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Jeux de prédation
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Livre électronique144 pages1 heure

Jeux de prédation

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À propos de ce livre électronique

John est viril, carriériste, baroudeur et misanthrope. Il exerce dans le futur. Il sévit dans l'espace. Trop coriace pour les xénomorphes. Expert en matière de poudre. Sa spécialité ? Entrer dans le poulailler technocrate. Ses faites d'armes ? Noyautage du Directoire de Parie, puis parasitage du Supervisat colonial de Canopée, une lointaine planète hostile. Il renaît des gravats de la civilisation.
Suivez du regard l'ascension de cette sangsue des bureaux. Gare à la chute qui éclabousse !
LangueFrançais
Date de sortie6 déc. 2022
ISBN9782491367138
Jeux de prédation
Auteur

Giger Cobb

Ancien avocat, Giger COBB (nom de plume) racontait déjà des histoires au juge. Ayant depuis rejoint la technocratie d'État, il est riche d'un quotidien professionnel irréel dans lequel il puise l'inspiration nécessaire pour produire des récits à la fois carrés et déjantés. Ce trentenaire de la classe moyenne a grandi et étudié le droit en banlieue parisienne, en concurrence territoriale avec les zonards et en concurrence scolaire avec les enfants de la bourgeoisie ; il connaît donc mieux que quiconque le besoin d'évasion auquel répond parfaitement sa science-fiction.

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    Aperçu du livre

    Jeux de prédation - Giger Cobb

    À mes parents.

    À Charles et Alex.

    Inhaltsverzeichnis

    PREMIÈRE PARTIE

    CHAPITRE I

    CHAPITRE II

    CHAPITRE III

    CHAPITRE IV

    CHAPITRE V

    CHAPITRE VI

    CHAPITRE VII

    CHAPITRE VIII

    CHAPITRE IX

    DEUXIÈME PARTIE

    CHAPITRE X

    CHAPITRE XI

    CHAPITRE XII

    CHAPITRE XIII

    CHAPITRE XIV

    CHAPITRE XV

    CHAPITRE XVI

    TRIBUNAL ÉCOLOGIQUE DES NATIONS UNIES

    CHAPITRE XVII

    CHAPITRE XVIII

    ÉPILOGUE

    PREMIÈRE PARTIE

    Ciel piquant

    John, « le baroudeur de

    l’aprèspétrole » (2071-2136)

    CHAPITRE I

    La banlieue nappée de brume défilait à travers les vitres du coupé à hydrogène, dont l’intérieur python trahissait un véhicule d’entrée de gamme. Facilement échauffé, John avait besoin de brûler l’asphalte pour se défouler. Bureaucrates en pyramide, masses résignées et racailles en perdition du Paris d’après l’Infestation : tous se relayaient pour lui taper sur le système. À tel point qu’il aurait presque préféré la compagnie des xénomorphes anthropophages, les nouveaux maîtres des cieux depuis dix-sept ans. Absorbé par sa conduite, John ne vit pas le xénoptère, dont les pattes pendantes et recourbées se rapprochaient du toit. La créature faisait pourtant la taille et le bruit d’une tondeuse à gazon autoportée. Dans un couinement de métal froissé, l’habitacle fléchit sous son poids. John en cracha son cigarillo bon marché. Un coup de dard bien senti morcela le pare-brise. Sans paniquer, l’homme écrasa l’accélérateur et fit des embardées. Le prédateur ailé ne lâcha pas prise pour autant. « Foutue bestiole, tu vas voir ta gueule ! », maugréa-t-il en farfouillant dans le cabinet de curiosités qui lui servait de boîte à gants. Il finit par mettre la main sur la crosse rembourrée de son automatique noir et chrome. Sans lâcher la route des yeux, il vida un demi-chargeur de balles vrillées en direction du toit. Dans la concavité crasseuse du rétroviseur gauche retenu par du scotch, il vit l’insecte géant heurter le sol, puis disparaître dans la brume. John pila, ralluma son cigarillo, avant de faire marche arrière en inspirant la fumée.

