Le Le Garage Rose, tome 2: Julienne
Par France Lorrain
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À propos de ce livre électronique
Lorsque les villageois découvrent la vérité sur cette relation, Constance craint que sa réputation n’entache le garage de son père. Elle a beau être soutenue par son amie Marie-Belle, aux yeux de Julienne, de Philémon et d’autres habitants de Maskinongé, le comportement de Constance n’est pas digne d’une bonne catholique.
Pendant ce temps, Camil, le mari de Marie-Belle, ne parvient pas à accepter la maladie de son fils; Raymond, le frère de Julienne, ne cesse de faire des choix douteux; Jacques-Robert, le père de Constance, tente de soutenir sa fille unique malgré sa déception. Puis, une épouvantable tragédie plonge bientôt le village et ses familles dans un drame bien plus lourd que les incessants commérages…
Une nouvelle série tout simplement parfaite d’une auteure qui trône désormais au sommet des ligues majeures de la saga familiale!
France Lorrain
France Lorrain a écrit plusieurs livres pour enfants avant de devenir la nouvelle coqueluche des amateures de romans d’époque. Elle a encore plusieurs idées dans son chapeau ! Elle habite sur la Rive-Nord (Terrebonne) et son mari, illustrateur professionnel, crée les couvertures de tous ses romans.
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Avis sur Le Le Garage Rose, tome 2
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Aperçu du livre
Le Le Garage Rose, tome 2 - France Lorrain
Résumé du tome 1
Après la mort subite de son frère aîné à la fin de l’hiver 1951, Constance Rose comprend que le garage familial, là où son père Jacques-Robert travaille depuis des décennies aux côtés de Félicien, est en péril. Comme le mécanicien d’expérience n’a plus de relève, il songe à vendre le commerce à son neveu Gustave, même si celui-ci ne connaît rien à ce milieu. Constance, qui œuvre comme assistante auprès de l’institutrice de l’école numéro 4, suit de près les discussions entre son père et son cousin à propos de la vente du garage. De plus en plus troublée par la possibilité de voir cet héritage être confié à quelqu’un d’autre, elle décide d’affronter la situation d’une manière bien particulière. Même si elle n’a jamais travaillé au Garage Rose, elle offre à son père de prendre sa relève. Tout d’abord catégorique dans son refus, Jacques-Robert revient peu à peu sur ses positions en constatant que Constance, qui le seconde de temps en temps, est tout de même bien compétente.
Pour la plus grande joie de celle-ci, mais au détriment de Gustave, Jacques-Robert revient sur sa parole et accepte la proposition de sa fille. Le mécanicien lui cédera le Garage Rose lorsqu’il choisira de se retirer. Évidemment, cette décision fait jaser dans les chaumières de Maskinongé, et Gustave ne prend pas cette volte-face avec légèreté.
Parallèlement à ce changement de carrière, Constance développe des sentiments de plus en plus intenses pour son voisin, Gratien, un homme de deux fois son âge, qui doit se marier au mois de novembre avec une femme de Yamachiche. Si celui-ci accepte avec soulagement la proposition de Constance de s’occuper de ses enfants, Alma et Clovis, lorsque sa fiancée décide de ne plus le faire, il n’avait pas prévu de succomber aux avances de Constance. Malgré ses valeurs, malgré la religion, cette dernière séduit Gratien, qui ne peut finalement résister à lui faire l’amour, même s’il n’est pas libre.
