Robe soleil et bottes de pluie
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À propos de ce livre électronique
J'aime bien mes nouveaux collègues, mais pour Bertrand, le chef d'équipe, on repassera ! Il me tape royalement sur les nerfs à toujours vouloir que j'enfile d'horribles pantalons Big Bill et des bottes Kodiak pour travailler. Qu'est-ce qu'il a contre mes robes soleil et mes bottes de pluie ?!?
De toute façon, moi, un blond aux yeux bleu ciel – bronzé, musclé, haut de six pieds – qui pourrait être quart-arrière, ça ne me fait ni chaud ni froid !
C'est connu : un beau gars, ça te brise le coeur comme un sauvage pis ça t'abandonne en larmes, soûle morte avec ta bulle de morve au bord du nez, pour aller rejoindre une Christina siliconée.
Je préfère m'en tenir à ma théorie des gars « laittes »… hum… MOYENS. Mathis en est l'exemple parfait. Celui-là peut sacrer son camp si ça lui chante, j'en aurai rien à cirer. Il peut même triper sur une Christina… elle voudra jamais rien savoir de lui. Economie de kleenex et de rhum-punch pour moi !
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Aperçu du livre
Robe soleil et bottes de pluie - Johanne Pronovost
Pop la vie !
Je ne voudrais surtout pas assombrir cette resplendissante journée de printemps, mais, honnêtement, quelle platitude que de rester plantée là à ne rien faire ! Mon kiosque de fruits et légumes passe totalement inaperçu au cœur du centre-ville, entre une boutique de linge tendance et un géant du fast-food . Pour me désennuyer, les seuls trucs que je puisse faire, c’est enrouler ma longue queue de cheval au bout de mon doigt et me faire bronzer les cuisses grâce à ma très courte robe soleil. Ah non, c’est vrai ! Je peux aussi replacer mon tablier et croiser mes bottes de caoutchouc à pois en attendant les clients. Mais ça s’arrête là pour la liste des tâches trépidantes.
Certains tenteraient de me remonter le moral en soutenant que je suis chanceuse de travailler en plein air tout en économisant mon énergie. En résumé, ce serait dire que le problème vient plutôt de moi, que je suis juste une pauvre pessimiste. D’accord ! De toute façon, je le sais depuis longtemps que je suis nulle. Alors, la question du jour est : qu’est-ce que je pourrais bien faire pour passer de Miss Zéro Personnalité à Julianne Bournival, heureuse de ce qu’elle est et de ce qu’elle a ?
Évidemment, cesser d’envier tous ceux et celles qui respirent la réussite serait un bon point de départ… Par exemple, je pourrais ne pas en vouloir à cette jeune femme, là-bas, trop pop la vie ! avec son look de professionnelle sexy, sa binette de cover-girl et ses boucles bordeaux qui flottent au vent comme dans une pub de shampoing…
La voilà qui s’immobilise devant mon étalage de concombres pour répondre à son cellulaire. Vite ! Où est le balai ? Je dois feindre d’être occupée, sinon qu’est-ce qu’elle va penser de moi ? Ah, misère ! Je suis vraiment ridicule. Il n’y a AUCUNE poussière sur ce coin de plancher. Mais pas question d’aller balayer plus au fond, où ce serait nécessaire, hein ! No way ! Je reste là et j’écoute sa conversation, même si ce n’est pas mes oignons…
— Oui allo ! commence-t-elle.
— Bla-bla-bla-bla-bla-bla, répond son interlocuteur de manière – malheureusement pour moi – indécodable.
— Non, Louis, je descends pas à Montréal. J’ai trop de choses à faire. Mon premier contrat d’aménagement est déjà commencé. Demande plutôt à Carolanne !
— Bla-bla-bla-bla-bla.
— Pardon ? « Jaune Jupiter avec une murale d’attaches à pain qui forment le visage de Pierre-Luc Brillant » ! ? Elle a commencé à fumer du crack, la sister, ou quoi ! ? ! T’as bien fait de pas l’écouter ! Demande à mes parents à la place.
— Bla-bla-bla-bla-bla.
