C’est manifeste – mais il vaudrait mieux utiliser un « M ». En effet, il y a cent ans, un certain André Breton publiait ce qui ne devait être qu’une préface au recueil de poèmes et qui prit une notoriété considérable : le fameux Un texte qui recoupait toutes les bases de ce mouvement artistique, littéraire et intellectuel du XXe siècle (même si ses jalons étaient déjà en cours plus tôt), et qui compte parmi ses plus célèbres représentants – outre Breton, et pour ne rester que dans le domaine des lettres – Louis Aragon, Paul Éluard, Philippe Soupault, Antonin Artaud ou René Daumal. D’œuvre en œuvre, avec des univers et des techniques très différents, tous ces auteurs ont su capter la réalité en se détournant des codes et conventions, en choisissant le décalage pour mieux saisir, l’air de rien, l’essentiel. Esprits visionnaires ou (osons la provocation !) bande d’hurluberlus, correspondant à un esprit d’époque ? Un siècle après le texte de référence – et donc une certaine distance –, s’interroge aujourd’hui sur le mouvement surréaliste, ses grandes lignes et, surtout, sur son influence, sa descendance. Et pour rester dans le domaine artistique à travers les mots, nous nous sommes entretenus avec l’auteur du roman phénomène du moment, Historien de l’art, Thomas Schlesser met ici tout son savoir au service d’une fiction grand public (un grand-père décrit et analyse pour sa petite-fille, potentiellement aveugle, toute une série d’œuvres majeures des musées parisiens). Et, au fond, qu’est-ce que la représentation ? Les lettres auraient-elles le pouvoir de nous faire saisir une œuvre hors de nos autres perceptions ? Si oui, ne serait-ce pas là un phénomène « surréaliste » ?
