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L'Origine des consciences
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L'Origine des consciences
Livre électronique1 000 pages9 heures

L'Origine des consciences

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À propos de ce livre électronique

L’hypothèse développée dans cet ouvrage, « le corps est conscience », se fonde sur les origines conjointes du corps et de la conscience, les deux ayant évolué ensemble sur 15 milliards d’années. L’anatomie et la conscience humaine reflètent un zoo : mammifères, singes, mollusques, poissons, reptiles, insectes, bactéries.
Dans ce contexte évolutif, le corps et la conscience de l’enfant ne sont pas des adultes miniatures, mais des êtres en maturation à partir de structures originelles évoquées dans cet ouvrage. Ainsi, la psyché humaine émane d’une dimension sociologique, à savoir une évolution de la famille primitive à partir des mammifères. Les différentes facettes de la conscience humaine sont évoquées par la mythologie grecque au travers de chimères homme-animal.
À partir de mon expérience d’ostéopathe explicitée dans cet ouvrage, l’existence de « fossiles de conscience » me semble être des troubles psychiques et de maladies psychosomatiques (dépression, épilepsie) qui révèlent un corps-conscience puzzle d’espèces : la part poisson, insecte, reptile entre autres chez les humains.
LangueFrançais
Date de sortie23 nov. 2023
ISBN9782312140735
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    Aperçu du livre

    L'Origine des consciences - Philippe Petit

    cover.jpg

    L’ORIGINE DES CONSCIENCES

    PHILIPPE PETIT

    L’ORIGINE DES CONSCIENCES

    LES ÉDITIONS DU NET

    126, rue du Landy 93400 St Ouen

    Illustrations : dessins de l’auteur.

    © Les Éditions du Net, 2023

    ISBN : 978-2-312-14073-5

    À mes parents,

    À mes aïeux,

    À LUCA – Last Universal Common Ancestor.

    AVANT-PROPOS

    Pourquoi commencer un livre sur les origines de la conscience avec des histoires d’enfants ?

    La conscience est une évidence pour tout un chacun. On la vit au quotidien dans les moindres détails. L’objet de ce livre est de dévoiler la conscience comme un lien dans une rencontre avec le monde (humains, animaux, arbres, étoiles).

    Donc deux choses : un lien et une rencontre caractérisent la conscience.

    On retrouve les caractéristiques de la conscience évoquées dans ce livre dans la conscience de bébés et d’enfants. Dans cet univers auquel ont accès les enfants, ils sont amenés à rencontrer des animaux ou des arbres avec lesquels ils peuvent entretenir un dialogue.

    Ce livre sur les Origines de la conscience commence avec une série de neuf historiettes illustrées par des dessins pour leurs expliquer pourquoi ils sont si proches de la Nature et des animaux. Ce livre n’explique pas comment les enfants entrent en communication avec les animaux parce que les enfants savent le faire naturellement. Ils perdent cette faculté de communiquer souvent en devenant adulte. Ce livre propose de comprendre pourquoi les enfants ont un accès à des consciences animales.

    Ensuite dans une seconde partie plus longue, les adultes sont invités à s’immerger dans l’Univers de la conscience et de ses origines, par exemple en se rappelant comment ils se comportaient enfant dans la Nature avec les animaux.

    Ce livre commence avec des enfants (historiettes) et se termine avec l’enfant en tant qu’évolution de la famille primitive pour expliquer la spécificité de la conscience humaine.

    LIVRE I

    L’Origine des consciences racontée à ma petite fille Juliette

    NEUF HISTOIRES POUR ENFANTS

    Juliette et ses amis.

    La première partie du livre est destinée à des enfants de 7 ans jusqu’à 77 ans.

    Juliette a la « main verte ». Son cœur lui permet de communiquer avec les arbres et les fleurs. Tout le monde dit de Juliette qu’elle est sensible. Elle est très proche de la nature, proche voulant dire qu’il n’y a pas de séparation entre Juliette et la nature. Juliette voit la nature avec son cœur, comme le dit le petit prince.

    Cet ouvrage dévoile comment la sensibilité de Juliette pour les plantes lui permet d’être consciente de son environnement. L’attitude de Juliette explique comment elle est sensibilisée par les origines de la vie grâce à un savoir latent commun à toutes les espèces : la conscience. « La sensibilité est, à n’en point douter, une forme préalable de la mémoire du passé »{1}.

    La seconde de l’ouvrage, destinée aux parents, est une « traduction scientifique » de la conscience de Juliette qui est si proche du monde qui les entoure. Cette seconde partie explique aux parents comment leur enfant est un « petit prince » au sens d’Antoine de Saint Exupéry, en particulier grâce à la proximité de leurs enfants avec les origines de la vie et les origines de la conscience.

    Les parents accompagnent leur enfant, ici Juliette, pour comprendre le monde et ne pas perdre l’émerveillement devant la vie, en deux mots, à préserver son âme d’enfant.

    La conscience de Juliette et les grandes lignes de son comportement sont rapprochées des grandes découvertes scientifiques récentes.

    HISTOIRE 1

    JULIETTE ET SES AMIS LES ARBRES

    img1.jpg

    Une plante solidaire de bactéries tuées par un bactéricide.

    Juliette a passé son enfance à la campagne dans un petit village. Elle connaît bien son instituteur, les enfants de son village et leurs parents. Elle allait à l’école à pied, environ une heure de marche le matin et une heure de marche le soir. En attendant le retour de ses parents souvent 20 heures, elle avait l’habitude de jouer chez ses amies une fois ses devoirs terminés.

    En arrivant au collège, Juliette découvre la grande ville avec ses voitures, ses camions, ses boutiques. Beaucoup de monde par rapport à sa campagne. Un univers où personne ne voit l’autre, toujours pressé… personne ne sourit… Juliette ne devient pas une fille de la ville qui aurait perdu sa conscience végétale. Juliette, elle, reste elle-même avec son identité profonde, avec son amour pour la nature et les animaux.

    Dans son collège et dans sa classe, les élèves se côtoient. Ils sont côte à côte mais ils ne sont pas ensemble. Les jeux ne sont pas les mêmes. Les plus forts écrasent la vie, les insectes par exemple, les plantes mais aussi les enfants « fragiles », c’est-à-dire ceux qui sont sensibles à la vie, qui ont conscience des animaux et des plantes.

    Juliette, elle, s’occupe des plantes de sa classe. Elle sait quand elles ont soif, quand elles ont besoin de lumière, quand elles souffrent.

