Le nom sonne si bien. Rosa Bonheur. Une appellation champêtre invitant à la joie, à la félicité. Beaucoup l’associent à une guinguette dans le parc des Buttes-Chaumont à Paris, qui a essaimé depuis 2008 dans la capitale et à Asnières. L’écrivaine Virginie Despentes a immortalisé ce bar où l’on boit et où l’on chante en QG chaleureux rassemblant sa bande de héros déglingués dans le roman Vernon Subutex. « Rosa Bonheur » est même devenu une marque dûment déposée pour l’activité de débit de boissons!
Depuis 1997 et une première exposition à Bordeaux, ce patronyme festif retrouve un peu ses vraies couleurs, effacées au fil du temps, celles de la palette pleine de nuances et très classique d’une peintre du XIXe siècle, dont c’était le vrai nom et pas un pseudonyme. Rosa Bonheur est née à Bordeaux en 1822, il y a deux cents ans, et morte juste avant le début du XXe siècle, en 1899, dans le village de Thomery, près de Fontainebleau. Femme non conventionnelle dans un XIXe siècle corsetant les jeunes filles et les épouses, elle s’est forgé un destin à la force de ses pinceaux, peignant comme une acharnée plusieurs milliers de tableaux.
Son bonheur, elle l’a conquis ; sa fortune, elle l’a voulue et elle a réussi à devenir riche, très riche, et libre. Marie-Rosalie, son prénom complet à l’état civil, est un symbole de résilience, un terme qui n’était pas employé au XIXsiècle mais qu’elle incarne du haut de son 1,50 mètre. assure le peintre figuratif Thomas L’artiste contemporain, auteur du podcast Les Apparences– des interviews au long cours de plasticiens et de commissaires d’exposition –, apprécie les créations de Rosa Bonheur, en particulier les études d’animaux. l’événement de l’année pour les artistes, capital pour remporter des médailles et engranger des commandes. Il juge cette peinture de facture très traditionnelle à rebours de l’étiquette méprisante de « peintre des vaches »académique voire pompière, attachée à l’art de Bonheur.