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La vengeance d'un Juif clandestin
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La vengeance d'un Juif clandestin
Livre électronique211 pages3 heures

La vengeance d'un Juif clandestin

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À propos de ce livre électronique

Dans ce cinquième roman Maurice Ferares a rassemblé, sous forme romancée, une partie de ses expériences dans la clandestinité pendant la Seconde Guerre mondiale auxquelles il a intégré les témoignages d’un certain nombre de ses amis et connaissances, aboutissant à un récit au suspense haletant. Ce texte passionnera quiconque s’intéresse à l’histoire du XXe siècle, de l’antisémitisme nazi, du sionisme et des origines du conflit israélo-arabe.

Le contenu, en bref :

À l'été 1942 dans l’Amsterdam occupé, le jeune Juif Jacob Wijnkoper reçoit une convocation « pour aller travailler en Allemagne ». Son père, qui lui y échappe grâce à son second mariage avec l’aryenne Ilse Grohmann, refuse de l'aider à s’y soustraire également. Rompant avec son père Jacob plonge alors dans la clandestinité. Pendant de longues années il devra survivre dans l’angoisse permanente d’être capturé par les Allemands. Rien ne lui sera épargné. Il devra se cacher longtemps dans une épave d’autobus en compagnie d’un marginal alcoolique, dans des jardins ouvriers avec des déserteurs allemands de la Wehrmacht, et réussira finalement à se faire interner comme lépreux avec l'aide d'une prostituée et d’un médecin d’un hôpital d’Amsterdam. Peu de temps après la guerre il épouse Julia, une survivante du bombardement de Rotterdam. Avec sa femme et son ami d'enfance Simon ils partent tous trois en Palestine. Jacob s’y retrouve impliqué dans le nettoyage ethnique de villes et villages palestiniens. Sous les yeux de Julia et Simon le modeste garçon d’Amsterdam se métamorphosera en un assassin cruel. Lorsque le père de Jacob réapparaît en Palestine le cours du destin ne pourra plus être évité.
LangueFrançais
ÉditeurXinXii
Date de sortie23 janv. 2014
ISBN9783957031150
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    Aperçu du livre

    La vengeance d'un Juif clandestin - Maurice Ferares

    Jodenbreestraat.

    2. Ilse, une jeune allemande

    Jacob avait cinq ans lorsque sa mère mourut subitement, deux semaines après son trentième anniversaire. La cause de sa mort resta un mystère. Certains parents, convaincus qu'elle avait été victime d'un meurtre, déposèrent une plainte auprès de la police. Celle-ci effectua une enquête, qui cependant n’aboutit à rien.

    Le père de Jacob, David Wijnkoper, était l'un des milliers de tailleurs de diamant qui se retrouvèrent au chômage dans les années trente. Après la mort de sa femme, il resta veuf pendant des années jusqu'à ce qu'il rencontre Ilse Grohmann, une Allemande non-juive de vingt et un ans. Elle était svelte, avait de longs cheveux blonds et des yeux bleu clair. Son père avait été fonctionnaire de la municipalité de Neuheim, un village près de Düsseldorf, avant d’être au chômage. La détresse de sa famille la força à chercher du travail aux Pays-Bas, comme beaucoup de filles allemandes. Wijnkoper la vit plusieurs fois sur le marché, où il faisait des courses l'après-midi, et entra en conversation avec elle. Elle lui dit qu’elle vivait depuis un certain temps chez une amie et cherchait du travail comme gouvernante. Wijnkoper lui offrit de venir chez lui pour gérer son ménage, nourrie et logée.

    Son dernier employeur l'avait congédiée après qu'elle lui avait révélé qu’il allait devenir grand-père d’un enfant conçu avec son fils cadet. Elle dissimula cette grossesse au père de Jacob. La situation dans laquelle elle était ne lui laissait pas le choix.

    Elle ne voulait en aucun cas retourner en Allemagne les mains vides, et enceinte de surcroît, alors elle accepta l’offre qui lui était faite là.

