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La CONVENTION DU PATRIMOINE MONDIAL: La vision des pionniers
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Livre électronique581 pages6 heures

La CONVENTION DU PATRIMOINE MONDIAL: La vision des pionniers

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À propos de ce livre électronique

Adoptée à Paris en 1972, la Convention du patrimoine mondial s’intéresse par définition à tous les pays du monde. Généreuse dans sa mission de reconnaissance et de protection du patrimoine culturel et naturel, elle reste l’une des plus célèbres de l’Unesco par la diversité qu’elle embrasse.

Ce livre porte sur l’évolution de cette Convention de 1972 à 2000, son histoire et ses applications. Écrit par des spécialistes qui ont joué un rôle constant auprès du Comité du patrimoine mondial, il permet d’aborder les notions fondamentales de patrimoine et de cerner, notamment, le concept assez nouveau de « paysage culturel ».

Pour mieux faire comprendre cette histoire, les auteures ont également choisi de donner la parole à de nombreux acteurs de la Convention du patrimoine mondial, entre sa conception, sa mise en place, ses évolutions et parfois sa critique.
LangueFrançais
Date de sortie19 juin 2017
ISBN9782760637641
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    Aperçu du livre

    La CONVENTION DU PATRIMOINE MONDIAL - Christina Cameron

    Chapitre 1

    La création de la Convention

    du patrimoine mondial

    L’institution de la Convention du patrimoine mondial a une histoire complexe de propositions et de contre-propositions, de débats enflammés et d’importantes rivalités institutionnelles. L’objectif de la Convention de mettre sur pied un système de coopération internationale pour préserver les sites patrimoniaux les plus significatifs pour l’humanité n’a jamais été remis en cause, mais il a fallu, pour parvenir à un accord, passer par toutes sortes de prises de position institutionnelles et de tractations diplomatiques. Issue de préoccupations qui se font jour un peu partout dans le monde à partir des années 1920 et qui reprennent après la Deuxième Guerre mondiale avec un souci supplémentaire de protéger aussi certains sites naturels, la Convention apparaît clairement comme le produit d’une sensibilité nouvelle à l’égard du développement des villes et de la dégradation de l’environnement. Par ses dispositions pour définir et préserver les grands sites du patrimoine de l’humanité, la Convention de 1972 constitue un accomplissement extraordinaire dans l’histoire des traités internationaux.

    Rétrospectivement, l’adoption de la Convention du patrimoine mondial paraît inéluctable. Personne ni aucun groupe ne peut s’en attribuer la paternité. Ce traité résulte de décennies de débats et d’innombrables initiatives particulières, de sorte qu’il semble vraiment être une création de l’esprit de son temps. Dans les années 1920 et 1930, comme l’explique Sarah Titchen, émergent sous les auspices de la Société des Nations (SDN) les idées de patrimoine commun et de coopération internationale, de même que de nouvelles façons de mener les relations diplomatiques5. Titchen cite la Conférence d’Athènes de 1931, organisée par l’Office international des musées de la SDN, comme un jalon important dans l’histoire des idées qui allaient mener à la Convention du patrimoine mondial. Lors de ce premier Congrès international des architectes et techniciens des monuments historiques, on élabora la Charte d’Athènes pour la restauration des monuments historiques, où l’on proclamait que «la conservation du patrimoine artistique et archéologique de l’humanité intéresse la communauté des États, gardienne de la civilisation6». Titchen conclut que la SDN faisait ainsi la promotion de «l’idée d’un patrimoine commun de l’humanité qui commandait des efforts de conservation et de coopération à l’échelle internationale – une idée et une pratique qui allaient revenir à l’avant-plan quand les fonctions de la SDN seront reprises par l’Unesco en décembre 1946. La Convention du patrimoine mondial trouve son origine dans ces premières ébauches7».

    À la fin des années 1940, plusieurs initiatives convergentes donnèrent une force nouvelle au mouvement de protection de l’environnement. En 1948 débutèrent les travaux préparatoires à la création de l’Union internationale pour la conservation de la nature et des ressources naturelles, qui deviendra plus tard l’Union internationale pour la conservation de la nature8. La Conférence des Nations unies pour la conservation et l’utilisation des ressources naturelles, qui se tint à Lake Success (New York) en 1949, réunit toute une série d’organisations internationales, dont l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Unesco, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Organisation internationale du travail (OIT). Dans sa présentation historique du mouvement de protection de l’environnement, McCormick déplore que «la plupart des historiens ignorent injustement cette conférence»; il en vient à la conclusion que «sans l’ombre d’un doute, elle marque une étape importante pour le mouvement environnemental mondial9».

