EXTRAITS
La réflexion revient souvent. Ses proches, qui l’ont connu débordant d’enthousiasme, ont la surprise de l’entendre soudain traîner un léger spleen en évoquant ses émissions. « Je l’ai trop fait… » Auprès de son éditrice Lise Boëll, il s’interroge comme jamais auparavant: « Qu’est-ce qui peut me faire vibrer? » Pas les élections européennes, en tout cas. En 2019, il a refusé trois propositions pour s’y présenter. Pas question de perdre son statut parisien pour aller voter des amendements sur les quotas de pêche à Strasbourg.
La présidentielle, c’est autre chose. Elle demeure la seule élection qui intéresse les Français. Y figurer permet d’entrevoir la possibilité d’un destin, de figurer dans les livres d’histoire. Pour Zemmour, qui a été toute sa vie le scribe des aventures des autres, le rejeton maudit de l’élite, lui qui ne s’est jamais totalement remis de son échec à l’ENA, quelle revanche cela constituerait! […] Caresser l’idée semble toutefois lui suffire, car l’essayiste n’ignore pas les risques d’une telle entreprise. Dès qu’il se projette un tantinet, les obstacles paraissent trop nombreux. Patrick Buisson, qui a pourtant tenté de le convaincre des ’engager pour les européennes, fait désormais partie de ceux qui le découragent. « Relis la Bible, répète l’ex-conseiller de Nicolas Sarkozy. Un prophète ne peut pas être roi. » Parfois, il suffit d’une personne pour dérégler un équilibre subtil, pour envoyer valdinguer un programme calibré. Dans la vie d’Eric Zemmour, ce grain de sable s’appelle Sarah Knafo. Ils se connaissent depuis 2007. Sarah Knafo a 13 ans, son père est un ami d’« Eric », qu’elle surnomme parfois « Z ». Trente-cinq ans les séparent. Mêmes origines juives séfarades, même jeunesse en Seine-Saint-Denis, à Pavillon-sous-Bois pour la jeune femme.
L’essayiste lui inculque ses idées, lui fait réviser Sciences po avec succès, la pousse à présenter les concours administratifs. Il est le mentor et elle l’apprentie. « Eric, c’est un monstre », juge Sarah, admirative des aptitudes intellectuelles de son pygmalion. A 19 ans, elle indique sur son compte Twitter se considérer « séguiniste et bonapartiste », comme son maître, pose avec de Balzac, le romancier fétiche du journaliste du
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