Toujours présentes dans la vie de Constance, ses amies Julienne et Marie-Belle ne sont pas en reste. La première, employée comme secrétaire par le notaire du village, doit subir les moqueries et les commentaires déplaisants de son frère cadet à propos de son apparence. Même si elle manque de confiance en elle, Julienne tombe tout de même sous le charme d’un nouveau venu, un enseignant de Saint-Justin. Si elle espère que celui-ci succombe à ses charmes à son tour, Philémon Ouimet, lui, préférerait fréquenter Constance, qui lui accorde bien peu d’attention. La troisième membre du trio, Marie-Belle, file le parfait bonheur avec son mari, Camil, jusqu’au moment où un médecin de l’hôpital de Trois-Rivières leur annonce la triste vérité : leur fils, Michel, jumeau de Micheline, ne pourra probablement jamais marcher puisqu’il est atteint d’une forme héréditaire de dystrophie musculaire. Bouleversés, les jeunes parents tentent de naviguer à travers cette tempête sans perdre tous leurs repères. Différents personnages évoluent autour de ces trois jeunes femmes qui tentent de faire leur place dans la société patriarcale de 1951. Reine Bourassa, marchande générale, et son mari, Eugène, considèrent Constance comme la fille qu’ils n’ont jamais eue. Scott Bruneau, un Montréalais à l’allure combative, devient ami avec Raymond, le frère de Julienne, même si celle-ci n’est pas certaine que cette relation soit bénéfique pour lui. Dans ce second tome, on découvrira un peu plus la vie de Julienne, la famille qui l’entoure ainsi que sa première histoire d’amour…
Bonne lecture !
Prologue
Le samedi 15 septembre, les amies Constance, Julienne et Marie-Belle avaient prévu de rejoindre l’enseignant Philémon Ouimet afin d’assister à une finale de baseball au parc situé derrière l’église sur la rue Saint-Joseph. Toutefois, Marie-Belle et Julienne avaient dû annuler leur présence à la dernière minute, laissant Constance moins emballée à l’idée de cette sortie.
Depuis qu’elle avait fait l’amour avec son voisin, Gratien, quelques jours auparavant, elle n’avait qu’une envie : celle de se retrouver près de lui. C’était d’ailleurs pour cette unique raison qu’elle se trouvait assise sur un banc de bois, les yeux fixés sur de jeunes garçons qui couraient autour des buts pour se réchauffer avant le début de la partie. Constance était à l’affût et gardait ses mains sur ses genoux, tout en jetant de fréquents coups d’œil derrière elle en espérant voir arriver Gratien, qui aurait peut-être décidé, lui aussi, de se joindre aux spectateurs enthousiastes.
Installé à ses côtés, Philémon ne cessait de la dévisager le plus discrètement possible, satisfait quant à lui du désistement des deux autres femmes.
— Comme ça, on se retrouve seuls ? lança-t-il avec bonne humeur au bout d’un moment.
Les yeux fixés devant elle, Constance hocha distraitement la tête. Elle se sentait un peu idiote de se trouver dans ce lieu, au milieu des parents des joueurs. Son intention avait surtout été de profiter de la soirée avec ses amies, mais voilà qu’elle la passerait plutôt en tête-à-tête avec Philémon.
« C’est pas auprès de lui que je pourrais m’épancher, songea-t-elle. Quoique… à bien y penser, je me vois mal confier mes tourments à Juju ou Marie, de toute manière. »
Les trois copines avaient beau l’être depuis l’enfance, les gestes qu’avait posés Constance contrevenaient à toutes les règles de la société et de l’Église. Personne ne pourrait comprendre. Étirant ses jambes pour replacer son pantalon en toile de coton marine, elle remarqua alors le regard masculin qui se posait longuement sur son visage et elle se sentit mal à l’aise devant les œillades peu subtiles de Philémon.
— Tu sais que je t’apprécie beaucoup, hein, Constance ? commença celui-ci en se tournant carrément vers elle.
Les spectateurs jasaient autour d’eux dans l’attente de la première manche, et la bonne humeur générale contrastait avec la morosité de la jeune femme.
— Moi aussi, je suis bien contente d’avoir fait ta connaissance. T’es un bon ajout à mon groupe d’amis.
Le silence qui s’éternisa amena Constance à pivoter vers Philémon. Elle fronça les sourcils en constatant le sérieux avec lequel l’enseignant la dévisageait de ses yeux vairons qui sortaient de l’ordinaire.
— Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? s’informa-t-elle avec un certain inconfort.
Philémon redressa sa silhouette mince avant de retirer son chapeau de feutre. Puis, il prit une inspiration discrète.
