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Les Choses de Georges Perec: ou l’économie du rêve
Les Choses de Georges Perec: ou l’économie du rêve
Les Choses de Georges Perec: ou l’économie du rêve
Livre électronique121 pages1 heure

Les Choses de Georges Perec: ou l’économie du rêve

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À propos de ce livre électronique

Premier livre publié de Georges Perec, Les Choses (1965, prix Renaudot) a d’abord valu à son auteur la réputation, évidemment abusive, de sociologue – à moins de préciser qu’il s’agit alors de sociologie du langage : tissé d’imaginaire, le roman entrelace rêves, rêveries et fantasmes – soit autant de discours dont l’économie donne son vrai fil conducteur à un récit où la consommation des marchandises tient en réalité très peu de place. À cette rencontre des convoitises de l’après-guerre, de la critique marxiste de la société de consommation et de l’histoire de la prose réaliste tient sans doute la force esthétique singulière du petit roman de Perec, que sa brièveté semble alors constituer en véritable « miroir de concentration » d’une certaine poétique romanesque.




À PROPOS DE L'AUTRICE



Christelle Reggiani est professeure de stylistique française à la faculté des lettres de Sorbonne Université. Elle a notamment publié : Rhétoriques de la contrainte. "Georges Perec, l’Oulipo", Saint-Pierre-du-Mont, Éditions InterUniversitaires, 1999 (rééd. Eurédit, 2013) ; "Éloquence du roman. Rhétorique, littérature et politique aux XiXe et XXe siècles", Genève, Droz, 2008 ; "L’Éternel et l’Éphémère. Temporalités dans l’œuvre de Georges Perec", Amsterdam-New York, Rodopi, 2010 ; "Poétiques oulipiennes : la contrainte, le style, l’histoire", Genève, Droz, 2014 ; "Perec et le cinéma", Paris, Nouvelles Éditions Place, 2021. Elle a également dirigé l’édition des Œuvres de Georges Perec dans la « Bibliothèque de la Pléiade » des éditions Gallimard (2017).




LangueFrançais
Date de sortie11 juin 2024
ISBN9782380961119
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    Aperçu du livre

    Les Choses de Georges Perec - Christelle Reggiani

    Natures mortes (Flaubert)

    L’ incipit des Choses , qui est aussi celui de l’œuvre publié de Perec, associe, en une configuration que reprendra l’ouverture de La Vie mode d’emploi (1978) ¹³, le lisible au visible – c’est-à-dire, en l’occurrence, l’œil, organe de la vue, à la citation :

    L’œil, d’abord, glisserait sur la moquette grise d’un long corridor, haut et étroit. Les murs seraient des placards de bois clair, dont les ferrures de cuivre luiraient. Trois gravures, représentant l’une Thunderbird, vainqueur à Epsom, l’autre un navire à aubes, le Ville-de-Montereau, la troisième une locomotive de Stephenson, mèneraient à une tenture de cuir, retenue par de gros anneaux de bois noir veiné, et qu’un simple geste suffirait à faire glisser. (p. 5)

    Si le nom du bateau, le Ville-de-Montereau, attire la deuxième gravure du côté de l’écrit, c’est que ce nom, qui donne à l’image son titre (en redoublant peut-être – mais le texte n’en dit rien – l’inscription figurant sur la coque du navire à aubes), est aussi celui du coche d’eau sur lequel embarque Frédéric Moreau à l’ouverture de L’Éducation sentimentale :

    Le 15 septembre 1840, vers six heures du matin, la Ville-de-Montereau, près de partir, fumait à gros tourbillons devant le quai Saint-Bernard. […]

    Enfin le navire partit ; et les deux berges, peuplées de magasins, de chantiers et d’usines, filèrent comme deux larges rubans que l’on déroule.

    Un jeune homme de dix-huit ans, à longs cheveux et qui tenait un album sous son bras, restait auprès du gouvernail, immobile. […]

    M. Frédéric Moreau, nouvellement reçu bachelier, s’en retournait à Nogent-sur-Seine, où il devait languir pendant deux mois, avant d’aller faire son droit¹⁴.

    Chevillant l’un à l’autre les deux incipit, l’hommage a la valeur d’une balise marquant l’entrée dans l’institution littéraire, et suppose en tant que tel la distance (même si l’« éducation » de Jérôme et Sylvie se modèle lointainement sur celle de Frédéric) – comme si la description presque immobile des Choses, où le seul mouvement est celui du regard (auquel fait écho le « glisse[ment] », tout virtuel, de la tenture), ne pouvait que faire allusion à l’énergie narrative (celle du voyage, de l’arrachement du départ) qui met en mouvement, en inversant le topos de la « montée » à Paris¹⁵, l’incipit du roman de

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