    Cette préoccupation croissante pour la protection de sites marquants apparaît plus généralement comme une réaction aux destructions sans précédent du patrimoine historique durant les deux guerres mondiales. Les bombardements, les déprédations et les trafics clandestins de biens culturels suscitèrent la mobilisation de l’Unesco et d’autres organisations pour prévenir de tels désastres à l’avenir. Dans les années 1960, alors que le souvenir de la guerre s’estompait, de nouveaux enjeux apparurent. L’industrialisation et l’urbanisation progressaient à un rythme effréné, menaçant plusieurs monuments historiques et d’innombrables écosystèmes. Les institutions internationales gagnaient en influence, les communications s’amélioraient et les voyages sur de longues distances devenaient plus faciles. Durant cette période, on vit surgir simultanément, mais sans concertation, des accords internationaux pour la protection de sites remarquables. Ce foisonnement d’initiatives, les unes pour préserver des sites naturels, les autres pour protéger un patrimoine culturel, se fit sans coordination entre elles jusque dans les années 1970. Elles témoignaient d’inquiétudes grandissantes face à la dégradation de l’environnement et la déperdition du patrimoine culturel. Elles apparurent à peu près en même temps dans différentes organisations vouées à la protection de la culture et de l’environnement10.

    Indépendantes mais contemporaines, ces initiatives marquent aussi dans plusieurs pays l’amorce stimulante de nouvelles approches holistiques en matière de protection de l’environnement et de planification territoriale, des approches qui favorisent une interaction croissante des professionnels de la conservation, malgré le divorce marqué entre les sciences naturelles et les disciplines culturelles. La décennie menant à la Convention de 1972 a été si dynamique, si fertile en propositions et en approches inédites, qu’elle reste inégalée en comparaison des quarante années qui suivirent. L’examen des documents et des témoignages des pionniers des années 1960 montre que c’est à ce moment qu’on posa les bases du système conceptuel et opérationnel du Patrimoine mondial.

    La protection du patrimoine naturel

    L’histoire de l’intégration à la Convention du patrimoine mondial de mesures de protection de la nature est liée à la participation conjointe de l’Union pour la conservation de la nature (UICN), du secteur scientifique de l’Unesco et d’un groupe influent d’environnementalistes américains. L’UICN, une organisation internationale mise sur pied en 1948 avec le concours de l’Unesco, fit valoir une approche scientifique dans les questions d’utilisation et de préservation des ressources naturelles. L’Unesco, en tant qu’organisation intergouvernementale, devait tenir sur ces questions des positions scientifiques certes, mais aussi politiques. Pour poursuivre leurs objectifs de conservation, l’Unesco et l’UICN se concentrèrent au départ sur la recherche scientifique, la diffusion d’informations et certains programmes ciblés. En 1965, une conférence pour la coopération internationale eut lieu à la Maison-Blanche où l’on avança l’idée de constituer une Fondation du patrimoine mondial. C’est là que la proposition d’élaborer formellement un traité international à cet effet reçut une impulsion décisive. La Conférence des Nations unies sur l’environnement humain, qui s’est tenue à Stockholm en 1972, mit en marche ce processus qui mena l’UICN à rédiger un avant-projet de convention pour la protection des sites du patrimoine mondial.

    Dans son histoire de l’UICN, Martin Holdgate parle des années 1960 comme de la décennie de l’«explosion des questions environnementales11». C’est durant cette période que l’UICN s’investit activement dans le combat pour la création d’une instance internationale de protection du patrimoine naturel. Les premières mesures prises à l’échelle internationale pour la préservation de zones écologiquement sensibles remontent à 1958, quand l’UICN proposa au Conseil économique et social des Nations unies (Ecosoc) de dresser une liste des plus importants parcs nationaux et autres aires protégées. Adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies en 1962, la première Liste des Nations unies des parcs nationaux et réserves analogues avait été établie par l’UICN et parut la même année12. Il est intéressant de noter que, dès le départ, la liste comprenait des sites culturels et des paysages patrimoniaux, dont l’immense site archéologique d’Angkor au Cambodge et le parlement en plein air du parc national de Thingvellir en Islande, tous deux d’ailleurs désormais inscrits au patrimoine mondial13.

