Comment rendre un vicomte amoureux: Manuels à l'usage des dames et demoiselles, #7
Par Annabelle Quinn
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À propos de ce livre électronique
Veuve depuis peu, et totalement impudique, la comtesse Rosseline est déterminée à épouser l'héritier du domaine de son défunt mari.
Au cours de son long voyage vers le Dartmoor, elle invite un bel inconnu dans sa couchette. Comme elle porte un voile et qu'aucun nom n'a été échangé dans l'obscurité, personne ne le découvrira jamais.
Pourtant, quand elle arrive dans un Wulverton Hall enveloppé de brume, son hôte sans méfiance – le vicomte Wulverton – n'est autre que l'homme qui lui a procuré du plaisir, et à qui elle en a donné en retour.
Rien ne doit contrarier son projet de piéger le neveu du vicomte, qui a hérité de tout ce qu'elle chérit.
Mais, alors que son attirance pour le vicomte croît, peut-elle continuer à prétendre qu'elle est éprise du jeune Hugo ?
Si ses véritables intentions sont dévoilées, sans parler de son intermède crapuleux, tout sera perdu.
À sa grande horreur, le vicomte semble déterminé à découvrir ses secrets, mais Wulverton Hall a aussi les siens, et ni lui ni la comtesse ne pourront échapper à ce qui les attend.
Comment rendre un vicomte amoureux est une romance historique avec un mariage de convenance, où les ennemis deviennent amants, avec des scènes passionnées et un mystère inquiétant.
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GARANTIE :
Héros sombres et héroïnes fougueuses. Scènes d'amour brûlantes, moments hilarants, et la promesse d'un grand amour.
Aucune jeune femme qui se respecte ne veut être conseillée par un « Guide des dames », mais ce volume particulier est plutôt anticonformiste. Elles ont beau essayer, nos héroïnes ne peuvent nier que ses conseils portent parfois leurs fruits !
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Aperçu du livre
Comment rendre un vicomte amoureux - Annabelle Quinn
Comment rendre un vicomte amoureux
Manuels à l'usage des dames et demoiselles
Tome Sept
Annabelle Quinn
Traduction par
Sophie Salaün
Dark Castle PressTraduction par Sophie Salaün
Publié originellement en anglais sous le titre Master of the Moor en 2018 et sous le titre The Lady's Guide to Marrying a Viscount en 2024
Copyright : Annabelle Quinn (2024)
Conception de la couverture du livre : Chris Cocozza
L'auteure publie (des romances historiques) sous trois noms de plume :
Annabelle Quinn, Anna Quinn et Emmanuelle de Maupassant.
Ce travail a été rendu possible grâce à une autorisation accordée par de Wolfe Pack Connected World et Dragonblade Publishing, Inc. dba WolfeBane Publishing. Tous les personnages, scènes, événements, intrigues et éléments connexes apparaissant dans la série originale World of de Wolfe Pack connected de Kathryn Le Veque Novels, Inc. restent la propriété exclusive de Kathryn Le Veque Novels, Inc. ou de ses filiales ou détenteurs de licences, en termes de droits d’auteur et/ou de marques.
Tous les personnages créés par l’auteur de ce roman restent la propriété de l’auteur.
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Comment rendre un vicomte amoureux
Traduction par Sophie Salaün
Prologue
Dartmoor, fin novembre 1903
Il n’était guère surprenant que l’épouse du révérend Wapshot attende avec impatience son invitation hebdomadaire à Wulverton Hall. L’honorable Marguerite de Wolfe, veuve du fils cadet de feu le vicomte, se montrait généreuse lorsqu’elle offrait le thé de l’après-midi, et Griselda Wapshot était extrêmement friande de toutes sortes de gâteaux.
Le tête-à-tête de ce jour-là était d’autant plus gratifiant que Marguerite avait reçu non pas une, mais deux correspondances, chacune portant un cachet étranger.
— Le nouveau vicomte est enfin de retour, annonça Marguerite. Il semblerait qu’il n’ait appris la mort de son père qu’il y a quelques semaines.
Mettant la lettre de côté, elle brisa un biscuit au beurre qui se trouvait sur son assiette, et elle entreprit de le réduire en miettes.
— Et voyage-t-il seul ? s’enquit Griselda en lui lançant un regard d’oiseau curieux.