— J’aimerais beaucoup te fréquenter officiellement. J’ai un bon emploi, je peux subvenir à nos besoins, surtout que la commission scolaire vient d’augmenter mon salaire. Si tu veux, on pourrait commencer…
La gorge nouée par la désolation à l’idée que Julienne avait eu raison lorsqu’elle avait mentionné l’intérêt que Philémon semblait avoir pour elle, Constance fit un sourire hésitant à son ami. Elle s’en voulait de ne pas avoir été plus distante ou claire dans ses intentions. Pourtant, si Philémon savait qu’elle n’était plus vierge, qu’elle s’était donnée à un homme fiancé de deux fois son âge, avec lequel elle rêvait de faire sa vie, nul doute qu’il prendrait ses distances avec elle.
« Comme la vie est mal faite, pensa Constance tristement. Je meurs d’amour pour Gratien, qui va marier Joséphine, et Philémon me déclare son intérêt alors que Julienne attend juste ça de sa part. »
Embarrassée, la jeune femme inspira profondément avant de fixer son camarade avec une expression attristée.
— Oh, je suis flattée, Philémon. Par contre, pour l’instant, je veux me concentrer sur mon travail au garage. Comme tu le sais, d’ici un an, papa va vraiment ralentir ses activités professionnelles et je vais prendre sa relève. Je dois être très présente à ses côtés pour tout assimiler avant son départ. Ça me laisse peu de temps pour fréquenter quelqu’un, tu comprends ?
Philémon conserva le silence et ses mains se crispèrent sur le banc. Puis, avec un ton plus sec que d’habitude, il riposta :
— Voyons, tu vas pas être mécanicienne toute ta vie ! Je pensais que c’était en attendant de trouver un mari que tu travaillais au Garage Rose. Je t’en ai déjà parlé et je trouve que c’est pas un emploi très féminin.
Offusquée, Constance plissa le front avant d’enfoncer son béret sur sa tête. Puis, elle marmonna, sur un ton ironique :
— Tu pensais que je jouais à la mécanicienne le temps qu’un prince charmant vienne m’enlever sur un cheval blanc ? C’est pas tellement mon genre. On en a pourtant discuté assez souvent depuis qu’on se connaît. Je vous ai même annoncé que ce serait bientôt officiel, l’autre jour, quand on est allés à l’exposition de Louiseville*¹. Papa et moi, on va passer chez le notaire Lalonde la semaine prochaine pour signer les documents. Je vais pas changer d’idée maintenant.
Un peu ennuyé de constater que ses paroles avaient mal été perçues, Philémon repoussa ses lunettes argentées sur son nez fin et tenta de reformuler sa pensée.
— Non, c’est pas ce que je voulais dire, voyons ! Je sais bien que t’aimes travailler auprès de ton père. C’est juste que je me disais que si on se fréquentait et qu’on en venait à se marier, t’aurais plus besoin de gagner ta vie.
— C’est ça que tu saisis pas, Philémon ! s’insurgea Constance. Je fais pas ça en attendant ! Je veux gagner ma vie. De toute manière, je me trouve trop jeune pour m’engager. Je t’aime bien, mais pas de cette manière-là. Je suis vraiment désolée.
Constance avait perdu son innocence à la suite de la soirée passée chez Gratien. Tendue et stressée, elle attendait impatiemment une visite de la part de son amant lui annonçant qu’il avait mis fin à ses fiançailles avec Joséphine Laviolette. Cependant, malgré leur proximité, les deux voisins ne s’étaient pas reparlé depuis leur moment de passion.
« Je comprends pas. Qu’est-ce qu’il attend pour venir cogner chez nous ? » méditait-elle tous les jours depuis une semaine.