    Cette initiative de l’UICN connut un nouveau développement à la Première Conférence mondiale sur les parcs nationaux qui se déroula à Seattle, dans l’État de Washington, en 1962. L’objectif de ce rassemblement de spécialistes de la conservation de la nature, venant de plus de 60 pays, dont une nombreuse délégation d’Américains, était de favoriser une prise de conscience de l’importance de cet enjeu et d’encourager la constitution de parcs nationaux partout dans le monde14. Parmi les 28 recommandations formulées par la Conférence – qui traitaient aussi bien de la protection des espèces menacées, des habitats naturels et des terres agricoles, que de la constitution de parcs nationaux terrestres et maritimes ou de la recherche interdiscipli- naire –, deux recommandations concernaient spécifiquement le patrimoine mondial. La Recommandation 12 suggérait d’élargir le concept de parc national de façon à y intégrer entre autres «des réserves naturelles, des zones de recherche scientifique, des sites archéologiques, historiques et culturels15». Dans une reconnaissance étonnamment précoce des liens entre culture et nature, la Recommandation 4 encourageait la section culturelle de l’Unesco à se porter à la défense de la beauté et du caractère unique de certains paysages, en soulignant leur affinité avec des parcs nationaux16. Dans ses réflexions sur l’«invention» du patrimoine mondial, Michel Batisse de l’Unesco (qui n’a pas assisté à la Conférence de Seattle) avance qu’«une proposition associant aussi intimement sites naturels et sites culturels ne pouvait guère naître qu’aux États-Unis, où la protection de ces deux catégories de biens relève, à l’échelle de l’État fédéral, d’une seule et même administration, le National Park Service du Département de l’Intérieur17».

    Le «World Heritage Trust» (1965)

    L’UICN aurait ainsi continué de mettre en œuvre son programme décennal adopté à Seattle, si le Président des États-Unis Lyndon Johnson n’avait décidé, pour marquer le vingtième anniversaire de la création des Nations unies, de désigner 1965 comme l’Année de la coopération internationale. Cette initiative mena à la convocation à la Maison-Blanche d’une conférence sur la coopération internationale où prit forme l’idée d’un Fonds du patrimoine mondial18. Cette conférence mit au défi plusieurs instances économiques et sociales, dont le secteur des ressources naturelles, d’explorer de nouvelles façons d’améliorer la coopération internationale.

    L’historien Peter Stott, dans son étude très bien documentée sur le Comité pour la préservation des ressources naturelles et le développement, avance avec de solides arguments que ce fut le Président de la conférence Joseph L. Fisher qui conçut l’idée d’un Fonds du patrimoine mondial. Russell E. Train, alors Directeur de la Conservation Foundation et membre du comité Fisher, rappelle dans un entretien comment Fisher lui demanda de jongler avec cette idée:

    Joe était alors président d’une organisation appelée Resources for the Future qui était une sorte de think tank soutenu par la Fondation Ford, pour – vous vous en doutiez – débattre d’abord et avant tout de questions de ressources naturelles. Et comme je l’ai dit, il présidait aussi le Comité. Et il proposa dans une de nos réunions de créer un Fonds du patrimoine mondial. Je pense que cette idée n’était pas encore très étoffée. Ce n’était qu’une idée qui lui était venue et qui restait encore très sommaire – il l’a peut-être couchée lui-même sur papier, je ne me rappelle pas. Il m’a tendu une feuille et m’a demandé ce que j’en pensais. C’était une idée nouvelle pour autant que je sois concerné19.

    Le comité Fisher élabora plusieurs concepts qui aboutiront ultérieurement dans la Convention du patrimoine mondial. Le rapport final du comité évoque «ces ressources uniques et irremplaçables [...] que des préoccupations internationales légitimes souhaitent préserver pour l’étude et la jouissance de tous les peuples du monde, et pour le bénéfice du pays où elles se trouvent». Pour cerner ces sites, le comité en appelait à «la compilation d’une liste de base des zones et des sites qui intéressent la communauté internationale» et à la nécessité «d’évaluer cette liste de base et de désigner les quelques zones et sites qui répondent aux plus hautes exigences» de conservation. Dans cette perspective, un Fonds du patrimoine mondial devrait comprendre «seulement les zones et les sites qui sont absolument superbes, uniques et irremplaçables». Pour de tels sites, la coopération internationale serait disponible pour des aides au financement et des conseils techniques, et pour la promotion de l’éducation et du tourisme. Le comité Fisher recommanda formellement la constitution d’«un Fonds du patrimoine mondial qui serait responsable devant la communauté mondiale de stimuler la coopération internationale pour identifier, établir, développer et aménager les zones naturelles, les paysages et les sites historiques les plus admirables, au bénéfice actuel et futur des citoyens du monde entier20». Toutes ces idées reviendront plus tard dans la Convention du patrimoine mondial.