    La chambre au grenier qu’elle se vit attribuer comme sa « chambre privée » n’était guère plus qu'une grande armoire, que la mère de Jacob avait utilisée pour ranger les vêtements d'hiver.

    Les premiers temps, Jacob s’entendit assez bien avec Ilse. Sa différence d’âge avec elle était bien moindre que celle entre elle et son père. L'adolescent précoce, dont les hormones commençaient à remuer, fit peu d'efforts pour cacher ses désirs. Mais il arriva trop tard, son père l’avait devancé. Lors d’une nuit froide il était monté à la petite chambre du grenier et il persuada Ilse de venir se réchauffer dans son lit. Il n'eut pas à se donner beaucoup de peine, parce qu’Ilse voyait avec angoisse s’approcher le moment où sa grossesse serait visible.

    Quelques semaines après qu’ils s’étaient « réchauffés » pour la première fois dans le lit de Wijnkoper, elle lui dit une nuit :

    « Deef, je dois te confesser quelque chose d’ennuyeux ». 

    Il fut surpris. Jamais encore elle ne l'avait appelé Deef, même au lit. Elle avait toujours continué à l’appeler monsieur Wijnkoper. Pendant la journée, elle s’occupait du ménage et la nuit elle lui offrait son corps. Elle devait avoir une très bonne raison pour l’appeler Deef. Elle ne savait pas qu'il n'aimait pas qu'on l’appelle Deef. Quand il était marié sa femme l’appelait parfois aussi Deef, et à chaque fois ça l’avait énervé. À la taillerie de diamants où il travaillait, il se faisait appeler Don et non David, le nom inscrit sur son certificat de naissance.

    « Je suis enceinte », déclara Ilse, « pas de toi, je l'étais déjà quand je suis arrivée ici. Ça n’a pas d'importance comment je le suis devenue. En tout cas, je ne voulais pas ».

    « Nom de Dieu, un polichinelle dans le tiroir », cria Wijnkoper en sautant furieux hors du lit. « Pourquoi ne m’as-tu rien dit quand je t’ai demandé si tu pourrais travailler pour moi ? Tu m’as trompé, tu m’as foutu dedans, nom de Dieu quelle saloperie. Maintenant je fais quoi ? »

    Apeurée par la réaction violente de Wijnkoper, Ilse balbutia : « Tu n’as rien à faire. Ça ne te concerne pas, il faut que je m’en débarrasse. Je dois rentrer dans ma famille en Allemagne et j’ai besoin d’argent pour le voyage. Je ne te demande pas un cadeau, je te rendrai tout ».

    Wijnkoper, qui s’était rapidement rendu compte des avantages considérables de sa présence dans sa maison, demanda :

    — Est-ce tout ? 

    — N'est-ce pas assez ? 

    — Ah oui, merde, bien sûr que c'est assez!

    Et après un silence : 

    — Je ne roule pas sur l'or, mais je serai le dernier qui refuse d’aider une femme en difficulté. »

    Le jour suivant il l’accompagna à la gare. Juste avant que le train parte il lui dit, avec ce qu'on pourrait appeler un sourire :

    « Quand tu reviendras il faudra peut-être qu’on discute au sujet de notre relation ».

    Elle hocha la tête automatiquement. Dans le train qui partait elle réfléchit sur ce qu’il avait bien pu vouloir dire. Il n’avait jamais montré la moindre affection pour elle, il l’avait seulement utilisée. Est-ce qu’il aurait l’intention de me virer ? Est-ce qu’il a une autre femme, une Juive, quelqu’un qui irait mieux avec lui ? Est-ce que c’est pour ça qu’il souriait hypocritement ? Je ne pense quand même pas qu’il soit capable de me jeter à la rue sans un sou. Sinon il ne m’aurait jamais dit qu’il faudra qu’on réfléchisse à notre relation.

    Ces méditations furent interrompues par l’arrivée du contrôleur, et après son départ elle murmura : « En tout cas ce qui est certain, c’est que je ne vais pas me vendre à d’autres pour lui ».

