L’histoire à l’œuvre
Sud de l’Espagne, à Malaga. Le soleil brille. Dans l’appartement de Mercedes Estrada, le téléphone fixe sonne assez rarement, mais, ce jour-là, la dame de 67 ans décroche, prête à éconduire un énième démarcheur commercial. Quand le nom de Georges Mandel est prononcé à l’autre bout du fil, sa surprise est tout sauf feinte.
– Vous êtes bien la petite-fille de Georges Mandel, n’est-ce pas?
Mercedes hésite. Elle est, en effet, la descendante de l’homme d’État, juif et résistant, assassiné par la milice française en 1944 dans la forêt de Fontainebleau. Née huit ans après sa disparition, elle ne l’a jamais connu. Qui peut bien s’intéresser à elle ?
– Oui, c’est moi.
Une certaine Emmanuelle Polack lui annonce qu’un tableau ayant appartenu à son grand-père a été retrouvé lors d’une perquisition à Munich. Plus précisément, une œuvre spoliée, comme on le dit des biens volés aux juifs par les forces d’occupation et les collabos pendant la Seconde Guerre mondiale.
– Il est à vous désormais.»
Emmanuelle Polack est chasseuse de tableaux. Plus exactement, de leurs propriétaires légitimes, le plus souvent enfants et petits-enfants. Spécialisée dans la recherche et la restitution des œuvres d’art volées pendantl’Occupation,elle est devenue incontournable dans ce domaine: le magazine la qualifiait, en mars dernier, d’«Indiana Jones». Elle préfère la dénomination de «chercheure de provenance», plus en accord avec son abord élégant et bourgeois, et sans rien ôter à sa ténacité. Ce qui la passionne, c’est la façon dont les œuvres d’art changent de mains au cours de l’histoire.
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