    L’UICN et le Fonds du patrimoine mondial (1966-1967)

    Holdgate voit dans cette période «une floraison de militantisme environnemental» dans les secteurs gouvernementaux et intergouvernementaux, avec l’adoption de nombreuses lois et la mise sur pied de ministères et de commissions d’enquête sur l’environnement21. En 1966, à l’Assemblée générale de l’UICN à Lucerne, Joseph Fisher présenta son idée de créer un Fonds du patrimoine mondial. L’idée galvanisa l’auditoire. Deux autres Américains influents étaient présents: Harold J. Coolidge, un des fondateurs de l’UICN qui venait d’en être nommé président cette même année, et Russell Train, qui participait, comme on l’a dit, au comité Fisher. Dans son discours de Lucerne, intitulé «De nouvelles perspectives de conservation pour les années qui viennent», Fisher formulait cinq propositions institutionnelles, comme autant d’«exemples du genre de mesures [qu’on doit] oser prendre pour mettre sur pied un programme de conservation à la hauteur des défis et des possibilités de l’avenir». Parmi ces cinq propositions figurait celle, proposée par le Comité pour la préservation des ressources naturelles et le développement, de constituer un Fonds du patrimoine mondial22.

    Par ces propositions, Fisher introduisit des concepts et des termes qui allaient se retrouver dans la Convention du patrimoine mondial. Il reprit textuellement les recommandations qu’il avait faites l’année précédente à la Maison-Blanche. Il donna des exemples de ce qu’il considérait comme des sites du patrimoine mondial: «le Grand Canyon du Colorado; les plaines du Serengeti; le Salto Ángel; le mont Everest; des sites archéologiques comme Angkor, Petra, les ruines incas, les cités mayas et aztèques; des monuments historiques comme les pyramides, l’Acropole ou Stonehenge». Il proposa deux listes, «une liste de base des sites et des zones d’intérêt international» et une sélection de «ces quelques zones et sites qui répondent aux plus hauts critères requis. Il est essentiel que les critères de sélection soient finement élaborés et que le Fonds retienne seulement les zones et les sites qui sont absolument superbes, uniques et irremplaçables23». L’idée de ces deux listes distinctes subsiste dans le texte de la Convention sous la forme d’«un inventaire des biens du patrimoine culturel et naturel» et d’une «liste du patrimoine mondial» (art. 11.1-2). Enfin, Fisher en appela à la coopération internationale pour rassembler des fonds et fournir l’assistance technique nécessaire au «bon usage de ces zones de façon à favoriser la croissance24».

    Le Sous-Directeur au secteur scientifique de l’Unesco, Michel Batisse, qui assista à la Conférence de 1966 à Lucerne, déclarera plus tard: «j’entendis parler pour la première fois de cette proposition dans une allocution prononcée par Joseph Fisher lui-même. L’idée de placer la protection de la nature sur le même plan que la protection de la culture me parut sans doute à la fois séduisante et opportune25.» Il admettra toutefois n’avoir pas saisi alors les implications qui en découlaient pour l’Unesco, parce qu’il pensait que Fisher avait en tête de créer une fondation philanthropique privée et non pas un mécanisme intergouvernemental.

    L’année suivante, les Américains continuèrent de faire la promotion d’un Fonds du patrimoine mondial. Comme Président de la Conservation Foundation, Train prononça un discours au congrès international du World Wildlife Fund (WWF) à Amsterdam où il «formula le concept de patrimoine mondial, mis en avant par Joseph Fisher puis par le Comité [pour la préservation des ressources naturelles et le développement], et invita la communauté internationale à l’adopter et à le développer26». En faisant valoir que les créations de l’humanité étaient indissociablement liées à leur environnement naturel, Train plaida pour «un effort international de coopération qui rassemble en un programme unifié un souci commun du patrimoine naturel comme du patrimoine culturel de l’homme27».

    L’Unesco et les sciences naturelles dans les années 1960

    En même temps que les Américains se faisaient les promoteurs de cette idée dans le réseau de l’UICN, l’Unesco commençait à s’engager activement dans la conservation du patrimoine naturel, en raison du mandat qui lui avait été confié d’établir des normes internationales et de promouvoir la coopération en ce domaine. Déjà, en 1962, à sa Conférence générale, l’Unesco avait adopté une résolution pour «fournir une assistance technique aux pays en voie de développement pour la conservation, la reconstitution et l’enrichissement de leurs ressources naturelles, de leur flore et de leur faune28». Les programmes de l’Unesco dans ce domaine s’appuyaient sur l’expertise scientifique de l’UICN29. Jusqu’au milieu des années 1960, ils mettaient la priorité sur un soutien à la recherche dans les sciences fondamentales, les sciences de la terre et de la vie, et sur les applications scientifiques et technologiques susceptibles de favoriser le développement économique.