La veille, Constance avait vu la voiture de Joséphine tourner dans l’entrée de son voisin. D’abord convaincue que c’était enfin le soir de la rupture, elle avait plutôt été obligée de constater que les amoureux veillaient sur la galerie. Folle de jalousie, elle était demeurée longuement devant la fenêtre de la cuisine pour épier la maison grise. La jeune femme ne pouvait admettre que Gratien n’éprouvait pas les mêmes sentiments qu’elle. Pas après avoir possédé son corps de cette façon…
En réalisant que Philémon ne disait plus un mot, et désireuse de ne pas créer un froid entre eux, Constance plaqua un sourire sur son visage et poursuivit la conversation avec lui sur un ton léger. Posant momentanément sa main sur l’avant-bras de son compagnon, elle suggéra :
— Par contre, je pense que Julienne apprécie beaucoup ta compagnie. C’est une femme extraordinaire, j’espère que tu t’en rends compte. En plus, elle sait écouter mieux que quiconque. Tu pourrais l’inviter à sortir, je pense que ça lui ferait bien plaisir.
L’enseignant sourit vaguement et tenta de cacher sa déception. Il n’avait pas la même attirance envers la grande blonde discrète qu’envers Constance. Depuis l’été, il avait essayé à différents moments de lui faire comprendre son intérêt par des commentaires et des allusions. Il devait admettre que cette ultime tentative ne mènerait à rien, malheureusement.
Retenant un soupir de dépit, Philémon ne répondit rien à la suggestion, préférant s’attarder sur la joute sportive, qui s’était mise en branle. Leur conversation reprit sur un ton plus léger, et au bout d’une trentaine de minutes, comme tous les deux n’avaient plus d’espoir, d’un côté comme de l’autre, ils décidèrent d’un commun accord de mettre un terme à la soirée.
— Bon, je pense que je vais rentrer, Philémon. C’est assez ennuyant, le baseball, finalement, tenta de rire Constance en saluant de la main certains villageois qu’elle connaissait depuis toujours.
— Je vais y aller aussi, répondit le jeune homme, qui la suivit en ravalant sa déception.
À son âge, il considérait que le temps était venu de se trouver une fiancée. Bien que Constance venait de lui opposer une fin de non-recevoir, l’enseignant hésitait pour le moment à suivre son conseil et à jeter son dévolu sur Julienne.
— Si jamais tu changes d’idée… commença-t-il, avant de s’interrompre devant le hochement de tête de Constance. Bon, tu pourras pas dire que j’aurai pas tout essayé, railla Philémon pour cacher son orgueil blessé.
Il pointa sa voiture, une petite Plymouth 1942 que son frère lui avait cédée pour une centaine de dollars lors de sa dernière visite dans son village de Grandes-Piles, quelques jours avant la rentrée scolaire.
— Veux-tu que je te ramène à la maison ?
— Non, merci, j’ai pris l’auto de mon père.
Constance pressa le pas, impatiente de retourner chez elle afin de s’assurer que Joséphine n’était pas chez ses voisins. Elle en faisait presque une maladie ! Elle sortit ses clés de son petit sac et eut une brève hésitation avant de tendre sa joue à Philémon, comme ils avaient l’habitude de le faire lors de leurs rencontres. Celui-ci lui fit la bise à regret en songeant à quel point c’étaient les lèvres de son amie qui l’intéressaient.
— Bon, à bientôt Philémon. Bonne semaine avec tes élèves ! souffla Constance en se dirigeant vers la Studebaker stationnée devant l’église.
— Merci. Toi aussi… avec tes chars brisés !
Lorsque la voiture rouge s’éloigna sur la rue Saint-Joseph, Philémon l’observa longuement en perdant son air posé. Il enfouit ses mains dans les poches de son pantalon de laine gris et réfléchit à ce qu’il pourrait faire désormais.
« Je suis tellement déçu qu’elle refuse de me fréquenter ! C’est plate à Saint-Justin et j’espérais vraiment mettre fin à mon célibat. »
Philémon s’installa derrière le volant de son automobile à son tour en songeant à la suggestion de Constance. Il n’était pas fou et il avait remarqué les regards remplis d’espoir que lui jetait parfois Julienne. Or, tant qu’il n’avait pas tenté sa chance auprès de Constance, le jeune instituteur n’avait pas voulu encourager son amie. Alors qu’il s’engageait sur la route, le visage étroit de Julienne surgit à son esprit.
