Les frères militaires McCallister: L'intégrale
Par Leslie North
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À propos de ce livre électronique
Danger, intrigue et une bonne dose de romance…
Ces trois frères militaires, aussi forts que sexy, ne sont pas prêts à tomber amoureux… jusqu'à ce qu'ils rencontrent leur âme sœur. Les fans de romance vont vite devenir accros à ces trois romans de la célèbre autrice de best-sellers Leslie North !
Dans Le protecteur de Mandy, Mandy est la fière propriétaire d'un garage automobile dont le seul mécanicien vient de démissionner. Les choses ne pourraient pas être pires. Jusqu'à ce qu'un certain Chase McCallister, le Marine qui a brisé son cœur d'adolescente, se pointe dans son garage. Il a besoin d'aide et il est encore plus beau que dans ses souvenirs. Elle serait dingue de faire de lui son nouveau mécanicien. Et plus encore de retomber amoureuse de lui…
Dans À la rescousse de Rachel, après avoir passé la soirée au bar à noyer ses problèmes dans l'alcool, le beau Marine Harris McCallister est plus que ravi de trouver du réconfort entre les bras de Rachel Winchester. Toutefois, aucun d'entre eux ne s'attendait à ce que leur étreinte passionnée résulte en un test de grossesse positif. Ni aux sentiments qui grandissent entre eux alors qu'ils s'efforcent de résoudre le mystère d'un trésor pirate…
Et dans Le garde du corps de Viktoria, Viktoria Jonsdottir est une femme intelligente, passionnée et magnifique. Mais elle court aussi un grave danger. Heureusement pour elle, Lee McCallister, le beau ranger de l'armée à la retraite, est là pour la protéger. Il ne faut d'ailleurs pas longtemps à Lee pour se rendre compte que Viktoria n'a rien de la princesse qu'il s'était imaginé et que, malgré tous ses efforts, il ne peut s'empêcher de se laisser charmer…
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Avis sur Les frères militaires McCallister
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Aperçu du livre
Les frères militaires McCallister - Leslie North
LES FRÈRES MILITAIRES MCCALLISTER
Le protecteur de Mandy
À la rescousge de Rachel
Le gurde du corps de Viktoria
Ce livre est une œuvre de fiction. Les noms, personnages, endroits et incidents qui y sont décrits ont été inventés et utilisés de façon fictive. Toute ressemblance avec des personnes véritables, vivantes ou décédées, événements ou lieux, est fortuite.
RELAY PUBLISHING EDITION, JUIN 2023
Copyright © 2022 Relay Publishing Ltd.
Tous droits réservés. Publié au Royaume-Uni par Relay Publishing. Ce livre ou tout extrait de ce livre ne peut être reproduit ou utilisé d’une quelconque manière que ce soit sans permission expresse et écrite de l’éditeur, à l’exception de citations brèves dans une revue littéraire.
Leslie North est un nom d’emprunt créé par Relay Publishing pour des projets à auteurs multiples sur le thème de la Romance. Relay Publishing travaille avec des équipes incroyables d’écrivains et éditeurs pour créer collectivement les meilleures histoires possibles pour nos lecteurs.
Image de couverture par Mayhem Cover Creations
Traduit de l'anglais par Marion Bilger
Relecture en français par Céline Villier
www.relaypub.com
Relay Publishing logoLes frères militaires McCallisterRÉSUMÉ
Danger, intrigue et une bonne dose de romance…
Ces trois frères militaires, aussi forts que sexy, ne sont pas prêts à tomber amoureux… jusqu’à ce qu’ils rencontrent leur âme sœur. Les fans de romance vont vite devenir accros à ces trois romans de la célèbre autrice de best-sellers Leslie North !
Dans Le protecteur de Mandy, Mandy est la fière propriétaire d’un garage automobile dont le seul mécanicien vient de démissionner. Les choses ne pourraient pas être pires. Jusqu’à ce qu’un certain Chase McCallister, le Marine qui a brisé son cœur d’adolescente, se pointe dans son garage. Il a besoin d’aide et il est encore plus beau que dans ses souvenirs. Elle serait dingue de faire de lui son nouveau mécanicien. Et plus encore de retomber amoureuse de lui…
Dans À la rescousse de Rachel, après avoir passé la soirée au bar à noyer ses problèmes dans l’alcool, le beau Marine Harris McCallister est plus que ravi de trouver du réconfort entre les bras de Rachel Winchester. Toutefois, aucun d’entre eux ne s’attendait à ce que leur étreinte passionnée résulte en un test de grossesse positif. Ni aux sentiments qui grandissent entre eux alors qu’ils s’efforcent de résoudre le mystère d’un trésor pirate…
Et dans Le garde du corps de Viktoria, Viktoria Jonsdottir est une femme intelligente, passionnée et magnifique. Mais elle court aussi un grave danger. Heureusement pour elle, Lee McCallister, le beau ranger de l’armée à la retraite, est là pour la protéger. Il ne faut d’ailleurs pas longtemps à Lee pour se rendre compte que Viktoria n’a rien de la princesse qu’il s’était imaginé et que, malgré tous ses efforts, il ne peut s’empêcher de se laisser charmer…
LISTE DE DIFFUSION
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TABLE DES MATIÈRES
Le protecteur de Mandy
Résumé
Chapitre Un
Chapitre Deux
Chapitre Trois
Chapitre Quatre
Chapitre Cinq
Chapitre Six
Chapitre Sept
Chapitre Huit
Chapitre Neuf
Chapitre Dix
Chapitre Onze
Chapitre Douze
Chapitre Treize
Chapitre Quatorze
Chapitre Quinze
Chapitre Seize
Chapitre Dix-sept
Chapitre Dix-huit
Chapitre Dix-neuf
Épilogue
À la rescousge de Rachel
Résumé
Chapitre Un
Chapitre Deux
Chapitre Trois
Chapitre Quatre
Chapitre Cinq
Chapitre Six
Chapitre Sept
Chapitre Huit
Chapitre Neuf
Chapitre Dix
Chapitre Onze
Chapitre Douze
Chapitre Treize
Chapitre Quatorze
Chapitre Quinze
Chapitre Seize
Chapitre Dix-sept
Épilogue
Le gurde du corps de Viktoria
Résumé
Chapitre Un
Chapitre Deux
Chapitre Trois
Chapitre Quatre
Chapitre Cinq
Chapitre Six
Chapitre Sept
Chapitre Huit
Chapitre Neuf
Chapitre Dix
Chapitre Onze
Chapitre Douze
Chapitre Treize
Chapitre Quatorze
Chapitre Quinze
Chapitre Seize
Chapitre Dix-sept
Chapitre Dix-huit
Chapitre Dix-neuf
Chapitre Vingt
Chapitre Vingt-et-un
Épilogue
Fin de Les frères militaires McCallister
Merci!
