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Ivan Chichkine
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Livre électronique246 pages1 heure

Ivan Chichkine

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À propos de ce livre électronique

La campagne russe est l’une des plus charmantes du monde pour ses célèbres étendues de fleurs sauvages qui lui donnent un air de forêt au printemps, pour les hivers polaires de la toundra qui triomphèrent sur l’avancée de Napoléon ou Hitler et qui seront le cadre de nombreuses scènes célèbres de la littérature russe. Qui d’autre ne put mieux les immortaliser qu’Ivan Shishkin (1832-1898), peintre paysagiste russe. Dans cet ouvrage exhaustif, Irina Shuvalova et Victoria Charles font une analyse approfondie de l’œuvre de Shishkin.
LangueFrançais
Date de sortie10 mars 2014
ISBN9781783102709
Ivan Chichkine

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    Aperçu du livre

    Ivan Chichkine - Victoria Charles

    Saint-Pétersbourg.

    Ivan Chichkine

    et

    la peinture de paysage

    Rochers dans la forêt.

    Valaam (étude), vers 1858.

    Huile sur toile, 32 x 43 cm.

    Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg.

    Du XVIIIe siècle aux années 1860

    Ce n’est que dans le dernier quart du XVIIIe siècle et au début du siècle suivant que la peinture de paysage émergea comme genre distinct typiquement russe. Avant cela, des artistes comme Fiodor Alexeïev, Fiodor Matveïev, Maxime Vorobiev et Sylvestre Chtchédrine avaient produit des chefs-d’œuvre de la peinture de paysage, mais leur œuvre était fortement marquée par la peinture française, notamment par l’œuvre de Claude Lorrain, Poussin et Canaletto. Il fallut attendre Venetsianov (dans des peintures comme Été : le temps des moissons ou Printemps : les labours) et ses continuateurs pour que le paysage soit enfin marqué d’un caractère spécifiquement russe.

    Deux des élèves les plus prometteurs de Venetsianov furent Nikifor Krylov et Grigori Soroka. En dépit d’une existence brève, ils exercèrent une influence considérable sur les peintres qui les suivirent. La campagne, dans le tableau le plus connu de Krylov, Paysage d’Hiver (1827), est indubitablement russe tout comme les personnages qui l’animent. Pour pouvoir représenter la scène de la plus réaliste des manières, Krylov fit construire un studio en bois rudimentaire donnant sur la plaine et la forêt. Sa carrière artistique avait à peine débuté quand, à vingt-cinq ans, il succomba au choléra. Seul un petit nombre de ses œuvres lui a survécu.

    Soroka mourut dans des circonstances encore plus tragiques. Il était un des serfs appartenant à un certain Milioukov, dont la propriété, au nom d’Ostrovki, était voisine de celle de Venetsianov. Ayant remarqué les dons de Soroka, ce dernier tenta, sans succès, de convaincre Milioukov d’accorder la liberté au jeune peintre. Fidèle à ses idéaux humanitaires, Venetsianov plaida pour la liberté d’autres artistes-serfs allant même, dans certains cas, jusqu’à payer lui-même le prix de cette liberté. Plus tard, en 1864, Soroka fut arrêté pour avoir pris part à des mouvements locaux en faveur de la réforme agraire et fut condamné à être flagellé. Il se suicida avant l’exécution de la sentence. Une de ses œuvres les plus représentatives est sa peinture Pêcheurs : vue du Lac Moldino (fin des années 1840) particulièrement saisissante dans la façon dont elle parvient à traduire la quiétude du lac.

    Pendant trente ou quarante ans, la plupart des grands portraitistes russes furent formés par Maxime Vorobiev, qui obtint une charge de professeur à l’Académie en 1815 et y enseigna – en dehors de ses longs voyages à l’étranger – presque jusqu’à sa mort. C’est à Vorobiev et à Sylvestre Chtchédrine que l’on doit d’avoir introduit l’esprit du romantisme dans le paysage russe, tout en restant fidèles aux principes de l’art classique. Dans les dix dernières années de sa vie en particulier, Chtchédrine privilégia les décors dramatiques. Vorobiev, quant à lui, passa par une phase de paysages plongés dans la brume ou battus par les vents. Et tous deux affectionnaient les couchers de soleil et les clairs de lune romantiques.

    Vue des environs

    de Saint-Pétersbourg, 1853.

    Huile sur toile, 66,5 x 96 cm.

    Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg.

    Vue de l’île de Valaam.

    Koukko, 1859-1860.

