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Zér0: La paix éternelle
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Livre électronique363 pages5 heures

Zér0: La paix éternelle

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À propos de ce livre électronique

Dans notre monde et à la suite de nombreuses catastrophes, la population mondiale était quasi éteinte. Alors qu’au contraire, les prisons étaient pleines à craquer à cause de l’augmentation des crimes et de la violence.
Les gouvernements du monde entier avaient cherché des solutions pour résoudre ces problèmes, mais rien n’avait fonctionné jusqu’à ce qu’un scientifique propose une solution.
Qui n’a jamais rêvé d’un monde parfait ?
Une utopie où le crime n’existe pas ? 
Cette ère vit le jour en 2032 grâce au projet Zér0. Une technique révolutionnaire permettant de modifier le cerveau humain à sa guise. 
Et c’est dans ce Nouveau Monde que vit Jessica, une jeune étudiante en psychologie de 21 ans. Elle profite à fond de la métropole parisienne avec ses amis et son petit copain parfait. 
Mais un monde où tout semble si « parfait » est-il vraiment possible ? Peut-il vraiment assurer la sécurité de tous et surtout la vie paisible de Jess ?

LangueFrançais
ÉditeurPublishroom
Date de sortie16 août 2023
ISBN9782384547845
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    Aperçu du livre

    Zér0 - Noémie Haquin

    Prologue

    En 2020, il y avait 70 651 détenus dans les pénitenciers en France, pour seulement 61 080 places réelles et approximativement, dix millions de personnes enfermées à travers le monde.

    Nous pouvions dire que la situation était plus que difficile, avec deux à cinq prisonniers par box, dans les pays les moins touchés. Certains continents, comme l’Asie, atteignaient 652 % d’occupation carcérale. Avec des cellules de plus de cinquante individus, cohabitant 24 h/24, dans des conditions inhumaines.

    La planète tentait malgré tout de gérer cet afflux constant, à bout de bras. Mais, sans toutefois vouloir prendre de réelles décisions.

    Tout aurait basculé dans la même année, au moment où la Terre sortait à peine du traumatisme des attentats, commandités par l’état islamique. Il avait dû également faire face à la crise du covid-19, et d’innombrables autres épidémies.

    La population mondiale, qui était d’environ 8 milliards en 2022, passa à seulement 4 milliards, en 2 années.

    Nous n’étions plus assez nombreux pour faire marcher l’agriculture, le commerce, les industries, l’éducation et les soins.

    Les prisons, quant à elles, étaient protégées du reste des individus du fait qu’elles étaient mises à l’écart. Elles n’avaient pas eu à subir de perte et n’avaient pas désempli, bien au contraire.

    Au-delà du chiffre hallucinant de décès, liés aux multiples virus, sur toute la planète et la hausse fulgurante de la pauvreté, ces désastres eurent comme résultats d’exploser le taux de criminalité, dans le monde entier.

    En 2015, il fut annoncé à l’ensemble de l’univers, deux lois. La première, l’abolition de la peine de mort et la seconde, l’interdiction pour tous, à l’accès à la contraception. Mais ces mesures n’étaient encore qu’une goutte d’eau, pour tenter de repeupler la Terre.

    Avec l’accroissement chronique du nombre de détenus, ces dernières décennies, plus aucun État n’arrivait à gérer le flux constant de condamnés.

    Le plus gros problème était donc celui des crimes les plus graves, avec les sentences les plus longues.

    Car ils monopolisaient des places importantes, dans les prisons, là où la population était déjà nettement supérieure aux capacités existantes.

    Année 2032.

    En réponse à ces différentes crises, les puissances politico-économiques du monde se mirent à chercher de nouvelles solutions, ensemble.

    L’une fut trouvée plus extrême encore que celles qui l’avaient précédée.

    Elle fut dévoilée par un homme.

    Il était d’apparence plutôt grande et mince, tel un premier de la classe dans un costume impeccable.

    Avec une allure mystérieuse et un sourire aussi blanc que faux, il a pris la parole en déambulant sur le plateau de télévision, comme un vendeur du télé-achat, lors d’une annonce, diffusée simultanément, sur la totalité du globe.

    « Citoyen du monde. Je suis le docteur Cyril Follert, psychologue en neurologie fonctionnelle et comportementale.

    Je viens vers vous, de façon tout à fait officielle, de la part de l’ensemble des pays, qui composent ce monde. Pour vous offrir, à vous, habitant de la planète, ma solution à tous nos maux !