    Bien qu’elle n’ait eu aucune intention de murmurer si fort que ses deux compagnons de voyage puissent entendre ce qu’elle disait, il s’avéra qu’ils en avaient saisi quelque chose. Le jeune homme à côté d’elle parut surpris mais se tut. La vieille dame assise à l’autre côté lui dit : « Madame, je ne veux pas me mêler de vos affaires, mais est-ce que je peux vous aider en quoi que ce soit ? » Ilse nia silencieusement de la tête, et continua de regarder au-dehors.

    Ce fut un voyage ennuyeux. Wijnkoper ne lui avait même pas donné de l’argent pour un sandwich ou une tasse de café.

    Comme elle avait peur de la réaction de ses parents elle alla voir une sœur de sa mère, à qui elle raconta qu’aux Pays-Bas elle pourrait épouser un homme qui travaillait dans le diamant, mais auquel elle avait caché qu’elle était tombée enceinte d’un autre. Sa tante lui donna de l’argent pour un avortement ainsi que l’adresse d’une faiseuse d’anges.

    Le jour de son retour d’Allemagne, quand ils furent couchés, Wijnkoper lui dit : 

    « Tu te souviens de ce que je t’ai dit quand je t’ai amené au train ? Qu’après ton retour il faudrait qu’on discute de notre relation ? »

    — Oui, et je me suis demandé ce que tu pouvais bien vouloir dire 

    — Je voulais dire que peut-être nous pourrions nous marier 

    — Nous marier ? 

    — Oui, nous marier. À l’époque je t’avais engagée pour t’occuper du ménage. Personne ne fait le ménage mieux que toi, et en ce qui concerne le reste je n’ai pas à me plaindre non plus.

    — Qu’est-ce que tu veux dire par le reste ? 

    — Ne fais pas l’enfant, tu sais bien ce que je veux dire. Veux-tu te marier avec moi ? Je suis un Juif, j’ai un fils, je n’ai pas beaucoup d’argent, dans l’ensemble je ne peux t’offrir que peu de choses.

    — Ça me va bien, de me marier avec toi. Ma tante m’a conseillé d’accepter si tu me le demandais, même si tu es un Juif avec un enfant, et pas mal plus âgé que moi. Dans ma famille personne n’est membre du parti nazi et un frère de ma mère est lui aussi marié avec une Juive.

    — Ça pourrait se faire rapidement, de nous marier. D’ici quelques semaines à peine, et on n’en dit rien à personne. Ça ne regarde que nous.

    — Avant qu’on se marie, j’ai un service à te demander.

    — Quel genre de service ? 

    — Quand j’étais en Allemagne, ma tante m’a prêté de l’argent et j’ai promis de le lui rendre dès que je le pourrais. Est-ce que tu peux me donner 25 Reichmarks ?

    — Alors là c’est pas rien ce que tu me demandes là. C’est quand même quelque chose que je doive payer pour nous débarrasser de l’enfant d’un autre ? 

    — Si on ne l’avait pas fait disparaître, tu n’aurais pas voulu te marier avec moi.

    — Fais donc payer le type qui t’a violée, même s’il ne paie qu’une part. C’était quand même de sa faute. S’il paie la moitié, je t’aiderai pour le restant. Si tu veux je vais le voir et je le lui propose ? Ça ne me dérange pas du tout.

    — Il vaut peut-être mieux qu’on ne se marie pas si tu trouves que je ne vaux pas 25 Marks. J’ai été trop bête de tomber enceinte.

    — Je trouve que tu vaux tout à fait 25 Marks, mais ce sont mes dernières économies. Bon, n’en parlons plus, demain je vais aller voir pour la date de notre mariage.

    — Tu es sûr que c’est ça que tu veux ? 

    — Oui, et demain je vais aller m’informer, parce qu’il il y a des jours où c’est plus cher que d’autres.

    — On pourrait aussi attendre un peu et d’abord rembourser ma tante.

    — Demain je vais à la mairie, et après on pourra toujours décider. Peut-être qu’on peut rembourser cette tante en plusieurs termes.

