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Nue
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Livre électronique229 pages3 heures

Nue

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À propos de ce livre électronique

Voilà les jugements auxquels j'ai dû faire face quand j'ai choisi d'exhiber mon corps pour gagner ma vie ! Nue s'adresse à ceux et celles qui en ont marre de vivre dans le rejet de leur différence et dans la peur d'être jugés s'ils osent montrer l'entièreté de leur personnalité.

Ce livre saura éveiller vos sens, votre soeur et votre âme à la personne merveilleuse que vous êtes. Je vous dévoile mon vécu de danseuse nue, ce métier que j'ai choisi de pratiquer pour construire ma vie au lieu de la détruire. Nous avons tous en nous une zone nue que nous cachons par peur du rejet. Il est grand temps de la laisser briller au grand jour !
LangueFrançais
ÉditeurPerformance
Date de sortie10 oct. 2018
ISBN9782924639924
Nue

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    Aperçu du livre

    Nue - Annie Deschesnes

    univers.

    CHAPITRE 1

    La fille aux mille mystères

    « Le manque d’amour de soi est

    la plus grande pauvreté sur Terre. »

    – Mère Teresa

    Il y a probablement des dizaines de questions qui vous traversent

    l’esprit en ce moment, et avec raison! Une danseuse nue déguisée en thérapeute sexy, ça passe, mais une thérapeute en porte-jarretelles, c’est une toute autre histoire, n’est-ce pas?

    Justement, parlons-en des sous-vêtements! Saviez-vous que j’ai investi plus de vingt mille dollars en dessous de toutes sortes au cours des neuf années que j’ai consacrées à la danse érotique? Imaginez-vous les bas-culottes, la résille, la dentelle, les soutiensgorge pigeonnants, les costumes d’infirmière, de policière, de secrétaire, les tangas, les bottes… Et que dire du latex! Oh la la!

    Je me souviens d’un vendredi en particulier, tout juste avant Noël, pour moi la journée de travail la plus payante de l’année. J’avais ressorti mes plus belles dentelles, achetées dans une belle boutique italienne de Montréal. Le soutien-gorge était noir, pailleté à la main d’une dentelle dorée. Sa forme était audacieuse, pigeonnante, avec une délicate attache dorée à l’avant et, dans le dos, un mince filet noir orné d’une jolie boucle. Mes hanches, quant à elles, se couvraient d’un magnifique porte-jarretelles noir assorti de la même dentelle dorée. La conseillère de la boutique m’avait suggéré de jouer les audacieuses en y ajoutant des bas Mondor, en résille transparente incrustée de zircons blancs, qui dessinaient délicatement la jambe, une superbe rayure venant souligner l’arrière de celle-ci, du talon jusqu’au haut de la cuisse.

    Ces trois pièces m’avaient coûté quatre cent quatre-vingt-dix dollars. Je me les étais procurées avec le plus beau des sourires, sachant que cet investissement me ferait gagner bien plus d’argent que ce que je venais de dépenser! Une fois au club où je dansais, j’enfilai avec plaisir cet ensemble délicat, sexy et féminin qui me donnait l’allure d’une starlette hollywoodienne. J’aimais avoir de la classe et me sentir femme. Dans le regard des autres danseuses qui me scrutaient de la tête aux pieds, je me suis sentie jugée et jalousée. Ce sentiment qui me transperçait, je l’ai ressenti jusqu’au fond de mes tripes! La compétition était forte, car ce vendredi-là était l’occasion d’amasser un beau gros magot.

    J’enfilai mes chaussures des années 1930, dont la rainure noire dessinait le contour de mon pied. Le dessus, transparent, laissait entrevoir le bout de mes orteils. Je m’étais d’ailleurs offert une pédicure pour l’occasion et j’avais choisi un vernis d’un rouge vibrant, couleur qui attire l’œil des hommes. À cela, j’ajoutai mon rouge à lèvres Dior, rouge pirate, qui mettait en valeur la forme pulpeuse de mes lèvres.

    J’étais prête pour ma journée de travail!

    À treize heures, j’avais déjà cinq cents dollars en poche. À minuit, je terminais mon quart de douze heures avec quatre mille dollars en coupures de vingt. Mon petit sac Michael Kors regorgeait de billets! Mon intuition avait porté ses fruits, mon look à l’italienne avait su séduire ces hommes en quête de sensualité, d’audace et d’érotisme. Mes cuisses musclées encadrées de jarretelles les faisaient fondre de désir et ils rougissaient d’excitation devant la rondeur de mes seins qu’ils percevaient sous la dentelle transparente mon soutien-gorge. À la vue de mes formes couvertes de dentelle, mes clients étaient prêts à payer le gros prix pour toucher mon corps, celui-là même qui représentait l’inaccessible beauté à leurs yeux.