    Recroquevillée et stridulante, la créature, bien amochée, était parcourue de spasmes. Elle projetait du sang noir sur la chaussée. Elle avait fait preuve de courage. Parvenu à proximité, John l’acheva d’une balle. Son pare-brise était en miettes, mais le verre était à moitié plein : il pourrait tirer quelques crédits de cette guêpe crevée. En trois coups de couteau, la glande à venin fut extraite. John la soupesa, puis la déposa dans la glacière avec les bières. Les chimistes de l’hôpital en tireraient un bon anesthésique. Il n’en détournerait qu’une larme. On pouvait le distiller en un puissant hallucinogène qui s’écoulait facilement au marché noir. De quoi oublier durant quelques heures ce qu’était devenu le quotidien depuis l’Infestation. La drogue n’était certainement pas pour John, qui préférait améliorer l’ordinaire avec l’argent des drogués. Carriériste, il n’avait pas de temps à perdre avec des visions colorées qui ramollissaient la cervelle.

    Quoique voraces et innombrables, les xénoptères n’avaient pas détruit la civilisation humaine. Ils avaient enrayé sa course. Survivre, c’était être discret. Les insectes n’attaquaient que les sources de bruit et de mouvement. Figez-vous, taisez-vous, et le tour est joué. L’activité économique mondiale en avait évidemment pâti. Les coûts de production s’étaient envolés lorsqu’il avait fallu insonoriser et enterrer les usines pour produire des équipements silencieux. Le produit intérieur brut n’était plus mesuré depuis l’échec de la Grande Campagne. Les armées du monde entier s’étaient fait humilier par des insectes venus de nulle part. Les partisans de la xénodiversité déchantèrent lorsque leur université d’été servit de buffet campagnard. L’État profond dut reprendre la main. Question de survie.

    Un air de musique en tête, John remontait un boulevard parisien qui aurait mérité d’être ravalé. Le baroudeur était plutôt bel homme, pour qui n’était pas effarouché par les trognes façonnées par la testostérone : mandibule prognathe, mais sans exagération, visage de trentenaire anguleux adouci par une barbe naissante et régulière dans son implantation, yeux d’un bleu profond. Son véhicule sans moteur à explosion filait presque en silence sur l’asphalte modifié. Les zones habitées étaient devenues d’immenses galeries couvertes. John pouvait deviner la position du soleil à travers la bâche de furtivité. Cette dernière reliait les toits d’ardoise de part et d’autre de l’avenue, mais elle laissait filtrer la lumière du jour. Distrait, l’homme faillit percuter une ambulance à air comprimé près de l’hôpital. Peu après, d’un pas assuré, il se fraya un chemin à travers les brancards des derniers blessés secourus. Probablement des ouvriers agricoles qui n’avaient pas appliqué à temps les techniques de dissimulation.

    John ressortit furieux car l’administrateur médical n’avait crédité son compte citoyen que de vingt-cinq points de mérite. À peine de quoi débloquer l’accès aux alcools forts ! « On n’est pas une agence de braconnage », avait ânonné le cadre de santé. John s’engouffra dans une station de métro. Plus on s’enfonçait sous terre, moins la menace des xénoptères pesait sur les épaules et plus les activités humaines devenaient bruyantes. Des cols bleus gouailleurs se rendaient vers les complexes industriels semi-enterrés de banlieue, d’autres choyaient les équipements des souterrains. Certains avaient ouvert leur propre affaire et proposaient des services d’impression 3D de proximité dans d’anciennes échoppes recyclées. Cent mètres sous la surface, en lieu et place d’un ancien hangar de métro, se tenait, loin du regard des autorités, le plus grand marché du Paris « d’après ».

