
Je remonte ma culotte, tire la chasse, me lave les mains, déniche le pot de Tylenol dans la pharmacie, exagère sur la quantité à avaler, m’imaginant que ça réglera le problème plus vite, et regagne la cuisine.
Ma sœur et moi nous faisons la bise sur les joues, puis un énorme câlin. Je répète les mêmes gestes avec ma mère, qui ne me demande pas d’où je viens : depuis qu’elle a compris que je n’attends rien de moins que la version humaine d’un prince de Disney – un vintage ou un « nouvelle génération » comme l’était Léandre – pour me mettre en couple steady, elle respecte mon mode de vie… ou, plutôt, elle a arrêté de m’écœurer, trop certaine que JAMAIS cette magie ne se matérialisera de nouveau dans ma vie. Quel pessimisme ! Moi, en tout cas, j’y crois encore. Anyway… je n’ai pas le choix : tout autre modèle d’homme m’éteint carrément et je préfère m’en passer, quitte à vivre un célibat éternel !
Sur cette réflexion, je m’assois avec ma sœur et ma mère à la table, sur laquelle s’étalent les restants de leur déjeuner… un peu froids, mais encore mangeables selon mon ventre qui gargouille. Les deux femmes pianotent sur leur téléphone intelligent pendant que je m’empiffre.
— Qu’est-ce que vous faites ?
— Grand-père aura quatre-vingt-dix ans le mois prochain ! répond maman. Alors, Édith a décidé de lui planifier un immense party de fête.
Ça, c’est bien le genre de tante Édith, l’unique sœur de ma mère.
— À quel endroit elle veut que ça se tienne ?
— Chez lui. Probablement sur son terrain.
Oh, génial ! Il y a tellement longtemps que je n’ai pas mis les pieds à la campagne ! Le domaine de grand-père est non seulement paradisiaque, mais aussi rempli de souvenirs. Le seul problème est que, avec les années, Léa et moi avons pris la même habitude que notre mère, soit de nous trouver des défaites pour ne pas assister aux événements qu’organise sa sœur, avec qui elle est en froid depuis… je ne sais trop quand, en réalité.
— Vous y allez ?
— Cette fois, oui ! annonce maman. Parce que ça concerne grand-père ! Sinon… forget about it !
— Il y aura pas loin de cinquante invités, ajoute Léa. Tante Édith aimerait que nous lui donnions un coup de main avec les préparatifs. Mais cela exigerait qu’on s’absente quasiment une semaine au mois de juillet. C’est pour ça que nous consultons nos agendas.
J’active mon téléphone, ravie de me joindre à elles. Léa devra remplir trente mille formulaires à l’hôpital pour obtenir des congés aux dates en question, tandis que, de mon côté, un simple coup de fil à Stanley s’avère concluant. Idem pour maman, avec son patron à l’épicerie où elle bosse depuis toujours.
— Ça fera bizarre de passer plein de temps avec les Lajoie, souligne sœurette, les yeux rieurs.
Et nous commençons à placoter dans leur dos, comme chaque fois que quelqu’un soulève la présence de cette branche familiale composée de tante Édith, d’oncle Eddie et de leur fille, Adèle. Ce sont tous trois des personnages d’une absurdité déroutante, sauf qu’étonnamment, ils excellent dans plusieurs choses, notamment dans leurs carrières respectives. Adèle, que j’ai fréquentée énormément durant notre jeunesse lorsque notre grand-père nous gardait, représente la pire du clan : en plus de récolter un succès fou en tant qu’artiste peintre, elle fait souvent des overdoses de bonheur… surtout depuis qu’elle forme un couple avec son amoureux, Robin Bérubé, qui œuvre dans on ne sait quel domaine, ce qui l’a rendu richissime.
Léa et moi nous mettons à imiter notre cousine en reprenant ses répliques les plus colorées, dont la célèbre : « Ciboulette que ma belle-mère est drôle. Parce que je suis un boute-en-train, en nous ouvrant la porte, à Robin pis moi, a s’exclame toujours : Ah ben, ah ben ! Si c’est pas mon beau Bill Gates avec sa crécelle !
»
— HA, HA, HA, HA, HA !
J’essuie mes larmes tant je suis crampée. Sans le vouloir, Adèle possède un humour tordant, car elle ne saisit jamais le deuxième degré. Rien ne tape plus sur les nerfs que le bruit d’une crécelle !
— Maman, pourquoi tu ne plaisantes pas avec nous ? lui demandé-je.