— Oui, oui, je sais… ils s’obstinent toujours dans les magasins et c’est super gênant. Un point pour toi.
— Bla-bla-bla.
— Arrête d’insister, Louis… je t’ai dit que j’avais pas le temps !
Ooooh ! Son chum fou d’amour la réclame à l’autre bout du monde. Ça, c’est trop chou ! Et c’est surtout une chose qui risque de ne JAMAIS m’arriver à moi. Ma meilleure amie Odile, boxeuse professionnelle, m’enverrait valser dans les câbles si elle m’entendait. Sa voix résonne dans ma tête : « Julianne, arrête de te plaindre, OK ! TOUS les gars tripent sur toi et tes airs de fillette vulnérable avec tes grands yeux gris et tes taches de rousseur. Dès qu’un mâle te remarque, il est automatiquement pris d’une envie de te protéger ! Ils sont à genoux devant tes ostie de bottes de pluie ! » Elle a peut-être raison, mais, malgré mon air de « fillette vulnérable », je n’ai absolument pas besoin d’un bodyguard pour protéger mon cœur. Je peux moi-même prévenir les coups durs en me refermant plus serré qu’une huître devant les gars trop parfaits. En tant que Miss Zéro Personnalité, depuis toujours, je me tiens loin de la tentation. Une technique qui m’évite les peines d’amour déchirantes et trop probables.
— Écoute, Louis, poursuit la belle professionnelle, ignorant mon oreille qui ne se tanne pas d’écornifler. Pour la couleur, choisis, euh… je sais pas trop, là…
Cherchant une réponse, elle pivote jusqu’à se retrouver face à mon kiosque et y prend un épi de maïs. Au même moment, elle pose ses iris bleus sur moi pour la première fois depuis son arrivée.
— Vas-y avec un ton de… maïs ! propose-t-elle, avec une petite moue à mon intention, comme si elle désirait avoir mon approbation.
Aussitôt, je lui souris, le pouce levé.
Si à l’extérieur je semble plus joyeuse qu’une vendeuse de balayeuses, à l’intérieur je peste contre moi-même. C’est immanquable. Il faut toujours que je dise et fasse pareil comme celle que je jalouse, pour ensuite me détester de faire semblant. Sérieux ! Maïs, je trouve ça affreux pour des murs. Sauf que je voudrais TELLEMENT ressembler à cette diva que si elle, elle aime cette couleur « mal de cœur »… bien moi aussi !
— Et pour peinturer, enchaîne-t-elle, je peux voir si Marco serait disponible.
— Bla-bla-bla.
— Quoi ! ? T’aimes mieux le faire tout seul que « d’être pogné avec ce twit à lunettes » ? Bon, c’est comme tu veux…
Et elle m’envoie un clin d’œil, me laissant croire qu’elle s’apprête à lui jouer un mauvais tour.
— … parce que j’aurais pu demander à Francis aussi, renchérit-elle avant de flanquer sa main sur le combiné afin de pouffer à l’insu de son interlocuteur.
Mais, très vite, elle se ressaisit.
— Euh… Louis ! ? T’es lààà ? chantonne-t-elle une fois l’appareil de nouveau collé contre son oreille. Allo ! ? Aaallooo !
La voilà qui éclate de rire de nouveau. Moi, je lève le sourcil. Franchement, j’aimerais bien comprendre ce qui se passe pour rigoler aussi.
— POUAHAHA ! Il a raccroché ! finit-elle par m’informer, répondant à un huitième de mon questionnement.
— T’es drôle, toi, de niaiser ton chéri comme ça.
— C’est pas pantoute mon chéri. C’est mon ex ! Et je le trouve plutôt serviable depuis quelque temps, ajoute-t-elle en sélectionnant une pomme verte sur l’étalage. Je crois qu’il s’en veut de m’avoir laissée filer, alors c’est un peu poche, mais j’en profite pour lui faire rénover la maison de mes parents.
Tiens, tiens ! Une ratoureuse se cache derrière ses airs de femme fatale.
— Tu fais bien de le tourmenter un peu ! répliqué-je. Ça lui apprendra !
