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LE MAL DE L'EST
LE MAL DE L'EST
LE MAL DE L'EST
Livre électronique222 pages3 heures

LE MAL DE L'EST

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À propos de ce livre électronique

Dans "Le Mal de l'Est", l'auteur transporte le lecteur dans les tumultes de l'est de la RDC, une région marquée par des catastrophes naturelles et des conflits persistants. À travers les yeux perspicaces de Voldin, le récit explore la dualité du mal qui sévit dans cette partie du monde, ancré dans l'éruption dévastatrice du volcan Nyiragongo.

Voldin, jeune et courageux, refuse de succomber à la peur collective et cherche à comprendre le mal profond qui afflige sa communauté. Les défis extraordinaires auxquels il fait face, notamment la décomposition sociale, la souffrance normalisée, et la défaillance des autorités, sont révélés à travers ses expériences personnelles et sa fuite vers une ville voisine pour échapper aux horreurs.

Le retour au pays expose une autre facette du mal, illustrée par un système éducatif défaillant qui favorise la mémorisation plutôt que la compréhension. Voldin remet en question les normes établies, soulignant l'importance cruciale des femmes dans la communauté et critiquant les députés et la complaisance populaire.

Le récit exhorte à une réflexion profonde sur la nature du mal, la responsabilité individuelle, et la nécessité d'un changement collectif pour un avenir meilleur. Le point culminant survient lorsque Voldin, confronté à des perspectives divergentes sur l'origine du mal, entreprend une quête désespérée de vérité, symbolisant la nécessité d'explorer au-delà des apparences pour comprendre les origines complexes du mal.

Le roman se conclut de manière délibérément ambiguë, incitant le lecteur à réfléchir sur la recherche incessante de Voldin et l'impératif de transcender les préjugés pour forger un avenir plus lumineux dans cette région tourmentée de l'est de la RDC.

LangueFrançais
Date de sortie27 déc. 2023
ISBN9798223543381
LE MAL DE L'EST
Auteur

Pacifique Bush

Pacifique Bush is an accomplished author with a passion for storytelling that captivates readers of all ages. In 2020, he made his mark in the literary world with the release of "PAPITO," a delightful children's book that garnered praise for its imaginative narrative and engaging characters. Following the success of "PAPITO," Pacifique Bush has once again enchanted young readers with his latest creation, "Jemiko and the Magic Scent Trail." This enchanting tale invites children to explore the wonders of nature as they join Jemiko and his sister Lily on an adventure filled with mystery, teamwork, and a touch of magic. Additionally, he is a novelist, and his first published novel, "The Evil of the East," is available for purchase on Amazon. Pacifique Bush's dedication to crafting stories that ignite the curiosity of young minds shines through in his work. With a commitment to creating literature that both entertains and educates, he continues to contribute to the joy of reading for children around the world.                    

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    Aperçu du livre

    LE MAL DE L'EST - Pacifique Bush

    Préface

    C'est avec une profonde émotion que je partage avec vous les pages de Le Mal de l'Est. En parcourant ce roman, vous plongerez dans les méandres de mes pensées, dans les rues de Goma où j'ai forgé mes convictions et dans les labyrinthes du mal qui afflige ma chère région natale.

    Natif de la République démocratique du Congo, j'ai entrepris cette écriture dans une quête insatiable de compréhension. Face aux tumultes qui secouent l'Est, aux accusations portées tantôt sur le gouvernement, tantôt sur les occidentaux, tantôt sur les voisins qui entourent notre grand pays, je me suis refusé à accepter des réponses simplistes.

    Dans cette préface, je souhaite vous guider à travers les motivations profondes qui ont donné naissance à Le Mal de l'Est. Mes années d'études à Goma ont été le creuset où ma passion pour la littérature a pris racine, mais c'est face aux tragédies de ma ville natale que j'ai ressenti le besoin impérieux de donner une voix à l'inexprimable.

    L'intrigue de ce roman est tissée avec la sagacité de Voldin, un personnage qui incarne mes réflexions les plus intimes. À travers son histoire, je vous invite à remettre en question les idées préconçues, à sonder les profondeurs du mal qui sévit et à reconnaître la nuance qui réside dans chaque coin obscur de notre réalité.