    Je ressentais une certaine fierté à l’idée de représenter l’objet de leurs désirs les plus fous. Je me sentais désirable, voulue, sexy, aguichante. Par-dessus tout, j’adorais le sentiment de pouvoir que cela me procurait! J’étais riche, tout simplement riche. Ce Noëllà, je m’offris un cadeau, inestimable à mes yeux, une chirurgie mammaire. Enfin, j’aurais une belle paire de seins ronds et fermes!

    Depuis mes débuts de danseuse nue, je regardais les poitrines de mes consœurs de travail, toutes plus belles les unes que les autres, et j’enviais ces femmes qui avaient eu l’audace de faire refaire leurs seins. J’avais pour ma part perdu la fermeté légendaire de ma poitrine après la naissance de mon fils et je n’aimais plus mes seins. Même s’ils étaient vendeurs dans mon balconnet, je manquais de confiance en moi quand venait le temps de les dénuder devant les clients. Honnêtement, eux s’en fichaient pas mal, mais moi, je tenais à retrouver mon sentiment de féminité en ayant une poitrine à mon goût.

    La femme qui n’aime pas son buste ne part pas gagnante quand son travail est de le vendre aux hommes! La forme allongée de mes seins ne me plaisait pas du tout, pas plus d’ailleurs que mon petit B. Je rêvais du jour où je pourrais fièrement regarder la forme voluptueuse, ferme et malléable de ma nouvelle poitrine, taille DD, fraîchement « achetée » auprès du chirurgien de mon choix. Enfin, j’avais l’argent pour me payer cette gâterie, qui me ferait sentir encore plus femme, plus amoureuse de la forme de mon corps. Je réalisais un rêve… Et, oui, d’avoir une belle poitrine était, à cette époque, un rêve!

    La nudité était mon univers.

    Détrompez-vous, je n’ai pas toujours été sexy, courageuse, audacieuse, voluptueuse et danseuse érotique. J’ai, moi aussi, connu mon lot de doutes, de manque de confiance et d’estime, et je me suis embarquée dans une galère amoureuse, disons-le, très toxique.

    Au fond, dans ma vie de tous les jours, je suis une femme pudique et timide. Étrange, non?

    La vie peut nous surprendre quand nous croyons que nos perceptions constituent une vérité absolue. Je n’ai jamais été exhibitionniste en dehors du club. Ce ne sont pas toutes les travailleuses du sexe qui aiment se dénuder, sans ressentir aucune gêne.

    Cela dit, ma vie de danseuse nue m’a fait énormément grandir et évoluer. J’ai beaucoup appris sur la dépendance affective qui m’affligeait. Car je suis de ceux-là. Vous savez, ceux qui donnent tout pour plaire, ceux qui s’oublient, qui s’effacent, qui font des culbutes pour recevoir de l’amour ou qui vendent leur corps dans l’espoir de récolter quelques miettes de reconnaissance. J’ai longtemps fait partie de ces personnes qui perdent de vue leur réelle valeur, celle du cœur. J’ai plutôt erré en offrant mon corps en échange de l’amour, de l’acceptation, de l’argent, du temps, de la liberté, en pensant que je comblerais mon vide intérieur.

    J’ai comblé mes manques affectifs dans les bars de danseuses. Sans le savoir, j’ai cherché la reconnaissance dans le regard de mes clients, j’ai cherché la valorisation. Je ressentais le besoin de me sentir femme et, qui plus est, une femme sexuellement désirable. Tout cela, j’avais de la difficulté à le ressentir avant de travailler comme danseuse érotique.

    Comment ai-je pu me dénuder devant des hommes sans avoir confiance en moi, vous demandez-vous?

    J’y suis parvenue en combinant désespoir et audace. Sincèrement, à cette période de ma vie, j’étais en quête de liberté et d’argent. C’est ma profonde insécurité financière, et une grande curiosité, qui m’ont poussée vers ce métier, malgré ma timidité. J’étais prête à tout pour m’assurer l’abondance financière, même au prix de vendre mon corps. Il faut dire que j’étais très audacieuse… ou très naïve. Chose certaine, j’étais une femme en quête d’intensité.

