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Un journal sous influence
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Livre électronique129 pages2 heures

Un journal sous influence

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À propos de ce livre électronique

Elle est belle et intelligente, talentueuse et si déterminée. Journaliste, Myriam va très vite réussir. Et déchanter. La vie politique est son terrain de jeu, la séduction sa nature, mais son aventure va s’enrayer à partir d’un épisode inattendu et tragique : un drame lui fait découvrir les dessous de la haute politique où se mêlent affaires financières et ingérences étrangères, cabales sexuelles et actions du renseignement. Avec elle, vous allez plonger dans les passions et tourments qui vont secouer la rédaction d’un influent journal, appartenant à un grand groupe industriel… Et pénétrer les coulisses, ombrageuses et parfois brutales, de la politique et des médias.
LangueFrançais
Date de sortie18 juil. 2023
ISBN9791255400653
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    Aperçu du livre

    Un journal sous influence - Jean-Philippe Moinet

    journal-fronte.jpg

    Un journal sous influence

    par Jean-Philippe Moinet

    Directeur de la Rédaction : Jason R. Forbus

    Projet graphique et mise en pages : Sara Calmosi

    ISBN 979-12-5540-065-3

    Publié par les Editions AliRibelli (Les Ailes Rebelles), Gaeta 2023©

    Narratif – Tissages

    www.aliribelli.com – redazione@aliribelli.com

    Il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement le

    présent ouvrage sans l’autorisation expresse de l’éditeur.

    Un journal sous influence

    Jean-Philippe Moinet

    Roman

    AliRibelli

    Sommario

    Un journal sous influence

    A tous les journalistes morts en Ukraine.

    A Albert Londres.

    « Messieurs, vous apprendrez à vos dépens qu’un reporter ne connaît qu’une seule ligne, celle du chemin de fer ».

    Albert Londres (répondant à un dirigeant de journal lui reprochant de ne pas être dans « la ligne »).

    Myriam n’est pas du genre à douter mais cette journée-là commence mal. Trop rapide, trop brutale. La journaliste s’est précipitée dans un taxi pour une interview de la plus haute importance Déjà loin de son domicile, elle se rend compte qu’elle n’a pas emporté le bon carnet de notes, celui de tous ses repères. Elle est déstabilisée. C’est rare chez elle, elle croit tellement tout maîtriser. Pas possible de revenir en arrière, trop tard. La plus haute personnalité française ne peut attendre.

    Myriam est pourtant une grande professionnelle. Elle n’a jamais aimé improviser, elle déteste laisser le hasard prendre le pouvoir. Assise à l’arrière du taxi parisien, elle se sent fragilisée, exposée au tir incertain de la destinée. Instinctivement, elle lutte contre ces moments où le trouble sort du bois. Son bras de fer est engagé contre cette menace qui surgit en ce moment clé : l’imprévu.

    Cela peut paraître un détail mais son carnet de notes est sa boussole. Comme un fétiche. Depuis des années, la journaliste aime consigner ses informations, les confidences des gens de pouvoir, ainsi que ses propres commentaires. Un amas de micro-événements se retrouvent dans des carnets à petits carreaux – toujours les mêmes - qui s’empilent avec le temps sur son bureau dans un désordre apparent.

    Ces cahiers la rassurent. Elle croit peut-être pouvoir tout fixer, tout arrêter, même le temps qui passe. Le confidentiel y côtoie l’ordinaire, et l’essentiel l’accessoire. L’histoire fera le tri. C’est ce qu’elle s’est toujours dit.

    Chaque couverture de carnet est marquée d’une date, celle où ses mots ont commencé à noircir les pages. Elle est méthodique, Myriam. Ses écrits tracent des années de rencontres où se mêlent grands et petits secrets. Elle n’est pas de ces journalistes qui aiment butiner. Syndrome de l’ardoise magique ? « L’actu, on la prend et on la jette », lui avait dit un jour son rédacteur en chef. Myriam, elle, garde tout. Une manie qui tourne parfois à l’obsession. Une déviance apparente quand la durée de vie d’une information excède rarement un ou deux jours.