    Le projet Zér0.

    Je vais ainsi mettre un terme définitif aux crises, aux chutes démographiques et à la surpopulation débordante, du milieu carcéral mondial. Comment ça, me diriez-vous ? Très simplement. Et je vais vous l’expliquer.

    J’ai fini par créer, à la conclusion de longues recherches, un appareil capable de façonner les caractéristiques d’un individu. Ses souvenirs, sa personnalité, ses goûts, en allant même jusqu’à modifier certaines de ses aptitudes. En somme, nous sommes aujourd’hui en mesure de supprimer tout ce qui peut amener un Homme, à commettre des actes néfastes, à soi ou autrui, selon nos propres choix.

    Le principe sera le suivant. Nous sélectionnerons 75 % des effectifs mondiaux des prisons, afin de les soumettre au projet Zér0.

    Puis, nous les réimplanterons dans la population, dans le but de nettoyer les nuisances d’un côté, et repeupler la planète de l’autre. Afin de libérer enfin la place nécessaire dans les pénitenciers, pour ne les garder qu’en simple camp d’avertissement, et en assurer leur bonne marche. Et cela, conjointement avec la totalité des pays. Chers habitants de la Terre, vous n’aurez plus à vivre dans la peur. Si jamais vous veniez à être coupable ou victime d’un crime, vous ferez immédiatement partie de ce projet. Sans aucune incidence néfaste sur vous ou votre entourage.

    En effet, Zér0 a une solution pour TOUS. Ce sera l’assurance de ne garder aucun souvenir du traumatisme de ces événements. Ou de la cause, quelle qu’elle soit. De plus, comme ce modèle est conjoint à l’humanité, le flux des réinitialisés pourra se faire sur l’ensemble du territoire national ou mondial. Les possibilités de recroiser une personne qui vous a fait du tort, nous vous l’affirmons, seront inexistantes.

    Et même si cela devait arriver, il n’y a aucune chance que l’un reconnaisse l’autre. Plus nous traiterons de sujets, plus la criminalité disparaîtra.

    Là est la force de Zér0.

    Nos premiers candidats sont déjà prêts. Demain seront le lancement officiel de ce projet et l’aube d’une ère nouvelle ! Pour le monde et toute l’humanité.

    Que la paix éternelle vous accompagne, aujourd’hui et à jamais. »

    Chapitre 1 : Tronc cérébral

    La fenêtre de mon petit appartement donne sur les toits de Paris. Elle laisse échapper les bruits de la télévision. Ce sont les informations du matin.

    Bonjour, très chers téléspectateurs ! Aujourd’hui, nous sommes le jour du 9ème anniversaire de Zér0, venez tous ce soir participer au feu d’artifice commémoratif, organisé par votre ville. Partout, en France, et dans le Monde entier, sera fêté cet événement symbolique, celui qui a mis fin à la violence et la menace de l’extinction de notre espèce. En effet, revenons sur le projet qui sauva notre société, grâce au très célèbre Docteur Follert :

    Bonjour docteur, je suis ravie de vous accueillir sur ce plateau, et laissez-moi vous dire que c’est un honneur pour moi d’avoir le fameux « Sauveur », en exclusivité !

    Oh, voyons, vous me flattez ! Ah, et bien, il est vrai…, commence à répondre une seconde voix.

    Il fait bon dehors… On est au mois de septembre. J’aperçois le soleil, il est déjà haut et chaud dans le ciel. Je suis assise, les genoux relevés, à ma modeste table de cuisine, collée sous la fenêtre ouverte. Habillée d’un simple t-shirt over-size, les nuances acajou de mes cheveux longs reflètent les rayons lumineux. Une tasse de café dans une main, tiédie, d’y avoir rajouté mon petit nuage de lait habituel, et ma cigarette dans l’autre.

    Totalement détendue, je n’écoute pas vraiment les balivernes que balance la chaîne d’informations, par la flemme d’attraper la télécommande. Leur discussion autour de l’anniversaire commémoratif risque de gâcher ce délicieux moment.

    J’ai les paupières fermées, pour protéger du soleil mes yeux gris, légèrement cernés par la fatigue. Je laisse ainsi mon visage et tout mon corps être réchauffé par sa chaleur matinale. J’en oublie l’heure et me trouve complètement happée par la douceur de l’instant.