    C’est seulement à partir de 1966 qu’un nouveau champ d’intérêt scientifique émergea, qui s’intéressait aux ressources naturelles en elles-mêmes et pour elles-mêmes. À la Conférence générale de l’Unesco de 1966, les membres lancèrent un vaste programme de recherche et d’éducation dans diverses disciplines scientifiques. Ils approuvèrent aussi la mise sur pied d’un nouveau programme pour «stimuler la recherche et la formation concernant les ressources et le milieu naturels des terres émergées et leur conservation», en soulignant spécifiquement la nécessité de mener des recherches écologiques et interdisciplinaires. Ce programme témoignait d’une conscience nouvelle de la nécessité d’adopter dans les questions environnementales une approche holistique et globale. Pour le lancer, l’Unesco obtint l’autorisation d’organiser une conférence qui réunirait des experts du domaine en 196830. Ce fut là un événement majeur qui marque l’émergence d’une perspective environnementale à l’Unesco. Dans son histoire récente de l’organisation, Chloé Maurel estime que cette conférence de 1968 fut la première à prendre en considération conjointement les questions d’environnement et de développement, d’une manière qui préfigure la notion de développement durable31.

    La Conférence intergouvernementale d’experts sur les bases scientifiques de l’utilisation rationnelle et de la conservation des ressources de la biosphère, et une réunion parallèle de spécialistes des questions culturelles à l’Unesco, qui eurent lieu toutes deux en 1968, répondaient chacune de leur côté aux changements accélérés qui se produisaient dans le monde: dégradation de l’environnement, urbanisation croissante, exode rural, industrialisation massive. Bizarrement, ces initiatives pour la préservation du patrimoine naturel et du patrimoine culturel s’ignoraient mutuellement les unes les autres. Menées en parallèle à l’intérieur de l’Unesco, elles n’eurent aucun contact entre elles avant 1970. Les divisions relevant du secrétariat de l’organisation semblent avoir eu à cette époque un fonctionnement en silos. Batisse, alors Directeur de la Division des ressources naturelles au secteur des sciences de l’Unesco, admet, des initiatives du secteur culturel, «[qu’il] en ignorai[t] malheureusement l’existence jusqu’au milieu de 197032». En comparaison de la petite réunion d’experts du patrimoine culturel, la Conférence de 1968 sur la biosphère avait d’ailleurs été d’une tout autre ampleur, témoignant là encore de préoccupations croissantes pour la défense de l’environnement. Cette conférence avait rassemblé plus de 300 participants de 63 pays, majoritairement des universitaires, des scientifiques et des experts des organisations internationales. Parmi les délégués, on comptait plusieurs environnementalistes américains, dont les promoteurs d’un Fonds du patrimoine mondial, Coolidge, Train et l’écologiste Lee Talbot33.

    La Conférence se fondait sur la prémisse que l’homme participait de la biosphère. Les débats produisirent à profusion de nouvelles idées sur la façon d’améliorer l’environnement humain par la recherche, l’éducation et les politiques de développement. Les experts soulignèrent la nécessité de créer des réserves naturelles et des parcs nationaux comme étalons de comparaison entre les écosystèmes naturels et les aménagements humains. Dans une première élaboration du concept de développement durable, ces experts posèrent que «la conservation, si elle implique la préservation, en est généralement venue à signifier la bonne utilisation des ressources34». Parmi les recommandations formulées par la Conférence, une des plus importantes concernait la mise sur pied par l’Unesco d’un programme sur l’Homme et la biosphère, pour préserver les sites et les espèces en danger par la création de parcs nationaux et de réserves naturelles. On suggérait aussi de présenter ces idées à la Conférence des Nations unies sur l’Environnement humain, qui aurait lieu à Stockholm en 1972. Les experts n’envisageaient pas encore l’adoption d’un traité contraignant, mais simplement celle d’une «Déclaration universelle sur la protection et l’amélioration de l’environnement humain35».

    Suivant l’avis des experts, la Conférence générale de l’Unesco de 1968 autorisa l’étude d’un projet de programme intergouvernemental et interdisciplinaire de conservation du milieu naturel et d’utilisation rationnelle des ressources. Elle encourageait à cet effet la coopération entre les organisations compétentes du système des Nations unies et les organisations scientifiques internationales non gouvernementales36. En conséquence, la 16e Conférence générale de l’Unesco adopta le 23 octobre 1970 la mise sur pied du programme «L’Homme et la biosphère» qui consistera essentiellement à étudier l’ensemble de la structure et du fonctionnement de la biosphère et de ses régions écologiques, de façon à préserver la diversité biologique. Le programme devait aussi encourager la recherche et l’éducation dans les sciences naturelles37. On créa un Conseil international de coordination du programme et un secrétariat de l’Unesco chargés de mettre sur pied et de coordonner un réseau international de réserves de la biosphère dans les diverses régions naturelles du globe. Il est remarquable qu’on ait d’emblée adopté une approche holistique pour l’étude des écosystèmes, en prenant en considération la faune et la flore aussi bien que les humains qui les habitent. Ce programme restait toutefois limité dans ses possibilités d’action. Il pouvait encourager des gouvernements à prendre certaines mesures par la persuasion, en en appelant à leur fierté nationale, mais il n’avait pas le poids d’un traité international.