    Elle ne se fait pourtant pas d’illusion, ses petites notes peuvent être essentielles au bon moment, pour devenir insignifiantes le lendemain. En bonne exploratrice du temps présent, elle veut néanmoins y croire. Qui sait ? Peut-être anodines un jour, des notes peuvent se révéler historiques. Qui peut prédire le relief que peut soudain prendre une personnalité rencontrée et une confidence ? Elle veut croire aux mots d’une mémoire qui ne s’effacera jamais. Une obstination qui sera sa force. Malgré un univers menacé d’amnésie collective.

    Le tri sélectif de l’actualité fait naturellement son grand ménage. A grands coups de balais tous les jours. Le journalisme, Myriam le sait, peut devenir cela : un moment de grâce, enrobé de magie, de lumière et parfois d’illusion, où l’essentiel et l’éphémère font ensemble leur spectacle, brillent sur le devant de la scène avant de s’éclipser en coulisses et disparaître dans l’ombre. Souvent de manière définitive. Le coup de balai dans l’amas des événements, elle connaît. C’est devenu son métier.

    En quelques années, Myriam a compris le jeu et s’y est parfaitement adaptée au point de s’imposer rapidement dans le Tout-Paris des médias et de la politique. Une force de caractère, une capacité de travail, une ténacité rare quand elle tient son objectif, un charme fou aussi. Une affolante audace et une touche de cynisme qui vont vite faire la différence.

    Jeune diplômée de Sciences Po, arrivée en stage comme une météorite dans un grand quotidien (de droite devenue très conservatrice) qu’elle ne lisait pas, elle a vite été repérée. Conquérante, charmeuse, sa détermination et son style l’ont propulsée dans ce quotidien en vue. Jolis coups de plumes, de coudes et d’éclats. La promesse s’est réalisée : Myriam est devenue une signature.

    A 32 ans, la voilà bien décidée à aller droit au but, au cœur du pouvoir, tout sourire. Bonne photographe de l’instant, elle sait jouer à la fois du spectacle de l’éphémère et de la profondeur de champ pour, en coulisses, s’arranger de tout. Y compris des petits services après-vente, auprès des politiques ou des confrères, une fois les événements rapportés. Essentiel pour réussir dans le métier. Dans un jeu naturel chez elle, le charme peut aussi favoriser quelques opérations. Sous une longue mèche brune qui tombe souvent sur le front, ses yeux vert émeraude et une fine cicatrice sur la joue lui donnent un air mutin qui peut faire chavirer. Hommes et femmes. Elle le sait.

    Myriam a su ainsi tracer son sillon dans un mélange de séduction, d’audace et d’intelligence des situations. Avec un sens supérieur de l’information, de l’ego et de la mise en scène. Sa démarche peut être à la fois douce et déterminée, mielleuse ou acide. Son regard comme ses écrits peuvent piquer au vif. Ses mots, en tout cas, laissent une trace. Celle du talent. Réussite garantie, si elle ne se fait pas happer par les tourbillons qu’elle provoque. A voir. La haute idée qu’elle a d’elle-même est le revers d’une ambition outrecuidante que se plaisent à colporter, dans un halo de rumeurs déformantes, tous les rivaux qui croisent son chemin.

    Ce matin-là, la Myriam est donc ombrageuse dans le taxi qui l’emporte loin de chez elle et du carnet oublié. La veille au soir, en préparant chez elle pendant des heures le grand rendez-vous, elle avait étudié toutes les hypothèses de questions envisageables, les rebondissements possibles, les développements potentiels et avait méticuleusement consigné par écrit son scénario de sujets à aborder.

    Le matin de la grande rencontre, elle avait pris le temps de s’apprêter, soignant chaque détail. Maquillage légèrement orangé, coiffure faussement désordonnée, jean serré, bottines italiennes cirées, chemisier en soie blanche bien ouvert au bas du cou, l’échancrure découvrant un collier en argent, sobre et éclatant sur sa peau mate. « Simple mais efficace » s’était-elle dit, sûre d’elle, en se mettant une touche de brillant à lèvres. Elle avait le temps et voulait lire les quotidiens du matin. Ses lectures l’ont transportée. Un peu trop. Départ précipité et erreur sur le carnet à prendre.

