Le Douanier Rousseau
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À propos de ce livre électronique
(Laval, 1844 – Paris, 1910)
Les galeries marchandes à Paris fleurissant, on créa en 1884, le Salon des Indépendants. Cette exposition sans jury fut organisée pour ceux qui étaient ou se considéraient professionnels - alors très nombreux -, mais qui ne pouvaient satisfaire les critères des salons officiels. C’est lors d’un des Salons des Indépendants qu’ Henri Rousseau créa la surprise. Rousseau occupait un poste à l’octroi de Paris, à Vanves. A ses moments libres, il peignait des toiles, tantôt sur la commande de ses voisins, tantôt en guise de paiement pour de la nourriture. Chaque année, de 1886 à sa mort en 1901, il exposa ses toiles au Salon des Indépendants. Là, il se présentait sans savoir-faire professionnel, mais avec le fier sentiment d’être peintre et d’avoir le droit de rivaliser avec n’importe quelle autorité. Rousseau est un des premiers de sa génération à s’être rendu compte de l’arrivée d’une nouvelle époque de liberté dans l’art, y compris celle de pouvoir accéder au rang de peintre, et ce, indépendamment de la manière de peindre et du niveau de formation artistique.
Les œuvres du Douanier Rousseau aidèrent d’autres peintres, peut-être moins talentueux mais tout aussi originaux, à être remarqués et appréciés d’un public qui apprit à voir l’art d’une façon nouvelle. Avec lui, apparaît toute une série de découvertes. Désormais, qu’elles soient naïves ou primitives, les œuvres d’art étaient partout et il y aurait toujours un regard d’artiste pour les révéler.
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Aperçu du livre
Le Douanier Rousseau - Nathalia Brodskaya
Auteur : Nathalia Brodskaïa
Traduction : FOP Bilostotska
Mise en page :
Baseline Co. Ltd
61A-63A Vo Van Tan Street
4ème étage
District 3, Hô Chi Minh-Ville
Vietnam
© Confidential Concepts, worldwide, USA
© Parkstone Press International, New York, USA
Tous droits d’adaptation et de reproduction réservés pour tous pays.
Sauf mention contraire, le copyright des œuvres reproduites se trouve chez les photographes qui en sont les auteurs. En dépit de nos recherches, il nous a été impossible d’établir les droits d’auteur dans certains cas. En cas de réclamation, nous vous prions de bien vouloir vous adresser à la maison d’édition.
ISBN : 978-1-78160-714-5
Nathalia Brodskaya
Le Douanier
Rousseau
SOMMAIRE
1. Soir de carnaval, 1886
2. Promenade dans la forêt, vers 1886
3. Rendez-vous dans la forêt, 1889.
BIOGRAPHIE
LISTE DES ILLUSTRATIONS
1. Soir de carnaval, 1886.
Huile sur toile, 117,3 x 89,5 cm.
Philadelphia Museum of Art, Philadelphie.
En 1886, le Salon des Artistes indépendants exposa quatre tableaux d’un peintre nommé Henri Rousseau. Parmi ces toiles étranges, celle de Soir de carnaval retint l’attention. Deux personnages de carnaval, Pierrot et Colombine, se promènent sous un clair de lune d’un blanc éclatant. Leurs silhouettes brillent sur le fond d’une forêt fantastique et effrayante. Les branches noires des arbres nus forment une dentelle sèche sur le fond bleu du ciel nocturne, dont les nuages plats semblent découpés dans du carton. Le tableau rappelait vaguement une peinture de Watteau, bien que l’artiste n’eût imité personne directement. C’était plutôt un vague bonheur onirique, une sorte de nostalgie sentimentale, un fantasme élégant. On pouvait reprocher beaucoup de choses au peintre : la naïveté de sa composition, son ignorance de la construction anatomique des personnages, son incapacité à rendre correctement leurs mouvements. Cependant, le tableau avait été réalisé avec une maîtrise indéniable. Il se distinguait des peintures monotones qui l’entouraient, attirant l’attention de ceux qui y trouvèrent des qualités positives, comme de ceux pour qui il fut un sujet de moquerie. Sensible et attentif à ses confrères artistes, Camille Pissarro remarqua « la justesse des valeurs et la richesse des tons » du tableau. Pourtant, un avis beaucoup moins favorable parut dans l’un des quotidiens parisiens : « Un nègre et une négresse, déguisés, sont égarés dans une forêt en zinc, un soir de carnaval, sous une lune qui brille, toute ronde, sans rien éclairer, tandis que se plaque sous le ciel noir la plus bizarre des constellations, composée d’un cône bleu et d’un cône rose ». La première fois, la critique s’autorisait une moquerie assez légère. L’apparition en public d’Henri Rousseau, que personne ne connaissait, ne fit pas grand bruit : elle passa quasiment inaperçue.
La véritable révélation de ce nouveau nom de l’art se produisit quelques années plus tard, quand le Salon des indépendants exposa en 1890, sous le numéro 660, un tableau de Rousseau au titre insolite : Moi-même, portrait-paysage. Le peintre s’était représenté en pied, avec la barbiche et les favoris à la mode. « Taille : 1,65 m. Visage : ovale. Front rond. Yeux noirs. Nez : moyen. Bouche : moyenne. Menton : rond. Cheveux et sourcils : châtain foncé. Marques particulières : oreille gauche coupée ». Ainsi Rousseau se décrit-il sur sa feuille d’immatriculation dans l’armée. Il était, semble-t-il, d’une apparence très ordinaire, mais selon son autoportrait c’était un bel homme. Il observe dignement le monde de ses grands yeux expressifs. Rousseau se présentait comme un spectateur très ordinaire qui, n’ayant jamais vu d’artiste vivant, pouvait imaginer les peintres détachés du monde réel et tout auréolés de hauteur. Le peintre porte un costume de gala noir et un béret de velours noir, comme Raphaël. Il tient à la main une palette et un pinceau, comme les grands peintres de toutes les époques qui réalisaient leur autoportrait : Rembrandt, Velázquez, Böcklin