    Alors que l’Unesco s’était engagée à revoir le programme «L’Homme et la biosphère» après le sommet de Stockholm, elle ne manifestait pas encore l’intention d’élaborer son propre traité de protection du patrimoine naturel. Il faut noter que c’est Michel Batisse de l’Unesco qui fut le Secrétaire général de la réunion d’experts de 1968, et il contribua plus tard à la rédaction d’un avant-projet de traité pour l’UICN.

    L’UICN et une proposition de convention (1970-1972)

    L’élément déclencheur qui incita l’UICN à plancher sur un projet de convention fut la décision de l’Assemblée générale des Nations unies d’accepter la proposition de la Suède d’accueillir à Stockholm une conférence sur l’environnement. Cet événement marque un jalon important dans le développement du mouvement environnemental38. L’UICN vit dans le sommet de Stockholm l’occasion d’obtenir un accord à la mise en œuvre de lois internationales de protection de l’environnement. Elle mit en chantier quatre nouvelles conventions qui visaient la protection de certaines îles à des fins scientifiques, le contrôle du commerce des espèces animales et végétales sauvages, la conservation des milieux humides et celle du patrimoine mondial39.

    Lee Talbot, membre à l’époque du personnel de l’UICN, qui avait aussi travaillé à la préparation de la position des États-Unis, présenta à la direction de l’UICN une demande formelle qui, selon Stott, servit de base à un projet de convention40. Le Directeur général de l’UICN, Frank Nicholls, mit sur pied un comité qu’il dirigea lui-même et qui rassemblait Train, Batisse et un représentant de la FAO. Ce projet de convention pour la conservation du patrimoine mondial se préoccupait d’abord des zones naturelles, mais aussi de certains sites culturels, en s’appuyant sur la Liste des Nations unies des parcs nationaux et réserves analogues. Ce document ne précisait pas l’instance qui en serait responsable, il assumait que ce serait l’UICN41. On débat encore du moment où Batisse s’est rendu compte que l’initiative de l’UICN empiétait sur le projet de convention du patrimoine auquel travaillait le secteur culturel de l’Unesco. Lui-même écrit qu’il fit cette découverte par hasard en mai 1970 et qu’il en fit rapport à ses collègues du secteur culturel qui ne se sentirent pas concernés42. Talbot, quant à lui, déclare dans une entrevue récente avec Stott que ce fut seulement en avril 1971 que Batisse «a compris soudainement ce que nous faisions» et qu’il les avisa que l’Unesco «travaillait déjà à une telle convention, conformément à une directive de l’Assemblée générale adoptée quelques années plus tôt43». Quoi qu’il en fût, l’UICN finalisa son projet de convention en 1971 pour le soumettre au groupe de travail international responsable de la préparation du sommet de Stockholm.

    L’Initiative du patrimoine culturel

    C’est graduellement que l’Unesco en est venue à donner un sens plus large à son mandat pour y inclure la protection du patrimoine culturel. En ce qui concerne les sites patrimoniaux, des actions modestes ont mené progressivement à poser les bases d’un système de coopération internationale pour protéger, préserver et restaurer les monuments et les sites. En 1948, l’organisation décida d’étudier l’opportunité d’instituer un comité international d’experts et d’établir un fonds pour subventionner les actions de préservation «des antiquités et des sites historiques44». Dans les années 1950, ces travaux prirent de l’importance et inclurent le partage d’informations sur la préservation et les techniques de présentation, la mise sur pied d’instruments de protection des sites en cas de conflit armé et des mesures spécifiques de sauvegarde des paysages. L’idée de créer un comité d’experts «faisant fonction d’organe consultatif auprès de l’Unesco dans le domaine de la conservation, la protection et la restauration des monuments et des sites d’art et d’histoire et des sites de fouilles archéologiques45» aboutit en 1951 au Comité international pour les monuments, les sites d’art et d’histoire et les sites de fouilles archéologiques.

    En collaboration avec ce comité, l’Unesco établit plusieurs premiers jalons remarquables durant cette décennie, dont la Convention pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé (1954)46, la création du Centre international d’études pour la conservation et la restauration des biens culturels (ICCROM, 1956)47 et la Recommandation définissant les principes internationaux à appliquer en matière de fouilles archéologiques (1956)48. On doit accorder une mention spéciale à la première que constitua la campagne menée par l’Unesco – sous la supervision de son Directeur général René Maheu –, pour sauver les monuments d’Abou Simbel et de Philæ en Nubie égyptienne (1960-1968), mettant en pratique le principe d’une responsabilité internationale partagée dans la conservation de cet exceptionnel patrimoine de l’humanité49. Maurel estime que le prestige et la visibilité qu’apporta à l’Unesco cet impressionnant projet consolidèrent son leadership en matière de patrimoine culturel50. Anticipant le développement d’une approche plus holistique de la conservation dans la décennie suivante, l’Assemblée générale de l’Unesco recommanda de toujours viser à «la sauvegarde de la beauté et du caractère des paysages et des sites51».