— À ma connaissance, il n’est pas marié.
Marguerite ajouta du sucre dans sa tasse et remua vigoureusement avant d’appeler une servante à la coiffe blanche.
— Plus d’eau chaude, Betsy, ordonna-t-elle en agitant la main vers les plateaux dont le contenu s’amenuisait. Et apportez d’autres pâtisseries. De la confiture de fraise plutôt que de framboise, s’il vous plaît.
— S’il est marié, cela ne mettrait-il pas fin à vos attentes en ce qui concerne Hugo ?
Griselda plongea sa cuillère dans la crème fraîche, car un scone n’était pas digne de porter ce nom s’il n’était pas suffisamment garni.
Le statut d’héritier présomptif de Hugo était largement connu. Il était le suivant dans l’ordre de succession, au cas où le nouveau vicomte ne donnerait pas naissance à un fils pour porter le titre. Le retour imminent de Mallon était une source d’inquiétude. Même s’il avait échappé au mariage pendant toutes ces années, les célibataires d’un certain âge se montraient parfois surprenants. Il pourrait décider de convoler en justes noces et d’engendrer toute une pouponnière.
Sans doute les commérages allaient-ils bon train, anticipant l’effondrement des espoirs de Hugo. Son fils était plutôt respecté, mais il manquait de force de caractère. Son père, Edward, était pareil.
Pendant ce temps, d’après ce que Marguerite avait compris, le fils aîné, Mallon, jouissait d’un grand respect parmi les habitants de la lande, et pas seulement parce qu’il avait les cheveux noirs et les yeux verts typiques de la lignée des De Wolfe. Il avait veillé à ce que tous les logements des locataires soient couverts de chaume, et à ce que plusieurs puits et murs de pierre du domaine soient réparés.
Pourtant, revenant du Balliol College, il était resté à peine sept mois sous le toit de son père avant d’annoncer son engagement dans les forces de campagne de Sa Majesté, sous les ordres du major général Roberts.
Marguerite éprouvait une certaine compassion. Son défunt beau-père avait été un pisse-froid. Même la naissance de Hugo n’avait pas réussi à faire fondre la glace qu’il avait dans le cœur.
Elle lissa ses jupes.
— Hugo possède un titre et une fortune personnelle, puisqu’il est le principal bénéficiaire du testament de mon frère, dit-elle, puis elle invita M me Wapshot à prendre un autre macaron. J’ai écrit pour inviter sa veuve au manoir. Comme elle n’a pas de famille, elle va se sentir seule au château, aussi beau soit-il.
M me Wapshot acquiesça, prêtant attention à chaque détail, Marguerite le savait, pour le répéter consciencieusement.
Naturellement, Marguerite prenait garde à ce qu’elle choisissait de partager. Ainsi, l’épouse du révérend n’avait pas besoin d’entendre parler des débuts modestes de sa belle-sœur Geneviève. Le frère de Marguerite, Maxim, était son aîné de plus de trente ans, et il ne faisait guère de doute que les charmes physiques de Geneviève l’avaient poussé à l’épouser. Mieux valait ne pas s’attarder sur sa famille, et elle n’avait pas le moindre sou.
Entrée dans la maison en tant que dame de compagnie de la mère de Marguerite, la comtesse douairière, elle avait au moins appris à bien se comporter. Si la jeune fille lui convenait, Hugo pourrait l’épouser lui-même, ce qui lui permettrait de consolider les revenus du domaine familial.
Vraiment… à quoi avait pensé Maxim en léguant à sa jeune épouse une part aussi importante des revenus du vignoble pour toute la durée de sa vie ? Elle pourrait en réclamer les bénéfices pendant encore cinquante ans !
Marguerite s’imaginait quitter la lande humide et morne pour retrouver le soleil radieux de son pays natal, les longs étés passés à pique-niquer et à récolter des figues et des citrons à même l’arbre.
Il n’y avait guère lieu de se réjouir de telles choses, mais le décès de son frère pouvait être considéré comme une bénédiction. Son comportement de voyou avait jeté le discrédit sur le nom de la famille. Sous son égide, Hugo s’amenderait. De plus, ses petits-enfants naîtraient comme les générations précédentes, en véritables petits Français et Françaises, sous le toit du château Rosseline.