    Mais Myriam va se ressaisir. Pendant quelques minutes, elle cherche à retourner la situation. Elle serre les dents, veut maîtriser ce moment d’instabilité intérieure. L’orgueil, toujours l’orgueil. Elle le veut : finalement, l’absence de carnet va l’aider, la rendre plus forte ! De mémoire, elle recompose le fil conducteur des trois volets de l’interview qu’elle avait si minutieusement préparée. Elle ne faiblira pas pour si peu ! Sa détermination d’athlète de haut niveau va au contraire se muscler et l’acrobatie mentale la motiver.

    Impeccable dans ses vêtements légèrement parfumés, la voilà libérée. Elle ouvre un bouton de plus à son décolleté. Elle caresse son cou, joue avec sa chaîne, au quadruple pendentif argenté : étoile de David, main de Fatima, croix de Jésus et triangle franc-maçon. Elle sourit. Elle aime brouiller les pistes. Et se concentre sur le grand moment qui approche : un tête-à-tête avec l’homme qui peut faire basculer le destin d’un peuple et, accessoirement, les « Unes » des journaux.

    Elle le sait et c’est peut-être ce qu’elle savoure secrètement, elle a une belle longueur d’avance sur toute la concurrence médiatique. Elle seule a obtenu, dans la plus grande discrétion, ce grand entretien exclusif, l’instant tant convoité qui s’annonce à très fort impact public : l’interview avec « le PR », le Président de la République. Elle est au sommet. Mais elle contient sa fierté. Rester concentrée et professionnelle, avant tout.

    Ce moment unique au palais de l’Elysée, elle le doit à son talent, à son endurance, à son journal mais aussi, elle ne l’exclut pas, à sa féminité qui, comme l’observent finement les mâles dominants qui régentent les allées du pouvoir, « ne gâche rien ». Ce Président est l’élu d’une droite très assumée, « sans complexe » martèlent ses partisans, et il aime jouer à « l’hyper-Président ». Et c’est un Ministre de son premier cercle, ayant précédé la prometteuse journaliste à Sciences Po, qui a favorisé l’entretien.

    Ce Ministre est lui-même tombé sous le charme de cette jeune femme au sourire renversant. C’est vrai qu’il ne lui en faut pas beaucoup, à celui-là, pour s’emballer : un joli minois, un décolleté plongeant et une once de pouvoir médiatique. L’entourage de ce Ministre très particulier l’avait pourtant prévenu : se méfier de cette journaliste à la cicatrice charmeuse, ne pas trop se livrer, surtout en ce qui concerne l’Elysée. Mais avec ce Ministre complexé, lourd blond dégarni un peu rougeaud, Myriam s’est vite sentie en terrain favorable et a su allumer les feux de sa séduction. A l’occasion de quelques cocktails, d’abord. D’échanges plus personnels, ensuite. De dîners privés, enfin. Au nombre de plus en plus restreint de convives. Ce Ministre n’en pouvait plus de tourner autour de la belle.

    Myriam n’a aucune sympathie pour ce personnage bombardé à la tête du ministère de l’Intérieur. Elle n’est pas du genre à cautionner bavures policières, grossièretés de langage ou blagues douteuses dont ce proche du Président s’est fait une spécialité. Mais rien ne transparaît chez elle, au contraire. Sous le charme, ce Ministre va se montrer de plus en plus ouvert à la confidence.

    Un soir, il pousse ce qu’il croit être son avantage dans une familiarité plus que cavalière. Le dîner s’attarde. D’un mot, il remercie son attachée de presse d’être restée jusqu’au dessert. Myriam se retrouve seule avec lui à table. Elle s’en désole mais son sourire persiste. Grande professionnelle.

    A cette heure tardive, seul un garde du corps reste dans le couloir à attendre patiemment un ordre. Le Ministre, aussi léger en drague qu’en politique, converse avec Myriam, de

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