Fais plaisir à une auteure...
Au sujet de Leslie
Aperçu : Ethan
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RÉSUMÉ
Même un mécano hors-pair ne peut réparer un cœur brisé…
À la mort de son père, Mandy s’est retrouvée seule, endeuillée et criblée de dettes accumulées auprès d’un prêteur sur gages peu recommandable. Mandy est aujourd’hui la fière propriétaire d’un garage automobile mais malheureusement pour elle, son seul et unique mécanicien vient de lui remettre sa démission. Les choses ne pourraient pas être pires. Jusqu’à ce qu’un certain Marine, Chase McCallister, l’homme qui a brisé son cœur d’adolescente, se pointe dans son garage. Il a besoin d’aide et il est plus beau encore que dans ses souvenirs. Elle serait dingue de faire de lui son nouveau mécanicien.
Et plus encore de retomber amoureuse de lui…
Chase sait que Mandy a des ennuis. Et même s’il n’a aucune envie de s’en mêler, il ne peut ignorer les sentiments qui le submergent lorsqu’il est avec elle, comme lorsqu’il n’était encore qu’un gamin. Rien n’a vraiment changé… à l’exception près que Mandy est encore plus belle aujourd’hui. Mais il est hors de question qu’il se laisse avoir deux fois. Après leur rupture douloureuse, il a retenu la leçon. Même s’il compte protéger Mandy et tout faire pour lui sauver la vie, quitte à sacrifier la sienne…
Il est bien déterminé à protéger son cœur aussi, cette fois.
CHAPITRE UN
Chase McCallister retira sa veste trempée de sueur, un soupir soulagé aux lèvres. Il était resté dans son uniforme de cérémonie en plein cagnard pendant près de deux heures sous un soleil éblouissant qui brûlait ses longues manches en polyester. Monter la garde auprès de la tombe de son père dans l’humidité étouffante de la Géorgie avait été une véritable épreuve en soi, rendue pire encore par tout l’équipement qui pesait sur sa veste : médailles, rubans, badges, sans oublier son insigne de la Marine.
– J’ai bien besoin d’une bière, dit Harris.
Son frère jeta sa veste de cérémonie de la Marine sur le dos d’une chaise avant de se diriger vers le réfrigérateur.
– Prends m’en une aussi.
Lee, le plus jeune des trois frères à seulement vingt-huit ans, s’étira en grognant. Il s’était débarrassé de sa veste de l’armée à l’instant même où ils étaient rentrés.
Vêtus de rien d’autre qu’un maillot de corps trempé, un pantalon d’uniforme, une ceinture et leurs chaussures luisantes, aucun d’eux n’aurait passé l’inspection, mais Harris serait le seul d’eux trois à reprendre du service dans un mois. Chase et Lee avaient tous deux pris leur retraite récemment, mais chacun pour des raisons bien différentes.
– Chase ?
Harris tenait deux bouteilles de bière par le col et il haussa un sourcil.
– Pourquoi pas...
Chase soupira. Il sécha ses biceps et l’air frais de la climatisation sur sa peau lui arracha un frisson. Harris ferma la porte d’un coup de pied et il lança une bouteille à Chase et une autre à Lee avant de décapsuler celle qu’il avait gardée pour lui.
– À papa. Qu’il repose enfin en paix, dit-il en levant sa bière.
Chase inclina sa bouteille vers ses frères avant d’y boire une longue gorgée revigorante. L’enterrement de leur père avait été triste, bien entendu, mais pas inattendu. Ray McCallister avait longtemps bataillé avec le cancer du foie, sans pourtant jamais avoir la moindre chance d’en ressortir vivant. Vingt années passées à boire avaient laissé une sacrée longueur d’avance au cancer. Il s’était propagé comme un feu de forêt, l’avait grignoté jusqu’à la moelle pour ne laisser rien d’autre qu’une coquille vide.
Chase posa sa bière. Il n’avait plus soif. Il était orphelin, à présent. Orphelin à peine trente ans. Cela lui semblait bien trop soudain. Et tout s’était passé si vite : trois mois à peine entre les résultats des examens et l’enterrement sous cette chaleur étouffante. Son père lui avait pourtant semblé aller bien lorsqu’ils s’étaient parlés en mai. En juin déjà, il avait la voix rauque, comme celle d’un vieillard. Chase avait à peine réussi à rentrer à temps pour lui faire ses adieux. On avait accepté sa demande de départ à la retraite le neuf juin, et ils avaient enterré leur père le vingt-trois. Il n’était rentré que depuis une semaine lorsque Ray était mort.
Il regarda Harris vider sa bière d’une traite, une grimace sur le visage tant elle était fraîche. Des trois frères, Harris avait toujours été le plus proche de leur père, mais Chase avait redoublé d’efforts pour rattraper son retard avant que Ray tombe dans le coma. Il avait fait la lecture à son père, lui avait parlé de sa vie, était resté à son chevet toute la nuit. Il s’en était senti un peu coupable au départ, de réagir si tard. Tout du long, Ray et Chase avaient été aussi tendus l’un que l’autre, craignant qu’une étincelle ravive le feu des vieilles disputes et accusations. Mais Chase était resté calme, si bien que son père en avait fait autant et au bout du compte, il semblait qu’ils avaient réussi à trouver la paix.
– J’ai été très fier de toi, lui avait dit son père le dernier soir où il avait encore eu toute sa tête. Je le suis encore, mais je parle de…
Il avait été interrompu par une quinte de toux interminable.
– Papa…
– Laisse-moi finir.
Chase lui avait versé un verre d’eau et son père y avait trempé les lèvres.
– Je te parle de la façon dont tu as réagi à la mort de ta mère. Je ne vais pas m’excuser. Je ne vais pas te dire que je suis désolé d’avoir…
– Il fallait que tu travailles.
Chase avait ravalé sa colère, encore hanté par le souvenir des vieilles blessures.
– Il fallait que je subvienne à vos besoins à tous les trois. Alors non, je ne suis pas désolé. Mais tu as su prendre tes responsabilités à l’époque et je ne t’ai jamais remercié. C’est ce que je veux te dire. Pas désolé, mais… merci.