    John prit une profonde inspiration avant de se mêler de mauvaise grâce à la foule grouillante. Il déambula entre les étals. Armes, dérivés récréatifs de venin et instruments de musique étaient présentés à la vente en toute illégalité. La clameur aurait valu mort immédiate à la surface. Le baroudeur écarta le rideau de perles d’une arrière-boutique de fioles colorées. Un chimiste à la réputation sulfureuse jaugea le butin : « Quatre cents crédits ». John fit un rapide calcul : de quoi s’acheter un silencieux, un pare-brise de rechange et couvrir deux semaines de dépenses. Il accepta sans négocier et fila sans remercier.

    La plupart des lignes de métro étaient hors service. Les galeries avaient été ouvertes aux piétons. John grimpa sur un quai aux effluves d’ammoniac. Il prêtait à peine attention aux écrans à la gloire du Régime. Chaque respiration viciait davantage l’air de sa rame bondée. Il en émergea lorsque les portes s’ouvrirent à la station « La Défense ». Pas question de sortir sur le parvis. Il emprunta les galeries fraîchement creusées. Elles débouchaient dans le sous-sol des tours de l’ancien quartier d’affaires. Les donjons du capitalisme à la française étaient devenus des fermes verticales.

    John détestait les travaux agricoles par-dessus tout. Comme tous les citoyens de second rang, il devait quarante-deux heures de travail à l’État, dont un tiers de mobilisation pour la Défense, un tiers de travaux industriels et un tiers de travaux agricoles. Dans ces serres en hauteur, les plantations se la coulaient douce. Le verre absorbait la chaleur du soleil, tandis que la brumisation automatique chargeait l’air d’humidité. Les plantes étaient aux anges, pas John. Trois crédits de l’heure, un véritable servage, heureusement compensé par l’abri offert par les immeubles.

    Le soir venu, John s’effondra chez lui. Le jour déclinait sur le 5e arrondissement, labellisé « îlot de silence urbain ». John ne braverait pas le couvre-feu. Grâce à son terminal de communication, il se décervela d’un peu de propagande. Paris testait une arme à énergie dirigée qui tuait les xénoptères en silence ; Marseille déployait des bâches de furtivité changeant de couleur pour réguler la température. L’écran souple diffusa ensuite un film en noir et blanc. Les voix des acteurs finirent par s’évanouir.

    CHAPITRE II

    John se rendit au centre de Paris après s’être rasé de près. Un rendez-vous important l’attendait. L’ancien hôtel de ville abritait le Directoire de Salut public, qui faisait régner l’ordre sur Paris et les infrastructures essentielles de banlieue. Plus on s’enfonçait au coeur du bâtiment, plus l’allure des gestionnaires était soignée et leurs responsabilités importantes. John gravit l’escalier qui menait au Bureau de sécurisation du commerce. À la mondialisation des échanges s’était substitué un commerce entre cités-États par convois blindés. Trop bruyants, les avions étaient cloués au sol depuis l’Infestation. Quant aux trains, ils ne pouvaient pas s’arrêter assez vite en cas d’attaque. Restait le transport routier qui avait réussi à s’adapter. Des expéditions de camions cuirassés surmontés de tourelles armées assuraient le transport feutré de marchandises grâce à de puissants moteurs à hydrogène. Ils s’immobilisaient à la moindre signature radar. L’une de ces caravanes allait bientôt partir pour Orléans et John voulait en être. Un déplacement à haut risque, mais grassement rémunéré : mille deux cents crédits pour deux semaines de travail et surtout quatre mille points de mérite, sésame pour le premier rang de citoyenneté.

    L’entretien fut éprouvant. Capable de faire illusion vingt minutes d’affilée, John s’en sortit bien mieux que le soudard moyen. C’était dans la poche. Pour faire retomber la tension, il flâna dans les rues voisines en tirant de temps à autre des bouffées de son cigarillo. La détente fut de courte durée. Un bourdonnement suspect, d’abord léger, devint de plus en

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