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Passeport pour l'évasion
Passeport pour l'évasion
Passeport pour l'évasion
Livre électronique150 pages1 heure

Passeport pour l'évasion

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À propos de ce livre électronique

Marie-Louise avait « perdu ses eaux » durant la messe de minuit, pendant qu'on entonnait le Minuit chrétien. L'accouchement s'était fait à la maison, comme c'était la coutume à l'époque à St-Firmin, vers cinq heures du matin. Le docteur Gendron, accompagné d'une infirmière, s'était rendu à domicile à la dernière minute. Il avait déjà commencé à passablement fêter et c'est son assistante qui avait fait les manœuvres de sortie. Peut-être que le joyeux docteur aurait dû assister aux trois messes-basses après la messe de minuit au lieu d'aller visiter ses voisins en plein réveillon.
(Extrait de la nouvelle « Les sœurs Laurier »)

« On pourrait qualifier certaines nouvelles comme formes hybrides de polars et de contes médicaux. Des "médipolars"? Même "Une autre histoire d'amour" avec son héroïne sympathique et constante associe la médecine et l'enquête, tout en demeurant une magnifique histoire passionnelle. C'est aussi un dévouement et une passion d'un autre genre qui marquent le dernier conte mémorable du Docteur Double J. »
- Roch C. Smith
Professor Emeritus of French
University of North Carolina at Greensboro
LangueFrançais
Date de sortie26 août 2021
ISBN9782897755140
Passeport pour l'évasion

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    Aperçu du livre

    Passeport pour l'évasion - Jean-Jacques Légaré

    On l’a échappé belle

    Chapitre 1

    Mardi 16 mai 2017, 23 h 50

    Josianne venait de stationner son autobus articulé dans l’entrepôt de Québec. Elle était épuisée. Après un trajet Toronto-Montréal, elle avait accepté de faire un Montréal-Québec pour remplacer un confrère malade. Elle avait appelé Émile, son copain, pour l’avertir de ce changement à l’horaire.

    Comme il pleuvait à l’arrivée à Québec, elle avait effectué sa manœuvre favorite : appliquer les freins ABS dans la courbe pour faire déraper la deuxième portion du mastodonte pour qu’elle s’accole à la bande de trottoirs… Elle était la seule femme à pouvoir réussir cet exploit et avait d’emblée été acceptée parmi le groupe des chauffeurs masculins. Elle se souvenait encore de sa première arrivée à Québec alors qu’une dizaine de « vétérans » l’attendaient sous la pluie pour la voir stationner tout de travers. Ils étaient à quelques pas de la bordure (mais pas trop près, on ne sait jamais), et n’étaient pas au courant que, la fin de semaine auparavant, elle avait répété cette manœuvre dans le stationnement du garage de Montréal.

    Elle était épuisée, mais heureuse, et une bonne nuit de sommeil lui ferait un grand bien. Ça avait été un trajet particulier. Il y avait d’abord eu, avant le départ, ce jeune à capuchon qui avait embarqué, s’était assis à l’arrière, puis avait décidé de débarquer en s’excusant. Il y avait une trentaine de passagers et tout s’annonçait plutôt calme. En moins de quinze minutes, une odeur légère s’était répandue dans l’habitacle. Un peu comme si quelqu’un avait décidé d’utiliser un parfum acheté chez Dollarama. Jamais il ne lui vint à l’idée d’aller vérifier d’où venaient ces effluves. Les gens de tous les âges se mirent à rire, à chanter et à parler entre eux, comme s’ils se connaissaient depuis toujours. Certains même tentaient de danser dans l’allée. « Drôle de party », se dit-elle… Le ton monta, comme dans les soirées chez mon oncle Eugène. Elle-même se surprit à chanter avec le groupe. Avaient-ils pris un coup à son insu ? Chose certaine, elle, n’avait pris aucune substance, et n’avait rien vu de spécial survenir dans l’habitacle.

    Josianne avait déjà essayé la cocaïne à deux reprises, mais ce soir, son bien-être avait été différent, beaucoup plus doux. Tout le monde, d’ailleurs, débarqua en se disant qu’ils avaient fait le plus beau des voyages…

    Josianne ne savait quoi penser. Elle resta assise pendant que tout le monde descendait. Puis elle alla ranger l’autocar. Il restait quelques employés à l’entrepôt, prêts pour le nettoyage du véhicule. C’est là qu’ils trouvèrent, à l’arrière, un sac dans lequel il y avait un contenant taché par des résidus blanchâtres qui dégageaient un peu de vapeur. Elle comprit qu’il pouvait y avoir un lien entre ce sac et l’attitude du groupe. Il fallait alerter la police, malgré son désir d’aller dormir. L’euphorie avait maintenant fait place à une grande tristesse.

    Une équipe fut sur place en quelques minutes. Ils saisirent le contenant. Puis il y eut le questionnaire d’usage, assez rapide. Ils ne semblèrent pas surpris d’entendre cette histoire.

    Les antécédents psychiatriques de Josianne n’avaient pas été mentionnés à son employeur lors de son embauche. Il y a quelques années, elle avait été traitée pour dépression sévère, et elle avait même eu un épisode psychotique qui avait nécessité une hospitalisation.

    On la libéra pour qu’elle aille dormir. L’hôtel était tout près. Elle se coucha immédiatement, mais ne ferma pas l’œil de la nuit. Elle ressentait les mêmes symptômes que lors de sa « grosse dépression ».