    Jusqu’à ce que, par accident, ma cigarette se soit consumée seule, et qu’un bon paquet de cendres finisse par tomber sur mes vêtements.

    –Et merde, heureusement que je ne m’étais pas encore changée ! pensé-je, en soupirant.

    Et c’est là que les chiffres que j’aperçois sur le petit écran de mon four me sautent aux yeux, il est 7 heures 57. J’ai cours dans trente-trois minutes, et tout ce que j’ai fait en 1 heure 30, c’est mettre la répétition de mon réveil, minimum six fois, avant de réussir à me lever, lisser ma tignasse, de nature ondulée, afin de tenter de les dompter et végéter au soleil.

    D’un coup, le stress m’envahit. Je saute dans la douche, tout en me lavant les dents. Ayant l’habitude de ces coups de pressions, il m’est venu l’idée, un jour, de prévoir une brosse de secours, ainsi qu’un tube de dentifrice, à cet endroit précis. Je me félicite au moins d’avoir nettoyé mes cheveux, hier, ce qui me fait gagner un temps précieux.

    Puis, je tends le bras pour attraper des vêtements, juste à l’extérieur de la salle de bain. Ce n’est pas très compliqué, mon appartement est si petit, que seules la douche et les toilettes sont séparées du reste de la pièce à vivre. Ce qui, pour une étudiante, dans ce quartier, est déjà un grand luxe. Je prends ce qui me vient, ce n’est pas le moment de faire ma Cristina Cordula, ce matin. Un débardeur et un kimono blanc, avec de superbes papillons noirs, brodés dessus, puis, un short en jean. Je glisse mes pieds dans mes converses que j’adore. Le temps de choper mon précieux nectar caféiné dans un thermos, et me voilà sortie avec mon sac à l’épaule.

    Je dévale les marches de l’escalier de mon immeuble, deux à deux, manquant de percuter au passage la mamie du second. Il faut dire que mes 1 mètre 57 ne me permettent pas, en réalité, de réaliser cet exploit, sans encombre. Je m’excuse avec une pirouette, pour la contourner, tandis que je continue ma descente.

    Me voilà en pleine course, dans la rue du 8ème arrondissement, et je me dirige vers le métro. Penser à moi-même, arrêter un jour de fumer et me mettre au sport.

    Dehors, c’est l’effervescence parisienne du matin. Le quartier est chic, ici, on peut voir des boutiques haut de gamme, et des bureaux vitrés qui vous éclatent les yeux, quand le soleil tape dessus.

    La population colle parfaitement au décor, entre les passionnés de fringues de luxe, les touristes, venus flâner sur les Champs-Élysées, non loin, et les employés qui font vivre tout ça. Vous vous demandez sûrement comment une fille comme moi sans rien de particulier, pas forcément l’air brillante, et un peu paumée, peut se payer un appartement ici, sans un petit boulot, tout en faisant ses études ? Elle ne pourrait pas, évidemment. Cela est possible, uniquement grâce à mes parents. Ils vivent sur la Côte d’Azur, mon père est architecte et ma mère, dentiste de stars… Elle s’est donné ce titre, depuis le jour où, Angelina Jolie, la célèbre actrice qui jouait par exemple, dans « Mr & Mrs Smith », est passée dans son cabinet, en urgence.

    Enfin, bref, on peut dire qu’ils sont plutôt friqués. Et je pense qu’ils sont assez contents de voir que leur fille chérie a finalement, peut-être, du potentiel, à la suite de son admission dans une faculté, classée 300ème, par l’institut britannique QS. Il y a une autre université, tout aussi réputée près de chez moi, à Aix-en-Provence, proposant un excellent cursus de psychologie, mais le fait de partir, quasiment à l’autre bout du pays, était tout à fait réfléchi et inespéré.

    Mon adolescence a été, pour nous, une période très compliquée, pour beaucoup de famille d’ailleurs. Surtout, quand les parents en question sont d’une très vieille famille bourgeoise, et espèrent que leur progéniture sera tout aussi brillante qu’elle. À contrôler mes fréquentations, m’interdire de sortir, comme n’importe quelle adolescente de mon âge, ou bien encore, être constamment déçus, de ma scolarité, passable… Cela fait maintenant plus d’un an que je suis ici, et je peux dire une chose : c’est le paradis. J’ai un super petit copain, des amis, pas besoin de travailler, des études que j’adore, que demander de plus ?

