La bourse
Par Honore de Balzac
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À propos de ce livre électronique
Pourquoi un riche vieillard vient-il chaque soir chez elles perdre de l'argent au jeu ? Et que penser lorsque la bourse du jeune peintre disparaît après une partie de cartes disputées avec ses voisines.
Honore de Balzac
Honoré de Balzac (1799-1850) was a French novelist, short story writer, and playwright. Regarded as one of the key figures of French and European literature, Balzac’s realist approach to writing would influence Charles Dickens, Émile Zola, Henry James, Gustave Flaubert, and Karl Marx. With a precocious attitude and fierce intellect, Balzac struggled first in school and then in business before dedicating himself to the pursuit of writing as both an art and a profession. His distinctly industrious work routine—he spent hours each day writing furiously by hand and made extensive edits during the publication process—led to a prodigious output of dozens of novels, stories, plays, and novellas. La Comédie humaine, Balzac’s most famous work, is a sequence of 91 finished and 46 unfinished stories, novels, and essays with which he attempted to realistically and exhaustively portray every aspect of French society during the early-nineteenth century.
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Aperçu du livre
La bourse - Honore de Balzac
Honoré de Balzac
LA BOURSE
Scènes de la vie privée
Copyright
First published in 1832
Copyright © 2019 Classica Libris
Dédicace
À Sofka
N’avez-vous pas remarqué, Mademoiselle, qu’en mettant deux figures en adoration aux côtés d’une belle sainte, les peintres ou les sculpteurs ne manquaient jamais de leur imprimer une ressemblance filiale ? En voyant votre nom parmi ceux qui me sont chers et sous la protection desquels je place mes œuvres, souvenez-vous de cette touchante harmonie, et vous trouverez ici moins un hommage que l’expression de l’affection fraternelle que vous a vouée
Votre serviteur,
De Balzac
La bourse
Il est pour les âmes faciles à s’épanouir une heure délicieuse qui survient au moment où la nuit n’est pas encore et où le jour n’est plus. La lueur crépusculaire jette alors ses teintes molles ou ses reflets bizarres sur tous les objets, et favorise une rêverie qui se marie vaguement aux jeux de la lumière et de l’ombre. Le silence qui règne presque toujours en cet instant le rend plus particulièrement cher aux artistes qui se recueillent, se mettent à quelques pas de leurs œuvres auxquelles ils ne peuvent plus travailler, et ils les jugent en s’enivrant du sujet dont le sens intime éclate alors aux yeux intérieurs du génie. Celui qui n’est pas demeuré pensif près d’un ami pendant ce moment de songes poétiques, en comprendra difficilement les indicibles bénéfices. À la faveur du clair-obscur, les ruses matérielles employées par l’art pour faire croire à des réalités disparaissent entièrement. S’il s’agit d’un tableau, les personnages qu’il représente semblent et parler et marcher : l’ombre devient ombre, le jour est jour, la chair est vivante, les yeux remuent, le sang coule dans les veines, et les étoffes chatoient. L’imagination aide au naturel de chaque détail et ne voit plus que les beautés de l’œuvre. À cette heure, l’illusion règne despotiquement : peut-être se lève-t-elle avec la nuit ! l’illusion n’est-elle pas pour la pensée une espèce de nuit que nous meublons de songes ? L’illusion déploie alors ses ailes, elle emporte l’âme dans le monde des fantaisies, monde fertile en voluptueux caprices et où l’artiste oublie le monde positif, la veille et le lendemain, l’avenir, tout jusqu’à ses misères, les bonnes comme les mauvaises. À cette heure de magie, un jeune peintre, homme de talent, et qui dans l’art ne voyait que l’art même, était monté sur la double échelle qui lui servait à peindre une grande, une haute toile presque terminée. Là, se critiquant, s’admirant avec bonne foi, nageant au cours de ses pensées, il s’abîmait dans une de ces méditations qui ravissent l’âme et la grandissent, la caressent et la consolent. Sa rêverie dura longtemps sans doute. La nuit vint. Soit qu’il voulût descendre de son échelle, soit qu’il eût fait un mouvement imprudent en se croyant sur le plancher, l’événement ne lui permit pas d’avoir un souvenir exact des causes de son accident, il tomba, sa tête porta sur un tabouret, il perdit connaissance et resta sans mouvement pendant un laps de temps dont la durée lui fut inconnue. Une douce voix le tira de l’espèce d’engourdissement dans lequel il était plongé. Lorsqu’il ouvrit les yeux, la vue d’une vive lumière les lui fit refermer promptement ; mais à travers le voile qui enveloppait ses sens, il entendit le chuchotement de deux femmes, et sentit deux jeunes, deux timides mains entre lesquelles reposait sa tête. Il reprit bientôt connaissance et put apercevoir, à la lueur d’une de ces vieilles lampes dites à double courant d’air, la plus délicieuse tête de jeune fille qu’il eût jamais vue, une de ces têtes qui souvent passent pour un caprice du pinceau, mais qui tout à coup réalisa pour