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Profession lexicographe
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Livre électronique72 pages52 minutes

Profession lexicographe

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À propos de ce livre électronique

Quand Richelieu fonda l’Académie française en 1635, il demanda aux membres de cette auguste assemblée de dicter le bel usage. Aujourd’hui, les lexicographes décrivent-ils le bon usage ou tout simplement l’usage ? Leur revient-il de définir la norme d’une langue ? Comment établissent-ils cette représentation de la langue qu’est le dictionnaire ? Ce texte qui décortique la pratique lexicographique et les défis des lexicographes montre comment le dictionnaire reste le radar de la langue puisque les lexicographes doivent observer les usages lexicaux et tenir compte à la fois du travail de leurs prédécesseurs, des auteurs, des journalistes et de l’émergence de nouveaux mots et de sens nouveaux.
Marie-Éva de Villers est chercheuse agrégée à HEC Montréal. Elle a écrit notamment : Le multidictionnaire de la langue française (4e édition, 2003), La nouvelle grammaire en tableaux (4e édition, 2003), Le vif désir de durer. Illustration de la norme réelle du français québécois (2005).
LangueFrançais
Date de sortie26 mai 2011
ISBN9782760625792
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    Profession lexicographe - De Villers, Marie-Éva

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    Introduction

    Le dictionnaire, « véritable radar du langage qui

    donne l’écho de chaque mot, à tous les horizons ».

    ANDRÉ CHAMSON, cité dans

    Le Grand Robert de la langue française

    Nul ne peut prétendre maîtriser la langue dans son immensité, dans sa mouvance. Comment s’y retrouver dans la forêt touffue des mots et des sens ? Le dictionnaire se pose comme le repère par excellence : il saisit le langage pour en proposer des images commodément classées par ordre alphabétique qui répondent aux questions que se posent les locuteurs. C’est l’ouvrage de référence qui agit comme le miroir d’une société à une époque donnée, en un espace déterminé et dans un contexte défini.

    Le dictionnaire est un observatoire de l’usage des mots (le dictionnaire de langue) ou de l’univers nommé par les mots (le dictionnaire encyclopédique). C’est un tableau hyperréaliste, voire une photographie grand-angulaire de la langue, une œuvre qui recense et scénarise les milliers de personnages que sont les mots, qui précise leurs interrelations, en définit les significations, en apporte les nuances tout en renseignant sur la façon de les employer ou de les construire dans la phrase.

    Éliminer l’incertitude linguistique et combler les lacunes du savoir dans un ouvrage synthétique et de consultation facile (le dictionnaire), tels sont les principaux objectifs que poursuit le lexicographe.

    Pour certains linguistes théoriciens, la démarche des lexicographes n’est pas suffisamment scientifique, pas tout à fait systématique : tantôt sont intégrés dans le dictionnaire certains dérivés tels que détortiller, languissamment, transdermique, tantôt ne sont pas recensées toutes les créations potentielles. À ce reproche, on répondra que c’est d’abord l’usage qui dicte le choix des mots plutôt qu’un modèle rationnel, que le travail lexicographique s’apparente davantage à celui d’un artisan qu’à celui d’un logicien.

    Qu’on le veuille ou non, l’ensemble des jugements que portent les lexicographes sur la langue comprend une large part de subjectivité. En premier lieu, il faut décider de l’intégration ou non d’un mot donné dans le dictionnaire, puis de l’organisation, de la hiérarchie des significations de ce mot, du choix des citations, des exemples qui servent à illustrer ses divers sens, des marques d’usage qui l’accompagnent, s’il y a lieu. L’emploi de ce mot se limite-t-il à un territoire donné ? Est-ce un mot de registre familier ou littéraire ? Est-il courant, archaïque, vieilli ou néologique ? Est-il didactique, rare ? Appartient-il à la langue d’une spécialité ? Voilà autant de questions auxquelles les auteurs de dictionnaires doivent répondre.

    Pour autant, les lexicographes ont-ils le pouvoir de définir la norme ? Non, ils ne font que tenter de cerner le consensus qui s’élabore autour d’eux sur les modes d’expression valorisés. En somme, ils enregistrent la norme qui existe au sein de leur communauté linguistique. Par ce travail d’analyse, de jugement et de synthèse, les auteurs de dictionnaires et de grammaires contribuent cependant largement à la diffusion de cette norme.

    Il n’est pas tout à fait raisonnable de se lancer dans l’aventure de concevoir et de rédiger un dictionnaire : on pourra même juger qu’il s’agit d’une entreprise insensée, tellement elle est ambitieuse. Les lexicographes sont atteints à des degrés divers de la « folie du dictionnaire », selon les mots d’Arsène Darmesteter, auteur avec Adolphe Hatzfeld du Dictionnaire général de la langue française (1890-1900). Pensons à Émile Littré, consumé par la rédaction de son Dictionnaire de la langue française (1863-1872), à Pierre Larousse qui, à la fin de sa vie, ne s’autorisait que quelques heures de sommeil sur un lit de fortune dans son bureau de peur de ne pouvoir achever son Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle (1864-1876), à James Augustus Henry Murray, dans son scriptorium tapissé de fiches, qui consacra un demi-siècle à l’élaboration de son monumental Oxford English Dictionary (1928).

    La profession de lexicographe ne se conçoit pas sans cette exploration fascinante de la langue, sans cette passion dévorante du langage. Et le fruit de cette recherche est une immense lettre d’amour, un dictionnaire.

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    La pratique lexicographique

    Une bibliothèque de mots ?

    La lexicographie est la branche de la linguistique appliquée qui a pour objet d’observer, de recueillir, de choisir et de décrire les unités lexicales d’une langue et les interactions qui s’exercent entre elles. L’objet de son étude est donc le lexique, c’est-à-dire l’ensemble des mots, des locutions en ce qui a trait à leurs formes, à leurs significations et à la façon dont ils se combinent entre eux.

    Les lexicographes se contentent-ils d’établir le « catalogue de tous les mots d’une langue »,

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