Dès la fin de la période des fêtes et après avoir surveillé la rencontre entre le vicomte et son neveu, elle ferait des projets. Quelqu’un frappa à la porte et une silhouette voûtée entra en traînant les pieds, s’inclinant légèrement.
— Excusez-moi, madame. Un gentleman est ici pour vous voir. Je l’ai conduit dans la bibliothèque en attendant que vous soyez disponible.
Marguerite soupira.
— Vous savez que je ne reçois pas les visiteurs occasionnels, Withers.
— C’est le sergent Hawky.
Lorsqu’il plaça la carte du visiteur dans la main de Marguerite, la sienne tremblait. M me Wapshot avala le morceau de gâteau aux noix qui lui restait.
— Rien… de grave ?
— Absolument pas, Griselda ! répondit Marguerite, qui se leva de son siège pour encourager son invitée à s’en aller.
Marguerite déplorait, et ce n’était pas la première fois, que la vie l’ait menée dans un endroit aussi reculé et dépourvu de toute sophistication. La société mondaine lui faisait cruellement défaut, ce qui l’obligeait à se réconcilier avec des gens qu’elle aurait autrement évités.
Chapitre Un
Marseille
Mallon de Wolfe, vicomte de Wulverton, sortit sa flasque et demanda au cocher de se mettre en route. Il avait eu la chance de trouver un taxi qui attendait sur le quai à Marseille et il avait promis de doubler le prix de la course s’ils arrivaient à la gare avant dix heures. Mallon avait réservé un compartiment couchette en première classe, et il comptait en faire bon usage.
Cette journée, cette semaine et ce voyage avaient été épouvantables. Faute de place sur le seul paquebot au départ de Constantinople, il avait été contraint d’embarquer sur un cargo. Le manque de confort, la puanteur de la sueur et des latrines ne l’avaient pas gêné, mais le navire était à peine en état de naviguer.
Ils avaient traversé la mer de Marmara, passé les îles grecques et la pointe de l’Italie, avant que l’eau qui s’écoulait sur le pont inférieur n’oblige tout le monde, y compris lui, à se relayer pour actionner la pompe de cale. Ils auraient pu se dérouter vers la Corse pour effectuer des réparations, mais il avait insisté pour qu’ils poursuivent leur route. Grâce à eux, leur équipage avait réussi à maintenir le bateau à flot, et il s’était montré impatient de continuer.
Quelques jours de retard ajoutés à vingt-trois années auraient pu sembler sans importance, mais Mallon était un homme d’humeur changeante, et il était déterminé à rejoindre le pays qu’il avait quitté depuis si longtemps.
À certains égards, il s’était réjoui de cet effort physique, car il appréciait de se retrousser les manches. Il avait beaucoup plus de muscles que la plupart des hommes de son âge, grâce à son passé de soldat. Rapidement, il s’était débarrassé de sa chemise et s’était mis à la tâche comme les autres. Ils s’étaient relayés pour transpirer dans la fournaise de la salle des machines afin d’empêcher le bateau de les faire sombrer dans l’étreinte de Neptune.
Le voyage lui avait rappelé l’époque de l’armée, lorsqu’il était accoudé à la table du mess, partageant les cigarettes de celui qui en avait de sèches, et mangeant des saucisses chaudes accompagnées de la ration standard de biscuits secs et d’une ration de rhum.
Non pas qu’il se laisse aller à la nostalgie. Après toutes ces années passées à servir dans la force de campagne de Sa Majesté à Kaboul-Kandahar, il n’avait rien d’autre à montrer qu’une épaule qui le faisait souffrir tous les jours ! Ils avaient retiré la plupart des éclats d’obus, mais il restait quelque chose, un souvenir aussi indésirable que les souvenirs qui l’accompagnaient.
Cela ne l’avait pas beaucoup aidé d’être mentionné dans les dépêches pour son « courage exceptionnel sous le feu de l’ennemi ». Ces louanges ne ramenaient pas à la vie ceux qui étaient tombés à ses côtés. Il avait vu se briser les os d’autres hommes, et il les avait vus se vider de leur sang et mourir. Pour ce qui était de la bravoure, il n’avait rien fait de plus que de se maintenir en vie, tout comme les autres, du mieux qu’il avait pu.