    — Je pourrais le lui demander, mais je préfère pas, je veux pas qu’elle se rende compte que t’es pas capable de la rembourser.

    L’après-midi suivant ils décidèrent de se marier deux semaines plus tard et de faire attendre la tante d’Ilse encore un peu pour lui rendre son argent.

    Bien qu’il n’ait pas échappé à Jacob qu’Ilse ne dormait plus dans la petite chambre du grenier, il lui était difficile de demander des explications à son père. Quand il posa la question à Ilse elle-même, elle siffla : 

    « Ça te regarde absolument pas où je dors, petit merdeux. Tu trouves peut-être que je te dois des explications ? »

    Lorsque Jacob termina l’école primaire, son père, qui n’avait pas d’argent pour l’envoyer suivre l’enseignement secondaire, décida qu’il devrait apprendre un métier. Pendant une année Jacob balaya des copeaux de bois et s’occupa du café chez un ébéniste, sans réussir à apprendre la moindre chose de l’ébénisterie. Ce métier ne lui disait rien. L’ébéniste finit par perdre confiance dans les capacités de Jacob pour apprendre vraiment le métier, et le renvoya avec cinq semaines de salaire. 

    L’année suivante Jacob lustra des chaussures chez un cordonnier et livra les chaussures réparées aux clients, mais à la grande irritation de son père, il ne se sentait aucune inclinaison pour la cordonnerie non plus. 

    Son troisième emploi, qu’il commença juste avant qu’éclate la Seconde Guerre mondiale, fut garçon de course chez un commerçant de récupération de métaux ferreux. Son patron, qui avant-guerre avait acheté des vieux métaux partout en Europe pour le revendre aux usines de l’Ouest, se fichait complètement que la guerre ait éclaté. Au contraire, son affaire n’avait jamais aussi bien marché. Quand il entra à son service, Jacob ne savait pas que son patron faisait des affaires avec Krupp, à Essen, qui fabriquait des canons pour Hitler. Quand il le découvrit, il voulut donner sa démission.

    — Il n’en est pas question », dit son père. « En quoi ça te regarde où ton patron trouve des vieux métaux, et à qui il les revend ? Tu devrais te réjouir que ses affaires marchent aussi bien et qu’il ne te renvoie pas. Ne gâche pas encore une fois les choses, maintenant que tu peux enfin rembourser un peu de tout ce que j’ai dépensé pour toi pendant des années. »

    La confiscation du commerce de la ferraille par les Allemands après l'occupation des Pays-Bas, signifia le licenciement de Jacob. Il n'en fut pas chagriné.

    Il se débrouilla pour gagner un peu d'argent en faisant toutes sortes de petits boulots et de trafics, mais cela ne dura pas longtemps. 

    Exactement le jour de son dix-septième anniversaire le destin frappa sous la forme d'une convocation pour partir en Allemagne dans les 24 heures. Dans la convocation il était question d’« émigration vers un poste de travail sous surveillance policière en Allemagne ». 

    Jacob ne donna pas suite à la convocation et alla voir son père.

    « Comment je vais faire pour y couper ? » demanda-t-il. « Tu ne pourrais pas appeler ce bureau et leur dire que tu es marié avec une Allemande, et que je n'ai rien fait pour qu’on me punisse ? »

    — Je suis désolé, mais je ne peux rien faire pour toi. Quelle idée qu’il suffise que je passe juste un petit coup de fil à une autorité allemande, comment tu peux croire une chose pareille ? 

    — Tu ne peux rien faire pour moi ? Je suis ton fils, nom de Dieu. Tu vas laisser qu’on me boucle dans un camp de concentration ? Tu ne lèveras même pas le petit doigt pour moi ?

    — Je me suis retrouvé embarqué avec toi pour la vie. J’y ai été obligé. Une nuit d'insouciance avec cette chienne en chaleur, que j'ai dû payer d’un mariage et d’un enfant non désiré. Par chance ce mariage n'a pas duré trop longtemps, mais je me suis retrouvé avec toi sur les bras, parce que tes vieux escrocs de grands-parents se sont opposés à ce que je te donne à adopter.