« Elle est pas si laide et quand même assez gentille, c’est vrai, pensa-t-il en tournant sur la route du Pied-de-la-Côte. Au moins, ça me ferait une personne avec qui discuter et faire quelques sorties. Julienne se dégêne petit à petit, et quand on discute, je trouve qu’elle est assez intelligente. La semaine passée, elle m’a expliqué l’histoire de la région pendant qu’on marchait vers les chutes de Sainte-Ursule et je dois dire que c’était assez intéressant. Je peux toujours bien voir si mes sentiments pourraient évoluer en la fréquentant. Laissons faire le temps ! »
1 Les astérisques renvoient à des notes de l’auteure disponibles à la fin du roman.
Chapitre 1
Depuis quelques jours, Julienne avait l’impression d’être sur un petit nuage. Si ses amies et elle avaient côtoyé Philémon à de nombreuses occasions depuis leur première rencontre, au cœur de l’été, celui-ci commençait enfin à lui démontrer un intérêt particulier.
Cette semaine, Philémon avait téléphoné deux fois chez le notaire Lalonde, là où travaillait la jeune femme, pour lui proposer une sortie. L’avant-veille, à la suite d’une promenade improvisée en fin d’après-midi, le jeune instituteur lui avait payé une boisson gazeuse Chez Ti-Lou, le casse-croûte établi en face de l’église. Chaque fois qu’elle interagissait avec lui, Julienne se sentait un peu plus amoureuse. Aux côtés de Philémon, toute sa vie lui paraissait plus colorée.
« C’est vrai que ses yeux sont magnifiques, songea-t-elle en laissant les siens dériver vers la fenêtre du salon, mais je le trouve pas juste beau. Il me semble que c’est un homme qui a les valeurs à la bonne place et ça, c’est important. »
En ce dernier vendredi de l’été, Julienne était assise sur le sofa recouvert d’une housse bleue dans la maison familiale de la rue Sainte-Julie, la tête penchée sur une revue américaine de mode. Depuis qu’elle travaillait chez maître Lalonde, la femme de ce dernier lui donnait chaque mois le magazine auquel elle était abonnée depuis quelques années. Les mains de la jeune femme tournaient les pages sans vraiment lire les articles ni même regarder les photos des mannequins. Elle était beaucoup trop énervée pour se concentrer sur des textes en anglais. Au bout d’un moment, elle lança le Vogue² sur la table basse devant elle et jeta un regard sur la montre qu’elle portait à son poignet gauche. Philémon avait promis de lui téléphoner, et l’attente était interminable.
— Il faudrait que ça sonne bientôt, sinon papa va revenir de la forge. J’ai pas le goût d’avoir à lui expliquer pourquoi un homme appelle ici pour me parler, murmura Julienne en repoussant ses cheveux blonds de son front de manière nerveuse.
Elle décocha un coup d’œil inquiet vers le couloir menant à l’arrière de la maison. Si la famille Rousseau n’était pas parmi les plus riches de Maskinongé, sa demeure était bien tenue grâce à Julienne et à sa mère, Hermine. La cuisine et le salon se trouvaient à l’avant, alors que la chambre de la jeune femme et celle de ses parents étaient de part et d’autre du corridor vers l’arrière. En haut, il n’y avait que celle des garçons, sous les combles. Depuis qu’Odette et Guillaume, les deux aînés de la fratrie, étaient mariés et habitaient à l’extérieur de la Mauricie, tous étaient bien heureux d’avoir un peu plus d’espace.
« J’ai hâte de savoir ce que Philémon veut me proposer pour demain, songea Julienne en soupirant de bonheur. Peut-être qu’on pourrait aller aux vues comme il l’a suggéré ! Ce serait la première fois que j’accompagnerais un homme au cinéma. »
Même si ses espoirs étaient élevés, Julienne était aussi très agitée à l’idée que son père réalise qu’elle fréquentait un homme qu’il ne connaissait pas. Ne sachant comment avouer à Philémon que son appel pouvait lui causer bien des soucis, la jeune femme avait pris un ton désinvolte pour suggérer :
— Je vais t’appeler, moi. Chez nous, la ligne est souvent occupée, ça va être plus simple.
