Face à la photo accrochée au mur, Juliette se figea. Il n’y avait pas de doute, c’était bien elle sur le cliché agrandi en noir et blanc devant lequel elle s’était arrêtée quelques instants plus tôt. Saisie, la jeune femme chercha du regard un siège ou un banc pour retrouver son souffle. Sa respiration s’était bloquée devant le portrait qu’elle fixait d’un air perdu. Presque désespéré. Elle trouva une chaise dans la galerie d’art et s’assit devant le cadre fixé sur le mur blanc.
Tellement d’émotions l’assaillirent en cet instant qu’elle crut qu’elle n’arriverait pas à les surmonter. Elle prit le temps d’observer ce reflet d’elle-même qui était récent. Elle portait la même coiffure au carré qu’en septembre dernier, lorsqu’elle avait décidé de couper sa longue chevelure blonde. Un foulard laissait échapper quelques mèches de cheveux rebelles.
Le portrait la représentait de trois quarts, vêtue d’un trench-coat trop grand ceinturé à la taille, alors qu’elle traversait une place illuminée par les rayons d’un soleil encore estival. Comme dans un long travelling au cinéma, on devinait la direction dans laquelle ses pas la menaient de l’autre côté de la place. Juliette reconnut instantanément le lieu et se rappela la date de cette visite qu’elle avait faite deux mois auparavant à Nîmes…
C ’était lors de ses dernières vacances avec Nicolas en septembre. Le couple avait prévu de s’octroyer quelques jours de détente pour visiter cette ville qu’aucun d’eux ne connaissait. Leur promenade avait débuté dans les arènes. Ils avaient pénétré dans le vaste amphithéâtre romain aux multiples arcades superposées. Main dans la main, ils s’étaient plongés dans la vie des habitants de cette ville gallo-romaine, au Ier siècle après J.-C. Ils étaient impressionnés par l’ampleur de l’édifice dans lequel devaient résonner les hourras de milliers de spectateurs venus assister à des divertissements et à des combats de gladiateurs.
Ils furent sous le charme du culte impérial en mémoire d’Auguste et de ses fils lorsqu’ils contemplèrent