    — Depuis mon enfance j’ai toujours ressenti à quel point tu me détestais », cria Jacob. « C'est pour ça que tu me refusais le moindre petit plaisir. C'est pour ça que je n'ai pas eu d'argent de poche et que je n'ai jamais été en vacances. C'est pour ça que je n’avais pas le droit de jouer au football, que tu disais être un sport trop dangereux. C'est pour ça que tu inventais des trucs que j’aurais prétendument fait, et que tu m’enfermais à la cave où au grenier, et que tu m’emmerdais de mille façons différentes. Maintenant, je sais pourquoi il n'y a jamais eu de photo de ma mère dans le salon. J'étais son enfant, et tu l’as tuée. À partir de maintenant tu n’existes plus pour moi, salaud ! 

    Ilse, qui s’était recroquevillée dans le fauteuil où elle seule avait le droit de s'asseoir depuis qu’elle était devenue madame Wijnkoper, avait suivi en silence la dispute entre le père et le fils. Brusquement elle sauta sur ses pieds avec un visage tordu de colère, et elle rugit : 

    « Hors de ma maison, et qu’on ne te revoie plus jamais, fils de pute ! ».

    Jacob ne se le fit pas dire deux fois. Il sortit de la pièce en courant et décida de ne jamais plus mettre les pieds dans la maison de son père.

    3. Pas de football pour les Juifs !

    Jacob ne prit qu’une petite valise et une paire de chaussures de foot neuves, qui pendait autour de son cou attachée par les lacets. 

    Comme s’il le voyait pour la première fois, Simon remarqua deux choses. Tout d'abord, que Jacob avait près de deux mètres de haut, ce qui était exceptionnel pour un garçon juif, et d'autre part, qu'il avait des cheveux d’un noir de jais.

    La dernière fois Simon l’avait vu deux ans plus tôt, quand Jacob était venu chez lui avec le shofar de son grand-père. Le vieil homme — le père de la mère de Jacob — qui était cantor et menait les chants à la synagogue du quartier, avait laissé le shofar à Jacob après sa mort, dans l'espoir qu'il devienne cantor à son tour et qu’il s’en serve. Ilse, la belle-mère de Jacob, découvrit le shofar en rangeant le grenier. Elle ne savait pas ce que c'était et le demanda à Jacob. Jacob raconta ce que son grand-père lui en avait dit : au Nouvel An juif, dans la synagogue le cantor souffle dans une corne de bélier pour commémorer le sacrifice d’Isaac par Abraham. Quand Dieu, qui avait seulement voulu mettre Abraham à l'épreuve, vit qu'il était prêt à lui sacrifier même son fils, Il lui envoya à la dernière minute un bélier à sacrifier à la place d'Isaac.

    « Quels barbares épouvantables », dit sa belle-mère. Elle ordonna à Jacob de jeter immédiatement à la poubelle ce Juden Horn⁵ , ce qu'il ne fit pas mais alla demander à Simon s’il voulait le lui garder. Simon trouva l’objet intéressant et le cacha sous une pile de sous-vêtements dans son armoire. Ses parents s’en aperçurent à peu près immédiatement, mais n’en dirent rien, jusqu’à la veille du jour où son père dut partir travailler en Allemagne — il avait eu droit à un délai en tant que maître d’école. 

    « Il faudrait pas qu’on ait des problèmes à cause de ce truc dans ton placard », dit-il. « Tu jetteras ça à l’eau quelque part, quand il fera noir », sonna son verdict. Un ordre auquel Simon ne pouvait pas obéir. Après tout, il avait promis à Jacob de lui garder le seul objet qu’il possédait venant de son grand-père. Son père fut sensible à cet argument, mais exigea que le shofar soit caché dans l’espace vide sous le plancher de la cuisine, et que Simon ne le ressorte pas avant la fin de la guerre.

    « Tu vas jouer au foot ? » demanda Simon quand il ouvrit la porte et aperçut Jacob. Il connaissait la

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