Mallon but la dernière gorgée de sa flasque, grimaçant lorsque la liqueur frappa le fond de sa gorge, puis appuya sa tête contre la vitre fraîche, regardant les réverbères tandis que la voiture grimpait en cahotant la montée du boulevard Voltaire.
Au cours de la dernière décennie, il avait vécu une piètre existence. La vie à Constantinople avait été parfois difficile, mais la ville permettait de garder l’anonymat. Là-bas, il n’était rien ni personne, et il lui était facile de trouver l’oubli dans les fumeries d’opium, cherchant à échapper à ses regrets et à sa colère.
À présent, tout cela allait changer.
Il allait changer.
Le décès de son père en avait décidé ainsi. La nouvelle de sa mort, puis de celle de son frère Edward deux ans plus tôt, lui était parvenue trop tard pour qu’il puisse assister aux funérailles. Il aurait pu revenir plus tôt, pour se recueillir sur la tombe d’Edward, mais son orgueil l’avait empêché de faire le voyage.
Les blessures résultant de sa rupture avec son père étaient encore à vif, mais, en dépit des souvenirs douloureux de la lande, c’était sa maison. Il avait des engagements à tenir et des torts à réparer.
Comment pourrait-il se regarder dans le miroir s’il refusait de relever ces défis ?
Il était un de Wolfe, après tout. Comme ses ancêtres, il avait connu l’enfer du champ de bataille. Il avait regardé la mort en face pour servir son pays.
Son père disparu, les seuls démons qu’il lui restait à affronter se cachaient en lui.
Mallon désirait se réinventer, comme l’ajonc de la lande qui se réveille après la longue gelée de l’hiver. Peut-être se faisait-il des illusions, mais l’attrait du lieu, auquel il appartenait vraiment, était trop fort pour qu’il puisse l’ignorer.
Quant au deuil de son père, le chagrin de Mallon était fortement teinté de ressentiment. Le défunt vicomte n’avait plus jamais été le même après la perte de sa femme ; il s’était retranché trop profondément dans sa détresse pour voir que ses fils avaient besoin de l’amour de leur père. Et ils en avaient eu besoin plus que jamais après la mort de leur mère. Edward avait été trop jeune pour se rendre compte de quoi que ce soit, mais Mallon avait su dès le début que quelque chose n’allait pas.
La veille encore, sa mère avait été en parfaite santé. Ensuite, toute trace d’elle avait disparu. En quelques jours, tous les vêtements de la vicomtesse avaient été retirés de la maison. On aurait dit qu’elle n’avait jamais été là. Lorsque Mallon avait tenté de parler d’elle à son père, il avait récolté les plus sévères réprimandes.
Ensuite, il avait entendu les chuchotements des domestiques.
Elle avait eu un amant et s’était enfuie. Au début, le cœur de Mallon s’était gonflé d’espoir. Si elle était partie, elle pouvait revenir. Elle avait commis une erreur en l’abandonnant.
Sauf qu’elle ne pouvait pas revenir. Elle avait voulu commencer une nouvelle vie, loin de Wulverton Hall, mais elle n’était pas allée plus loin que la tourbière mortelle, juste en dessous de Fox Tor, la colline aux renards.
L’homme qui l’attendait avait donné l’alerte, mais l’on n’avait jamais retrouvé son corps.
Mallon n’avait pas été autorisé à assister à l’enterrement, mais il l’avait observé depuis l’une des fenêtres supérieures du château. Le cercueil avait été transporté dans une simple charrette jusqu’à la chapelle, en présence du seul prêtre. Un cercueil vide. Son père avait, au moins, autorisé que l’on pose une pierre tombale, dans un coin reculé du cimetière.
La mère de Mallon ne l’avait pas aimé suffisamment pour rester.
Son père avait à peine su comment aimer.
Mallon ne se souvenait pas que le vicomte ait jamais manifesté une quelconque affection physique à son égard ni à celui d’Edward. Il avait rarement toléré qu’ils soient dans la même pièce. Cette douleur persistait, quelles que soient les distractions auxquelles il s’adonnait.
