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Une part d'inexistence: Promenades
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Une part d'inexistence: Promenades
Livre électronique130 pages2 heures

Une part d'inexistence: Promenades

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À propos de ce livre électronique

Une part d'inexistence, Promenades est l’une des quatorze libertés écrites à l’encre, contre une actualité pesante qui renvoie l’homme à son inhumanité, une part de non-réalité parmi d’autres, seuls demeurent les souvenirs précieux.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Ronald Blaes aiguise sa plume et ouvre son réservoir en un lent mouvement de phrases rythmées.
LangueFrançais
Date de sortie13 août 2021
ISBN9791037733528
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    Une part d'inexistence - Ronald Blaes

    Une part d’inexistence

    Promenades

    Roman

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    © Lys Bleu Éditions – Ronald Blaes

    ISBN : 979-10-377-3352-8

    Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

    Je réponds ordinairement à ceux qui me demandent raison de mes voyages : que je sais bien ce que je fuis, mais non pas ce que je cherche.

    Michel de Montaigne, Essais

    **

    Les rues semblent longues quand on les voit désertes, elle avait longtemps résisté recluse dans l’enfer du silence, douté beaucoup de son évasion d’une gangue au cœur de laquelle tout lui paraissait acquis, mais son intention d’en finir avec l’oubli était devenue pressante, elle savait ce qu’était la lourdeur à porter, le fardeau d’une part d’inexistence, elle s’accompagnait volontiers de tout ce qui fut, de tout ce qui n’eut jamais été, et en chemin, haler tout ce qu’une mémoire peut engranger comme le meilleur des souvenirs, il était l’heure, pensait-elle, de se remémorer, de refaire en allant, les sentiers, les chemins, les conquêtes, d’écouter les échos remontant des gouffres, d’éponger les saignements dans les crevasses, d’être au plus près du fameux ressenti de toutes les variations de toutes les températures, les tremblements sous la fièvre, la beauté parfois tant éblouissante de ce que l’existence la plus subtile peut laisser entrevoir entre les yeux mi-clos, dans l’entre chien et loup, entre le Diable et le bon Dieu, la vie à célébrer ne manquait pas de repères sacrés, tout n’était pas que dépouilles et ensevelissements, il y avait eu, se dressant sur la vaste sépulture de l’humanité les monuments du magnifique, comme la transparence, l’invisibilité d’une chaîne de hauts sentiments, une sorte de « patrimoine immatériel », elle grimperait partout, chacune de ses empreintes marquait un moment inoubliable, elle n’en ferait qu’à son esthète, chaque lieu l’attendait, elle y tenait sa place depuis si longtemps, elle parlerait un peu, et se confiant parfois aux fantômes de son équipage ; tu sais, disait-elle, nous ne reviendrons pas, nous honorons ce présent nous repassons le passé à la pattemouille la manche des souvenirs émus bien engagés dans la petite jeannette complaisante, nous ne reviendrons pas, et la suite sera belle, c’est par là que nous allons sur ces routes et ces voies que nous connaissions déjà, et un pas, puis un autre, le reste est le chemin, je ne puis que te redire l’invariable itinéraire vers ces tréfonds inouïs, comme si chacun de nous fut enchâssé telle la tête plate d’un clou, toutes ces promenades où nous demeurions ensemble parfois, ces instants parcourus devenus étrangement éternels, la mémoire éruptive, ces souvenirs brûlant encore, quand nous les gardions serrés entre les mains fermées sur nos visages ; elle se laisserait aller à dire beaucoup, allongée dans la sérénité la plus horizontale, ou brandissant un geste cyclone, où ne sont plus que les colères et les blasphèmes, à dériver le menton tout en proue, le front aux étoiles, elle parlerait d’aimer par la berge des yeux, mêlant une fois encore la bourrasque et le doux, celle qui regardait ce monde sans mémoire s’éparpillant au loin laissant à l’horizon le soin de le perdre, elle s’aventurait sur un chemin qui serait le plus souvent sans trop d’écueils, ce chemin sans autre devenir que celui d’aboutir où nul ne pourrait l’y rejoindre, elle voulait ignorer son inquiétante escorte, les caravanes de feu défilant en grandes flammes, elle qui n’était que la captive de sa propre fuite avait été jadis un geste incandescent rompu à tous les incendies, pèlerinant déjà sur les brûlantes braises, elle avait été maintes fois foudroyée, si l’éclair dans ses yeux demeurait encore un éclat bleuté, les orages ne déchireraient plus la pellicule de soie qui tendait sa peau rose, la vie distillait quelques rares ressources par où se devinaient des moments d’un vrai bonheur, même si, il fut toujours vain de se croire heureux quand on s’empare de quelques menus plaisirs, elle qui ne consentait à penser que selon ce qui existe, ou n’existerait