    Me voilà enfin arrivée, j’entre dans la rame de métro, tel un boulet de canon. Je souffle, 8 heures 20. Là, ça y est, je suis vraiment à la bourre. On entend deux « dings » successifs. Je tire mon portable de ma poche. J’ai un message de ma meilleure amie, Léa, étudiante dans le même cursus que moi. Et on peut dire que depuis que nous nous sommes rencontrées, il y a deux ans, nous sommes inséparables. Le texto est bref, de la grande Léa.

    Reçu :

    Tu es où, bordel ?

    Envoyé :

    J’arrive, merde ! ce à quoi, elle me répond, par un simple émoji du pouce.

    Ah… Je ne me lasse pas de notre proximité. Vous savez celle qui fait que, plus on apprécie ses amis, plus on leur parle mal ? Ouais, je sais, c’est bizarre, mais je ne suis pas la fille la plus normale, non plus.

    Et le deuxième est d’Alexandre. Mon mec, tellement parfait, que ça peut en dégoûter beaucoup, mais comment ne pas l’aimer ? J’en oublie presque mon retard de ce matin, en lisant son texto,

    Reçu :

    Coucou, ma belle. Je commence le boulot, je pense à toi, et surtout, à notre dernière nuit, hâte de te satisfaire à nouveau après la commémoration. On se rejoint au bar habituel, près des Champs, bisous.

    Ah oui, c’est vrai que tout mon entourage est adepte de cette fête stupide, qui rend limite le Nouvel An, has been. Mais bon, si j’ai le droit à MA soirée, après, on peut dire que ça vaut le coup, hein ?

    Alexandre travaille en tant que manager dans l’un des hôtels les plus chics de Paris, le Ritz. Je l’ai rencontré dans l’une des soirées BCBG, de la jeunesse huppée de Paris. Je n’apprécie guère ce genre de fréquentations. Mais Léa m’y traîne sans arrêt, et malheureusement, c’est aussi le seul milieu que je connaisse. On peut dire que ça a été le coup de foudre, il est un peu plus âgé que moi, il a 24 ans, grand, les cheveux noir corbeau et les yeux marron clair, comme du caramel. Il n’a pas de barbe, ce qui est rare de nos jours, mais travail oblige, c’est sans importance pour moi, tellement il est beau, sans. Sa musculature ne laisse jamais une personne indifférente, il dégage un charisme de malade. Sûrement dû à son tempérament de leader né. Et pourtant, je ne connais personne d’aussi gentil et attentionné. Pour ne pas gâcher le tableau, c’est un amant tout à fait généreux, pour mon plus grand plaisir.

    J’arrive enfin à mon arrêt, j’ai terminé mon café le long du trajet. Je répondrais à Alex quand je serais au calme, en cours, il faut vraiment que je me bouge. Il y a du monde, autant pour descendre de la rame, que pour monter, et les gens, en bons Parisiens, n’hésitent pas à se déplacer, comme s’ils étaient seuls sur le quai. Je ne suis donc pas étonnée quand un connard m’éclate littéralement l’épaule, en passant. Il porte une casquette et un masque chirurgical. Sûrement un taré hypocondriaque. Il se tourne légèrement pour me lancer un pardon. Sa voix est grave et d’un coup, je me sens prise de nausées. Oh putain, je vais dégueuler mon café. Dieu merci, je trouve une poubelle à portée de main. Je m’empresse de réexpédier mon breuvage, dedans, sacrilège.

    J’ai la tête qui tourne et les côtes encore douloureuses. Je me mets à chercher l’homme, mais je ne le vois pas. Fais chier ! Je regarde l’heure, ça va commencer. Je demande à Léa de me garder une place et l’invite gentiment à me filer plus tard, ses notes. Elle m’envoie bouler et me dit que ce matin, c’était sûrement mon jour de chance, car le professeur était lui aussi, en retard. Pour un nouveau, on ne peut pas dire que ça démarre bien, mais aujourd’hui, c’est une bénédiction pour moi.

    En effet, les cours de la rentrée ont seulement repris depuis une semaine, que nous avons déjà un remplaçant. Car celui qui enseignait la psychologie cognitive expérimentale a eu un accident, le premier jour, en rentrant de l’université.

    Il faut dire que je me suis découvert une réelle passion pour cette matière. Et je pense avoir une facilité de compréhension au bazar que représente l’être humain. Même si la pratique est souvent plus complexe que la théorie.

    J’arrive enfin à l’université Descartes, où je suis étudiante, en deuxième année de Licence, en Sciences humaines et sociales, mention Psychologie.