Chase avait eu l’impression que son père était sincère. Il aurait pourtant aimé ne pas être aussi doué pour organiser les enterrements. S’occuper de celui de sa mère lui avait laissé une profonde cicatrice qui l’avait endeuillé et empli de rancœur. Il avait à peine seize ans à l’époque, et il s’était senti si seul. Mais tout ça était enfin derrière lui aujourd’hui.
Il se tourna, et il quitta la cuisine pour aller au salon. La petite maison de campagne avait vu de meilleurs jours. Des taches d’usure parsemaient la moquette autrefois vert foncé, et les murs jaunes semblaient usés et fatigués. Il lança un regard à la fenêtre derrière le vieux canapé et soupira en voyant comme la pelouse avait déjà poussé dans le jardin.
– J’ai passé la tondeuse vendredi dernier, alors à vous de vous départager pour savoir qui s’en occupera la prochaine fois.
Chase leva la voix pour être entendu par ses frères qui passaient en revue l’enterrement.
– Hé Lee, dit Harris.
Il passa devant lui pour rejoindre la cheminée.
– Tu te souviens de ça ?
Il récupéra le vieux Polaroid posé derrière la photo de remise de diplôme de Lee sur le manteau de cheminée en bois verni.
Lee fronça les sourcils et se frotta l’œil droit, celui-là même qui avait précipité son départ à la retraite lorsqu’il avait reçu un éclat d’obus qui avait endommagé sa vision. En tant que sniper décoré de l’armée, son accident lui avait coûté sa carrière car Lee avait refusé de recommencer à zéro dans une autre branche.
Chase se tourna vers Lee.
– Tu traînais ce machin partout. Ce que c’était chiant !
Harry rit.
– Tu n’arrêtais pas de dire que tu allais devenir photographe de renommée mondiale.
– On dirait que je me suis planté en beauté.
Lee but le reste de sa bière d’une traite et Chase ne put que se sentir désolé pour lui.
Il fallait qu’il trouve un moyen d’épauler son frère avant que l’homme amer et dur qu’il avait sous les yeux ne finisse par remplacer définitivement le garçon malin avec lequel il avait grandi. Le gosse qui adorait les blagues et faire rire les gens.
Chase remonta le couloir menant aux chambres.
– Tu étais peut-être sacrément chiant mais t’as quand même pris de belles photos.
Il pointa du doigt un cliché glissé entre le verre et le cadre d’une photo de mariage de ses parents.
Harris et Lee le rejoignirent pour admirer la photo de leur père qui tenait un sachet de cacahuètes, l’air étonné alors qu’il rentrait à la maison pour sa fête d’anniversaire surprise.
– Vous avez vu sa tête ? rit Harris. J’avais complètement oublié cette journée.
– Mais c’est celle-ci ma préférée.
Chase récupéra un autre cliché dans un cadre. La famille entière, les trois frères et leurs deux parents, se tenaient devant leur maison d’enfance lors d’une après-midi ensoleillée, quelques mois à peine avant que leur mère tombe malade.
– Dire que tu as réussi à convaincre la vieille Mabry de la prendre !
Leur voisine âgée, qui avait près de soixante-dix ans à l’époque, s’était toujours plainte de tout et de tout le monde.
Lee sourit et l’espace d’un instant, cette étincelle qu’il connaissait si bien vint illuminer ses yeux d’ambre, comme à l’époque.
– Il fallait juste apprendre à apprivoiser cette vieille chouette. Il m’a suffi de lui promettre d’enlever toutes les crottes de son jardin pour les mettre sur le paillasson de Pete Walsh pour qu’elle accepte. Elle m’a presque arraché l’appareil des mains.
Chase éclata de rire. Pete l’avait bien mérité, avec son vieux cabot. Il remit la photo dans le cadre et jeta un regard dans le couloir avant de se tourner de nouveau vers le salon.
– Vous vous verriez revenir vivre ici, vous ?
Une vague de tension vint dissiper la brève légèreté qui s’était installée dans la pièce. Leur père avait été forcé de prendre deux emplois pour garder ce toit au-dessus de leurs têtes et éviter que les factures d’hôpital de leur mère les ruinent complètement. Il n’était cependant pas parvenu à sauver le moindre héritage à leur transmettre, hormis la maison.
– Je pense qu’on devrait la vendre, intervint Lee.
Il tourna les talons et il traversa le couloir d’un pas lourd.
– Tu ne veux pas rester maintenant que tu es à la retraite ? demanda Chase en lui emboîtant le pas.
Lee s’arrêta dans le salon.
– Pourquoi, parce que toi tu veux rester peut-être ? Tu penses vraiment que Springwell t’accueillera à bras ouverts ?
La mâchoire de Chase se contracta. Springwell, la ville de leur Géorgie natale, n’avait pas été très tendre avec lui durant son adolescence. On tournait lentement la page dans une petite ville, et aucune erreur n’était jamais vraiment pardonnée ou oubliée. Chase avait réussi à se faire une réputation de bagarreur à l’époque, mais aussi de petit voyou. Cette idée le faisait bouillir de rage, même encore maintenant. Il n’avait jamais initié la moindre bagarre, mais il ne pouvait nier qu’il ne s’était pas gêné pour les terminer. C’était ça, d’être fort. Il fallait protéger les faibles. Remettre les vrais voyous à leur place. Il avait aussi réglé plus d’un problème avec ses poings. Mais qu’aurait-il pu faire d’autre ? Il n’était qu’un gamin, à l’époque.
T’aurais pu en parler à quelqu’un. Demander de l’aide à un adulte.
Il aurait pu, oui… mais il ne l’avait pas fait. Peut-être que quelque part, il avait trouvé agréable de se défouler sur l’un de ces idiots. Cela aurait été un euphémisme de dire qu’il avait été furieux de perdre sa mère si brutalement, et d’être abandonné par son père de la sorte ensuite. Il avait forcément eu besoin d’exprimer cette colère d’une façon ou d’une autre.
Heureusement, ses douze années passées dans la Marine lui avaient permis d’utiliser cette rage à bon escient, jusqu’à ce qu’elle se dissipe enfin. Le lien indestructible qu’il avait tissé avec ses équipiers avait été tel un refuge pour lui, qu’il avait repris confiance en lui petit à petit. Chaque mission réussie avait lentement desserré l’étau qui lui écrasait le cœur.
– T’as sans doute raison, dit-il en revenant soudain à la réalité. Cette ville aura toujours la même opinion de moi.
Il passa la main dans ses cheveux trempés de sueur.
– Je ne peux pas dire que j’ai envie de rester, poursuivit-il. Mais je n’ai pas franchement eu le temps de faire des projets quand j’ai quitté la Marine. La santé de papa a sérieusement décliné avant même que j’arrive. Je ne me suis concentré sur rien d’autre que lui.