    Les élèves du collège viennent de tous les horizons. Ce n’est plus l’école communale avec tous ses amis italiens et tziganes. Elle est une belle jeune fille. Les garçons l’embêtent souvent. Ils abîment les plantes de la classe en arrachant ou en brûlant avec un briquet une feuille. Ils écrasent des fourmis avec leurs pieds, ce qui provoque une réaction de colère chez Juliette qui ne les comprend pas. Cela fait rire les garçons de la grande ville qui ne connaissent pas les arbres et les plantes auxquels Juliette parle. Quand les garçons ont brûlé une feuille de l’arbre, son ventre l’a ressenti.

    Juliette a remarqué que, tous les jours à la même heure, sa plante semble souffrir pendant le cours de géographie. Et pourtant, personne n’embête la plante. Avec tous les élèves assis à leurs tables en classe, Juliette essaie de découvrir ce qui se passe :

    – Je sens que ma plante souffre. Que faire pour aider ma plante ? se demanda-t-elle, inquiète parce que sans solution pour son amie la plante en grande souffrance.

    – Je suis sûre qu’elle souffre mais je ne sais pas pourquoi ? Comment faire pour l’aider, se demanda encore Juliette.

    La réponse arriva un jour de façon assez inattendue.

    – Madame, est-ce que je peux aller aux toilettes ? demanda Juliette pendant le cours de géographie.

    – Tu aurais pu y aller pendant la récréation, répondit son professeur qui accepta néanmoins qu’elle s’absente quelques instants.

    Aux toilettes du collège, elle découvre que c’est l’heure où le service d’entretien nettoie les urinoirs et déverse beaucoup de produits chimiques (des détergents chimiques dangereux) détruisant de nombreuses bactéries.

    – Bonjour Madame. Cela sent très mauvais ! Est-ce que ce sont les produits que vous utilisez ? demanda Juliette ingénument.

    – Oui, mademoiselle. Il faut tuer les bactéries pour éviter les maladies. Si je ne le fais pas, les enfants pourraient attraper des maladies en allant aux toilettes, répondit la femme très consciencieuse parce qu’elle prenait très au sérieux son travail pour les enfants.

    – C’est la mort des bactéries vers 11 heures, horaire du nettoyage. Maintenant, je comprends. La plante ressent à distance la mort des bactéries dans les urinoirs, se dit Juliette en elle-même.

    Elle ne pourra pas aider sa plante dans la classe. Ce qu’elle apprit en géographie ce matin-là, c’est qu’elle connait bien sa plante. Elle comprend qu’elle doit accepter cette situation. Cette femme, en faisant son travail pour la santé des élèves, ne peut pas s’empêcher d’utiliser ces produits dangereux. La propreté passe par la mort des bactéries.

    img2.jpg

    Juliette entend l’appel de détresse des arbres de la forêt et des vergers.

    La forêt est remplie de bactéries, des milliards de bactéries, avait dit son maître d’école.

    Juliette sait que la forêt ne lui veut pas de mal avec toutes les bactéries dans le sol. Elle ne veut pas nettoyer la forêt avec des produits qui donnent la mort. Lors de son retour à la maison, elle passe en lisière de forêt puis elle s’engage plus avant dans la forêt. Juliette a l’impression que les habitants de la forêt font partie de sa famille. Souvent, elle se promène entre les arbres.

    – Curieuse, cette sensation de marcher sur les mousses et entre les fougères. J’ai l’impression de marcher sur des coussins, pensa Juliette en marchant.

    Elle constata que les pucerons et beaucoup d’insectes n’aimaient l’atmosphère humide des fougères et des mousses.

    – J’ai l’impression que l’air est plus doux et pur parmi vous, dit-elle aux fougères.

    – Vous les arbres, vous êtes une vraie famille ! Vous vous appuyez les uns sur les autres au niveau de votre feuillage, leur dit-elle. Vous êtes vraiment différents les uns des autres. Moi aussi, j’appartiens à votre famille, leur assura-t-elle.

    L’arbre est à la fois unique, chaque arbre possédant une forme particulière avec des branches disposées différemment. Et en même temps, tous les arbres ensemble forment une famille solidaire. Leurs racines qui s’entremêlent montrent à Juliette qu’ils se tiennent par la main.

    – J’ai bien vu que vos feuilles sont tombées. Vous attendez le retour du soleil, n’est-ce pas, leur lança-telle comme si elle était sûre qu’ils répondraient à sa question.

    – Vous êtes tout nus ! Vous devez avoir froid ! pensa-telle.

    – C’est peut-être mieux ainsi. Si vous gardiez vos jolies robes vertes, elles seraient abîmées par la neige et par les pluies verglaçantes, leur expliqua Juliette.

    Juliette les a entendus parler entre eux, elle en est sûre. La première fois, c’était au printemps. Il faisait vraiment chaud. Les arbres communiquent entre eux pour prévenir leur famille lorsqu’une agression d’insectes surgit.

    – Au secours au secours ! à l’aide, s’écrient-ils parfois.

    – Que t’arrive-t-il ? demandent les arbres voisins qui n’ont rien vu, rien entendu.

    – Des insectes m’attaquent. Ils envahissent mon écorce (peau de l’arbre). Et je ne peux pas me sauver, gémit le pauvre arbre.

    – Si tu veux un bon conseil, appelle nos amies les guêpes. Elles adorent les bébés insectes, lui ont conseillé les voisines qui avaient de l’expérience.

    – Comment faire pour les appeler, demanda le pauvre arbre assailli par tant de chenilles.

    – Envoie une odeur qui attire les guêpes. Elles viendront te sauver, c’est sûr, fut la réponse de ses amis arbres.

    – Mais laquelle ?

    – Regarde dans tes racines. Tu les trouveras rangées près de nos compagnons, les champignons, lui conseillèrent ses amies. Les arbres sont vraiment de vrais amis, pensa l’arbre attaqué.

    – J’ai trouvé l’odeur. Je leur envoie tout de suite. C’est intolérable. Les chenilles sont en train de manger toute ma peau, constata avec tristesse l’arbre attaqué.

    – Courage ! Regarde, Les guêpes arrivent. Tu es sauvé, lui dirent tous ses amis arbres.

    img3.jpg

    Juliette se souvient très bien avoir vu des guêpes arriver pour manger des chenilles qui colonisaient un arbre. Quand un arbre est déshydraté l’été, elle l’entend pleurer :

    – J’ai soif. Personne ne peut m’apporter un peu d’eau par pitié, demande l’arbre assoiffé.

    – Attends quelques minutes, le temps d’aller chercher un arrosoir à la maison, lui a répondu Juliette qui passait à ce moment-là à côté de lui.

    Ce qui est étonnant dans cette histoire, c’est que l’arbre ne soit pas étonné qu’une petite fille puisse le comprendre et lui apporter de l’eau.

    – Ce n’est pas beaucoup un arrosoir, mais cela me suffit en attendant la pluie prochaine. Est-ce que tu sais quand la prochaine pluie arrive ? demanda l’arbre à Juliette.