    Les initiatives de l’Unesco

    pour le Patrimoine mondial dans les années 1960

    Conséquence des destructions massives de biens culturels durant les deux guerres mondiales, puis d’une urbanisation rapide et d’une industrialisation en pleine croissance, particulièrement dans les pays développés, l’urgence de préserver les sites du patrimoine mondial mena dans les années 1960 à diverses initiatives de la part de l’Unesco. Les instruments nouveaux de collaboration internationale élaborés à cet effet, quoique adoptés à la pièce et comme autant de solutions ad hoc, s’ancraient tous dans des idéaux et des valeurs favorisant un climat de paix et d’amitié entre les peuples. Même si demeurait l’idée d’un héritage commun à l’humanité, on peut toutefois observer une inflexion des politiques par rapport à la décennie précédente. L’idée de la conservation comme une fin en soi fit place à une nouvelle conception qui en valorisait aussi le rôle économique et social dans la vie de tous les jours. Le patrimoine, particulièrement en milieu urbain, posait le défi de préserver des monuments inaltérables dans un environnement en perpétuelle recomposition. C’est durant cette décennie que furent introduites les notions de paysage urbain ou rural et les propositions d’intégrer le patrimoine culturel à la planification territoriale à grande échelle – une évolution parallèle à celle prônant une approche respectueuse des écosystèmes dans la préservation des sites naturels. En prolongement logique de cette façon de penser, on en vint dans les années 1960 à prendre en considération les espaces naturels comme participant de l’environnement culturel, non pas comme une nature purement sauvage mais comme le cadre d’une vie communautaire.

    Une série de nouveaux instruments et d’initiatives de l’Unesco illustre ce développement graduel de l’action internationale. Le premier fut la Recommandation concernant la sauvegarde de la beauté et du caractère des paysages et des sites (1962) qui posa les principes généraux de leur conservation, en affirmant leur valeur culturelle et esthétique de «puissant régénérateur physique, moral et spirituel52». En plus d’intégrer la protection de la nature à un instrument de politique culturelle, cette recommandation apporte une innovation significative: elle tient compte de l’ensemble d’un territoire, et non pas seulement d’un site ou d’un paysage, et elle porte son attention sur l’environnement des monuments historiques, anticipant par là la doctrine actuelle de respect de leur cadre naturel. Cette recommandation demeure toutefois d’une portée limitée par son caractère non contraignant et le fait qu’elle dépende des règles et des mesures juridiques du pays concerné.

    Deux ans plus tard, en 1964, le deuxième Congrès international des architectes et techniciens des monuments historiques adopta un code international des pratiques de conservation: la Charte internationale sur la conservation et la restauration des monuments et des sites (mieux connue sous le nom de Charte de Venise). La présence à la séance inaugurale du Directeur général de l’Unesco René Maheu et la participation tout au long des assises de Hiroshi Daifuku, alors Directeur du secteur culturel, montrent bien le lien de cette initiative avec l’organisation53. La Charte de Venise évoque l’idée d’un patrimoine commun à l’humanité, mais elle en prolonge la portée au-delà des monuments spécifiques jusqu’à leur cadre urbain ou rural, et elle reconnaît la contribution de toutes les périodes historiques. La Charte de Venise donne toutefois la priorité aux considérations esthétiques et historiques. Il convient aussi de noter que ce congrès adopta une résolution à présenter à l’Unesco pour la création d’un Conseil international des monuments et des sites (ICOMOS) qui vit le jour en 1965.

    Dans cette atmosphère effervescente d’innovation et de collaboration internationale, de nouvelles idées émergèrent sur le lien du patrimoine culturel avec le tourisme, sur la nécessité de parer aux menaces que peuvent poser de nouveaux projets de construction et sur le besoin d’élaborer un système international de protection du patrimoine mondial. À la suite d’une étude de l’Unesco pour déterminer dans quelle mesure la préservation des monuments historiques contribuait à l’industrie du tourisme et au développement économique, l’Assemblée générale de 1966 adopta une curieuse résolution qui déclarait que le tourisme présentait un remarquable intérêt culturel et qui soulignait le lien entre la préservation des biens culturels et le développement économique54. En réaction aux menaces que faisait peser sur le patrimoine culturel une croissance incontrôlée des villes et des infrastructures, on créa un autre instrument international, la Recommandation concernant la préservation des biens culturels mis en péril par les travaux publics ou privés (1968)55. Cette nouvelle norme montre bien l’évolution qu’avait connue l’idée de patrimoine au cours de la décennie, car elle définit les biens à préserver comme des quartiers historiques et des ensembles traditionnels, et non plus comme des monuments isolés; elle souligne l’importance du cadre urbain ou rural à l’intérieur d’un plus large territoire. Pensée pour sa mise en œuvre au niveau national, la Recommandation ne reconnaît toutefois pas encore la valeur internationale des sites patrimoniaux à préserver.