Il scruta ses frères un instant.
– Harris reprendra du service une fois son congé de deuil terminé mais toi, Lee ? Qu’est-ce que tu comptes faire maintenant ?
Lee poussa un rire amer.
– Je doute que les Forces spéciales de Springwell aient besoin d’un bon à rien de sniper balafré, dit-il en frottant son crâne rasé. Rien ne me retient ici. Mais bon, j’ai aucune idée d’où aller.
– T’es pas un bon à rien, s’agaça Harris en se tournant vers Lee. T’es encore sacrément doué, malgré ce que peut en dire l’armée.
– Je suis d’accord.
Chase fixa son petit frère un instant. L’unité de Lee l’avait surnommé le « puma » à cause de sa couleur d’yeux et de la façon dont il chassait ses proies comme un félin. Un tueur solitaire, discret et rapide, qui poursuivait sa cible avec patience et stratégie.
– Tu ne vois peut-être plus assez bien pour eux mais je serais prêt à parier que si je te mettais mon fusil entre les bras, tu n’aurais aucun mal à tirer une balle au centre d’une cible.
La mâchoire de Lee se contracta mais il ne dit pas le moindre mot. Il se contenta d’aller dans la cuisine et d’ouvrir la porte menant au garage.
– Et ça, ça avance ?
Ayant compris que son frère voulait qu’on le lâche, Chase pénétra dans le garage où régnait une chaleur étouffante. Ses muscles endoloris se détendirent en apercevant la Ford Shelby Mustang noire de 1967 garée là, la capote relevée. Son père avait trouvé ce bijou historique à une vente aux enchères quelques années plus tôt, mais il ne l’avait jamais retapée. L’extérieur était en parfaite condition, mais quiconque en avait été le propriétaire n’avait de toute évidence pas la moindre connaissance des moteurs. Leur père non plus, d’ailleurs. Dans la famille, Chase était le seul à vraiment s’y connaître en mécanique.
– Elle devrait bientôt pouvoir redémarrer, je pense.
Chase effleura la couverture qu’il avait posée sur la carrosserie pour éviter de l’abîmer avec les outils qu’il y avait posés. Ces derniers jours, retaper la voiture lui avait conféré un semblant de paix. De quoi se changer les idées après avoir regardé son père mourir. Sans oublier toute la paperasserie qui s’était ensuivie avec la banque, l’assurance et tout le reste, en plus de l’organisation de l’enterrement.
– Le carburateur que j’ai commandé devrait arriver au garage aujourd’hui, d’ailleurs.
Il prit la clé à molette posée sur la couverture à carreaux.
– J’ai fait un pari un peu risqué en en commandant un moins cher, mais apparemment c’est une parfaite reproduction de l’original. Ce n’est pas franchement idéal, mais je n’avais pas franchement envie de mettre toutes mes économies dans des pièces originales.
– Au garage, hein ? demanda Harris, l’air taquin.
Chase se tendit.
– Celui où travaille ton ex ? renchérit Lee.
La main de Chase se referma autour de la clé à molette.
– Lee, tu te souviens quand il rentrait à la maison les mains couvertes de graisse ? poursuivit Harris en riant. À l’époque, il vivait plus au garage qu’ici. Tu comptes redevenir un habitué ? Te pointer à l’ouverture avec des milk-shakes du restaurant d’à côté ?
– Ah, oui ! Les milk-shakes ! C’était quoi son parfum préféré, déjà ? Chocolat ? Fraise ?
– Fraise-vanille, répondit Harris un grand sourire aux lèvres.
On aurait presque dit qu’il allait fendre ses oreilles.
Chase jeta sa clé à molette sur la couverture et croisa les bras en s’efforçant de ravaler les souvenirs qui commençaient à remonter à la surface.
– Ça suffit, marmonna-t-il la gorge serrée. Je m’y suis juste arrêté une fois et j’ai discuté avec un mécano qui s’appelait Vince et qui n’a pas pris la peine de me dire quel était son parfum préféré de milk-shake. Il m’a proposé de commander mes pièces détachées par contre, pour que je puisse profiter des réductions que le garage a avec le fabricant.
Il jeta un œil à sa montre.
– Il vaudrait mieux que j’y aille si je veux pouvoir le chopper avant qu’il s’en aille.
Et avec un peu de chance, elle, elle serait déjà partie.
– Prends une douche avant de partir, lança Lee à Chase alors qu’il s’en allait. Je suis prêt à parier que Vince adore quand tu sens bon.
Chase fut tenté de ne pas prendre de douche, rien que pour contrarier Lee. Mais il ne sentait pas franchement très bon, et il ne voulait pas s’en trouver gêné. Un Marine se devait d’être propre et bien vêtu, et c’était bien pour cette raison et non une autre qu’il alla prendre sa douche. Ce fut aussi pour cette raison qu’il se savonna deux fois, eut la main un peu lourde avec son déodorant et choisit de mettre une chemise qui moulait ses pectoraux. Oui, c’était pour ça, et pas parce qu’il allait s’introduire sur son territoire à elle. Il se fichait bien de potentiellement la revoir après douze ans.
Il remonta la grande rue, ferme et déterminé. Et il ne songea pas un instant à Mandy, bien entendu. Il n’avait plus pensé à elle depuis des années après tout, il n’allait tout de même pas commencer main…
Oh, bordel. Rien qu’un regard et il se figea sur place. Il déglutit maladroitement, le souffle coupé par cette même réaction viscérale qu’il avait eue en la voyant pour la première fois, près de quinze ans plus tôt.
Elle est à moi.
Son cœur se serra alors qu’il regardait de l’autre côté de la rue. Elle était en train de discuter avec quelqu’un, un type en costume, tous deux postés devant la grande porte du garage. Les douze années qui s’étaient écoulées depuis leur dernière rencontre s’évaporèrent aussitôt, et il eut soudain l’impression d’être redevenu un lycéen, un milk-shake à la main et les battements affolés de son cœur dans la poitrine. Elle avait changé, tout en restant la même à la fois. Ses boucles épaisses et rousses encadraient toujours son visage rond. Elle avait le même teint de porcelaine, parsemé de taches de rousseur. Mais le temps et l’épuisement du travail l’avaient rendue plus forte, avaient donné des formes à ses bras et ses cuisses. Elle s’était transformée en une véritable reine des Amazones.
Oui, d’une certaine façon et même s’il aurait pensé cela impossible, elle était encore plus belle.
