Géant du maire: L’aventure inédite
Par Lucie Denner
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À propos de ce livre électronique
À PROPOS DE L'AUTRICE
Après un parcours professionnel quelque peu atypique, Lucie Denner a embrassé la carrière d’enseignante dans un grand lycée public de province, où elle a partagé ses connaissances en économie et en droit. Son amour pour la lecture, qu’il s’agisse de romans ou de magazines d’information, ainsi que sa passion pour le rock ont été ses compagnons fidèles à travers les vicissitudes de la vie, l’aidant à réfléchir aux défis sociaux, culturels et environnementaux auxquels notre société est confrontée aujourd’hui plus que jamais.
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Aperçu du livre
Géant du maire - Lucie Denner
Lucie Denner
Géant du maire
L’aventure inédite
Roman
ycRfQ7XCWLAnHKAUKxt--ZgA2Tk9nR5ITn66GuqoFd_3JKqp5G702Iw2GnZDhayPX8VaxIzTUfw7T8N2cM0E-uuVpP-H6n77mQdOvpH8GM70YSMgax3FqA4SEYHI6UDg_tU85i1ASbalg068-g© Lys Bleu Éditions – Lucie Denner
ISBN : 979-10-422-2906-1
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Le tourisme est l’industrie qui consiste à transporter des gens qui seraient mieux chez eux, dans des endroits qui seraient mieux sans eux.
Jean Mistler
L’intelligence, c’est la chose la mieux répartie chez les hommes, parce que, quoi qu’il en soit pourvu, l’homme a toujours l’impression d’en avoir assez, vu que c’est avec ça qu’il juge.
Coluche
« Vous croyez sincèrement que c’est une bonne nouvelle Monsieur le Maire ?
— Ma chère Adèle, j’y ai réfléchi toute la nuit. C’est une opportunité à ne surtout pas manquer, tout à fait inespérée pour une petite commune comme Sainte-Félicie. Pensez à ce que celle-ci pourrait faire avec une somme pareille, une véritable manne financière, de l’argent tombé du ciel !
— Certes, mais les conditions sont quand même un peu…
— Particulières, vous voulez dire ?
— Extrêmement contraignantes, je dirais plutôt…
— Que vous êtes timorée, ma chère Adèle, et beaucoup trop raisonnable. Haut les cœurs ! Rêvons un peu que diable. Notre commune va pouvoir investir dans de nombreux domaines : nous pourrons rénover les écoles, construire un centre nautique, transformer la bibliothèque en médiathèque, financer l’écoquartier dont mon équipe rêve. Nous n’aurons nul besoin d’augmenter la taxe foncière comme un grand nombre d’autres communes. Les médias parleront enfin de nous, nous serons un exemple pour toutes les petites villes françaises. Les gens viendront s’installer à Sainte-Félicie pour la qualité de ses équipements et de ses infrastructures, en plus de son climat océanique. N’oubliez pas d’ailleurs, ma chère Adèle, que nous sommes situés en bord de mer.
— Oui mais nous n’avons pas de plages, seulement des falaises et un sentier côtier. Quant à l’activité touristique, reconnaissez qu’elle est presque marginale.
— Que vous êtes rabat-joie ! Toujours à voir des difficultés là où il n’y en a pas. Essayez seulement d’imaginer la Sainte-Félicie de demain. Des visiteurs de la France entière viendront chez nous, peut-être même de l’Europe entière.
— Et pourquoi pas du monde entier tant que vous y êtes ? Sainte-Félicie ne compte que cinq mille habitants après tout, la grande ville
la plus proche est à six kilomètres et totalise un peu moins de soixante-quinze mille âmes. Pour ma part, je n’aimerais pas tellement que notre commune grossisse dans de telles proportions. Nous sommes en zone rurale, que vous le vouliez ou non ! Il fait bon vivre ici, les gens sont calmes, le taux de délinquance est à un niveau largement inférieur à celui de la moyenne nationale, notre tissu associatif est dense, il y a déjà pas mal de commerces et nous ne manquons ni de médecins ni de dentistes. À quoi bon s’agrandir encore ? Pensez plutôt à l’artificialisation des sols et à ses conséquences.
— Je reconnais bien là votre fibre écologiste, ma chère Adèle, notez que je me sens un peu écolo moi aussi puisque la réalisation dont je suis le plus fier est notre recyclerie communale qui suscite l’admiration (et la jalousie) de bien des communes voisines. Par ailleurs, nos cantines scolaires ne servent que des repas bio depuis quelques mois, ce qui nous a valu, je vous le rappelle, plusieurs articles de presse ainsi qu’un reportage de France 3.
— En parlant d’écologie justement, comment pensez-vous que les conseillers écologistes de votre équipe vont réagir quand vous leur présenterez cette histoire à dormir debout ? Ils vont s’étrangler et ils auront bien raison. Vos rêves de grandeur ne tiendront pas quand ils prendront connaissance d’une certaine clause du testament de Madame de Mirefleur ».