    Il est essentiel de comprendre que, malgré les similitudes entre l'auteur et ses personnages, la frontière entre la réalité et la fiction demeure. Le Mal de l'Est n'est pas seulement une histoire, c'est un appel à la réflexion, à la recherche de vérité, et surtout, à la compassion envers une région qui porte le fardeau du mal inexpliqué.

    Que ces pages éclairent votre esprit autant qu'elles ont illuminé le mien lors de leur création. Puissiez-vous ressentir la passion, la douleur et l'espoir qui ont imprégné chaque mot.

    Bien à vous,

    Pacifique Bush

    Table des matières

    Chapitre 1: Éruption et Évasion : Le Voyage de Voldin

    Chapitre 2: Échos de la Nuit : Témoignage des Ravages à Goma

    Chapitre 3: De l'Espoir à la Tragédie :   Voldin, Témoin des Ombres

    Chapitre 4: À la Recherche des Réponses Perdues : L'Odyssée de Voldin vers l'Origine du Mal 

    REMERCIEMENTS

    ––––––––

    Chers amis, famille et partenaires précieux,

    C'est avec une immense gratitude que je prends le temps de vous adresser mes plus sincères remerciements pour votre précieuse contribution et votre soutien tout au long de la création de mon livre, Le Mal de l'Est. Ce projet a été une aventure extraordinaire, et il n'aurait pas pu voir le jour sans chacun d'entre vous.

    Je tiens à exprimer ma profonde reconnaissance envers tous les membres de ma famille, qui ont été une source constante d'inspiration et de soutien inconditionnel. Votre encouragement a été le moteur qui a alimenté ma créativité et ma détermination tout au long de ce voyage littéraire.

    À mes amis, présents à mes côtés durant les longues heures d'écriture, je vous adresse mes remerciements les plus chaleureux. Votre présence a rendu ce processus plus significatif et a enrichi l'expérience de la création de ce livre. En particulier, je voudrais exprimer ma reconnaissance envers mon ami de lutte, Adolphe Mulume, dont les conseils précieux ont été une boussole essentielle tout au long de ce périple.

    Un merci tout particulier va à mon ami Olivier Teganyi, qui a non seulement été un compagnon de route, mais aussi une main solide et bienveillante qui m'a soutenu à chaque étape de la réalisation de ce chef-d'œuvre. Ta présence et ton engagement ont fait toute la différence, et je suis reconnaissant de t'avoir à mes côtés.

    Je souhaite également exprimer ma gratitude envers le président de la jeunesse, Ombeni Mwendapeke, pour son soutien continu et son encouragement. À Andy Fariala et à tous les membres de la famille, je vous remercie du fond du cœur pour votre appui indéfectible.

    Ce livre, Le Mal de l'Est, représente bien plus qu'une simple création littéraire. Il est le fruit d'un effort collectif, d'un soutien inébranlable et de liens profonds qui ont enrichi cette aventure d'une manière inestimable.

    Encore une fois, merci du fond du cœur à chacun d'entre vous. Votre influence a été la clé de la réalisation de ce rêve, et je suis honoré de vous avoir à mes côtés.

    Avec gratitude,

    Pacifique Bush/Le mal de l’Est

    Chapitre

    Au cœur de la tumultueuse ville de Goma, blottie au pied du majestueux volcan Nyiragongo, s'élevait l'école primaire Karisimbi. Ses modestes murs abritaient l'avenir de la région. Cependant, ce jour-là, le destin de cette paisible école et de ses jeunes esprits fut ébranlé par une série d'événements extraordinaires.

    Le 1er janvier 2002, une date gravée dans la mémoire collective, le Nyiragongo gronda, laissant échapper des flots de lave et des nuages de cendres dans une éruption cataclysmique. L'air se chargea d'une tension palpable alors que la nature se déchaînait, et la ville de Goma fut secouée dans ses fondations. Cet épisode dramatique jetait les bases de l'incertitude perpétuelle qui planait sur la région. L'éruption du volcan Nyiragongo se présentait comme un présage sinistre, une cicatrice sur la terre, et une ombre planait sur chaque journée. Cependant, ce n'était là que le premier acte d'une tragédie bien plus grande. Car dans cette région tourmentée, l'insécurité régnait en maître. Les rues de Goma étaient devenues le théâtre de l'anarchie, des délits nocturnes et de la terreur. Les vols à main armée assombrissaient les nuits de la ville, tandis que des actes de violence meurtrière éclataient dans l'obscurité. Les élèves de l'école primaire Karisimbi, tout comme leurs enseignants, vivaient au rythme des soubresauts de cette réalité complexe. C'était une école où chaque récréation était accompagnée du murmure du volcan, un endroit où l'innocence de l'enfance était ébranlée par les ombres inquiétantes de la vie adulte.