D’habitude, elle embarque. Là, elle se contente de sourire.
— Si vous saviez ce que je sais…, dit-elle, je crois que vos rigolades se transformeraient en grognements.
Puis, son visage disparaît derrière sa tasse de café. Elle boit paisiblement une gorgée malgré qu’elle vienne de piquer notre curiosité solide.
— Mais raconte ! l’encourage Léa.
Maman prend le temps de déposer sa tasse.
— Eh bien…, entame-t-elle très lentement, étirant le suspense, j’ai appris de source sûre… que…
— AH ! m’énervé-je. Va droit au but, s’il te plaît !
— OK, voilà : grand-père lègue sa maison à Adèle et à Robin !
— QUOI ! ? nous exclamons-nous, ma sœur et moi.
— Incroyable… je sais ! seconde-t-elle. Et j’imagine qu’il souhaite les voir se réjouir du cadeau de son vivant, parce que ceux-ci prévoient déjà emménager dedans. Votre cousine et son chum parlent sans cesse d’avoir une grande famille. Alors, l’endroit sera parfait pour eux.
— Et nous, qu’est-ce qu’on aura ? s’inquiète Léa.
— La même chose que moi… rien du tout ! déclare notre mère sur un ton joyeusement ironique.
Blessée par cette réponse, sœurette dépose les coudes sur la table, les deux poings sur les joues, tandis qu’une question importante naît dans mon esprit.
— Mais où ira vivre grand-père ?
Maman esquisse une moue.
— Je ne sais pas, Jamie ! Et, honnêtement, je m’en moque ! Ce n’est pas que je ne l’aime pas, mais nous avons toujours fait nos trucs chacun de notre côté, dans la famille. Même s’il est vieux, papa gère très bien sa vie. Ne t’inquiète pas pour lui.
— Oui, mais… merde ! C’est trop absurde, cette affaire ! Avoir rien, c’est OK, mais uniquement si TOUT LE MONDE a rien ! Ça vient de qui, cette information, au juste ?
— Grand-père lui-même ! avoue maman. Il m’a avisée, hier, par téléphone.
Je croise les bras, complètement sidérée.
— Eh ben… je tombe sur le cul !
Sans surprise, Léa se met à pleurnicher.
— Grand-père préfère Adèle ? C’est pas croyable ! Mais qu’est-ce qu’il a contre nous ?
— Je ne peux pas croire que l’histoire se répète, soupire ma mère, maintenant perdue dans ses pensées.
Et elle se met à nous raconter un pan de sa vie qui nous était inconnu et qui pourrait expliquer la décision de grand-père…
Il y a vingt-six ans, Léa n’était pas encore née et moi, je n’étais qu’un poupon lorsque grand-mère Julienne est décédée. À cette époque, en plus d’avoir perdu sa mère, maman peinait à survivre avec son salaire de caissière, sans conjoint pour l’aider, car Johny, mon père, croupissait encore en prison pour vol de voitures. Le seul bonheur auquel maman s’accrochait, à part moi, était la perspective de l’été et le retour des vacances au chalet de son enfance. Il s’agissait du seul endroit où elle réussissait à oublier ses problèmes. Mais, cette année-là, à l’arrivée du printemps, la nouvelle est tombée comme un coup de masse supplémentaire sur sa vie : Édith avait hérité du chalet. Elle l’avait déjà vendu et avait empoché l’argent. Cela a tant offensé maman qu’elle n’a jamais pu pardonner à sa sœur ni demander des explications à grand-père…
— Et ça n’aurait servi à rien : je sais au fond de moi pourquoi il fait ça, prétend-elle, l’air à moitié résignée. Votre grand-père détestait Johny. Il ne voulait simplement pas enrichir un criminel.
— Mais tu n’étais même plus avec lui ! répliqué-je, scandalisée par cette injustice.
— Parce qu’il se trouvait en prison, Jamie ! Ton grand-père se doutait que je le reprendrais imbécilement à la fin de son incarcération. Oh, pardonnez-moi, les filles… Je vous ai pavé un très mauvais chemin. Si j’avais aimé un meilleur homme, vous n’en seriez pas là.
À l’évidence, elle a le cœur en compote. Elle se cache derrière ses mains, ne pouvant retenir ses larmes. D’un bond, je me lève pour la réconforter.
— Ne dis pas ça, maman ! Nous sommes très heureuses. Et puis, nous n’avons aucun mauvais souvenir de notre jeunesse.
— Jamie a raison ! ajoute Léa. Je ne conserve que de