Le maire s’abstint de répondre ; même s’il éprouvait une tendresse quasi paternelle à l’égard de sa jeune secrétaire de mairie et qu’il appréciait son sens aigu des réalités, il n’avait pas dormi de la nuit, oscillant entre excitation et perplexité à propos de cette maudite clause qui lui posait un réel cas de conscience. Quelle mouche avait pu piquer feu Madame de Mirefleur, « la châtelaine » de la petite ville, quand elle avait rédigé son testament ? Cette vieille dame énigmatique, qui n’avait visiblement aucun héritier direct ou indirect, avait choisi de léguer l’intégralité de sa fortune (près de trois cents millions d’euros) à la commune « à la condition expresse que la population de Sainte-Félicie, excepté les malades et les invalides qui seraient gratuitement relogés pendant ce temps dans les communes voisines, participe à une croisière de dix jours en Méditerranée sur un paquebot pouvant accueillir quelque six mille personnes ».
S’il n’avait personnellement jamais voyagé de cette manière, s’il n’y avait même jamais songé, il estimait pourtant que le jeu en valait la chandelle. Comment convaincre l’équipe municipale (et en particulier ces empêcheurs-de-tourner-en-rond d’écologistes), et ses administrés d’adhérer à un tel projet ? Il respira profondément et se promit d’en parler le plus tôt possible à son adjointe en charge de la culture (qui n’appartenait pas, Dieu merci, au groupe des élus écologistes).
Une interrogation le taraudait : il n’y avait pas eu, à sa connaissance, de « Justes » dans la commune. Par ailleurs, Madame de Mirefleur ne lui avait jamais adressé la parole ; elle n’avait pas non plus contacté la mairie par quelque moyen que ce soit, téléphone, courrier ou mail. Il pensait ne pas se tromper en estimant que la châtelaine ne disposait pas d’ordinateur. Dans la mesure où il avait pris l’habitude de tenir un bureau de vote le jour des élections, il ne se rappelait pas avoir vu cette dernière se rendre aux urnes. Tout cela lui paraissait bien mystérieux mais il avait fini par conclure que la généreuse donatrice s’était prise de passion pour Sainte-Félicie qui, comme il en était persuadé, possédait des atouts de taille en matière de situation géographique et de population. La châtelaine avait sans doute voulu manifester son désir de gâter les habitants en leur offrant dix jours de vacances inoubliables. Sa secrétaire de mairie exagérait quand elle prétendait que l’activité touristique était négligeable dans la commune. Les promeneurs de toute la région appréciaient particulièrement de pouvoir marcher ou faire du vélo en empruntant le chemin côtier, surtout le week-end, et il avait fallu faire la chasse aux camping-cars qui stationnaient parfois en permanence et en toute impunité sur les différents parkings du bord de mer. Il se surprit à rêver d’un grand complexe immobilier résidentiel où les occupants de petites « maisons de pêcheur » (pas question d’envisager un ensemble de villas luxueuses) pourraient avoir une vue imprenable sur l’Océan. C’était tentant même si cela risquait d’être très mal perçu.
Adèle avait en partie raison quand elle exprimait sa crainte d’être confrontée un jour à une augmentation brutale de la population. Sur ce coup, il se mettrait certainement à dos tous les écologistes de la commune (le candidat EELV avait remporté à Sainte-Félicie presque 10 % des suffrages au premier tour des dernières élections présidentielles). Comme beaucoup de maires nouvellement élus, il avait pris ses fonctions avec enthousiasme en 2020, la tête pleine de projets innovants pour sa ville. Certes, il avait un peu déchanté au bout de quelques mois, réalisant que la gestion d’une commune relevait avant tout d’un pragmatisme un peu basique laissant peu de place au rêve, mais il était bien entouré (ses conseillers restaient toujours courtois, même lors de conseils municipaux traitant de sujets particulièrement sensibles). La population elle-même posait peu de problèmes : une bonne moitié étant constituée de retraités (plutôt jeunes) et l’autre d’actifs comprenant essentiellement des techniciens, des cadres et des représentants de professions libérales. Sauf à y regarder à la loupe, il était difficile de déterminer d’emblée si les quelques pavillons proprets bordés de jardinets relevaient du parc du logement social. Monsieur le maire pouvait se vanter de l’absence totale d’immeubles à plusieurs étages sur sa commune, c’était déjà rare à l’époque actuelle, se disait-il. Cependant, il préférait garder pour lui ce genre de considération.
Pour l’heure, il devait contacter en urgence son adjointe à la Culture, une certaine Madame Vartan (prénommée Nathalie) pour mettre en place au plus vite avec elle un plan de communication à destination des habitants. Rien que d’y penser, il en avait des sueurs froides car son adjointe avait des convictions très affirmées. En outre, il n’ignorait pas qu’elle passait généralement ses vacances à sillonner les routes de France en camping-car avec son mari. Il décrocha son téléphone fixe (il réservait l’usage de son portable aux communications brèves) pour joindre Nathalie qui devait être chez