    Un jour, semblable à tous les autres mais au milieu de cette toile de fond de bouleversements constants, l'annonce du directeur principal résonna dans les couloirs de l'école pendant que nous étions plongés dans le cours d'histoire avec notre moniteur. Le directeur principal parlait à l'un de ses enseignants.

    -Les élèves doivent rentrer à la maison, on ne peut pas les retenir ici parce que c'est vraiment dangereux de rester avec eux. Tu n'as pas l'air de comprendre, on n'a pas les contacts de tous les parents et on n'a pas le temps de les appeler. Nous devons laisser les enfants partir, déclara-t-il. Son message était aussi envoûtant que les profondeurs du Nyiragongo lui-même. Bien que nous soyons en classe, nous avions entendu toute la conversation du début à la fin, mais notre moniteur était occupé à nous expliquer l'histoire du Congo.

    Cette conversation entre le directeur principal et l'enseignant laissa les élèves perplexes, cherchant à déchiffrer le mystère de ces phrases. Cependant, cette annonce n'était que le prélude d'une histoire complexe et pleine d'énigmes. Au-delà des mots du directeur se cachait un secret bien plus profond, une réalité plus complexe à laquelle les élèves de l'école primaire Karisimbi allaient devoir faire face. Alors que nous étions en classe devant le moniteur, nos esprits étaient ailleurs, préoccupés par le besoin de déchiffrer la nature et le pourquoi de la déclaration du directeur.

    Tandis que le mystère s'épaississait, l'école et ses jeunes esprits se préparaient à un futur incertain, tout comme la ville de Goma elle-même, dont le destin semblait être écrit dans les volcans et les ombres de l'inconnu.

    Même notre moniteur, d'ordinaire si calme et perspicace, semblait submergé par la nouvelle qui avait secoué toute la classe. En analysant ses mouvements et sa manière habituelle de nous expliquer, quelque chose semblait étrange. Il était là pour nous enseigner, simplement parce que c'était son travail, mais son esprit était clairement ailleurs. Une angoisse transparaissait sur son visage.

    Son visage, habituellement impassible, trahissait désormais une profonde inquiétude. Se levant de sa chaise, il tria ses documents avec frénésie à la recherche de son livre d'histoire. Puis, d'une voix tremblante, il nous demanda de chercher nos cahiers d'histoire pour prendre des notes, dans un silence de plus en plus pesant. Nous nous exécutâmes sous l'emprise de cette atmosphère tendue.

    Sa voix, toujours habituellement assurée, semblait vaciller, révélant une peur qu'il n'aurait jamais imaginée affronter. Vêtu de noir et blanc, avec un pantalon légèrement trop grand, il donnait l'impression, tout comme nous, d'être vulnérable face à l'inconnu.

    Il resta debout devant nous, hésitant, hanté par des pensées qui semblaient le submerger. Son téléphone sonna, il décrocha, et aussitôt, la porte de la classe s'ouvrit brusquement. La tension dans la salle était palpable. Il raccrocha précipitamment et remit son portable dans sa poche droite. Se dirigeant vers la porte, il semblait en proie à la confusion, mais personne n'était présent à l'extérieur.

    Parfois, il existe des mystères que l'esprit humain demeure impuissant à dévoiler. Nul ne pouvait déchiffrer le pourquoi de cette subite ouverture de la porte de la salle. On évoquait peut-être l'influence du vent, mais l'idée n'effleura guère les pensées présentes. Même le professeur, pourtant d'une rationalité inébranlable, n'avait pas saisi la portée de l'événement. L'adrénaline coulant dans ses veines l'avait privé de toute faculté d'interrogation, bien que son esprit fût normalement avide de réponses. Les caprices du destin, dirait-on, transcendent même les plus rigoureuses logiques, laissant place à une ironie mystérieuse que seule la nature pourrait saisir.