    Je déambule dans les couloirs qui m’amènent à la porte de mon amphithéâtre, j’entre. Les gens sont déjà assis et c’est loin d’être plein. On est vendredi et beaucoup ont participé aux soirées étudiantes du jeudi, ce qui les rend incapables d’assurer les cours, le lendemain. Plus sympa, apparemment, de se taper des week-ends de trois jours et payer des étudiants pour leurs notes, ou taxer ses amis. Évidemment, certains conjuguent vie étudiante et petits boulots, c’est tout à leur honneur. Je suis au moins reconnaissante à ma famille d’avoir la chance de me concentrer sur mes études. Comme je suis de nature bordélique et plutôt fainéante, il me serait difficile de tout faire.

    Je cherche Léa, dans la salle, elle s’est retournée et me fait signe de la main. Je me dirige vers elle et m’affale à ses côtés. Je remarque que mes nausées n’ont pas complètement disparu.

    Elle m’examine du regard et me lance pour salutation :

    –Eh bien… En plus d’être en retard, tu as une tête à faire peur ! Ce n’est pas le make up qui t’a fait perdre du temps, aujourd’hui.

    –Ouais, non, ce matin, j’ai traîné à l’appartement. Mais surtout, un connard m’a bousculé et je ne sais pas ce qu’il s’est passé, mais ça m’a fait dégueuler. Depuis, je ne me sens pas au top.

    –Ah merde, les gens sont vraiment des brutes. Peut-être que tu bois trop de café, aussi, je t’ai déjà dit que ça ne remplace pas la bouffe, Jess.

    –C’est bon, ça va…

    C’est là que le brouhaha des élèves de la salle s’arrête et qu’un homme monte sur l’estrade.

    –Bonjour à tous, je suis le Professeur Massart. Je remplacerai dorénavant Monsieur Toulai qui a eu un fâcheux accident, cette semaine, et qui, de ce fait, ne pourra plus assurer les cours, pendant la durée de ce semestre. Sans perdre plus de temps, nous allons commencer le cours et cela concorde parfaitement avec l’actualité récente. La question est donc, qu’est-ce que le principe de base de fonctionnement du projet Zér0 ? Quelqu’un peut-il me dire ce qu’il sait ? Il se penche sur ses pages et relève la tête.

    –Leblais. Qui est mademoiselle Leblais ?

    Léa lève la main, très mal à l’aise et pas habituée du tout à prendre la parole.

    –Euh, euh et bien…

    Tous les regards sont tournés vers elle. Mon devoir de meilleure amie me force à lui porter secours ! Je décide donc de partir au front et me sacrifier, au nom de notre amitié.

    –Monsieur ? l’interpellé-je, en levant la main.

    Ses yeux fixent les miens et mes nausées ressurgissent. Ah non, pas maintenant ! pensé-je. Je ravale la bile qui me monte dans la bouche. Il me fait signe que je suis autorisée à prendre la parole :

    –Le projet Zér0, monsieur, repose sur la mémoire et tout ce qui la compose.

    –Sur le savoir de l’Être, comme notre adresse, notre date de naissance, ou le fonctionnement d’un appareil électronique.

    –On appelle ça « la mémoire déclarative ». L’autre type concerne le savoir-faire, celle où la diminution ou l’arrêt d’une pratique fait perdre l’habilité de celle-ci, dans le temps.

    –Comme pour jouer d’un instrument, pratiquer un sport, faire du vélo ou la nage. On parle alors de « mémoire procédurale ».

    Les études de l’époque ont démontré le rôle d’une petite région cérébrale profonde, appelée l’hippocampe, qui ne stocke pas les souvenirs de la mémoire, à long terme. Utilisée comme carrefour vers de nombreuses voies, vers d’autres zones du cerveau, comme le cortex, où ils sont conservés. Les études du docteur Elizabeth Loftus ont permis de découvrir qu’il était relativement facile d’en créer de faux, en utilisant des images et des manipulations psychologiques.

    Mais les gens étaient hostiles à sa façon de faire.

    C’est donc en 2030 que le Dr Follert, chercheur en neuroscience, a mené sur ces bases, ses propres études, en utilisant toutes les connaissances, à ce jour, sur le sujet.

    En les associant aux travaux du Docteur Loftus, citée précédemment, il aurait mis au point une technique basée sur des stimuli électriques, directement vers les zones souhaitées du cerveau.