    Huile sur toile, 69 x 87,1 cm.

    Musée d’État russe, Saint-Pétersbourg.

    Au rang des élèves les plus talentueux de Vorobiev, se trouvaient Mikhaïl Lebedev – dont les paysages sont moins ouvertement romantiques que ceux de Vorobiev ou de Chtchédrine – et Ivan Aïvazovski, un des paysagistes les plus populaires et certainement le plus prolifique de son temps. En effet, rares sont ceux qui acquirent une célébrité aussi grande de leurs vivants. À peine avait-il terminé ses études, que son nom circulait dans toute la Russie. Ses années d’apprentissage justement eurent lieu à une époque charnière. Si les règles académiques s’imposaient encore, le romantisme prenait de l’ampleur, et tout le monde avait à l’esprit le fabuleux Dernier Jour de Pompéi de Brioullov. Cette œuvre marqua beaucoup l’inspiration d’Aïvazovski. Il suivit l’enseignement de Vorobiov marqué par l’esprit romantique. Aïvazovski resta fidèle toute sa vie à ce mouvement, tout en s’orientant vers le genre réaliste. En octobre 1837, il termina ses études à l’Académie, et reçu une médaille d’or, synonyme d’une offre de voyage à l’étranger aux frais de l’Académie. Mais les dons d’Aïvazovki étaient tels que le Conseil prit une résolution inhabituelle : qu’il passe deux étés en Crimée, afin qu’il puisse peindre des vues de villes méridionales, qu’il les présente à l’Académie, et qu’il parte ensuite en Italie. Le succès de ses expositions en Italie retentirent jusqu’en Russie. La Khoudojestvennaïa Gazeta écrivit:

    « À Rome, les toiles d’Aïvazovski présentées à l’exposition d’art ont obtenu le premier prix. La Nuit napolitaine, Le Chaos… ont fait tant de bruit dans la capitale des Beaux-Arts, que les salons aristocratiques, les réunions publiques et les ateliers de peintres retentissent de la gloire du nouveau paysagiste russe ; les journaux lui consacrent des lignes élogieuses et tout le monde dit et écrit qu’avant Aïvazovski personne n’avait représenté avec tant de vérité et tant de vie la lumière, l’eau et l’air. Le pape Grégoire XVI a acheté son Chaos et l’a accroché au Vatican où n’ont l’honneur d’être exposées que les œuvres des peintres de renommée mondiale. » De passage à Paris, il reçut la médaille d’or du Conseil de l’Académie de Paris et, en 1857, fut promu Chevalier de la Légion d’honneur !

    Influencé sans doute par Turner, il créa des marines somptueuses comme Nuit de lune en Crimée, Vue de la mer et des montagnes au crépuscule ou La Création du monde. Une des toiles les plus célèbres d’Aïvazovski, La Neuvième Vague, doit son titre à une superstition des marins russes selon laquelle dans une succession de vagues, c’est la neuvième qui est la plus violente. Comme beaucoup de ses peintures, l’œuvre porte la marque du romantisme russe : le ciel et la mer traduisent la puissance de la Nature, tandis qu’à l’avant-plan, les survivants d’un naufrage personnalisent les espoirs et les peurs de l’Homme. Bien que la mer soit le thème dominant de ses six mille toiles, Aïvazovski peignit aussi des paysages côtiers et campagnards, tant en Russie (spécialement en Ukraine et en Crimée) que durant ses voyages à l’étranger.

    L’engouement pour tout ce qui était français, dominant en Russie au XVIIIe siècle, diminua durant les guerres napoléoniennes, ce qui explique en partie pourquoi les peintres russes, à l’instar des artistes et écrivains européens en général, reportèrent leur allégeance sur l’Italie. Cette tendance fut renforcée par le culte de l’Académie pour l’Antiquité et la Renaissance italienne, tout comme par l’émergence du mouvement romantique. Fiodor Matveïev représenta presque uniquement des paysages et des édifices italiens. Sylvestre Chtchédrine (qui passa douze ans de sa vie en Italie) et Mikhaïl Lebedev se complaisaient dans les scènes de pêche bucoliques et les tableaux de la vie paysanne italienne. Aïvazovski peignit des vues de Venise et Naples (souvent baignées dans des clairs de lune) et on parlait de Fiodor Alexeïev comme du « Canaletto russe. »

    Vieille Maison au bord d’un étang, années 1860.

    Sépia sur papier, 33 x 26,5 cm.

    Musée national d’Art russe de Kiev, Kiev.

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