    – Non. Je vais guetter les nuages qui apportent l’eau, a répondu Juliette.

    Juliette passait aussi près des vergers, des pommiers et des cerisiers. Juliette aimait beaucoup les fruits sur l’arbre.

    – Est-ce que cela vous fait mal quand je cueille les fruits que vous portez comme un trésor, demande souvent Juliette aux arbres fruitiers.

    Elle ne reçut aucune réponse.

    – Etes-vous sourds ? leur demanda-t-elle.

    – Est-ce que je n’arrive plus à parler aux arbres, s’inquiéta Juliette.

    – Pourquoi les arbres cultivés comme les cerisiers, les pommiers ne parlent-ils pas entre eux, se demanda Juliette.

    Le soir à la maison, elle s’inquiéta auprès de son papa de la santé des arbres fruitiers.

    – Pourquoi coupe-t-on si souvent leurs branches ? Pourquoi les lave-t-on avec des produits chimiques ? a-t-elle demandé à son papa.

    – La productivité Juliette ! fut la réponse de son papa.

    – C’est quoi la productivité, papa, a demandé Juliette.

    Depuis la nuit des temps, depuis très longtemps, les enfants posent toujours des questions qui embêtent les grandes personnes ;

    – Produire davantage de fruits, a répondu son papa.

    – On le force à travailler plus ! C’est méchant. Ils sont si gentils de nous donner des fruits, a rétorqué Juliette.

    – Éloigne-toi des vergers, ma fille ! Je ne veux pas que tu respires des produits chimiques, lui a ordonné son papa.

    Juliette, une infirmière pour les arbres.

    Par un après-midi très léger, en rentrant du collège, Juliette rencontra deux plumes irisées portées par le vent telles des bouteilles à la mer. Elles cheminaient vers la forêt, escortées par des graminées et du pollen. Ces demoiselles s’engagèrent dans la forêt et passèrent entre les arbres. Juliette les suivait en discourant avec elles. Elle ressentait la présence des arbres et des plumes à l’intérieur d’elle-même. La forêt l’accueillait comme un membre de sa famille. Les arbres semblaient la connaître. Juliette cheminait entre les arbres qui conservaient toujours un espace pour vivre et ne pas entrer en conflit. Comme en classe quand le professeur souhaitait des écarts entre les rangées pour éviter le chahut dans les rangs ! Les arbres ont souvent formé une grande farandole où tout le monde se connaît. Les arbres les plus forts voulaient écarter les plus faibles mais la solidarité intervenait toujours. Juliette voyait bien qu’ils s’entraidaient entre eux pour se maintenir près de la lumière. Les feuillages étaient toujours proches les uns des autres.

    – Ils doivent s’aimer pour se caresser ainsi, pensa Juliette attendrie devant cette solidarité entre les arbres.

    Les petits arbres, les arbres-bébés comme elle les appelle, attendent leur tour pour grimper là-haut près de la lumière. Les arbres morts semblaient nourrir les jeunes arbres. Elle avait l’impression que les arbres morts continuaient de vivre dans les jeunes arbres. Sur le bord de la route, la pluie avait raviné les talus, laissant apparaître les racines.

    – Ils doivent se parler entre eux par les racines, devina Juliette qui pensait à une grande embrassade entre les arbres au niveau des racines.

    – Les mousses et les feuilles mortes ressemblent à une couverture, pense Juliette qui voudrait aider ses amis les arbres.

    Les grandes branches s’enchevêtraient les unes dans les autres pour former une mêlée comme au rugby. Son papa l’emmenait parfois au stade voir des matchs. Juliette ressentait toute la puissance de la voûte des arbres ensemble qui captait la lumière et l’eau du ciel. Elle voyait que les arbres-enfants ne grandissaient pas beaucoup et servaient de nourriture aux animaux qui trouvaient ces très jeunes arbres délicieux parce que très tendres. Un jour, en rentrant du collège de bonne heure, elle fit le détour par la forêt comme d’habitude.

    – Au secours, au secours !

    Ce n’était pas une voix, un son habituel, mais quelque chose qu’elle entendait à l’intérieur d’elle. Juliette regarda tout autour d’elle pour comprendre. Elle savait depuis longtemps que l’environnement et son corps ne formaient qu’un. Elle était connectée avec la nature comme si la nature était une personne physique.

    – D’où peut provenir cet appel ? se demanda-t-elle.

    Elle continua d’avancer sans but précis. Elle avait du temps, ses parents rentraient vers 20 heures, à la nuit tombée. Elle fut attirée vers un arbre qui avait des plaies. Son écorce avait été arrachée par des cerfs qui avaient frotté leurs cornes contre l’écorce des arbres comme Juliette le fait avec sa lime à ongles quand ils sont trop longs.

    – Je vais te chercher de l’argile pour te faire un pansement, dit-elle à l’arbre.

    img4.jpg

    Elle courut chercher un seau dans la cabane de son jardin dans sa maison. Son papa lui avait montré où trouver de l’argile pour faire des sculptures. Elle déposa délicatement de l’argile sur les plaies des arbres. Elle l’avait déjà pratiqué au collège parce que les garçons de sa classe écrivaient souvent avec leurs couteaux sur l’écorce des arbres. Juliette n’aimait pas que les garçons abîment les arbres. Mais elle ne leurs disait pas. Ils seraient capables d’écrire encore plus pour l’embêter. Elle ne comprenait pas pourquoi ils n’entendaient pas les arbres parler, souffrir.

    – Heureusement que tu m’as appelé ! Tu aurais pu beaucoup souffrir, dit Juliette à l’arbre.

    – Dis-moi. Je ne comprends pas ce qui m’arrive, lui dit cet arbre avec une certaine tristesse.

    – Tu aurais eu beaucoup d’insectes qui seraient venus te manger et agrandir la plaie, lui expliqua gentiment Juliette.

    Pour apprivoiser des arbres, les toucher avec douceur.

    Juliette apprivoise les arbres comme Antoine de Saint Exupéry « apprivoise les roses ». Elle aime beaucoup « le petit prince », une histoire de petit garçon très sensible. Elle aurait aimé le rencontrer. Peut-être un jour ! Son oncle avait été l’ami de l’auteur du livre, Antoine de Saint Exupéry. Ils étaient ensemble dans l’aviation pendant la seconde guerre mondiale.

    Elle a lu plusieurs fois ce livre parce qu’elle avait l’impression de connaître ce « petit prince ». Elle avait l’étrange sensation de pouvoir écouter les arbres qui racontent leurs souffrances comme le petit prince écoute les doléances de sa rose. Il lui semble naturel que des arbres se souviennent de leurs souffrances et de leurs joies. Les plantes, les fleurs et les arbres ne sont pas des objets pour Juliette. Ce sont vraiment des êtres vivants. La graine n’est pas un arbre en miniature. C’est une vie en devenir dont il faut prendre soin. Les graines des arbres, les glands sont tombés dans le sol. Heureusement, elles arrivent sur un sol riche de feuilles et de bactéries.