    Elle permettrait, apparemment, de transformer littéralement quelqu’un, selon son bon vouloir. Ici, pour le projet Zér0, en réponse à l’hécatombe de l’humanité, dans la violence, le décroissement démographique et la chute libre de l’économie mondiale, afin de rendre le plus dangereux psychopathe, aussi doux et gentil qu’un chaleureux voisin. Puis, au besoin, effacer toutes traces de cette personne, dans tout ce qui pourrait causer un problème pour sa réinsertion, pour ainsi libérer des places colossales dans les prisons et réguler le crime. Tout en palliant tous les soucis que je vous ai énumérés, juste avant.

    Le silence se fait dans la salle, après mon long monologue. Je sors de ma transe et me sens maintenant gênée d’avoir étalé ma science. Je ne pensais pas parler autant. Le regard de Léa est certes impressionné, mais surtout, très redevable que je l’ai sortie de ce mauvais pas.

    Le professeur redémarre, tout en me fixant, de plus belle.

    –Et vous êtes ? me demande-t-il.

    Si vous voulez mon avis, il n’a pas l’air très aimable.

    –Jessica Prillé, Monsieur.

    Sur ma réponse, il se tourne et commence le cours, reprenant les points que j’ai abordés, tout en les détaillant davantage. À la fin, il se saisit de ses affaires et quitte la salle, sans nous dire un seul mot.

    Léa et moi sortons à notre tour. Nous nous mettons d’accord sur le fait que ce nouveau professeur est vraiment bizarre, même pour de la psychologie.

    Arrivés à l’heure du déjeuner, nous allons nous poser sur un coin d’herbe du campus, et décidons de nous faire livrer un burger, afin de profiter du soleil. Maintenant que je me sens mieux, je commence à avoir faim. Je m’allonge et entreprends de me masser le ventre avec la main, pour calmer ces gargouillis tonitruants, quand Léa me dit :

    –Ce soir, ça va être la grosse fête, j’espère que tu es prête ! Comme les cours sont terminés, grâce à notre chère commémoration mondiale de Zér0, qui a gentiment interrompu toutes activités, ça va nous permettre de nous mettre en bombes atomiques, avec un après-midi entier pour se préparer. Et ma pauvre, avec ta tête, aujourd’hui, ce ne sera pas du luxe.

    La meilleure répartie que je puisse trouver sur le moment est un joli doigt d’honneur. Léa éclate de rire.

    Notre livreur nous apporte enfin de quoi se ravitailler. Le repas englouti, nous restons encore un peu à flâner et griller quelques cigarettes, tout en faisant l’inventaire de ses dernières conquêtes masculines, tout en programmant les prochaines, sur ses sites de rencontres fétiches. Il est quatorze heures, quand nous laissons le campus et reprenons la route, vers mon appartement.

    Le chemin du retour est bien plus chaotique que ce matin. Les gens, excités par l’événement d’aujourd’hui, veulent tous rentrer chez eux et vite. Afin de pouvoir, eux aussi, se préparer pour les réjouissances. Nous montons dans la rame de métro, bondée, nous sommes séparées par quelques personnes et nous nous retrouvons à l’extérieur, quand mon arrêt est annoncé. Nous nous dirigeons donc maintenant jusqu’à l’immeuble où se trouve mon appartement. Arrivées à bon port, nous décidons de nous mettre en condition pour notre soirée, avec une bière au bord de la fenêtre, qui, je m’en rends compte, est restée ouverte depuis ce matin.

    Cette mise en bouche terminée, elle file sous la douche et j’en profite pour m’affaler sur mon clic-clac.

    Je l’entends faire couler l’eau, commencer à chanter à tue-tête, et je me dis que sa voix n’est pas du tout l’un de ses atouts. Malgré ses braillements gracieux, je m’endors avec une extrême facilité, et lentement, je sombre dans le néant.

    C’est calme, doux et sombre.

    Mais, j’aperçois quelque chose, une forme à mes pieds. Je suis debout… malgré tout, je n’arrive pas à marcher ni à voir nettement ce qui se trouve par terre.

    En revanche, je distingue bien des bruits… qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce qu’on déchire ? Pourquoi je ne peux pas bouger ?

    Je sursaute, quand Léa fait claquer la porte de la salle de bain, et en sort, encore mouillée, avec sa serviette enroulée autour de la poitrine.

    –À ton tour, tu peux y aller !