— Bah ! « Tourmenter », c’est un grand mot. Il va finir par trouver la perle rare… je suis pas inquiète. C’est combien pour la pomme ?
— Rien. Je t’en fais cadeau pour ta belle histoire.
— Merci. Je peux savoir ton nom ?
— Julianne Bournival. Et toi ?
— Élizabeth Morin. Enchantée ! se présente-t-elle en me tendant la main. J’adore ton look, en passant. C’est romantique et audacieux. J’espère que ton copain te complimente souvent.
Pas la peine de répondre. Je n’ai qu’à expulser un long soupir en ayant l’air abattu pour qu’elle devine mon statut de célibataire.
— Dis-moi, Julianne… c’est à toi, ce kiosque ? T’es propriétaire d’une compagnie d’agriculture ?
MOI, propriétaire de quelque chose ! ? Hiiiich… pas avant que Mahée Paiement sorte la nouvelle gamme de parfums Fragrance de slip coquille ou encore Eau de toilette chimique. Je pourrais mentir et essayer de l’épater en disant que Les serres et ferme Baron m’appartiennent… que c’est un héritage de mon grand-père décédé de la guignolée. Mais je ne sais pas ! ? Elle me semble trop gentille pour mériter que je lui raconte n’importe quoi. Et puis, j’y pense, là : la guignolée, c’est pas une collecte de fonds ?
— Euh… non. Je surveille juste les présentoirs, avoué-je, peu enthousiaste.
Elle plisse un œil analytique.
— Ouf… j’ai l’impression que t’es pas à la bonne place, toi.
— Direct dans le mille ! lui confirmé-je. J’ai tout essayé pour la trouver, MA place : commis de dépanneur, pompiste, vendeuse de crème glacée, serveuse… J’ai même été Bad Luck le clown au Festival des montgolfières. Bref, tout ce qui demande peu d’expérience et pas d’études. Les options commencent à être limitées. Toi, tu fais quoi ?
— Je suis designer de projet extérieur ! affirme-t-elle, très fière.
— Wow ! Y a des étoiles filantes qui te sont passées dans les yeux quand tu me l’as dit.
— J’espère ! Et je te jure que j’ai pas volé ma place ! J’ai porté des Kodiak poussiéreuses durant un été complet pour gagner mon poste.
— Intéressant. T’aurais pas besoin d’aide sur ton chantier ?
Honnêtement, je n’en ai rien à foutre de planter des fleurs et de piocher du marteau, mais, si je fais comme elle, il y a peut-être des chances que je devienne son copier-coller, côté karma.
— Tu t’intéresses au design ? me questionne Élizabeth.
— Oh oui ! J’en mange !
Oups ! Un mensonge sucré de plus à mon actif.
— Et t’es habile de tes mains ? enchaîne la rougette.
— Hum hum ! Je peux faire des chiens-chiens en ballounes et un tas de trucs en origami.
C’est bien, Julianne ! Une belle vérité toute modeste pour excuser ta menterie d’avant, me félicité-je alors qu’Élizabeth éclate de rire, signe évident que je viens de la conquérir.
— Tu sais quoi ? En plus d’aimer ton look original, je te trouve vraiment très drôle, me confie-t-elle. Donne-moi deux minutes et j’appelle mon patron. Je vais lui demander s’il pourrait pas créer un petit poste, juste pour toi. Tu vas voir… il sera pas capable de me dire non.
Elle pianote sur son cellulaire et le porte à son oreille. La voilà qui plisse le front, mécontente.
— Mais pourquoi il répond pas, lui ? grogne-t-elle. Tu peux te libérer cet après-midi ?
— Sûrement ! Pourquoi ?
— T’as un téléphone ?
J’approuve en sortant celui-ci de la poche de mon tablier.
— Super ! Parce que ton entrevue est bookée à treize heures tapant ! lance-t-elle, comme ça, sans demander d’autorisation. Note mes coordonnées et celles de Côté cour, Côté jardin.
— T’es certaine ?