    Connaitre les arbres, ce n’est pas connaître les noms compliqués dans le livre de son papa sur la botanique. Connaître les arbres, c’est être connecté avec lui sans penser à rien. Les fibres de l’arbre continuent dans les fibres de Juliette. Tout est relié ensemble avec Juliette. Il y a vraiment beaucoup de particules, de petites choses en commun entre Juliette et les plantes, les animaux. Quand Juliette touche un arbre ou un animal, elle leurs demande toujours la permission. C’est le secret de Juliette.

    img5.jpg

    Ce n’est pas Juliette qui touche l’arbre quand elle avance sa main. C’est l’arbre qui autorise Juliette à le toucher. C’est l’arbre qui touche Juliette comme s’il venait vers elle. Elle sent cette présence quand elle touche l’arbre. Elle n’est pas séparée de lui. Ils sont une même chose, l’arbre et Juliette.

    Les arbres n’ont pas d’yeux, ni de nez, ni d’oreille. Pourtant, ils voient, ils sentent les odeurs, ils entendent. Ils sont capables de percevoir à partir de l’écorce, d’une branche, d’une racine, d’une feuille. La plante ressent l’intention. Elle se souvient d’une expérience avec un garçon de sa classe. Il voulait brûler une feuille pour faire pleurer Juliette.

    – J’ai bien vu que tu aimais les plantes, les arbres et les fleurs. Pourquoi tu ne caresses pas la plante dans la classe ? demanda Louis qui voulait être ami avec Juliette.

    – Je n’aime pas qu’on me caresse, tu sais ! Nous les filles, il nous faut du temps pour accepter d’être touché, répondit un peu sèchement Juliette.

    – Regarde Juliette ! je vais brûler la plante. Et tu verras, elle ne dira rien, lui dit le garçon pour la narguer. Il voulait brûler la plante peut-être parce que Juliette ne voulait pas être son amie.

    – Tu es stupide Louis ! Tu sais bien que tu ne parles plus aux plantes depuis longtemps. Tu veux seulement brûler la plante pour m’embêter, lui répondit Juliette décidée à ne pas lui montrer sa tristesse et ses pleurs.

    – Je suis capable de le faire, lui dit Louis.

    – Je sais que tu es capable de la faire pour m’embêter, répondit Juliette rassurée subitement parce que la plante n’avait manifesté aucun signe de souffrance.

    Juliette laissa Louis tout seul devant la plante de leur classe. Plus tard dans la journée à la récréation, elle lui demanda :

    – Est-ce que tu avais réellement l’intention de brûler la plante ?

    – Non, lui répondit le garçon.

    – Pourquoi, demanda Juliette.

    – Parce que mes parents ne veulent pas que je joue avec des allumettes, lui révéla Louis.

    Juliette savait que le père de Louis était très sévère.

    Ce qui marqua Juliette ce jour-là, ce n’est pas la stupidité de Louis. C’est que la plante « savait » que le garçon ne la brûlerait pas. C’est pour cela que la plante n’a pas réagi. Les plantes, les fleurs et les arbres ont toujours impressionné Juliette. Et ce jour-là, elle a découvert que les plantes sont des personnes qui ressentent tout.

    La vengeance des arbres.

    Un été, pendant les vacances, Juliette voulait élever une famille d’amis. Elle avait trouvé des punaises dans le jardin.

    – Maman, je voudrais élever une famille de punaises. Regarde comme elles sont jolies, lui dit Juliette avec ce sourire que sa maman aime tant. Juliette est une grande coquine avec son adorable maman.

    – OK pour l’élevage des punaises. Mais pas dans la maison. Va dans la cabane du jardin. Prends les vieux journaux laissés par les soldats américains, lui conseilla sa maman.

    – Merci maman, tu es la plus gentille des mamans, répondit Juliette.

    Juliette a facilement retrouvé le paquet de vieux journaux américains, des New York Time, pour faire un nid pour ses punaises. Mais elles ne se sont jamais reproduites. Elle n’a pas compris pourquoi sa petite famille de punaises était morte.

    Juliette est une petite fille obstinée. Si elle n’a pas réussi, elle recommence. Elle prit un vieux journal français, et cette fois-ci les punaises ont fait des bébés punaises. Elle s’est demandé pourquoi les punaises préféraient les journaux français. Quand elle ne trouvait pas de réponses, elle demandait à son papa qui lisait beaucoup et savait beaucoup de choses.

    – Papa, j’ai voulu faire un élevage de punaises dans les vieux journaux américains. Et mes punaises sont mortes. J’ai recommencé dans un journal français et la petite famille de punaises s’est agrandie. Est-ce que les punaises préfèrent lire les journaux français ? demanda Juliette à son papa avec son air candide.

    – Non, Juliette ! les punaises ne lisent pas les journaux. C’est à cause du bois qui donne la pâte à papier pour faire le papier journal, lui a répondu son papa.

    – Les arbres américains utilisés pour le New-York Times n’aiment pas les punaises, osa timidement Juliette. Timidement parce que son papa n’apprécie pas que Juliette s’adresse aux arbres comme à des personnes.

    – Oui, Juliette ! répondit son papa.

    – Ah ! fit Juliette surprise par cette réponse inattendue venant de son papa.

    – Les arbres américains, des mélèzes, ont été infesté par des punaises pendant des années, lui expliqua son papa.

    – Et ils se souviennent des punaises ? lui demanda Juliette de plus en plus intéressée.

    – Oui. Ils ont gardé une mémoire chimique de l’agression des punaises, a dit son papa.

    – Ils sont comme nous quand on nous embête alors ? remarqua Juliette.

    – En quelque sorte. Mais ce ne sont pas des personnes comme tu le penses. C’est juste de la chimie, assura son papa.

    – De la chimie-mémoire alors, rétorqua Juliette qui voulait que son papa reconnaisse que ses arbres étaient de vrais amis. Pas du bois pour faire des maisons ou bois pour chauffer.

    – Oui, Juliette ! C’est trop compliqué pour toi de comprendre. Quand tu seras plus grande, tu comprendras, finit par concéder son papa qui ne voulait pas aller plus loin dans la discussion. Va jouer avec tes amies maintenant, Juliette.

    img6.jpg

    Jeux d’enfants : « les mains voient ».

    Juliette est partie chez ses copines italiennes dans le village.

    En arrivant dans la petite Italie, la maman de ses copines l’a aperçu de loin.

    – Chiara ! Giulia ! Pauletta arriviamo.