    Les origines du projet de Convention de l’Unesco

    Quoique ces conceptions et ces initiatives constituent d’importants jalons vers l’adoption d’une Convention du patrimoine mondial, c’est en 1966 qu’on peut en faire remonter formellement le projet, quand la Conférence générale de l’Unesco autorisa le Directeur général «à étudier la possibilité de placer sous un régime international approprié, à la demande des États intéressés, un nombre restreint de monuments faisant partie intégrante du patrimoine culturel de l’humanité56». De façon significative, cette proposition évoque un régime de protection internationale, soit, en d’autres mots, une approche systématique et non plus au cas par cas, et une conception du patrimoine, qui transcendent les frontières nationales. La notion de sélectivité est aussi remarquable: seuls quelques monuments seraient visés par ce régime.

    Les suites de l’adoption de la résolution de 1966 jettent une lumière particulière sur le texte de la Convention du patrimoine mondial. Hiroshi Daifuku, qui dirigeait la Section de la mise en valeur du patrimoine culturel, commanda des rapports à divers experts internationaux pour élaborer un guide de restauration des monuments57. Au début de 1968, l’Unesco organisa une réunion d’experts pour élaborer une proposition de système international. L’interminable intitulé de cette rencontre est très clair: «Réunion d’experts pour coordonner, en vue de leur adoption à l’échelon international, les principes et les critères scientifiques, techniques et juridiques, applicables dans le domaine de la protection des biens culturels, des monuments et des sites». Même si elle se voulait porteuse d’un projet mondial, cette réunion était dominée par les Européens. Plus de la moitié des treize experts réunis pour l’occasion provenaient d’Europe58; les auteurs des rapports qui avaient été commandés étaient Robert Brichet (France), le professeur Guglielmo De Angelis d’Ossat (Italie) et le professeur Jan Zachwatowicz (Pologne); à l’exception de la Ligue des États arabes, toutes les organisations non gouvernementales étaient représentées par des Européens59. Les experts comparèrent les différents régimes de protection des monuments et des sites de douze pays: l’Autriche, l’Espagne, les États-Unis, la France, le Ghana, l’Inde, l’Italie, le Japon, la République arabe unie, le Royaume-Uni, l’Union soviétique et la Yougoslavie. Ils se penchèrent aussi sur les principes scientifiques et techniques et sur les dispositions juridiques pour assurer la protection des monuments et des sites, à l’échelon de chaque pays aussi bien qu’à l’échelon international.

    Le rapport final contient des notions, des approches et des formules que reprendra la Convention du patrimoine mondial en 1972: entre autres, la nomenclature taxonomique en «monuments, ensembles et sites» et la notion de paysage culturel, «œuvre combinée de la nature et de l’homme». La prise en compte des sites naturels ne tient pas tant à leur rôle d’écosystèmes qu’à leur valeur culturelle, esthétique et pittoresque. Les plus importantes recommandations de ces experts, étonnamment semblables à celles visant la protection du patrimoine naturel, sont consignées dans leurs conclusions; ils insistent sur la nécessité de mettre sur pied un système international intégré avec deux composantes: un régime de protection à l’échelon de chaque pays qui concerne tous les biens culturels et un régime de protection international, pour des monuments et des sites d’intérêt universel qui requièrent un soutien technique et financier particulier. Cette proposition d’une nécessaire composante nationale est à l’origine de la Recommandation, peu connue, concernant la protection sur le plan national du patrimoine culturel et naturel, qui fut adoptée en 1972 en même temps que la Convention du patrimoine mondial, mais qui est largement ignorée encore de nos jours60. Les experts de la réunion de 1968 n’envisageaient pas encore la constitution d’une liste générale des sites d’intérêt universel ni de confier la gestion de ce régime à l’Unesco. Leur rapport soulignait le besoin de confier l’établissement d’un régime de protection international à «une instance internationale, ou éventuellement [à] l’Unesco», qui regrouperait un personnel permanent et des experts et des techniciens fournis par les États membres61.

    On établissait ainsi les bases du cadre général et des concepts clés d’un système international de protection. L’enthousiasme des auteurs de ce rapport est palpable: «Il est temps par conséquent qu’une nouvelle conception de la tâche à accomplir soit formulée et

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