Touchez pas à nos canons!
Depuis trois jours, le bruit court que l’armée prussienne marche sur la capitale. Ce matin, les Parisiens en colère envahissent le Palais-Bourbon. Cette intrusion sonne le glas du Second Empire. L’impératrice Eugénie s’enfuit et les députés conduits par Léon Gambetta proclament la république. L’empereur n’a pas su les défendre, la république s’en chargera.
Le lendemain, un farouche républicain qui n’attendait que la chute d’un régime qu’il exècre, un homme de lettres exilé depuis dix-neuf ans, décide de faire son retour à Paris. Cet homme, c’est Victor Hugo. Quand il arrive à la Gare du Nord par le train venant de Bruxelles, une foule considérable l’attend. Emu, il s’adresse à elle : « Citoyens, j’avais dit : Le jour où la république rentrera, je rentrerai. Me voici. Deux grandes choses m’appellent. La première, la république. La seconde, le danger. Je viens ici faire mon devoir. Quel est mon devoir ? C’est le vôtre, c’est celui de tous. Défendre Paris, garder Paris. Sauver Paris, c’est plus que sauver la France, c’est sauver le monde. Paris est le centre même de l’humanité. Paris est la ville sacrée. Qui attaque Paris attaque en masse tout le genre humain. » Rose, une jeune cousette de 20 ans, est de ceux que ces paroles exaltent. Rose est jolie et bien faite ; son visage, encadré de boucles blondes, respire la fraîcheur. Elle est à l’âge où l’on ne devrait se soucier que des amours. D’ailleurs, Rose a un galant : Joseph.
Il est menuisier dans l’atelier de son père du côté de la Bastille. Parfois, le dimanche, il emmène Rose dans une guinguette de Montmartre pour boire un petit verre de ratafia d’angélique.
Ensuite, ils dansent sur une valse musette ou une java. Joseph voudrait bien épouser Rose, mais elle préfère qu’ils restent bons amis. Elle sait ce qu’il en coûte à une fille de devenir une épouse. A l’image de Louise Michel, cette institutrice militante féministe qui clame sa colère contre l’asservissement des épouses rabaissées au rang d’objets par le Code civil de Napoléon I , Rose