    Il prit une craie dans sa main droite, clairement prêt à inscrire quelque chose dans nos cahiers sur le tableau noir. Cependant, une fois devant le tableau noir, il n'écrivit rien. Au lieu de cela, il se mit à nous regarder, puis tout à coup, il sembla désemparé, revenant soudainement à sa chaise. Son téléphone sonna à nouveau.

    C'était la première fois que nous entendions le moniteur s'exprimer en swahili. Le français avait été imposé par les colons comme langue officielle de l'école, et toute autre langue était strictement prohibée. Cependant, la peur a le pouvoir de faire tomber les barrières, de révéler notre vraie nature. Ce matin-là, notre moniteur avait transgressé les règles, et ce simple acte avait des implications bien plus profondes.

    Les événements de cette matinée marquèrent un tournant dans notre éducation, un apprentissage au-delà des livres et des leçons formelles. La peur, cette force puissante et aveuglante, avait révélé en nous des facettes inattendues. Elle nous avait fait transgresser les lois de l'établissement, révélant nos vulnérabilités, mais aussi notre capacité à nous adapter, à apprendre, et à évoluer.

    Après une quinzaine de minutes d'attente anxieuse, la lourde porte de la classe s'ouvrit doucement, laissant apparaître le directeur de l'école. Un silence respectueux envahit la pièce alors que tous se levèrent comme un seul homme pour lui souhaiter le bonjour. Le directeur était un personnage redouté par les élèves et les enseignants, mais il était également un homme profondément respecté. Avec son cartable noir dans une main et son téléphone dans l'autre, il était prêt à quitter l'école. À ses côtés, son secrétaire et deux autres enseignants des classes précédentes l'accompagnaient. 

    Le directeur prit la parole, rompant le silence tendu de la salle.

    -Bonjour à tous. Je suppose que vous n’êtes pas au courant de ce qui vient de se produire dans notre ville.

    Les élèves secouèrent la tête en signe de négation, indiquant leur ignorance totale, même si nous avions entendu quelques minutes auparavant la voix du directeur en pleine conversation dans la cour avec l'un de ses enseignants. Le directeur échangea un regard complice avec l'un de ses enseignants avant de se tourner vers nous pour nous informer.

    -Mes chers élèves, il est temps pour vous de rentrer chez vous. Nous avons reçu un message de la commune. Le volcan Nyiragongo est entré en éruption, annonça le directeur principal.

    L'annonce du directeur créa une onde de choc, plongeant la salle dans un silence total. Des regards inquiets se croisèrent, et l'impact de ces mots commença à se faire sentir. Les élèves, d'ordinaire si bruyants, restaient bouche bée, incapables de saisir la portée de cette nouvelle. Le volcan, gardien menaçant et majestueux de la région, était en éruption. Ce n'était pas une simple anecdote de plus, mais une force de la nature qui se déchaînait, rappelant à tous la fragilité de la vie dans cette région tumultueuse. Ce matin-là, l'école primaire Karisimbi était devenue le théâtre d'un événement inattendu qui allait nous marquer à tout jamais, un moment où l'obscurité du doute s'était glissée entre les pages de notre existence, écrivant une nouvelle leçon que nous n'oublierions jamais. 

    Le directeur, généralement imposant, arborait cette fois une lueur de préoccupation dans son regard. La réalité s'imposait, et il devenait évident que cette journée allait laisser une marque indélébile dans la mémoire de tous les élèves de l'école primaire Karisimbi. L'ombre menaçante du volcan planait au-dessus de nous, et à tout moment, la corne du buffle pouvait s'abattre.

    Le silence qui avait enveloppé la salle de classe se transforma en un bourdonnement d'inquiétude alors que les nouvelles de l'éruption du Nyiragongo commençaient à se répandre parmi les élèves. Les regards étaient emplis d'appréhension, et des murmures inquiets se firent entendre.

    Le directeur, son visage empreint d'une gravité inhabituelle, continua:

    -Nous devons évacuer l'école en toute sécurité. Le Nyiragongo est une force de la nature insondable, et il est imprudent de rester ici. Ses mots avaient la clarté de la nécessité, mais aussi l'ombre de l'incertitude qui planait au-dessus de la ville.