    Et là, je me dis vraiment que la douche sera plus que nécessaire. Je suis trempée de sueur et le dégueulis me remonte dans la bouche.

    Je me remets à vomir, mes côtes se serrent douloureusement, suis-je malade ?

    Le Tronc cérébral constitue la zone de passage de nombreuses voies motrices et sensitives. Il possède un rôle essentiel dans la régulation cardiaque, pour définir le rythme et l’amplitude respiratoires. Mais d’autres rôles peuvent lui être associés, tels que la déglutition, le vomissement et la toux.

    Chapitre 2 : Le lobe temporal

    Léa s’arrête, à quelques mètres de moi, et sous le choc, est prise de panique, me voyant vomir tout ce que je peux, au beau milieu de mon salon.

    On dirait que l’on se trouve dans un mauvais remake du film de l’exorciste, où la femme, possédée, à la tête qui tourne à 380°, et dont un jet, vert et visqueux, lui sort de la bouche, avec une puissance surnaturelle. Tout ce qu’elle est capable de faire et ce n’est pas si mal, c’est de me tendre gentiment une corbeille, celle qui est en osier, et que j’avais achetée chez Ikea, lors de mon emménagement. La pauvre malheureuse, qui n’avait rien demandé, se trouvait près d’elle. À la base, je l’utilisais, normalement, pour la décoration du dessus de mon petit meuble de l’entrée où je range mes chaussures. Enfin, ça, c’était avant, c’est ce qu’on appelle être au mauvais endroit, au mauvais moment… mais j’ai eu le temps d’apercevoir, qu’entre deux explosions acides, ma meilleure amie avait pris au moins le soin de balancer le bordel qui était à l’intérieur, des clefs, entre autres, par-dessus son épaule. Tant pis, on peut bien dire que le rangement n’est pas ma priorité, sur le moment, et on peut dire que je n’ai pas vraiment le choix, non plus.

    La bouche pleine, et dans l’incapacité de protester, je continue donc de me vider, tout en me dirigeant vers les toilettes de ma salle de bain. Léa, en bonne héroïne qu’elle est, me maintient les cheveux en arrière, afin d’éviter que je ne m’en mette davantage partout. Heureusement, et aussi étrangement, cet épisode gastrique finit, comme ce matin, par se calmer assez vite. Car, après avoir vidé la totalité du contenu de mon estomac, je me sens déjà bien mieux. Cependant, je dois dire que je sens qu’il perdure encore une sorte de malaise indéfinissable, qu’il m’est impossible d’expliquer avec des mots. Je ne comprends pas ce qu’il s’est passé, je dormais tranquillement. La seule chose dont je me rappelle, c’est juste que j’étais vaguement en train de rêver de quelque chose, avant de vomir. Ce qui est étrange, avec les songes, c’est que parfois, ceux-ci disparaissent, au fur et à mesure que le temps file, quand on se réveille, même s’ils semblaient forts. Et j’avoue que je n’en ai déjà plus aucun souvenir, à présent. Peut-être que finalement, il n’avait rien de particulier qui vaille d’être mémorable.

    Léa maintient encore mon épaisse tignasse rousse, dans sa main gauche, le plus haut possible, loin de mon visage. Tout en me tapotant gentiment le dos, de l’autre, elle me demande avec une grimace, si je vais bien.

    –Je crois que ça va mieux, oui, ne t’inquiète pas. Franchement, je ne sais pas si ce n’est pas le burger qu’on a mangé ce midi, à la faculté, qui m’aurait déglingué le bide, m’interrogé-je.

    –Alors, ça m’étonnerait. On prend souvent à manger chez eux, ils sont fiables. Et aussi, rappelle-toi que j’ai commandé exactement la même chose que ce que tu as pris, tu n’aurais vraiment pas de cul, ma pauvre, s’il n’y avait que toi qui sois malade. Et puis, si je me souviens bien, tu ne m’as pas dit que tu avais déjà vomi, ce matin, n’est-ce pas ? Si tu veux mon avis, je pense plutôt que tu as attrapé une belle merde, un genre de gastro ou je ne sais quoi, me répond-elle, avec une grimace, dégoûtée.

    –Oui, peut-être que tu as raison, je ne sais pas… pourtant, là, maintenant, je me sens beaucoup mieux.

    Je lui offre un petit sourire en coin, avec brisures de vomi, en supplément, et ça n’a pourtant pas l’air de faire mouche

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