Philémon avait haussé ses épaules étroites avec un geste négatif de la tête. Il demeurait en pension chez Eugénette Castonguay depuis quelques semaines et s’y trouvait assez bien installé ! Cependant, sa logeuse permettait aux six hommes qui lui louaient une chambre chez elle d’utiliser son appareil de manière parcimonieuse.
— Oublie ça, Julienne ! On a juste le droit de recevoir des appels urgents. Madame Castonguay nous laisse utiliser son téléphone à raison de cinq minutes à la fois pour prendre des rendez-vous. C’est pour ça que je t’appelle souvent de l’école, quand les élèves ont quitté les lieux. Je vais essayer de te joindre entre 6 heures et 7 heures, je peux pas être plus précis.
Malgré ses réticences, Julienne avait finalement donné son accord. Elle était tellement émue à l’idée d’une sortie en soirée, seule avec Philémon, qu’elle avait fait fi de ses inquiétudes.
« Demain, je vais mettre ma robe rouge vin pour notre rendez-vous. Coco dit que c’est une couleur qui me donne bonne mine. Elle est peut-être un peu légère pour la saison, mais je vais porter ma veste beige par-dessus », décida-t-elle en se levant pour faire les cent pas.
Même si elle ne voyait pas l’atelier de son père d’où elle se trouvait, Julienne voulait être bien certaine de l’apercevoir s’il ouvrait la porte de la maison. Lucien, un homme maigre et nerveux dans la cinquantaine, besognait de longues heures tous les jours dans la forge qui se trouvait au fond de la cour derrière la demeure familiale. Si Julienne s’entendait assez bien avec son père, il n’en demeurait pas moins que Lucien refusait de la laisser sortir sans chaperon, même si elle avait eu vingt-trois ans la semaine précédente. Toutes les raisons étaient bonnes pour empêcher sa fille cadette de s’émanciper. La veille, Lucien avait même grommelé :
— Ça m’agace que tu passes ton temps libre avec la jeune Rose. C’est pas une bonne idée.
— Pourquoi ? Constance est mon amie depuis toujours, je comprends pas le problème, papa ! Je comp… Oh, c’est pas à cause que Coco travaille au garage, j’espère ?
Lucien avait pris son paquet de cigarettes sur la table de salon. Il en avait saisi une avec lenteur pour ensuite l’allumer. Son visage ridé s’était encore plus crispé, et il avait regardé sa fille à travers ses paupières à moitié fermées. Le quinquagénaire n’avait d’abord rien dit, se contentant de se tourner vers la porte avec un air de dédain.
— Je veux pas qu’elle t’encourage à courailler, avait-il finalement lancé sur le seuil de la maison.
— Pantoute, papa ! Coco est travaillante. Elle a pas le temps de courailler, comme tu dis !
En songeant aux idées préconçues de son père, Julienne se rassit et saisit la lime sur la petite table près du divan. Elle entreprit de prendre soin de ses ongles pour occuper son esprit. La maison était calme en ce début de soirée. Julienne avait terminé la vaisselle seule, puisque sa mère s’était dépêchée de sortir, dès son dessert avalé, pour aller rejoindre son groupe de crochet au sous-sol de l’église. Son frère Raymond n’était pas venu souper, pour la troisième fois en deux semaines, et Hubert, le benjamin, avait suivi leur père, avec lequel il travaillait depuis environ un an.
« C’est fou, quand même, à quel point les choses peuvent changer rapidement. Il y a un peu plus d’un mois, je pensais avoir aucune chance avec Philémon. Maintenant, je crois qu’il me trouve à son goût. Sinon, il m’appellerait pas juste pour jaser et il m’inviterait pas à sortir aussi souvent, j’imagine », songea Julienne un sourire un peu niais sur sa bouche aux incisives avancées.
Au cours de ses rendez-vous précédents avec l’instituteur, Julienne avait dissimulé la vérité à son père et à sa mère, prétendant des promenades en solitaire ou des visites chez ses amies afin de pouvoir quitter la maison sans être accompagnée par un de ses frères.
