LES ÉCRIVAINS ESPIONSPetit s secrets et grande histoire
L’écrivain espion est un produit typiquement british qui a connu son apogée pendant la guerre froide, après que, « de Stettin dans la Baltique à Trieste dans l’Adriatique, un rideau de fer est descendu à travers le continent », selon la formule de Churchill. Soviétiques et Occidentaux redoublent d’efforts pour savoir ce qui s’ourdit de l’autre côté du « mur ». Rien que de très banal pour des agents plus ou moins secrets, sinon que ceux d’Albion partagent une irrépressible envie d’écrire, et qu’ils y réussissent fort bien : la preuve par Ian Fleming [lire page 45], Graham Greene ou encore John Le Carré. Philip Kerr (1956-2018), qui n’était pas espion mais écrivain et écossais, mondialement connu pour sa « Trilogie berlinoise », a un jour tenté une explication de cette double spécialité. « L’espionnage nous vient naturellement, à nous Britanniques, parce que, dans notre pays, on dissimule par instinct et l’honnêteté est souvent perçue Kerr, créateur du personnage de Bernie Gunther, détective évoluant dans l’Allemagne nazie, ajoute que si c’est qu’ « Nourrir » : alimenter en informations ou en livres sterling sonnantes et trébuchantes ? Sans doute les deux.