Le Mur de Fer: Les Arabes et nous
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À propos de ce livre électronique
Celui-ci a en effet été un des premiers à reconnaître que le conflit entre Israël et les Arabes était de nature nationale et que la nation arabe n'allait pas renoncer à ses droits sur la terre d'Israël en échange des "avantages économiques" apportés par l'implantation sioniste. Mais ce constat lucide ne l'a pas conduit à préconiser un partage de la terre ou un Etat binational, contrairement aux pacifistes de son temps. L'originalité de l'analyse de Jabotinsky réside ainsi tant dans le respect qu'il porte à la nation arabe, que dans son refus de transiger sur les droits du peuple Juif.
Vladimir Z. Jabotinsky
Né à Odessa en 1880 et mort dans l État de New-York en 1940, Vladimir Zeev Jabotinsky est une des figures les plus marquantes du sionisme russe. Écrivain, journaliste et militant infatigable, créateur du mouvement sioniste révisionniste et du Bétar, il a conquis sa place parmi les fondateurs de l État d Israël, entre la génération de Théodore Herzl et celle de David Ben Gourion. Théoricien politique extrêmement lucide, il avait comprit la vertu cardinale pour les Juifs de se défendre eux-mêmes, et dès la première guerre mondiale, il obtint leur participation militaire en tant que tels à l effort de guerre des Alliés. Plusieurs premiers ministres d Israël, Menahem Begin, Itzhak Shamir, Ariel Sharon ou Benyamin Netanyahou ont pu se réclamer de son héritage politique et de sa ligne de fermeté : « La muraille de fer »
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Aperçu du livre
Le Mur de Fer - Vladimir Z. Jabotinsky
Photo de couverture :
Courtesy of the Jabotinsky Institute in Israel
À Sarah et Tom
TABLE DES MATIERES
Préambule
À propos du mur de fer (Les Arabes et nous)
La morale du Mur de Fer
Le conflit n’est pas religieux
Le problème arabe dédramatisé
Réponse à nos pacifistes
PRÉAMBULE
Dans un livre de souvenirs récemment publié en Israël, l’historienne Anita Shapira évoque une sorte de "cécité aux couleurs, répandue dans une grande partie du public israélien, qui permet de nier le fait que notre venue en Eretz-Israël, sans la moindre intention de déposséder les Arabes, et uniquement dans le but d’y édifier un pays juif, était du point de vue arabe un acte d’agression¹ ». Que l’on partage ou non cette analyse, force est de constater que, s’il est un penseur et dirigeant sioniste qui n’a jamais succombé à ce travers, c’est bien Vladimir Jabotinsky. Ce dernier n’a en effet jamais pensé que la terre d’Israël était une « terre sans peuple pour un peuple sans terre », selon l’expression bien connue, attribuée à Israël Zangwill.
Bien au contraire, comme il ressort sans ambiguïté des textes qu’on lira ci-après, le fondateur de l’aile droite du mouvement sioniste a adopté très tôt une position lucide sur la question arabe et sur les relations entre le sionisme et les habitants arabes en terre d’Israël (Eretz-Israël) – position qu’on pourrait définir comme une clairvoyance désabusée, ou comme un réalisme pragmatique – associés à un profond respect pour la nation arabe. Contrairement à beaucoup de penseurs sionistes socialistes, qui n’envisageaient le problème judéo-arabe qu’à travers les lunettes déformantes de l’idéologie marxiste et de la « lutte des classes », Jabotinsky a de son côté d’emblée défini celui-ci comme un affrontement entre deux revendications nationales et il n’a jamais dévié de cette position.
Mais il a dans le même temps rejeté avec vigueur toute idée d’un partage territorial fondé sur l’égalité supposée des deux revendications. Cette apparente contradiction – reconnaissance de la revendication nationale arabe dans son principe et rejet de celle-ci sur le terrain – a donné lieu à de nombreux contresens sur la pensée politique de Jabotinsky, qui sont dus parfois à l’ignorance, parfois à des visées polémiques. Il a ainsi été tantôt présenté comme le partisan d'un nationalisme exclusif et radical, tantôt comme celui d'un compromis territorial, voire d'un État binational².
En réalité, les conceptions de Jabotinsky sur le conflit judéo-arabe en Eretz-Israël et sur la validité des revendications nationales arabes sont marquées par une logique implacable et exemptes de tout dogmatisme. Il en a exprimé la quintessence dans les premières lignes de son fameux article « À propos du mur de fer », où il explique que [la paix] « ne dépend pas de notre attitude envers les Arabes, mais uniquement de l’attitude des Arabes envers le sionisme ». En d’autres termes, la question d’un règlement pacifique du conflit (qui se pose jusqu’à nos jours dans des termes qui n’ont pas fondamentalement évolué) dépend essentiellement de l’attitude arabe.
Jabotinsky a développé ses arguments sur ce point crucial en ayant principalement à l’esprit les idées des membres du Brith-Shalom – petit cercle d’intellectuels juifs allemands pacifistes, qui avaient dès l’époque imprimé de leur marque le débat interne au Yishouv (la collectivité nationale juive en Eretz-Israël avant 1948) – dont il fut le principal adversaire idéologique. Dès les années 1920, en effet, le pacifisme juif bénéficie d’une aura sans rapport avec le poids politique de ses partisans. Comme l’exprime Jabotinsky, au lendemain des terribles pogromes de 1929, s’adressant aux pacifistes au sein du Yishouv : « Comment se fait-il que vous ne prêchiez vos conceptions que parmi les Juifs ?³ » Les critiques formulées à l’encontre des membres du Brith-Shalom visent en particulier les conceptions de Martin Buber, qui a exprimé le credo pacifiste devant le 12e Congrès sioniste, réuni à Berlin en 1921, en les termes suivants :
« Le peuple juif, minorité violentée depuis deux mille ans dans toutes les contrées, se détourne avec horreur des méthodes du nationalisme dominateur dont il a été si longtemps la victime. Ce n’est pas pour chasser ou pour dominer un autre peuple que nous aspirons à retourner dans le pays auquel nous sommes attachés par des liens historiques et spirituels indestructibles⁴ ». C’est précisément contre cette forme d’argumentation – qu’on retrouve inchangée jusqu’à nos jours dans le débat politique israélien⁵ – que Jabotinsky a élaboré la conception du « Mur de fer ». Celle-ci peut être résumée succinctement ainsi : la revendication nationale arabe est certes fondée, mais la revendication juive l’est plus encore. Ou pour le dire en d’autres termes, il y a certes deux peuples en Eretz-Israël, mais ce fait indéniable ne signifie pas qu’ils jouissent de droits égaux. « Deux peuples sur une terre » n’a pas pour corollaire « une terre pour deux peuples », car il ne faut pas confondre les droits civiques et individuels et les droits nationaux. Comme il l’explique dans un article publié en 1916, sous le titre « Sionisme et morale »⁶ :
« Des tribus arabophones peuplent la Syrie, la péninsule arabe, la Haute Mésopotamie, le Yémen, l’Arabie, l’Egypte, Tripoli, la Tunisie, l’Algérie et le Maroc. Dans ce territoire, dont la superficie (péninsule arabe exceptée) est aussi grande que celle de l’Europe tout entière (la Russie exceptée), et qui suffit à nourrir un milliard de personnes, s’est généreusement établie une ethnie comptant 35 millions d’âmes. De l’autre côté, il y a le peuple Juif, pourchassé et privé de patrie, qui n’a pas un coin à lui dans le monde entier ; c’est lui qui a fait