Une appréhension permanente lui nouait toutefois l’estomac lorsqu’ils déambulaient dans les rues du village. C’était pire quand ils s’assoyaient près de la rivière pour discuter de tout et de rien. Elle ne cessait alors de jeter des regards autour d’eux pour s’assurer que personne ne les observait. C’est cette peur sous-jacente qui incita Julienne à cesser de jouer à la cachette.
« Je vais demander à Philémon de venir me chercher à la porte, demain, avant notre sortie. Je vais le présenter à papa et maman, une fois pour toutes. Comme ça, j’aurai plus besoin de mentir, songea-t-elle en passant un doigt dans l’encolure de sa blouse bleue. Là, je joue avec le feu ! Quelqu’un va finir par avertir papa que je me promène avec un inconnu au village et il va m’enfermer dans ma chambre ! »
Satisfaite de son idée, Julienne se mit à genoux sur le sofa pour tasser le rideau et regarder ses voisines, des jumelles, sortir de leur maison.
— Bon, les voilà encore parties trotter ! Elles sont chanceuses, quand même, de pouvoir se chaperonner l’une et l’autre.
Pendant un long moment, elle suivit des yeux Charlotte et Lucille, qui avaient deux ans de moins qu’elle. Enfants, les trois filles avaient parfois joué ensemble. Quand ses voisines eurent disparu au coin de la rue, Julienne soupira et se rassit sur le divan.
— Coudon, c’est bien long ! Toute la famille va bientôt… Oh zut !
Entendant la porte arrière s’ouvrir, Julienne étira sa tête sans retenir un geste de dépit. Sa crainte était confirmée : elle ne pourrait être seule pour son appel important, puisque son frère Hubert venait d’entrer dans la maison d’un pas lourd. L’adolescent mince aux boucles brunes échevelées grogna son mécontentement dès qu’il aperçut sa sœur qui le fixait intensément.
— Maudit que j’haïs ça quand papa est maussade de même ! lança-t-il en ouvrant une armoire de la cuisine pour prendre un verre.
— Qu’est-ce qu’il a fait ?
— Il dit que je suis pas capable de contrôler le feu avec le soufflet, même si ça fait trois ans que je le fais ! C’est toujours bien pas de ma faute s’il m’avait mentionné qu’on avait du fer à battre, pas à plier. La chaleur doit être différente, dans ce cas-là, et je le sais. Puis là, il m’obstine que j’ai mal compris ! Des fois, j’ai le goût de me chercher une job ailleurs pour plus l’entendre !
— Hum…
Surtout intéressée à ce que son frère quitte la cuisine le plus rapidement possible, Julienne ne renchérit pas pour éviter que la conversation s’éternise. Pour son plus grand malheur, Hubert s’appuya contre le comptoir et poursuivit :
— Depuis que Gustave Guérin lui a passé une grosse commande de serrures et de clés, on dirait qu’il voit plus clair. C’est toujours pas ça qui va nous rendre bien riches !
Hubert sirota son eau en attendant un commentaire de sa sœur. Julienne regarda plutôt sa montre : il était 19 heures 20.
— Hé, Juju, m’écoutes-tu ?
— Oui, oui… des serrures.
Distraite momentanément de son inquiétude, Julienne plissa son visage et interrogea enfin Hubert :
— Pourquoi monsieur Guérin a besoin de serrures ? Et je pensais que vous en faisiez plus étant donné que la quincaillerie en vend de toutes les sortes !
— Parce que le dindon…
— Appelle-le pas comme ça ! l’interrompit Julienne, qui détestait que les gens autour d’elle octroient des surnoms pour se moquer de l’allure de quelqu’un.
Hubert but une gorgée d’eau avant de s’essuyer le menton. Il avait encore un visage bien rond, malgré ses dix-sept ans.
— Gustave Guérin prétend que tout le monde peut ouvrir les serrures qui sont vendues chez le quincaillier. Il nous a demandé d’en fabriquer des solides pour toutes les portes de son nouveau commerce. C’est juste que papa est en train de virer fou avec ça.
— Ouin. J’imagine qu’il est fatigué, l’excusa Julienne, alors que les yeux bruns de son frère se plissaient et qu’il faisait une moue dubitative.