Dès qu’il en avait été capable, il avait cherché à s’enfuir, à construire sa vie loin de la lande et de ces souvenirs douloureux. Il avait cherché un nouveau foyer au sein de l’armée, et il était parvenu à trouver un certain degré de paix, du moins pour un temps.
— Nous sommes arrivés, monsieur !
Le cocher immobilisa les chevaux et sauta à terre. Il n’avait pas de bagages à récupérer, car Mallon n’avait emporté qu’une valise qu’il pouvait aisément porter lui-même. Cela tombait bien, puisque le train partait vingt minutes plus tard et qu’il lui fallait encore retirer son billet.
Déposant les francs promis dans la main du Français, Mallon se dirigea vers la grande arche de la gare de Marseille-Saint-Charles.
Mallon devait faire appel à tout son sang-froid pour ne pas donner un coup de poing dans le nez du chef de train.
— Regardez mon billet !
C’était la cinquième fois qu’il exigeait que l’autre homme regarde son billet. Deux fois en français, et trois fois en anglais, agrémentant sa demande de jurons de plus en plus violents.
— Je ne peux pas vous aider, monsieur, répondit le chef de train, haussant les épaules. Vous allez devoir vous en aller.
C’était vraiment sans espoir ! À ce rythme, il allait finir par dormir dans le couloir, et tout cela parce qu’un maudit imbécile au guichet était parvenu à réserver deux fois son compartiment, l’attribuant à un autre voyageur.
L’ampoule à l’intérieur clignotait en émettant un faible bourdonnement, offrant à peine assez de lumière pour lui permettre de distinguer l’occupant. L’abondance de jupes indiquait qu’il s’agissait d’une femme, mais sa voilette l’empêchait d’en voir davantage.
Sa dernière volée de jurons ayant fait fuir le chef de train, Mallon se prit la tête entre les mains. Il était trop fatigué pour cela. Son seul espoir était de trouver une place dans la voiture-restaurant. S’il donnait le reste de sa monnaie aux serveurs, ceux-ci pourraient peut-être le laisser s’allonger sur les sièges.
Il jeta un dernier regard envieux sur le compartiment. Il y avait beaucoup de place et le linge de lit était bien rangé. La bienséance ne leur permettrait jamais de partager, mais il se demanda si la femme pourrait envisager de lui prêter un de ses oreillers.
Il hésitait à poser la question. Bien qu’il ait réussi à se laver avant de débarquer du navire, Mallon ne s’était pas rasé depuis plusieurs jours, et ses cheveux auraient dû être coupés depuis longtemps. Son allure, sans parler de son comportement agressif, ne ferait pas bonne impression. Marmonnant ses excuses, il se tourna pour partir.
— Arrêtez, monsieur ! s’exclama-t-elle, lui faisant signe d’entrer.
Mallon n’avait pas besoin de se faire prier. Il s’installa sur la banquette en face d’elle, et s’adossa au coussin de velours. Avec tous ses déplacements et ses travaux absurdes sur le navire, son épaule le faisait souffrir.
— Vous voyagez seule, madame ?
À son grand soulagement, elle lui répondit dans sa langue.
— Oui, mais avec ma femme de chambre. Elle a un compartiment plus loin.
Mallon retrouva un peu le moral, même s’il détestait demander des faveurs.
— Vous n’envisageriez pas… Pourrait-elle partager avec vous, pour que je prenne son compartiment ? Je peux émettre un chèque sur ma banque pour vous dédommager. Le double du coût initial, bien sûr.
Elle sembla amusée. La voilette de dentelle l’empêchait d’en être sûr, mais les yeux de Mallon s’habituaient de plus en plus à la faible luminosité. Il apercevait un peu ses traits : de grands yeux, un menton délicat, et un sourire aux lèvres.
— Pourquoi ferais-je une telle chose ?
Le train s’éloigna du quai par à-coups et prit lentement de la vitesse. Les mains sur les genoux, elle resta assise, immobile, à l’examiner attentivement, depuis ses bottes jusqu’à sa tête.
— Retirez votre manteau, monsieur. Mettez-vous à l’aise.
Se levant, elle baissa d’abord le store de la fenêtre extérieure, puis celui de la petite vitre de la porte donnant sur le couloir. Elle ferma le verrou.
Il perçut son odeur, un mélange excitant d’orchidées et de fleurs d’oranger, avec une note fumée et