    – Bonjourno Pauletta.

    – Bonjourno ! mon papa m’a autorisé à venir jouer aujourd’hui avec vous, dit Juliette toujours très heureuse de retrouver ses amies italiennes.

    – Giulia, Chiara, voulez-vous jouer aux devinettes ? demanda Juliette.

    – Si, si ! répondirent les deux sœurs.

    – J’ai apporté un morceau de bois, une boîte en fer, un vieux chiffon. Est-ce qu’on peut demander un verre à ta maman, demanda Juliette toujours prête à ajouter des objets nouveaux dans son jeu.

    Chiara revint de la cuisine avec un ancien verre à moutarde. Parmi les jeux préférés de Juliette, c’est un jeu de devinettes. Avec ses amies, elle aimait placer des objets en couleur, des morceaux de bois, des objets métalliques devant elles. Le jeu consistait alors avec les yeux bandés, à découvrir la couleur, la nature de l’objet (bois, métal, tissu).

    – Qui veut commencer ? demanda Juliette.

    – Moi, dit Chiara.

    – Mets-lui le bandeau sur les yeux ! demanda Juliette à Giulia. Dis-nous quand tu es prête !

    – Sono pronto, dit Chiara.

    Juliette plaça délicatement le verre sur la table sans bruit. Chiara mit sa main au-dessus de l’objet, attendit quelques secondes et dit :

    – Bicchiere.

    Puis Juliette posa le la boîte en fer.

    – Ferro, dit Chiara.

    Puis le bois.

    – Legno, dit Chiara.

    Puis un des chiffons.

    – Tessuto, dit Chiara.

    – Et la couleur, demanda Juliette.

    – Rosso, dit Chiara.

    – No ! Blu azzuro. Falso ! E il moi turno, dit Giula à sa sœur.

    Juliette comprenait l’italien des enfants, mais pas celui des adultes.

    Les petites filles aimaient beaucoup ce jeu parce que c’était facile et à la fois, c’était difficile. Mais leur joie était immense quand elle trouvait les bonnes réponses.

    Un jeudi matin, Juliette vint chercher ses amies Chiara et Giulia pour une promenade en forêt.

    – Est-ce que vous voudriez parler avec mes amis les arbres ? demanda Juliette à ses amies.

    – Oh oui ! répondirent les deux sœurs.

    – Maman, peut-on partir avec Juliette nous promener en forêt, demandèrent les jeunes filles.

    – OK ! vous revenez pour le déjeuner, répondit la maman.

    Juliette souhaitait danser au pied des arbres qu’elle aimait bien avec ses amies.

    – Vous allez sentir que les arbres dansent avec nous, annonça Juliette à ses amies, qui n’étaient jamais été étonnée avec Juliette.

    – Parce que ce sont des arbres, ils ne bougent pas, dit Chiara.

    – C’est sûr. On peut leur faire un câlin. Les arbres aiment vraiment beaucoup, assura Juliette.

    – Moi, cela me fait du bien d’être à côté d’un arbre aussi beau, assura Giulia.

    Juliette pense que les arbres communiquent entre eux par les racines mais aussi par leurs feuilles qui constituent de grosses boules qui se touchent.

    img7.jpg

    Juliette fit tomber son foulard et s’arrêta un instant en observant le sol attentivement :

    – Le sol fourmille de vie. La terre est vivante, dit Juliette à ses deux amies.

    – Oui. Les petits vers s’enfoncent sous les feuilles, ajoutèrent les deux sœurs qui s’agenouillèrent à côté de Juliette.

    – Ils cherchent à manger. Mon papa dit qu’ils cherchent des bactéries qui vivent sur une profondeur de 30 cm.

    Juliette a conscience de la vie dans le monde végétal. Elle se sent proche des arbres, des fleurs. Dans l’histoire 2, Juliette nous donne rendez-vous pour nous faire découvrir la vie d’animaux microscopiques qui vivent au pied des arbres et aussi dans nos intestins.

    HISTOIRE 2

    JULIETTE PARLE AUX BACTÉRIES ET AUX ABEILLES

    L’ouvrage concernant Juliette et les bactéries arrive après l’ouvrage de « Juliette avec ses amis les arbres ». Chronologiquement, les bactéries arrivent en premier sur la planète il y a trois milliards d’années, donc avant les arbres et les plantes il y a quelques 450 millions d’années. Les bactéries invisibles à l’œil ne représentent rien dans le monde de l’enfant. Aussi, elles sont présentées dans une seconde histoire comme des organismes indispensables à la vie des arbres et de tous les animaux.

    Dans l’histoire 2, Juliette fréquente pour la première fois son école primaire au sein de son petit village. Elle va devoir se débrouiller toute seule à partir de 6 ans. Après la dernière guerre 1945, c’était une époque où les enfants s’autonomisaient très vite sous le regard des voisins, de la famille et des amis présents dans le village. Une solidarité tacite entre les humains s’instaura très rapidement.

    Une petite fille en pleurs devant un escargot écrasé par un pas qui passait par là. Sa maison sur son dos est en mille morceaux.

    Une petite fille est en pleurs devant les maisons bombardées, écrasées comme la maison de l’escargot. Des hommes et des femmes sont écrasés sous les décombres de l’usine de locomotive Decauville située près de chez elle.

    Elle pleure, elle ne comprend pas lorsqu’on arrache les feuilles, qu’on coupe les fleurs, qu’on écrase les escargots, qu’on écrase les maisons.

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    Terriers de lapins, terriers d’humains.

    Juliette aime la vie.

    Juliette parle aux plantes, aux arbres, aux animaux, au soleil et aux étoiles.

    Juliette habite son jardin.

    Juliette habite le monde.

    Juliette habite l’univers.

    Juin 1944 dans une campagne proche de Paris un joli petit pavillon habillé de lierre. Des roses grimpantes sur la grille qui n’est jamais fermée. Un cerisier planté pour la naissance de Juliette trône dans un espace de verdure avec des massifs de fleurs. Juliette dit souvent que les volets bleus de sa maison sont les paupières de la maison qui se ferment la nuit comme ses paupières. Le toit rouge qui déborde sur les côtés de la maison permet de ranger le bois pour la cheminée. La chambre de Juliette, située à l’étage, lui permet de voir au loin dans les champs ses amis, les oiseaux, les vaches mais aussi les lapins et les faons qui sortent de la forêt avec leurs mamans.

    Derrière la maison, un jardin potager fait le régal de Juliette avec les escargots, les limaces, les doryphores, les coccinelles que Juliette rapporte à sa maman pour les lui présenter. Les ruches apportent aussi leur lot d’amies. Elle a remarqué que les abeilles dansaient. Leurs danses indiquaient une direction.