    Chapitre 2

    L’avant-midi fut difficile. Elle ne comprenait pas pourquoi on ne devait parler à personne de cet épisode. Même les deux grands patrons de la compagnie ne furent mis au courant que de quelques vagues détails sur l’épisode de la veille, entre Montréal et Québec. À partir de la liste des passagers, deux détectives débutèrent leur enquête. Ils tenteraient de rencontrer le plus grand nombre possible de voyageurs.

    La pauvre Josianne se sentait si mal qu’elle eut de la difficulté à répondre à leurs nouvelles questions. Elle leur parla du jeune assis à l’arrière qui avait décidé, juste avant le départ, de quitter l’autocar en s’excusant. Elle ne pouvait le décrire de façon précise, il avait un capuchon qui lui couvrait la tête. Ils avaient trois photos correspondant à des jeunes dans la vingtaine : elle crut reconnaitre le suspect. On lui donna congé en lui disant qu’il serait préférable qu’elle demande un arrêt de travail pour se remettre en forme. Elle devrait rester disponible pour d’autres interrogatoires possibles.

    Quelques heures plus tard, le chef de la Sureté du Québec s’entretenait avec le ministre de la Sécurité publique :

    — Avez-vous du nouveau concernant « l’opération Aérosol » ?

    — Oui, Monsieur le Ministre, nous approchons de la solution. Je rencontre le directeur national de la Santé publique du Québec. Il devrait être l’homme de la situation. Il semble y avoir un lien entre les deux premiers épisodes et le trajet en autocar d’hier soir, et nous pourrions avoir un suspect.

    Depuis un mois, la police faisait face à deux évènements inhabituels survenus dans la région du campus de l’Université de Montréal. Ça touchait des groupes de jeunes réunis lors d’activités festives où l’alcool et peut-être d’autres produits illicites étaient présents. La police avait été appelée parce qu’on avait trouvé, dans les deux cas, un sac contenant de la matière blanchâtre qui dégageait une vapeur bizarre. L’analyse de ces fonds de sac avait permis d’identifier différents produits : cocaïne, mescaline, propofol, versed et un autre produit non identifiable. Le tout avait été arrosé d’un alcool presque pur, du genre que l’on retrouve dans les laboratoires.

    Les chimistes à la Santé publique avaient demandé un peu de temps pour tenter d’identifier le produit mystère. Ils se demandaient aussi si les participants avaient été intoxiqués involontairement et s’il y avait eu des effets secondaires. Tous les fêtards à ces soirées avaient noté d’abord une odeur agréable, puis une relaxation et un bien-être propices à des écarts de conduite et une euphorie anormale. Puis, dans les jours suivants, une tristesse et une anxiété s’installaient. Et c’était pire chez les gens ayant déjà connu des épisodes dépressifs ou anxieux antérieurement.

    Les autorités s’étaient montrées très avares de réponses aux questions des participants à ces soirées, se contentant de dire qu’ils seraient éventuellement contactés et qu’ils auraient peut-être des réponses à leurs questions.

    Chapitre 3

    L’aspect le plus préoccupant de cette histoire était le non-consentement des participants à cette intoxication chimique.

    Cette exposition involontaire pouvait amener à des abus infinis, concernant des prises de décisions lors de réunions, des gestes inappropriés. On pourrait contrôler des gouvernements, changer l’histoire du monde à la limite…

    Il fallait agir vite. En deux mois, deux fêtes avaient subi une « vaporisation ». Et maintenant, c’était un groupe de bonnes gens qui avait été choisi. Pourquoi ? Le ministre de la Sécurité publique du Québec n’avait pas de réponse et il comprenait bien l’urgence de la situation.

    Une réunion se tint le même jour entre le chef de la S.Q. et le directeur national de la Santé publique du Québec, le Dr Emilio Batista. Celui-ci avait fait les constatations suivantes : La situation était urgente et on devait tenter d’identifier la nature du produit X. Rien ne pouvait faire penser que le crime organisé faisait partie de l’équation pour le moment : le « modus operandi » n’allait tout simplement pas dans ce sens. Les photos présentées à Josianne venaient du Dr Batista. Il ne voulut pas en dire plus au directeur des policiers et le persuada de lui laisser deux à trois jours pour résoudre ce mystère. La Sûreté du Québec se trouvait dans un cul-de-sac, et l’identification du produit revenait à la Santé publique et ses chimistes. Au Dr Batista de revenir avec des résultats. Il avait toute la latitude morale et légale pour agir.

    Chapitre 4

    Josianne revint à Montréal avec Émile, son copain. Elle était dans un état de « mal-être », mais elle s’en remettrait. On revint la questionner, mais elle avait déjà tout dit ce qu’elle savait. L’insomnie reviendrait-elle ? Une boule s’était installée dans son estomac. Les symptômes vécus pendant des années revenaient tranquillement.

    On questionna la plupart des passagers. Certains avaient peu à dire. D’autres avaient trouvé le trajet amusant. Mais personne n’avait d’explication à ce qui s’était passé. Point intéressant : certains avaient eu une recrudescence d’anxiété dans les heures ou les jours qui avaient suivi. Il y avait donc un nouveau produit illicite sur le territoire, avec de nouveaux effets secondaires. Et il semblait que ce soit des jeunes à la tête de ces complots.

    Suite à la réunion avec le Dr Batista, le chef de la Sureté avait demandé à son équipe de prendre une pause de quelques jours, le temps de laisser travailler le bon Dr Batista.

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