    Il faut comprendre que j’ai grandi dans l’humiliation, l’insécurité et la trahison, sources de ce grand vide intérieur qui m’a habitée par la suite. Enfant, j’ai dû faire la navette entre la maison de ma mère et celle de mon père après un divorce violent, colérique et empreint de manipulation. Ma mère était victime d’un mari adultère à qui elle en voulait à mort de l’avoir trahie. Mon père, quant à lui, passait sa rage en salissant la réputation de ma mère à mes yeux. J’étais tiraillée entre deux parents qui se détestaient et se jugeaient, chacun tentant de me convaincre qu’il était le seul en qui je devais avoir confiance. Je me sentais prise en sandwich, incapable d’exister avec ma joie de petite fille, par peur de déranger mes parents en pleine crise. Ma sensibilité dérangeait et n’avait pas sa place dans ce déchirement relationnel. J’ai vite appris à me suffire, à me rassurer, à me convaincre que le divorce de mes parents n’était pas ma faute. Bref, j’ai tenté de devenir mon propre parent.

    Loin de moi l’idée de blâmer mes parents, car je les aime tous les deux d’un amour fou. Mais cette période de ma vie a eu d’importantes retombées sur la fillette que j’étais. J’avais peur d’exister et de prendre ma place au milieu de cette agressivité. J’ai donc rapidement appris à me taire, à « fermer ma grande gueule », comme je l’entendais parfois. On m’a adressé des mots méchants qui m’ont fait douter de moi et de ma valeur.

    Une fois adulte, j’avais depuis longtemps pris l’habitude d’encaisser la violence et de me nier au nom de l’acceptation des autres. Imaginez un peu l’état dans lequel je me trouvais : le mot « respect » avait, depuis longtemps, perdu son sens à mes yeux. Déjà, à l’adolescence, je me souviens avoir mangé mon lunch sur l’heure du dîner, cachée dans les toilettes de l’école, attendant impatiemment que l’heure s’écoule. J’avais peur de me retrouver en public, parce que je n’avais pas d’amis. J’avais surtout la trouille de me faire intimidée par les autres ados qui riaient de mon acné, de mes taches de rousseur et de ma maigreur. À cette époque, je ne m’aimais pas du tout. Mon corps était maigre, mon visage était couvert de boutons et mes dents étaient affreusement grosses. J’étais loin d’être jolie. Je jouais plutôt le rôle du souffre-douleur, de celle qui manquait de confiance en elle et qui encaissait les critiques, les rires intimidants, les moqueries et le rejet de ses pairs. Je rêvais de faire un jour partie de la clique des filles populaires en trouvant le courage de stopper leurs insultes.

    Vous comprendrez qu’avec pareil vécu, je suis devenue une droguée de l’amour. J’avais subi tant de rejet, d’intimidation et de jugement, qui se traduisaient par un manque d’estime de moi. À l’intérieur, je me sentais vide, comme si j’étais un puits sans fond qui ne demandait qu’à être rempli. Après tout, à quoi sert un puits si on ne peut y puiser d’eau? Il ne sert à rien. Voilà exactement comment je me sentais : je sentais que je ne servais à rien d’autre que d’être remplie de dérision de mon entourage. J’avais le mal de vivre, j’en voulais à l’univers de m’avoir donné une vie aussi merdique. Je cherchais à m’accrocher à une dose d’acceptation, n’importe laquelle faisait l’affaire, pourvu que je me sente aimée sans jugement. Sans le savoir, j’étais déjà en train de me prostituer. J’offrais mon cœur à n’importe qui pour remplir mon vide intérieur d’un semblant de valorisation. Voilà ce que j’étais, une junkie de l’amour! J’en souffrais énormément.

    Avec le temps, je me suis fondue dans le décor, parce que c’est en restant effacée que je me sentais en sécurité. Inconsciente des blessures de mon cœur à vif, j’étais une adulte révoltée, en quête de valeur et d’importance.

    Imaginez-moi maintenant, devant des centaines d’hommes salivant devant chacun de mes mouvements. Comprenez comment j’y voyais une preuve tangible, et combien puissante, de ma valeur et de la reconnaissance dont j’avais tant besoin. Comprenez la force de l’impact qui s’exerçait sur moi. Au bar, je me sentais comme une déesse, rien de moins. Pour une femme qui manquait de confiance, c’était le paradis de l’abondance, car j’obtenais enfin ce qui me manquait depuis si longtemps : de l’importance.

    Mais comment en suis-je venue à choisir la danse érotique?