    Juliette en a conclu que les abeilles se parlaient entre elles. Ce qui ne l’a pas surprise !

    – Mais où allez-vous ? Je ne comprends pas ce que vous dîtes entre vous. Est-ce que ce sont des secrets ? a demandé Juliette aux abeilles de façon très naturelle.

    – Suis-nous ! Tu verras où nous allons. Nous allons chercher des fleurs au bout du champ derrière chez toi, ont répondu les abeilles à Juliette.

    – Je ne vais pas pouvoir vous suivre partout ! Il y a des ronces qui griffent mes jambes. Vous avez de la chance. Dans les airs, il n’y a pas d’obstacle pour vous, a rétorqué Juliette.

    – Ne crois pas cela jeune fille ! Il y a aussi des obstacles pour nous aussi. Les odeurs de ta cheminée nous dérangent. Les odeurs de l’usine nous font perdre notre chemin. Comme tu le vois, on a tous des obstacles mais ce ne sont pas les mêmes, ont répondu les abeilles.

    – Je pensais que la vie d’une abeille était facile, a répondu naïvement Juliette.

    Une nuit en juin 1944, elle est réveillée en sursaut par son papa.

    – Vite Juliette lève-toi, vite ! On descend à la cave, lui ordonne-t-il très inquiet.

    Des bruits stridents de sirènes ont retenti. Des avions approchent et viennent bombarder l’usine. Elle se souvient du jour où elle était dans le jardin avec son papa. Des avions sont passés au-dessus en larguant une pluie de bombes. Son père a eu juste le temps de la plaquer par terre pour la protéger. Cette fois-là, les bombes étaient tombées juste un peu plus loin. Sa maman était partie en vélo chercher du lait et des œufs dans une ferme. En voyant les bombes tomber au loin, sa maman a cru ne plus revoir sa petite fille, ni son mari. Toutes les vitres se sont cassées. Un morceau de verre l’a frôlée sans la blesser. Elle a cru être écrasée comme l’escargot dans sa maison. Il a fallu descendre vite à la cave. Lors de cette précipitation, Juliette avait oublié sa poupée Mounette, son doudou de poupée. Elle ne voulait pas partir sans elle.

    – Ma chérie, que je suis histoirente de te savoir vivante ! J’ai eu peur. Regarde ! J’ai retrouvé ta poupée. Tu l’avais perdu dans l’escalier… lui dit sa maman rassurée de la trouver à l’abri.

    – Juliette, quand tu entends les avions arriver, tu dois descendre à la cave tout de suite ! Tu dois faire comme tes amis lapins qui ont un terrier. Toi, tu as la cave comme terrier, lui explique son papa qui sait sa petite fille parfois seule.

    Les mots de son papa lui font plaisir. Il semble comprendre l’amour de Juliette pour ses lapins. Son papa est devenu un papa lapin et maman une maman lapin. Elle se sent un tout petit lapin blotti contre ses parents. Son petit museau se cale contre le ventre de sa maman. Une maman toute douce, il n’y en qu’une comme cela et c’est sa maman. Son papa, assis bien droit, surveille. Il veille.

    – Mon papa est fort. Il me protège, pense-t-elle.

    C’est amusant de vivre comme un lapin pour Juliette. Elle sent toutes les odeurs. La terre humide et fraîche. Les pommes étalées sur des caisses en bois.

    – Tiens une petite souris ! Tu es venue pour manger une pomme ? demande Juliette.

    – Coucou, petite souris. Veux-tu jouer avec moi ? demande Juliette à la petite souris.

    Mais elle se réfugia, elle aussi, dans un minuscule trou. Pas de copine souris pour ce soir. La souris a aussi peur des bruits qui font trembler la terre.

    – Tant pis ! Pas grave ! Je crois que tu as peur et je te comprends. Moi aussi, j’ai peur quand j’entends tous ces bruits qui font trembler la terre, se dit Juliette.

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    – Je vais dormir et rêver comme tous les lapins aux bonnes feuilles de salade du jardin ! dit Juliette à ses amis animaux.

    Les amis de Juliette agrandissent sa famille.

    La peur du danger et de la mort rodait dans son village.

    Maintenant, la vie a repris, ou du moins reprend doucement.

    Si son jardin est rayonnant, il n’en est pas de même pour son environnement. Beaucoup de traces de la guerre. Certes, elle ne s’est pas rendu compte des événements depuis sa naissance. En revanche, elle les a subis. Ils sont inscrits dans sa mémoire, des pas de bottes qui effrayaient sa maman, des sirènes, des bruits d’explosion. Elle ressentait surtout l’inquiétude des adultes courant se réfugier dans des caves.

    Puis, des soldats américains sont arrivés et ont établis un camp derrière sa maison. Elle se souvient bien d’eux. Si gentils, si généreux ! Elle leur avait rendu visite avec son papa. La maman de Juliette leurs avait apporté une bonne soupe chaude. Ce sont eux qui lui ont donné une orange pour la première fois. Tellement inattendu ! Tellement délicieux !

    Juliette n’a pas de frère ni de sœur, elle n’en aura pas. Qu’à cela ne tienne ! Elle a agrandi sa famille avec beaucoup d’amis, tout ce qui peuple son jardin et le petit bois de sapins derrière sa maison.

    Elle a aussi beaucoup d’amis chez les Italiens. Ils habitent un petit îlot fait de ruelles en face de chez elle. Pour les villageois, c’est la « petite Italie ». Elle leurs rend visite régulièrement. Se régale à entendre ces italiens volubiles, à les écouter parler avec des mots qui chantent. Se régale aussi à partager la polenta avec eux qu’ils offrent si généreusement. Les odeurs de tomates, de basilic et d’ail arrivent jusque dans la rue. Elle sera passionnée toute sa vie par l’Italie et la langue italienne. Elle aime passer dans ce quartier italien. Elle a l’impression d’être italienne. Elle joue avec les enfants qui lui parlent en italien. Elle a l’impression de les comprendre. Ils rigolent beaucoup à se faire des petites farces avec la complicité de leur maman.

    – Bonjourno Pauletta ! Comment tu vas ? Entre ! Tu veux jouer avec Giulia et Chiara ? lui demande une maman qu’elle connaît bien.

    – Si ! lui a répondu Juliette en italien qui a appris quelques mots. Elle trouve que c’est une langue qui chante.

    – Giulia ! Chiara ! Pauletta è qui !

    – OK mama ! arriviamo !

    – As-tu vu ma nouvelle poupée ? lui demande Chiara.

    – On est en train de l’habiller, lui dit Giulia.

    – J’ai apporté ma poupée Monique, a répondu Juliette, ravie de jouer avec elles.

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    – Bonjour Juliette, lui dit une maman d’une petite fille avec laquelle joue souvent. Viens ! Lola est en train de goûter.

