e 22 juin 1941, Hitler rompt le pacte germanosoviétique et lance l’opération Barbarossa consistant à envahir l’Union soviétique dont l’Ukraine fait alors partie. Un des premiers objectifs de la Wehrmacht, c’est Kiev. L’Armée rouge, surprise, désorganisée par l’idiotie de Staline, est en pleine débâcle. Le 19 septembre, la « mère des villes russes » tombe entre les mains des Allemands au prix de 200 000, sont tellement parlantes, parfaites, impartiales, qu’on est pris de doute, enfin moi, j’hésitais, en demandant si je n’étais pas en train de regarder un film de fiction tourné façon documentaire. Les rayures, les tremblés, toute l’esthétique involontaire du reportage de guerre y était, en plus du noir et blanc, bien sûr. Mon égarement provenait aussi et surtout des sons qui ne pouvaient être que l’œuvre d’une reconstitution. Très bien réalisée, d’ailleurs. Bombes, moteurs, mitrailles, voix, bottes des prisonniers sur les routes, sur les chemins de terre, Oscar du bruitage. Mais la longueur des colonnes de prisonniers traversant les ruines m’a ramené à l’évidence : la gueule des hommes qui marchent, leurs fringues, il y a des castings de figurants infaisables, des regards de vaincus inimitables : pas si malheureux que ça, en fait, plutôt soulagés, ils sont en vie. Certains ont même la présence d’esprit de se tourner vers nous. Incorrigibles cabots, ou illuminés qui, par ce fugitif regard-caméra, espèrent envoyer un dernier message à leur maman, on ne sait jamais. Ça ne s’invente ni ne se fabrique, des moments pareils.
Massacre en Ukraine
Sep 28, 2022
2 minutes
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