— Allez, allez ! Hop ! hop ! hop ! Saisis ta chance, Julianne ! Tu sais pas ce qui t’attend là-bas, mais je t’avertis… ça frôle le paradis !
Un twit attachant... pour l’instant
Passé treize heures…
Je fais les cent pas devant le bureau du PDG depuis déjà vingt minutes. La vue qu’offre la mezzanine où je me trouve est incroyable. D’ici, je peux constater que Côté cour, Côté jardin, commerce chic et champêtre, est achalandé. Ça me donne des papillons dans le ventre. Donc, pour me calmer, je me répète que, si je ne réussis pas à obtenir l’emploi, au moins je pourrai me vanter d’avoir rencontré le grand boss du « paradis ». Et si c’est un grand frisé barbu qui porte une tunique et des sandales, je me tape un selfie avec lui, parce que sinon personne ne me croira, me raconté-je pour passer le temps.
Tiens ! Super ! Voilà enfin quelqu’un pour me changer les idées. Un jeune homme à lunettes portant un uniforme typique, Big Bill marine, Kodiak et t-shirt gris au logo de la compagnie, monte les escaliers en chantonnant Cœur de rocker de Julien Clerc.
— Ça fait longtemps que t’attends ? demande-t-il.
— Vingt minutes environ.
Impuissant, il hausse les épaules et s’adosse contre le mur tout près de la porte.
— On dirait que je vais aller me faire engueuler par le directeur, dit-il.
Je ricane avec lui, le fessier collé aux barreaux de la balustrade. Sa blague me rappelle la petite peste que j’étais autrefois.
— Je m’appelle Marco Cloutier, se présente-t-il. Et toi ?
OK ! analysé-je. C’est probablement lui, Marco, le twit à lunettes avec qui Louis, l’ex d’Élizabeth, refusait de peinturer. Coudonc, tous les goûts sont dans la nature, parce que moi, je le trouve déjà attachant ! Enfin… en espérant qu’il ne finira pas par me prouver le contraire.
— Moi, c’est Julianne Bournival. Tu fais quoi ici ? osé-je le questionner en retour.
— Paysagiste. Mais en dehors du travail, je suis chansonnier et collectionneur de macarons, m’informe-t-il en désignant du doigt celui qu’il porte.
Je ne peux m’empêcher de lire à voix haute le message absurde inscrit dessus.
— « Vive les chaises pliantes ! » ! ?
— Oui, madame ! C’est la plus belle invention qui soit, juste après les grilled cheese et les pichenottes… un jeu auquel je suis pas battable, en passant. Tu viens pour une entrevue ? enchaîne-t-il.
Je fais signe que oui, alors il me rejoint à la rampe et décide de me donner toutes sortes de renseignements sur le commerce, en commençant par une énumération trop rapide du nom de chaque designer présent dans la place. Ensuite, il m’explique qu’un tas d’ouvriers et de paysagistes sont présentement occupés sur différents chantiers, aux quatre coins de la ville, à construire des cours de rêve… une info vraiment pas nécessaire, puisque j’avais déjà compris le principe. Il poursuit en dressant l’historique de la compagnie, mais en s’attardant sur des détails plutôt inutiles tels que l’année d’installation du système d’alarme et combien coûterait une poche d’engrais si Côté cour, Côté jardin était situé à Tokyo.
Puis, au moment où Marco m’apprend ce qu’il a mis à l’intérieur de son sandwich ce matin, la porte du grand patron s’ouvre d’un coup sec derrière nous.
J’avais visé juste pour la tignasse ondulée et la barbe, constaté-je en levant les yeux pour créer un contact visuel avec ce simili-Dieu qui fait plus de six pieds. Mais, pour le reste, je me suis trompée royalement : il est bien de notre époque avec son style « veston-t-shirt » ajusté, qu’il porte avec un jeans et d’adorables Converse.
— Excusez-moi, nous implore-t-il. Je négociais au téléphone avec le King du bois traité !
Marco me devance en lui remettant une roche. Francis Lavoie, si je me fie au nom que j’ai lu sur la porte, l’étudie en la retournant de tous les côtés.
— Pourquoi tu me donnes ça, au juste ?