    – Merci Carmen, répond Juliette toute histoirente d’être dans une famille joyeuse où la musique est partout.

    – Fraco et Manolo vont bientôt jouer de la musique. Tu pourras danser avec Lola, lui dit Carmen.

    – Oh ! c’est très gentil. J’ai l’impression que le violon et l’accordéon se parlent entre eux. Parfois, cela me fait pleurer mais je ne suis pas triste. Je veux bien rester mais il faut que je sois à la maison à 7 heures quand maman rentre. Je n’ai pas le droit de sortir… Il faut juste surveiller l’heure pour rentrer avant que papa, maman ne soient revenus du travail.

    – D’accord ! je te dirai de partir pour aller chez toi. Ne t’inquiète pas ! lui assura Carmen.

    Juliette aime beaucoup quand Fraco joue des pizzicati, des notes jouées très vite sur son violon. Juliette a l’oreille musicale. Elle travaille son piano tous les jours. Juliette parle à son piano comme si c’était une personne importante. Sa maman sait très bien que Juliette joue avec Lola après l’école. Mais elle ne dit rien. Juliette est première de la classe et commence à très bien jouer du piano. Elle sait que sa petite fille est sérieuse et très douée. Elle n’est pas inquiète. Elle a déjà parlé avec Carmen, la maman de Lola.

    Juliette « attrape » froid.

    Le matin, la maison est vide une fois les parents partis travailler. Juliette n’est pas triste d’être seule. Elle s’émerveille du matin qui arrive avec sa lumière, ses rayons du soleil, avec les animaux qui commencent à courir dans les champs au loin dans le jardin. Ils doivent savoir qu’il ne reste que leur amie Juliette qui aime les voir.

    C’est l’hiver, Juliette doit aller à l’école. Sa maman vient la réveiller avec des bisous tous les matins avant de partir au travail avec son Vélosolex.

    Elle se lève. Il fait froid. Il fait encore nuit. Il n’y a personne dans la maison, ses parents sont déjà partis travailler. Juliette doit veiller à alimenter le poêle de la maison. C’est une toute petite fille avec déjà des responsabilités de grandes personnes.

    Sa toute gentille maman lui a préparé son petit déjeuner sur la table de la cuisine. Préparé aussi ses vêtements, ses chaussettes et ses galoches. Elle se répète les consignes, papa l’a fermement briffée, il est sévère, très sévère. Ne pas oublier de fermer l’électricité au compteur en haut des escaliers dans le grenier, bien fermer la porte de la maison, la porte de la grille à clé et surtout, surtout ne pas perdre les clés. Un peu peur de faire tout cela dans le noir, mais elle y est habituée.

    – Oh là là ! Il fait froid ce matin, pense-t-elle.

    Elle s’emmitoufle et part pour trois kilomètres à pied à travers la campagne. Il n’y a pas grand monde, elle ne croisera pas âmes qui vivent, mais elle verra le soleil se lever sur les champs, elle le salue et sa journée est tout ensoleillée.

    Arrivée à l’école, son maître lui fait retirer ses chaussures (que tout le monde appelle galoches) et l’installe près du poêle qui chauffe la classe. Juliette aime bien son maître, Mr Albert.

    Juliette aime l’école. Elle rencontre ses amis. Et puis, elle aime apprendre. Elle doit s’appliquer. Papa exige qu’elle soit première et elle le sera !

    En revenant de l’école, Juliette ne se sent pas bien, elle a froid, mais est toute chaude. Elle attend le soir, recroquevillée sur elle-même. Enfin, sa maman arrive…

    – Tu as attrapé froid ma fille, vite au lit ! lui a dit sa maman en arrivant le soir.

    Juliette a de la fièvre.

    Le lendemain matin, elle devra rester seule à la maison bien couverte car la maison n’est pas chauffée. Juste une flambée le soir dans le poêle de la cuisine.

    Heureusement tante Marie habite quelques maisons plus loin et pourra être là lorsque le médecin va arriver.

    C’est long d’être dans son lit. Elle a soif. Elle aimerait pouvoir parler avec une copine italienne ou tzigane.

    – Tiens, voici le médecin qui arrive sur sa belle moto, une Terrot, lui fit remarquer sa tante qui veillait sur elle en attendant le médecin.

    Juliette connaît les motos. Son papa a aussi une très belle moto, elle a retenu les lettres une BSA rouge. Elle aime aller se promener avec lui.

    Le médecin expliqua à tante Marie que Juliette devait lutter contre des bactéries qui la rendaient malades et il prescrit un médicament.

    – Des bactéries mais qu’est-ce que ça peut bien être ? demande Juliette au médecin.

    – Des petites bêtes qu’il va falloir chasser, dit le médecin.

    – Ah bon, alors ce n’est pas compliqué ! Je vais leurs parler, a répondu Juliette.

    – Ah ! Pourquoi pas ! elles sont dans ton ventre, a répondu le médecin qui l’a regardé d’un air interrogateur, ne comprenant pas la réponse de Juliette.

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    Elle les imaginait toutes rondes avec des petites pattes jaunes et brillantes. Elles font mal et pourtant elles sont bien jolies ! Juliette entama un grand dialogue avec ces intruses. Juliette demanda aux bactéries de partir. Elle leurs proposa d’aller dans la petite mare au fond du jardin. Juliette y mettait régulièrement des bouchons à flotter. Pour elle, c’était des grands bateaux qui partirent explorer le monde.

    – Je ne vous vois pas mais je sais que vous êtes là. C’est le docteur qui me l’a dit. Dans la mare vous ne serez pas seules, il y a les grenouilles, les vers et les escargots, leur a expliqué Juliette.

    Sa rencontre avec les bactéries a changé quelque chose dans la vie de Juliette.

    Sa grippe a permis une chose : elle a maintenant de nouvelles amies qui ne la quittent jamais. Et pour une petite fille qui est souvent seule, c’est réconfortant. Le seul problème pour Juliette, elle ne sait pas encore comment elle pourra jouer avec ses nouvelles amies.

    La grande découverte de Juliette, c’est que l’invisible a une présence. Si elle ne peut pas les voir, elle peut les imaginer. Elle les ressent dans son corps. Surtout quand elles ne sont pas contentes ! Elle leurs a donné des prénoms : Loulou, Lolotte, Bibi et Bobo. Elles étaient si nombreuses qu’elle ne trouvait pas assez de prénoms. Les bactéries font des bébés si vite. Tout va trop vite chez les bactéries. Si elle les connaissait si bien, c’est qu’elles venaient déjeuner avec elle tous les jours. Elle leurs parlait des nuages, de la pluie, du froid. Les bactéries n’aiment pas « attraper froid ». Quand elles sont affaiblies, d’autres bactéries, moins gentilles, arrivent et prennent la place des gentilles bactéries.