    Femme timide – feu ardent

    J’étais une jeune adulte rebelle en quête d’amour vrai, en quête de liberté et de ce bonheur dont tous me parlaient. Jusque-là, j’avais connu quelques amourettes de jeunesse, mais jamais encore de véritable relation amoureuse. Adolescente, j’étais attirée par les garçons plus âgés qui avaient eux-mêmes connu du rejet, tout comme moi. J’avais cette fâcheuse tendance à aimer les délinquants! Ces garçons représentaient pour moi une certaine forme de sécurité et constituaient un miroir dans lequel se reflétaient ma propre douleur et mon propre sentiment de rébellion. Comme je les comprenais. J’avais si soif de liberté que j’enviais ces garçons d’oser se rebeller contre les règles, d’oser s’affirmer et de ne pas se laisser intimider. J’y voyais une ressemblance qui me charmait, inconsciente de la dépendance dans laquelle me plongeait ce type de relations. Avec ces garçons, je me sentais légitime, comprise et acceptée. Je n’avais pas peur de souffrir d’humiliation ou de moqueries et je leur ouvrais donc rapidement mon cœur, sans parler de mes cuisses, afin de leur prouver mon amour.

    Sans le savoir, ma dépendance affective, combinée à mon manque de lucidité, me faisait déjà basculée dans des relations abusives. Je donnais mon corps pour plaire. Dès l’âge de treize ans, j’offris ma virginité en échange de l’amour.

    Plus tard à l’adolescence, je me suis juré de réussir ma vie, coûte que coûte. J’avais besoin d’être aimée et appréciée pour qui j’étais vraiment, sans crainte d’être jugée ou d’être condamnée « à donner » pour plaire aux hommes. J’en avais marre des petites amourettes sans lendemains, je voulais connaître une relation amoureuse sincère. De plus, je commençais à ressentir l’urgence de vivre, de m’affirmer davantage et de ne plus laisser ma timidité contrôler mes décisions. Je me sentais comme un Presto qui a accumulé trop de pression. Il était temps de faire éclater ma timidité en affirmant mes limites afin d’obtenir un plus grand respect dans ma vie en général, et plus particulièrement en amour.

    Côté travail, j’avais déjà commencé à faire de petits boulots à droite et à gauche. À seize ans, je travaillais dans un casse-croûte afin de payer les médicaments qu’il me fallait pour soigner mon acné. Voir mon visage couvert de pustules était horrible pour mon cœur de jeune adolescente. Comme mes parents n’étaient pas d’accord avec le traitement choc que je m’imposais, j’avais pris la décision d’aller travailler pour me payer moi-même ce miracle qui allait me permettre de mieux m’accepter sur le plan physique. J’imaginais mon visage avec une peau lisse, en caressant l’espoir que je me sentirais enfin belle un jour.

    C’est à cette même époque que se réalisa mon souhait de connaître l’amour véritable, avec un homme de dix ans mon aîné, que je nommerai Christian. J’étais follement amoureuse de cet homme doux, bon et respectueux. Je l’avais rencontré alors qu’il quittait la ville pour débuter sa formation à l’école des recrues de l’Armée canadienne. Quant à moi, j’amorçais ma dernière année d’études au secondaire.

    C’est dans un bar de billard de ma région que j’ai fait connaissance avec Christian pour la première fois. J’y étais entrée illégalement, à l’aide d’une fausse carte d’identité, en compagnie de mon amie Julie, qui célébrait son dix-huitième anniversaire de naissance. J’avais seize ans. Je jouais au billard avec mon amie lorsque, frustrée à l’idée de perdre la partie, j’ai voulu frapper une boule plus fortement sur la table. Ce faisant, j’ai heurté en plein ventre un homme qui jouait à la table voisine. C’était Christian! Celui-ci me regarda, puis éclata de rire. Pour ma part, j’étais rouge de honte de l’avoir frappé.

    Je m’excusai auprès de lui et m’assurai qu’il n’avait rien. Il me rassura puis, sourire aux lèvres, il nous invita, Julie et moi, à jouer une partie de billard avec lui et son frère, qui l’accompagnait ce soir-là. Je regardai Julie pour savoir si elle acceptait, car c’était sa soirée de célébration. Enthousiaste, celle-ci accepta volontiers. C’est ainsi que nous jouâmes tous les quatre jusqu’aux petites heures du matin. À la fin de la soirée, dans le stationnement du bar, Christian m’embrassa avec une douceur que je n’avais jamais ressentie auparavant et je me sentis flotter comme sur un nuage. Nous échangeâmes nos numéros de téléphone pour garder contact.

    Nous nous sommes revus à plusieurs reprises par

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