Chase déglutit, incapable de détourner le regard. Sa salopette grise était trop grande pour elle, mais le tombé du tissu révélait des courbes tentatrices, celles-là même qu’il avait léché et caressé pendant des heures. Une image interdite traversa l’esprit de Chase. Un souvenir si puissant qu’il lui mit l’eau à la bouche : la fois où il avait fait tomber son milk-shake sur son jean flambant neuf. Elle avait riposté en l’aspergeant du sien et il en avait fait autant, le lait dévalant son bras. Il avait tendu la main pour l’essuyer lorsqu’une impulsion lui avait donné envie de la lécher, et son rire espiègle s’était aussitôt transformé en un gémissement. Ils avaient tous deux perdu leur virginité ce soir-là, dans le garage. Ils s’étaient offerts l’un à l’autre. Il se souvenait encore comme il avait enfoui les doigts dans ses boucles sauvages alors qu’elle enfouissait sa virilité dans sa bouche. Plus tard, tous deux étaient restés enlacés sur le toit de sa voiture, à discuter de tout et de rien. Ça avait été parfait, tout comme elle d’ailleurs.
Amanda « Mandy » Loomis. L’amour de sa vie. La femme qu’il avait longtemps pensé épouser… jusqu’à ce qu’elle lui brise le cœur juste avant son départ pour la Marine.
La femme qu’il n’avait plus vue et à laquelle il n’avait plus parlé depuis ce jour.
CHAPITRE DEUX
Mandy Loomis se fit violence pour détendre sa mâchoire et s’efforcer de sourire à l’intention du connard qui la collait.
– Et si on rentrait à l’intérieur, Walter ? Il y fait un peu meilleur.
Et on ne sera vus par personne.
Avec son visage fin et ses yeux globuleux, son interlocuteur ressemblait à une sorte de furet. Il lui lança un sourire salace en matant son décolleté.
– Avec plaisir, dit-il. On sera mieux en privé.
La façon dont il parlait lui donnait la chair de poule. Mandy ravala la bile qui lui était remontée dans la gorge en ouvrant la porte qui menait à la salle d’attente. Une odeur d’huile, de graisse et de moteur emplit ses narines. Elle se détendit légèrement en inhalant cette puanteur familière. C’est là qu’était son territoire, là où elle avait grandi. Elle n’était pas assez naïve pour croire qu’elle y était forcément en sécurité, mais elle se sentait toujours plus à l’aise, plus forte chez elle.
Elle mena son visiteur indésirable de l’autre côté de la pièce étroite, où six chaises en plastique étaient alignées contre le mur. Trois de chaque côté, séparées par une table tachée de café où trônait une pile de vieux magazines. Une télévision était accrochée dans un coin, sur laquelle des images défilaient sans son. La vieille climatisation installée à la fenêtre faisait un boucan de tous les diables alors qu’à bout de souffle, elle s’efforçait de combattre les trente-trois degrés de la journée.
Elle aurait presque préféré qu’elle rende l’âme. Après tout, Mandy n’avait pas franchement les moyens de payer toute l’électricité qu’elle consommait.
Elle se dirigea vers le comptoir rouge et gris au fond, incapable de retenir un frisson à la sensation de vide qui émanait de la pièce. Il n’y avait personne pour être témoin du cauchemar que son père lui avait laissé.
Mandy alla se poster derrière le comptoir d’un pas furieux avant de taper des poings sur sa surface, derrière la caisse enregistreuse qui était au garage depuis que son père l’avait ouvert près de trente-cinq ans plus tôt.
Walter balaya la pièce du regard, une moue d’amusement ou de dégoût sur les lèvres.
Le sol en ciment avait été récuré une semaine plus tôt, mais les étagères remplies d’essuie-glace, d’huiles, de liquide lave-glace et autres étaient toujours recouvertes d’une fine couche de poussière dont Mandy n’arrivait jamais à se débarrasser bien qu’elle n’eût de cesse d’y passer son chiffon. Le garage ne devait pas franchement avoir une grande classe aux yeux d’un homme comme Walter, mais rien ne comptait plus aux yeux de Mandy. C’était son foyer.
– Tu devrais vendre cet endroit.
– Je pense que ce serait un peu drastique, siffla-t-elle entre ses dents serrées.
Même si elle vendait, elle n’arriverait pas à en tirer assez pour remettre ses comptes dans le vert. Elle ravala l’amertume qui la frappa de plein fouet. Elle n’avait pas envie d’en vouloir à son père, de lui reprocher la situation dans laquelle elle se trouvait. Était-ce trop demander que de se rappeler de la belle époque ? De chérir ces souvenirs-là alors qu’elle tentait de ne pas se laisser engloutir par la tempête ? Elle aurait voulu pouvoir se concentrer sur le positif, mais le garage n’était pas le seul héritage qu’il lui avait laissé à sa mort près de deux ans plus tôt.
– Tu en es sûre ? roucoula Walter en contournant le comptoir. Comment comptes-tu éponger tes dettes sinon ?
Une veine pulsa dans son cou et son ventre se noua.
– Ce ne sont pas mes dettes.
– Peut-être, mais tu en es la propriétaire aujourd’hui.
Walter approcha d’un pas lent comme un lion traquant sa proie, une étincelle malsaine au fond de ses yeux bleus.
– Laisse-moi te donner un coup de main, souffla-t-il.
Mandy ravala sa bile une nouvelle fois et elle recula jusqu’à ce que ses épaules atteignent les crochets où étaient pendues les clés des véhicules du garage.
– Je n’ai besoin d’aucune aide.
Une vague d’agacement traversa le visage de Walter qui pinça ses lèvres fines.
– C’est pour ça que tu as du retard sur tes paiements ?
– Je fais du mieux que je peux, dit-elle avec une grimace de dégoût.
Il se posta devant elle et posa les mains de chaque côté de sa tête.
Une odeur de menthe émanant de chewing-gum ou d’un dentifrice surpuissant brûla les narines de Mandy et elle eut un haut-le-cœur.
– Laisse-moi t’aider, dit-il à quelques centimètres à peine de son visage. Je peux te garantir que tu apprécieras de passer quelques heures dans mon lit toutes les semaines.
Il fit courir ses doigts sur son épaule droite avant de descendre le long de son bras.
– En retour, j’effacerai une partie de tes dettes.
Mandy tendit la main et elle cogna la vieille caisse enregistreuse. Son tiroir s’ouvrit brutalement et vint cogner les côtes de Walter.
Il recula en grognant, son faux air aguicheur remplacé par une colère profonde.
