Il y a deux décennies, Donald et Petie Kladstrup, journalistes pour le magazine américain spécialisé Wine Spectator, publiaient à Paris la traduction française de La Guerre et le vin, un livre dans lequel on apprenait que l’occupant nazi s’était approprié un milliard et demi de bouteilles entre 1940 et 1944, par pillage ou achat à des prix “négociés”. Une partie de ces flacons souvent prestigieux a été retrouvée dans les trésors de guerre des dirigeants nazis. Ainsi, les centaines de caisses du millésime 1928 du champagne Salon saisies, sans autre forme de procès, au Mesnil-sur-Oger en 1940.
Le 4 mai 1945, une unité de la 2e division blindée (DB) à laquelle appartenait le sergent Bernard de Nonancourt, témoin du vol de 1940, eut la surprise de retrouver ce butin dans la cave privée d’Adolf Hitler, située dans les sous-sols de son fameux “Nid d’aigle”, le palais-forteresse que le führer avait fait édifier au sommet d’un éperon rocheux de Berchtesgaden.
UN TRÉSOR VOLÉ EXHUMÉ
Vif, imagé, nourri par de nombreux témoignages, le livre de Donald et Petie Kladstrup, publié par Perrin en 2002, s’ouvre sur cette anecdote. Il faut dire que Bernard de Nonancourt, âgé de 25 ans lorsqu’il achampagne Salon en 1988 – une façon pour lui de rester fidèle à l’un des plus beaux gestes de sa jeunesse: l’exhumation d’un trésor volé.