    – Au secours, au secours, à l’aide ! Apporte-nous un radiateur ! On sent l’air froid. On est en train de tomber malade ! les bactéries appelaient parfois Juliette.

    Elle se met un pull mais cela n’empêche pas le froid intérieur. Elle n’a pas envie de manger pendant quelques jours. Elle n’a envie de rien. Même le bon chocolat au lait de maman. Il lui faut une semaine de repos pour retrouver sa santé et son énergie.

    Aujourd’hui alors qu’elle est adulte, Juliette ressent encore des frissons comme si les bactéries activaient une alarme.

    Voilà ce que Juliette perçoit de cette vie invisible.

    Mais que peut faire Juliette dans ce monde qu’elle ne voit pas ? Elle est désemparée devant leur détresse. Elle leurs rend visite dans la mare mais cela ne suffit pas.

    Aussi, les bactéries, se sentant bien seules depuis très longtemps, ont trouvé une solution. L’entraide.

    – Nous n’avons plus la force de nous défendre. Partageons notre trésor, disent les gentilles bactéries très copines avec Juliette.

    – Je n’ai rien à vous offrir, répond Juliette désemparée.

    – Nous allons rechercher dans ta bibliothèque des recettes pour mieux vivre avec toi, ont proposé les bactéries.

    – Je peux vous aider à chercher mais il n’y a que des livres compliqués dans la bibliothèque de mes parents, constate Juliette.

    – Oui, c’est vrai ! Aucun livre pour enfants. Aussi, nous allons partager tout ce que nous avons vécu, ont insisté les bactéries.

    – Qu’est-ce que vous avez ! leur demande Juliette.

    – Nous avons des petits bouts d’histoires de nous-mêmes que nous allons mettre en commun. C’est ce que font nos cousines dans les déserts mais aussi au plus profond de l’océan. Elles sont capables d’affronter beaucoup de climats difficiles, ont expliqué les bactéries.

    – Est-ce que je peux vous aider ? Par exemple manger du germe de blé ? Mon papa me donne du germe de blé et de l’huile de foie de morue. C’est peut-être bon pour vous, dit Juliette.

    – Ce que tu peux faire, c’est alléger notre travail. Si tu manges de bonnes choses par exemple sans produits chimiques, on aura moins de travail pour assurer la digestion.

    – Ce qui est bien avec vous, c’est que je peux vous emmener partout, pense Juliette.

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    En attendant, il faut passer le temps. Pas la force d’aller jusqu’à son copain le piano. Trop mal à la tête. Juliette ferme les yeux et part à l’aventure avec les bactéries, elle entre dans l’eau sombre de la mare. Il y en a du monde… Toute une colonie de bactéries, des rouges avec des chapeaux, des vertes zébrées, des transparentes. Elles semblent s’affairer, travailler. Les bactéries de Juliette sont très histoirentes d’être avec toute cette ribambelle. Juliette se joint à elles pour une partie de cache-cache. Certaines d’entre elles sont tellement histoirentes d’être ensemble qu’elles s’embrassent. Décidemment, on ne s’ennuie pas dans le monde des bactéries !

    Juliette a rouvert les yeux, ses parents sont rentrés et s’enquièrent de savoir si elle va mieux. Mais oui, les vilaines bactéries sont allées voir ailleurs. Les bonnes bactéries sont revenues dans le ventre de Juliette. Les bactéries possèdent des portes pour laisser entrer les bonnes choses que leurs donne Juliette.

    – Sais-tu que nous avons aussi des cousins très lointains ? peut-être un jour iras-tu les voir ? disent les bactéries.

    – Ah oui ! Comment je vais les reconnaître ? Je ne vous voie pas, s’inquiète Juliette.

    – Ne t’inquiète pas ! nos cousines sont plus grosses que nous. Elles forment une grande famille que l’on appelle le plancton et des toutes petites algues. Tu les verras avec tes yeux, ont assuré les bactéries. Le plancton, ce sont de très petits animaux très sensibles à leur environnement comme nous.

    Juliette aime bien écouter les histoires anciennes, de ces lointains cousins qui sont aussi les siens.

    – Sais-tu qu’ils ont participé à la fabrication de l’oxygène que tu respires ! Ils ont aussi aidé à faire des pierres pour construire les maisons. Et l’essence pour la moto de ton papa est aussi leur travail, ont expliqué les bactéries.

    – Pourriez-vous être mes cousins très éloignés ? Etes-vous les premières habitantes sur la terre ? leur demanda Juliette impressionnée par le pouvoir des bactéries.

    – Oui ! ont affirmé les bactéries avec tant de certitude…

    Juliette commence à comprendre que les bactéries sont des filles vraiment exceptionnelles.

    Le ventre de la Terre souffre.

    Un été, un événement a inquiété Juliette. La mare est devenue rouge.

    – Que s’est-t-il passé ? Quelqu’un est-il mort dans la mare ? se demanda Juliette.

    Elle chercha avec son bâton dans la mare et ne trouva rien. Son ami le papillon ne vient plus voler sur la mare. Son amie la souris ne vient plus de laver le museau. Son ami le lapin ne vient plus boire à la mare.

    – Pourquoi la mare a-t-elle changé de couleur ? demanda Juliette à son ami le papillon, à son ami le lapin, à son amie la souris.

    – Les poissons ont mangé trop de carottes, a dit le lapin.

    – Un jour, la mare est bleue, un jour elle est verte, un jour elle est rouge, a expliqué savamment le papillon. Il faut dire que chez les papillons on est habitué à se transformer de chenille en chrysalide, puis en papillon avec des couleurs qui changent souvent en fonction de leur habitat.

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    Devant l’inquiétude de sa petite fille, son papa lui expliqua c’était probablement des bactéries qui étaient mortes. Elles ont libéré un pigment rouge qui a teinté l’eau de la mare. Cela existe aussi dans un pays très loin, en Égypte, où une mer est rouge.

    Peut-être est-ce l’usine bombardée qui a répandu des produits dangereux qui perturbe la mare ?

    Devant les explications hésitantes et incertaines de son papa, Juliette pleura.

    Ses amies les bactéries dans la mare avec qui elle aimait parler sont mortes. Juliette le savait un peu parce que les bactéries de son ventre le lui avaient dit. Les bactéries ont toujours parlé entre elles, elles ont souvent échangé des messages invisibles. Juliette avait eu un étrange sentiment : elle savait qu’il s’était passé quelque chose parce que ce quelque chose la rendait triste mais sans savoir exactement. Juliette est connectée avec ses amies les animaux, même les bactéries depuis qu’elle tombait malade. Elle a fait connaissance avec un monde invisible très présent :

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