Sans le quitter des yeux un seul instant, Mandy se débattit pour sortir les billets de vingt de leur tiroir avant de glisser la main au fond pour récupérer les quelques billets d’un dollar qu’un client lui avait donnés plus tôt ce matin-là. Elle referma le tiroir brutalement et elle plaqua l’argent contre le torse chétif de Walter.
– Tire-toi de mon magasin.
Ding ding !
Mandy se tourna brusquement au bruit de la cloche et elle oublia aussitôt de respirer.
Ce ne pouvait pas être…
Tous les sons se turent et le monde sembla un instant arrêter de tourner lorsqu’elle aperçut qui venait de passer la porte. Chase McCallister. L’amour de sa vie. Son petit-ami du lycée, jusqu’à ce qu’il lui préfère la Marine. Là, dans son garage. Après près de douze ans.
Ses bras bronzés se tendirent alors qu’il refermait la porte en verre. Bordel de merde, ce qu’il était devenu baraqué ! Il n’était encore qu’un enfant lorsqu’il les avait quittées, elle et Springwell, mais voilà qu’elle se trouvait face à un homme en chair et en os, son vieux T-shirt de la Marine étiré autour de son torse puissant et de ses épaules larges. Il se tenait droit et était parfait du haut de son mètre quatre-vingts. Tout en muscles sans un poil de graisse et coiffé avec soin. Avec son visage rasé de près et ses mollets épais, il avait l’air de sortir tout droit d’une campagne de recrutement.
Mais son visage… son visage ! Bon sang, elle fut incapable de détacher le regard de ce visage qu’elle avait autrefois admiré mais qu’elle ne reconnaissait plus. Avec le temps, sa mâchoire était devenue franche, et la barbe naissante qu’elle y apercevait faisait flageoler ses jambes. Elle aurait voulu pouvoir le toucher, enfouir les doigts dans ces cheveux bruns presque roux qui auraient bien besoin d’être coupés.
Ses yeux sombres trouvèrent les siens et refusèrent de les quitter. Elle frissonna, perdue dans leurs profondeurs et incapable de décider ce qu’elle ressentait. Elle avait du mal à identifier toutes les émotions qui l’avaient frappé de plein fouet. La souffrance qu’il l’ait quittée avant de revenir dix fois plus beau encore, lui prouvant que leur séparation n’avait pas fait de lui une coquille vide comme cela avait été le cas pour elle. La colère, le ressentiment, la tristesse et bon sang… le désir. Oui, elle était ivre d’un désir désespéré et parfaitement idiot. Une vague d’adrénaline la traversa. Elle lui avait toujours trouvé un air mystérieux avec son regard franc. Mais aujourd’hui…
Une goutte de transpiration qui n’était pas due à l’humidité dévala la rivière entre ses seins. Aujourd’hui, son regard de prédateur était empreint d’une dangerosité certaine, comme pour avertir quiconque le croisait qu’il n’hésiterait pas à leur faire du mal ou à…
Il te prend par les épaules et te plaque contre le mur. Il t’arrache ton pantalon furieusement, et il te plaque les poignets au-dessus de la tête.
– Tout va bien ?
Le regard de Chase se pose sur Walter, rompant le sort.
Le souffle encore coupé, Mandy haleta en s’efforçant d’oublier la façon dont son entrejambe pulsait. Puis elle retomba sur terre brutalement en se remémorant ce qu’il avait vu en entrant. Walter fourra l’argent dans sa poche de pantalon avant de contourner le comptoir.
– Il faut faire attention avec ces garages de petite ville, siffla-t-il.
Puis il se posta à côté de Chase avant de se tourner vers elle.
– Ils ne tiennent pas toujours leurs promesses, ajouta-t-il.
La cloche sonna de nouveau alors que Walter sortait. Il s’éclipsa sans un autre mot, laissant Mandy seule avec l’homme qu’elle avait passé sa vie à essayer d’oublier sans jamais y parvenir.
Le désir animal qu’elle avait ressenti quelques secondes à peine se transforma en peur profonde, lui arrachant un soupir alors qu’un goût amer se répandait sur sa langue. Chase l’avait-il vue donner l’argent à Walter ? Avait-il entendu quoi que ce soit avant d’ouvrir la porte ? Elle approcha d’un pas furieux, les mains sur les hanches.
– C’était quoi ça, au juste ?
Chase haussa les sourcils.
– De quoi tu parles ?
– Tu sais très bien de quoi !
Mandy rougit furieusement. Elle se sentait soudain très bête d’avoir réagi ainsi bien sûr, mais aussi d’avoir fondu instinctivement en l’apercevant. D’avoir bavé sur l’homme qui l’avait jetée avec autant de considération qu’une vieille chaussette. Elle retourna sa poche pour y trouver un élastique et elle s’efforça de dompter sa tignasse en une queue-de-cheval.
– Tu te pointes ici comme une fleur et tu joues les hommes de Cro-Magnon ? Et si ce type avait été un client ? Tu l’aurais fait fuir !
Chase se pinça les lèvres mais ne répondit pas. Mandy se laissa tomber contre le comptoir, sa colère soudain oubliée pour laisser place à la honte qu’elle ressentait de s’être ainsi défoulée sur lui. Ce n’était pas vraiment après Chase qu’elle en avait. Elle avait juste eu besoin de se défouler, et il avait été une cible facile.
– Désolée, dit-elle. La journée a été longue.
Et elle était complètement retournée par ses émotions. Son dégoût pour la proposition indécente de Walter, son désespoir de constater que les dettes de jeu de son père allaient bientôt faire couler son affaire… et sa surprise de revoir Chase après douze ans sans le moindre contact. Ni lettres, ni e-mails,ni coups de téléphone. Et voilà que tout à coup, pouf ! il sortait de nulle part. L’homme qu’elle avait rêvé d’épouser avant qu’il disparaisse était là, devant elle, en chair et en os, et il lui rappelait combien elle n’avait plus brûlé d’amour depuis son départ.
Il faudrait qu’elle garde ses distances avec lui si elle voulait s’en sortir le cœur encore entier. Que faisait-il là ? Pourquoi fallait-il qu’il déboule dans sa vie comme ça, sans prévenir?
Sa réaction était peut-être un peu injuste. Elle savait pourquoi il était revenu, comme tout le monde d’ailleurs. La rumeur s’était répandue en ville dès son arrivée. Ainsi allait la vie dans les bourgades telles que Springwell ; rien ne restait privé très longtemps. Chase était arrivé dix jours plus tôt et madame Rogan l’avait aperçu dans la rue alors qu’elle était chez le coiffeur. Elle en avait parlé aux membres de son club de bridge, qui en avaient parlé à leurs amis et dès le lendemain, on ne parlait plus que de lui dans toute la ville. Mandy avait entendu dire qu’il était revenu alors qu’elle faisait la queue pour un burger.