— C’est un échantillon, explique Marco tout en réajustant la monture de ses lunettes. Je voulais être CERTAIN qu’on parlait de la même affaire avant de t’apporter la liste de prix.
— Wow ! Allo l’efficacité, mon chum…
Je crois que monsieur Lavoie est ironique.
— … c’est EFFECTIVEMENT du gravier trois quarts, lui confirme-t-il sur un ton exaspéré.
Celui que je commence à trouver de moins en moins attachant reprend la roche, satisfait de la réponse de son supérieur.
— Parfait ! Je te reviens dans trente minutes, l’avise Marco, et il repart en sifflotant son vieux succès de Julien Clerc.
— Euh… t’oublies pas que t’es attendu sur un chantier, hein ! lui rappelle monsieur Lavoie.
Tout de suite, Marco se claque une paume dans le front avant d’embrayer en cinquième vitesse.
Le patron pousse un long soupir devant l’attitude de son employé, puis il me dévisage.
— Euh… vous étiez pas ensemble ? dit-il.
Je lui tends une main qu’il serre volontiers.
— Non. Je m’appelle Julianne Bournival. On était censés se rencontrer à treize heures.
Il fronce les sourcils.
— T’es certaine ?
Oups… visiblement, le message ne s’est pas rendu. Inutile de mettre Élizabeth dans la merde en la stoolant. Je n’ai qu’à m’éclipser et puis c’est tout. Suivre les traces d’Éli, ce serait légèrement trop beau pour être vrai !
— Non, laissez tomber. C’est un peu compliqué ! déclaré-je en partant, l’air sauvage, vers les escaliers.
Mais mon erre d’aller est stoppée par sa grande main qui réussit de justesse à rattraper mon épaule.
— Désolé, mademoiselle, mais pas question de se quitter sur cette note. Entre…, poursuit-il en montrant la porte de son bureau. On va faire la lumière sur ce mystère !
Bordel de Dieu
Ce fauteuil d’invité est très confortable.
— C’est vraiment la classe ici, m’extasié-je en jouant les amatrices de décoration, admirant le design ultra masculin : murs noirs très audacieux et mobilier de bois naturel rempli de nœuds.
J’ai dit à Élizabeth que le design, j’en mangeais. Alors… let’s go ! Je feins au max d’aimer ça !
— En passant, monsieur Lavoie, je dois vous dire que j’adoooore la déco de votre bureau ! Les disques en vinyle accrochés au mur ajoutent des accents de couleur et démontrent que vous êtes un passionné des années cinquante, n’est-ce pas ?
Oh là là ! À défaut d’avoir un diplôme en design, je me qualifierais assez rapidement pour en obtenir un en improvisation, me dis-je, les doigts croisés, espérant ne pas avoir beurré trop épais.
Le grand patron acquiesce à mes déductions alors que son veston atterrit sur le dossier de sa chaise et qu’il s’assoit devant un pupitre plus bordélique qu’une chambre d’ado. Je repère, entre un monticule de documents et un muffin aux canneberges entamé, un cadre avec une photo de… oh que je ne suis pas surprise : Élizabeth ! C’est plus fort que moi, je souris en lui voyant l’expression taquine, alors qu’elle jouait la pin up aguichante devant l’objectif. Hum ! Et puis, ça me revient : « Francis »… c’est le nom qu’elle a mentionné à Louis pour le faire raccrocher. Elle pouvait bien dire que le patron serait incapable de lui refuser quoi que ce soit, cette chère espiègle.
— Tu sembles connaître ma blonde ! conclut-il face à mon manque de subtilité. Vous avez fait vos études ensemble ?
Voilà ta réponse, Julianne : t’as mis trop de confiture sur ta baguette et maintenant Francis croit que t’es une designer. Tâche donc d’être plus authentique pour la suite, si tu veux t’éviter des ennuis, me conseillé-je.
— Non. En vérité, notre rencontre remonte à… aujourd’hui même !