    Les enseignants, habitués à guider et protéger leurs élèves, se mirent en action. Le secrétaire du directeur coordonna rapidement les efforts d'évacuation, tandis que les élèves rassemblaient leurs affaires en hâte. Le bruit des cartables et des chaises glissant sur le sol remplissait la salle de classe, tandis que l'anxiété grandissait. Les enseignants rassurèrent les élèves du mieux qu'ils purent, essayant de dissiper la peur qui planait. Leur rôle était de guider, d'éduquer, et en ce moment de crise, de protéger. Les visages tendus se détendirent un peu à mesure que le processus d'évacuation avançait.

    Lorsque le signal fut donné, les élèves, guidés par leurs enseignants, se mirent en marche, quittant l'école primaire Karisimbi dans un ordre relatif. La route devant l'établissement scolaire, habituellement animée, était inhabituellement calme, marquée par l'urgence de la situation.

    Ce qui attendait les élèves à l'extérieur était une ville en état de préparation. Les autorités locales avaient mis en place des abris temporaires, des points de rassemblement et des ressources d'urgence pour faire face à la situation. La ville de Goma, avec sa communauté résiliente, avait appris à faire face à la dualité de la vie, entre la beauté de la nature et les défis qu'elle posait. À mon âge, je n'avais pas la moindre idée du sens de l'éruption du volcan. Comme tous les élèves de ma classe, je m'en réjouissais, car c'était pour moi l'occasion de rentrer à la maison et de profiter de la chaleur du foyer maternel. Les inquiétudes qui avaient plané un moment s'étaient évanouies dans l'insouciance de l'enfance. Je n'avais aucune notion de ce que le volcan pouvait réellement faire.

    Chaque jour de ma vie dans cette ville, mon regard se perdait dans le bleu profond de cette montagne majestueuse qui se dressait au nord. Tout le monde pouvait la voir, mais pour les enfants de mon âge, elle n'était qu'une silhouette familière sans véritable signification. On savait qu'elle portait le nom de volcan, mais c'était là le bout de notre connaissance. Jamais nous n'avions envisagé que cette montagne paisible pouvait se réveiller en furie.

    À l'école, on nous enseignait les composantes du volcan, ses parties internes et externes, mais l'essentiel nous échappait. Nous n'avions jamais réfléchi à son rôle, à son importance, à sa nature. Comme des perroquets récitant une leçon apprise par cœur, nous pouvions nommer ses parties, mais le mystère de sa présence restait entier.

    Le monde est ainsi fait. Parfois, il nous réserve des leçons inattendues, des réveils brutaux pour nous rappeler l'importance de comprendre notre environnement. Nous étions des enfants, insouciants, mais bientôt, l'ombre du Nyiragongo allait s'étendre sur nos vies, nous forçant à apprendre et à comprendre bien plus que des noms et des parties. Les jours à venir apporteraient des réponses à nos questions enfantines, révélant l'incroyable pouvoir et la vulnérabilité de la nature qui nous entourait.

    Le directeur nous avait interrogés, désireux de savoir si nous avions déjà rassemblé nos affaires essentielles pour rejoindre le reste des élèves qui avaient déjà commencé à sortir de l'enceinte de l'école. Nous avions acquiescé en chœur, prêts à quitter l'école au plus vite. Pourtant, dans un coin de mon esprit, je me demandais pourquoi il posait cette question, pourtant il était présent, nous observant faire. Je suppose que son regard semblait perdu dans l'horizon, comme s'il voyait au-delà de la classe. L'urgence de la situation pesait sur lui, rendant sa présence physique moins assurée que d'habitude.

    Il avait poursuivi, exprimant ses inquietudes:

    -C'est imprudent de vous laisser partir sans l'autorisation de vos parents.

    Le directeur nous faisait confiance, malgré notre jeune âge. Il nous rappela que nous étions des élèves de quatrième année primaire, capables de nous rendre chez nous en toute sécurité. Son regard était empreint de solennité, un témoignage silencieux de la gravité de la situation.

    Il poursuivit à voix basse : -Ceux d'entre vous dont les parents sont à l'extérieur ont de la chance. Allez les rejoindre au plus vite. Ces mots résonnaient en nous, soulignant l'importance de la famille et de la communauté dans des moments de crise.

    Nous suivîmes ses instructions avec discipline, sortant de la salle de classe un par un, les bras croisés, alignés en une ligne droite. Cette démarche disciplinée était destinée à ne pas effrayer les élèves plus jeunes de la maternelle qui nous regardaient avec des yeux écarquillés, cherchant des réponses à leurs

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