– J’ai entendu dire qu’il était venu pour être avec Ray à la fin. Il n’en a plus pour très longtemps, le pauvre…
– C’est vrai que c’est triste…
– Tu penses qu’il va rester après le départ de Ray ? Ça a toujours été un voyou, celui-là.
Elles avaient soupiré d’un air agacé et Mandy avait froncé les sourcils. Elle avait été tentée de le défendre, mais elle s’était tue. Elle n’avait pas voulu intervenir au risque de s’insérer dans les rumeurs. Elle aurait été incapable de les faire changer d’avis et Chase n’allait pas rester, de toute façon.
– Je suis désolée, dit-elle. Pour ton père. Je serais bien allée à l’enterrement mais…
Elle se tut alors qu’elle tentait de se trouver une excuse plausible.
– Tu sais ce que c’est. Je ne pouvais pas fermer le garage. On a une tonne de travail et…
Et je n’avais pas encore le courage de te voir, songea-t-elle en silence.
Chase croisa les bras. À en juger par la façon dont il plissa les yeux, elle était prête à parier qu’il avait entendu cette pensée.
Super. Tu ne pourrais pas un peu cacher la façon dont il t’affecte ? Elle croisa son regard, et elle dit ce qu’elle aurait sans doute dû dire dès le départ.
– Ravie de te revoir.
CHAPITRE TROIS
Chase serra les poings pour ravaler son envie d’arracher l’élastique de Mandy et le jeter dans la poubelle. Comment avait-il pu oublier ces boucles hypnotiques, sauvages, comme si elle venait tout juste de sortir du lit après une nuit d’amour endiablée ? Ce fichu élastique gâchait leur effet.
Ses doigts brûlaient aussi de défaire la fermeture de cette salopette pour voir si elle ne portait qu’un soutien-gorge de sport et un short moulant en-dessous. Il avait toujours adoré son corps ample et généreux. Elle avait la chance d’avoir des courbes tentatrices avec ses hanches rondes et ses cuisses épaisses. Sans oublier ses seins pleins comme des nectarines sucrées et…
– …te revoir.
Il s’arracha à son fantasme et il se creusa les méninges désespérément en espérant que son esprit ait enregistré ce qu’elle venait de dire. Quelque chose au sujet de son père, mais ses pensées s’étaient troublées lorsqu’elle s’était mise à jouer avec ses cheveux. Bon sang, des années d’entraînement militaire passées à affûter sa concentration et son assurance et voilà qu’il oubliait tout après quelques minutes à peine passées en sa présence. Ils avaient toujours eu des atomes crochus, mais il avait espéré que leur alchimie se fût dissipée avec le temps.
Visiblement, il s’était trompé.
Il se maudit en silence en sentant son cœur s’emballer lorsqu’il vit une tache de graisse sur la joue ronde de Mandy et la poussière qui parsemait sa salopette après avoir passé la matinée au garage. Comme à l’époque.
Mandy n’avait jamais eu peur de se salir. C’était cette qualité, parmi des milliers d’autres, qui l’avait charmé au point qu’il avait presque été incapable de respirer sans elle. Elle avait su attirer son attention, pas par la critique ou la manipulation, mais rien qu’en étant elle-même, cette personne forte et travailleuse. Elle l’avait fait rire et avait mis des étoiles dans ses yeux, mais elle l’avait surtout soutenu dès l’instant où leurs chemins s’étaient croisés au lycée. Elle était en seconde et lui en première et il avait trouvé refuge dans ce garage : l’endroit parfait où échapper aux disputes de plus en plus violentes avec son père à la maison. Il passait tout son temps ici à l’époque, à apprendre tout ce qu’il pouvait sur les moteurs auprès du père de Mandy. Et Mandy était restée auprès d’eux tout du long pour donner ses astuces personnelles. Il lui arrivait parfois de se moquer de lui pour ses erreurs de débutant, mais jamais méchamment. Ils riaient à longueur de journée. Ils étaient si heureux ensemble. Ça avait été magique. Jusqu’à…
Jusqu’à ce qu’elle lui brise le cœur et le quitte.
– Chase ?
Il se redressa, les dents serrées. Il s’était encore perdu dans ses pensées.
– Désolé, marmonna-t-il en se frottant le visage. Où est George ? J’aimerais beaucoup le saluer.
Les épaules de Mandy se voûtèrent et un voile vint assombrir ses beaux yeux noisette.
– Papa est mort il y a deux ans… Crise cardiaque.
– Quoi ? s’étonna-t-il, le cœur serré. Désolé. Je ne savais pas.
Il avait aimé cet homme comme un second père… parfois plus qu’il avait aimé le sien. Bien sûr, George n’était pas parfait, d’autant qu’il avait un problème de jeu, mais il avait toujours traité Chase respectueusement et s’était montré infiniment patient avec lui lorsqu’il avait commencé à travailler au garage. D’apprendre sa mort ainsi lui donnait l’impression d’avoir perdu ses deux pères la même journée et il dut se faire violence pour ne pas lever le bras pour faire un doigt d’honneur à Dieu.
Il aurait fait ce qu’il aurait pu pour rentrer pour l’enterrement si Mandy (ou n’importe qui d’ailleurs) avait daigné le prévenir. Malgré sa rupture avec Mandy, Chase serait venu rendre hommage à son ancien mentor qui avait tant compté à ses yeux. Mais Mandy avait eu ce qu’elle voulait. Pas la moindre communication entre eux.
– Ouais.
Elle se gratta le nez, y déposant une pellicule de poussière.
– J’ai hérité du garage et de la maison.
Quelque chose vint assombrir son regard et contracter sa mâchoire, mais Chase ignorait comment interpréter sa réaction. Elle se redressa, la tête haute.
– Comment ça va, toi ? dit-elle en rougissant. Enfin c’est peut-être un peu bête de te poser la question, étant donné que tu rentres tout juste de l’enterrement. Mais c’était comment… de servir à l’étranger ? Tu es juste de passage ou tu es rentré pour de bon ?
Il croisa les bras de nouveau, soudain nerveux.
– Je suis à la retraite mais je ne sais pas si je vais rester pour de bon, dit-il avant de hausser les épaules. Il faut d’abord que je décide quoi faire. Et pour ce qui est de mes services à l’étranger…
Un millier de réponses se précipitèrent sur ses lèvres mais il les ravala toutes avant d’avouer la triste vérité.
– Je n’ai pas franchement envie d’en parler. C’est du passé.