— Et c’est elle qui t’envoie ? suppose-t-il, s’attaquant à soulever sa paperasse, soudain pressé de retrouver quelque chose. Voyons ! Où est-ce que j’ai mis ça, calv… euh… Excuse-moi, hein ! Faut que j’arrête de sacrer, mais on dirait que c’est pas le bon moment. Ça me prendrait des patchs.
— Vous avez perdu quoi, au juste ?
Il se fige en pleine action, le regard très sérieux.
— Fais-moi plaisir… lâche-moi le « vous » ! On doit avoir à peu près le même âge, toi pis moi, suppose-t-il.
Puis, il reprend son mode paniqué, ses mains repassant parmi ce qu’elles ont déjà inspecté.
— Je cherche mon cellulaire. Il a sonné trois fois depuis tout à l’heure. J’imagine que c’est ma Fraisinette qui essaie de m’aviser de ta visite.
« Fraisinette », hein ! Ça, c’est trop craquant. Sous la barbe et le calme de ce PDG se cache assurément un gamin au cœur battant avec une casquette trois couleurs surplombée d’une hélice. Élizabeth peut s’estimer heureuse que quelqu’un l’aime autant.
Écœuré que son enquête ne le mène nulle part, Francis pousse un long soupir, ajoutant un geste de la main, style : « Au diable le téléphone ! Jamais je le retrouverai ! »
— Je m’excuse encore une fois, tient-il à spécifier. JC, l’ancien patron, a pris sa retraite trop vite à mon goût. Comme tu le vois, j’ai pas eu le temps de me préparer. Y a tellement d’affaires à gérer que la tête va m’exploser. Watch out le dégât !
Compréhensive, mais laissant tomber l’idée d’imaginer sa cervelle qui explose en un feu d’artifice partout dans le bureau, je lâche un bref « ça va ! » pour qu’il déculpabilise, le pauvre.
— Donc ! En résumé : c’est Éli qui t’envoie et elle voulait sûrement que je te trouve un poste dans la compagnie ? analyse-t-il.
— Exact !
— Bon, super ! Je te passe une entrevue éclair juste pour la forme, OK ? Est-ce que t’as un CV avec toi ?
Pour une fois, j’ai ce qu’il faut. Fière de moi, je le sors de mon sac et… à moitié fière, je lui tends une seule et unique feuille un peu tordue.
Ses yeux bruns ont à peine le temps d’effleurer la première ligne que déjà il hausse un sourcil, perplexe.
— Euh… T’as pas d’adresse ?
Ça commence bien, songé-je avant de lui en expliquer la raison, qui est plus logique qu’Einstein lui-même.
— Elle change trop souvent. Je trouvais ça plus pratique de pas l’écrire.
— T’es une nomade, finalement ?
— Bof ! Je suis surtout pas chanceuse avec mes boulots et mes amours.
Il rit un peu. Génial ! Tout se passe numéro un.
— Donc… t’as jamais étudié en design.
— Jamais.
— Et en aménagement paysager ?
— Euh… non plus.
— Et même pas en charpenterie-menuiserie ? se désole-t-il en étudiant toujours mon curriculum vitæ.
Là, je suis trop humiliée.
— Han han, nié-je de la tête, très consciente qu’il y a de plus en plus de risques que je retourne vendre des maudits poireaux.
Francis lit et relit les mêmes maigres informations, jusqu’à abandonner le CV devant lui. Il se cale au fond de son fauteuil et s’appuie sur l’accoudoir, son poing soutenant son menton barbu.
— Écoute, Julianne, euh…
Je serre les dents.
— … qu’est-ce que tu pensais faire ici, au juste ? m’interroge-t-il.
Ark ! Est-ce que je dis la vérité : qu’honnêtement, je n’en ai aucune idée ?
En plus, je peux lire sur les traits de son visage qu’il n’a pas tellement de temps à perdre avec des innocentes. Ça me fait chier, parce que j’aurais vraiment aimé travailler avec Élizabeth, ruminé-je, déjà prête à me lever pour quitter la place, mais oh ! Stop, stop, stop ! Qu’est-ce que c’est que cette musique ? On dirait la célèbre chanson Rock Around the Clock. Humm ! ? Je parie mon élastique à cheveux que c’est la
