Je n'aime pas Céline. Sa prose est beauf, poussive, cabotine, épate-bourgeois au possible », ose, dans le dernier roman de Virginie Despentes (Cher connard, Grasset), son personnage principal, Oscar Jayack. « Céline singeait le langage prolétaire en vue d'obtenir un Goncourt, c'est-à-dire qu'il offrait aux salonards le prolo tel qu'ils l'imaginaient. Veule, épais, incontinent, antisémite, incapable de bien baiser. Par la suite, j'ai lu ses pamphlets antijuifs et j'ai compris que le milieu parisien lui est reconnaissant de ça, aussi – l'apparence de la subversion pour servir la soupe au pouvoir. Voilà qui les excite. »
PARLER Á L'OREILLE DU LECTEUR
Un style, une prose, un langage, indissociables des idées. Avec Céline, comme le confirme cet extrait sans doute suscite de vives controverses (ce projet étant ajourné depuis plusieurs années). Comment un auteur connu pour avoir écrit les pages parmi les plus condamnables de notre histoire a-t-il pu accéder au rang de classique, de génie – monstrueux certes mais génie quand même?