Son regard s’adoucit.
– Si on en croit les vétérans que j’ai pu croiser, ce n’est jamais vraiment du passé.
Ce n’était pas tout à fait faux. On n’oubliait jamais vraiment l’horreur du combat et ses cicatrices. Aussi bien celles qu’il avait récoltées à l’étranger que celles qu’il gardait de la façon dont leur relation s’était terminée. Ce fameux soir où ils s’étaient hurlés dessus à pleins poumons avant qu’il l’abandonne, uniquement pour revenir le lendemain matin avec une bague dans la poche et un monologue déjà tout prêt dans la tête. Il avait été si certain qu’ils pourraient arranger les choses. Il en avait même dressé une liste de dix raisons. Mais Mandy avait refusé de les entendre. Elle avait rompu avec lui avant même qu’il puisse dire le moindre mot. Elle lui avait claqué la porte au nez, à lui comme à leur avenir commun, d’ailleurs.
Il fit taire ces souvenirs avec détermination. L’amour qu’ils avaient autrefois partagé avait transcendé les mots mais ils n’étaient rien d’autre que des adolescents à l’époque, avec des cœurs d’adolescents. Il était grand aujourd’hui. Il avait gagné en maturité et survécu à des endroits pires que l’enfer. Il avait regardé la mort en face et avait même serré la main de la Faucheuse plus d’une fois ou deux par le passé. Sa relation avec Mandy ne semblait être plus rien d’autre qu’un rêve idyllique aujourd’hui. Et pourtant, de se retrouver ainsi auprès d’elle, avec cette odeur si familière, faisait naître une foule d’émotions en lui. Aussi fortes qu’à l’époque, voire même plus encore. S’il ne faisait pas attention, il risquait d’oublier leurs différends passés et de retomber amoureux d’elle… ou d’admettre qu’il n’avait jamais vraiment cessé de l’aimer au départ.
Ouh-là, on se calme. Il tapa dans ses mains et sourit lorsqu’elle sursauta. La tension qui régnait entre eux sembla se dissiper et il lui offrit un sourire.
– Je suis venu pour les affaires.
Une vague de surprise traversa le visage de Mandy.
– Ah ?
Il se frotta les mains.
– Oui. Vince a commandé des pièces détachées pour moi la semaine dernière et tu as dû en recevoir une aujourd’hui.
– Ah, alors c’est toi la livraison de ce matin.
Elle disparut derrière le comptoir avant de se redresser armée d’une boîte en carton.
– Il n’y avait pas de nom dessus et je n’ai pas encore eu le temps de l’ouvrir.
– Ça doit être mon carburateur.
Elle prit un cutter pour couper le scotch et sourit en ouvrant la boîte.
– C’est bien ça ! Tu travailles sur quoi ?
Chase approcha jusqu’au comptoir.
– Mon père a acheté une vieille Mustang Shelby de 67 à une vente aux enchères il y a des années.
Mandy siffla.
– Sympa.
– Ouais.
Puis Chase haussa les épaules en contournant le comptoir.
– Sauf que j’ai aucune idée de la raison pour laquelle il a fait ça. Il n’a jamais été mécano. Bon, il était un peu bricoleur mais ça n’a jamais été son truc, les moteurs.
Mandy rit, une mélodie si nostalgique qu’elle le transperça de part en part.
– Je me souviens encore de la fois où il a essayé de réparer votre tondeuse.
Chase rit.
– Il l’avait complètement détraquée…
– Du coup, on avait dû faire les poubelles du garage pour récupérer de vieilles pièces détachées…
– Pour finir de la réparer, termina Chase, comme à l’époque.
Mandy lui lança un sourire resplendissant et elle secoua la tête.
– Il n’avait pas une Mustang quand tu étais ado ?
– Si.
Chase s’éclaircit la gorge, surpris qu’elle se souvienne d’un détail qu’il devait avoir mentionné à peine une fois dans une conversation en passant.
– Rien à voir avec une Shelby mais il l’adorait. Bref, je veux qu’elle soit en état de rouler.
– Et je suis certaine que tu la feras ronronner en moins de temps qu’il faut pour le dire.
Ses joues rougirent et Chase devina aussitôt ce qui devait lui être passé par la tête. La même pensée qu’il avait eue lui-même. Toutes ces fois où il l’avait fait ronronner elle… et crier.
– Viens boire un verre avec moi ce soir, dit-il soudain.
Puis il écarquilla les yeux, surpris que ces mots aient traversé ses lèvres.
La mâchoire de Mandy se décrocha et elle le fixa comme s’il était un moteur sans piston.
Il ouvrit la bouche pour rétracter son offre impulsive mais il fut incapable de dire le moindre mot, et il la referma en silence.
Peut-être… Peut-être qu’il devrait juste suivre son impulsion et voir où cela les mènerait. Ensuite il pourrait prendre rendez-vous pour la lobotomie dont il avait de toute évidence besoin.
Mandy le fixait encore d’un air ahuri.
– Chase ?
Il croisa son regard.
Une part de lui, encore blessée par la façon dont elle l’avait lâchement abandonné toutes ces années plus tôt, avait envie de lui montrer ce à quoi elle avait renoncé. Lui faire ressentir ce qu’il avait ressenti : la peine de l’avoir perdue, les regrets. Mais il voulait aussi comprendre pourquoi elle avait rompu. Il s’était toujours demandé si elle avait pensé qu’il serait incapable de réussir dans la Marine. Si c’était effectivement le cas, elle allait être déçue d’apprendre qu’il y avait excellé. La Marine avait fait de lui un homme dont il était fier, un homme dont elle aurait été fière elle aussi, si elle lui avait seulement laissé une chance.
Peut-être qu’avec un peu de chance, il découvrirait en passant du temps avec Mandy qu’elle était devenue rasoir. Ils passeraient en revue leurs souvenirs partagés et ils se quitteraient bons amis. Ils découvriraient qu’ils n’avaient plus grand-chose en commun en dehors de leur passé et de leur attraction commune.
Alors oui, peut-être était-ce un peu idiot, mais il serait prêt à tout pour mettre son passé derrière lui.
– On pourrait rattraper le temps perdu. À moins que…
– D’accord, répondit-elle, faisant taire sa tentative maladroite de lui accorder une porte de sortie.
Elle se mordilla la lèvre et Chase eut aussitôt envie de la suçoter.
– Enfin si tu m’invites à sortir, bien entendu.
Non.
– Oui.
Il acquiesça comme l’une de ces figurines débiles, puis il prit sa boîte en carton.
– La Brasserie du