Comme elle allait inciter Hubert à retourner aider leur père, la sonnerie du téléphone la fit sursauter, et elle se rua sur l’appareil posé sur la table à côté de la porte d’entrée.
— Allô ?
Étonné par l’empressement de sa sœur, Hubert enfouit ses mains dans ses poches de pantalon et l’observa sans se gêner. Devant son regard insistant, cette dernière fit un grand mouvement avec son bras pour lui pointer la porte arrière. Comprenant, devant l’émoi de son aînée, que son interlocuteur était sûrement un homme, Hubert ricana et s’éloigna lentement, très lentement, vers le corridor. Julienne étira alors le fil du téléphone au maximum pour agripper son frère avant qu’il soit hors de portée. L’oreille clouée au combiné, elle posa son index sur ses lèvres et supplia Hubert du regard.
— Julienne, c’est moi, entendit-elle à l’autre bout du fil.
— Allô, tu vas bien ?
— Oui, oui. Écoute, j’ai pas beaucoup de temps pour te parler. Ça te tente-tu encore d’aller aux vues demain soir ? Le premier film, c’est California Passage, et le second, The Big Carnival*.
— Je pense pas pouvoir revenir si tard, murmura Julienne, un peu mal à l’aise de devoir avouer cet inconvénient.
— Oh, c’est pas grave ! On ira voir seulement un des deux films alors. On pourrait se rejoindre près du pont à 6 heures, si ça te va ?
Le débit de Philémon était rapide puisque deux autres pensionnaires attendaient près de lui pour s’emparer de l’appareil. Comme Julienne refusait toujours qu’il vienne la chercher directement à la porte de chez elle, Philémon ne tenta même pas de lui offrir cette possibilité.
— Oh, oui, j’aimerais ça.
Fâchée, Julienne plissa son visage devant la lenteur que prenait Hubert à sortir de la maison. Elle le poussa pour qu’il se dépêche et elle attendit que la porte de la cuisine d’été se referme sur son cadet pour proposer à Philémon :
— Qu’est-ce que tu dirais de venir ici avant ? Je pourrais te présenter à mes parents. Si tu veux, bien sûr ! Mon père préfère connaître les gens avec qui je sors, surtout le soir.
— Heu…
Un peu ambivalent parce qu’il comprenait très bien que Julienne fondait beaucoup d’espoir dans leur relation naissante, Philémon hésita un long instant.
— C’est pas obligé, bien sûr, murmura-t-elle en fermant les yeux et en priant pour que sa demande ne fasse pas fuir son prétendant.
Le silence de quelques secondes qui se poursuivit crispa le cœur de Julienne, qui se mit à tourner le fil noir du téléphone autour de son index pour faire passer sa nervosité. Comme souvent, même si elle tentait de se débarrasser de cette habitude, elle mordilla sa lèvre inférieure.
— Hum, bien… déclara son interlocuteur en hésitant.
— Laisse tomber, Philémon, reprit Julienne, débinée. On va faire comme d’habitude. Je me disais juste que ce serait plus simple et que ça me permettrait d’éviter de mentir à mes parents. Parce que tu comprendras que d’aller au cinéma, c’est pas la même affaire qu’une promenade d’une heure à l’extérieur. C’est plus… officiel, il me semble.
Dès qu’elle eut fini de parler, Julienne voulut retirer ses paroles, mais c’était trop tard. À l’autre bout du fil, Philémon, qui avait pesé le pour et le contre de cette proposition, se décida enfin.
— Ça me ferait plaisir de rencontrer tes parents, Julienne. Tu m’as juste pris par surprise.
— Oh, t’acceptes ? Pour vrai ?
— Oui, rit Philémon devant cette candeur.
Un mélange de fébrilité et d’anxiété envahit aussitôt Julienne, qui souriait largement.
— C’est parfait, alors. Tu peux venir vers 6 heures, si ça fait ton affaire. À demain, Philémon.
— D’accord. On essayera d’arriver un peu d’avance pour s’acheter du popcorn.
En déposant le combiné sur son socle, Julienne s’écroula