pas, selon ce que l’éternité n’était somme toute, qu’une probabilité mathématique dont l’humanité voulait s’emparer dans sa viande, dédaignant, ce que sont pourtant de l’hygiène la plus élémentaire, les dates limites de consommation, dates de fraîcheur, péremption, etc. l’éternité à la merci de la salmonellose et d’une colique qui n’en finirait plus de faire sa trotte-mignonne, quelle pitié ; elle savait aussi que cette planète diffusait dans l’aérosol de sa médiocrité tous les halos douteux d’une actualité repoussante qui resitue l’homme à sa place, elle s’en satisfaisait chaque jour naissant, l’homme à sa place de mortel laissait espérer qu’une disparition totale n’était pas exclue, ni une idée farfelue, elle pensait que les « choses » allaient vite en cette sinistre besogne, et que des mondes semblaient à tout jamais perdus, même pas oubliés, perdus, comme s’ils n’avaient jamais existé, un monde qui dès lors n’aurait plus, et de fait, le souvenir de ce qui jamais n’existât, l’amnésie totale pour une humanité devenue chaque jour un peu plus partielle, le paroxysme orgasmique pour la maladie très en vogue des souvenances vagues, une fois encore le fil retrouvait dans l’aiguille l’orifice exigu de son chas, ce monde, dans sa triste grisaille des jours était cousu de fil blanc, afin que l’ordinaire fût élégamment suturé, c’est par le chas d’une aiguille que le monde le plus pervers retombait sur ses pattes ; elle se déplaçait mais se laissant aussi pousser, l’envie des vents contraires l’obligeait à des pas de deux en avant, deux en arrière, mais, c’était pour mieux s’acoquiner avec un élan magistral, pour mieux sauter, il fallait faire exploser les acquis, les certitudes ; les ravins et les creux, les cavités, les précipices où s’amoncelaient toutes les vérités abandonnées, chavirées de gré, de force, jetées en contrebas, mouchoirs usagés, larmes en cascades, éboulis oubliés, il fallait sur cette crête à la cime de toutes ces débâcles, équilibrer le pas, le seul qui vaille, celui qui se pose, l’un devant l’autre, sans hâte, déterminé à ne plus qu’affleurer tout ce qui se suppose, si c’est elle qui avait à refaire tout ce qui fut déjà, c’est encore elle qui demandait qu’enfin on la découvrirait peut-être, elle s’exposait à toutes les orées, la pointe du cœur au clair à toutes les clairières, elle irait sans appréhension, sachant ce que sont les vertiges et les évanouissements selon les pertes d’équilibre quand s’entrechoquent les paradoxes, quand l’émotion ne laisse plus qu’à se désoler de ce qui reste des cataclysmes, des ravages, de tous les lits défaits, les draps déchirés des amours tumultueuses, les fruits gâtés de la passion, elle savait ce qui restait à glaner après que furent labourés les champs de la désolation, l’adversité ne manquait pas d’ennemis, et toute initiative qui l’isolerait dans une parade unique, serait à la portée la plus criminelle des quiconques qui regardent passer, qui aiment tant à tuer juste, les peuples aiment à ne se considérer qu’entre eux-mêmes, ils se ressemblent et s’assemblent s’ensuit le plus naturellement dans leur monde, ainsi ne voient-ils leur vie que dans le miroir où ne paraissent jamais les idoles, ils se mirent, et sont tous les autres à la fois, les idoles, après l’adoration sans borne, les bûchers, la crémation, les cendres évaporées aux vents de leurs assassines insouciances, les idoles et leur sacre, leur massacre, pauvre monde parfumé aux fragrances des saintes illusions, peuples hagards toujours en quête d’adorations, soumissions agenouillées, révérences, déférences, piété, prosternations en masse, basses courbettes, et autres adulations dans les aplatissements, les élogieuses flatteries courtisanes, un monde à la solde de qui veut mener les bestiaux à l’abattoir ; viens mon amour, ma hantise, la gloire de toutes mes passions, viens, et qu’après avoir tant aimé, je te tue dans le dos, avec une arbalettre de rupture, une flèche-plume tout en poison, tirée de l’arc où je triomphe enfin, nappée d’une encre noire, ondulant de tous les tentacules les arabesques enroulées entre les leurres, les guets-apens, les embuscades de la séduction, tous les réseaux occultes du traquenard sentimental, les pièges à l’eau de rose où flottent les épines, les duperies, les feintes, les simulations, l’inhumaine comédie compilant ce qu’elle peut secréter du pire quand elle se vautre dans les eaux usées de l’enviosité, les métastases incurables de l’effrayante jalousie, quand elle ne s’accommode jamais au dégoût des autres ; flanquée d’une mémoire par où n’exister pas, et puis une autre qui ne célèbre que les exaltations à leur apogée, les plus belles prédominances cinglant vers leur apothéose, elle irait confiante, et ne serait masquée que lors des grandes pandémies, le mot, ici une fois encore, pouvait être prononcé avec une certaine paresse. Si joliment dit, ce terrible nom sinistrement commun portait dans sa phonétique une harmonie heureuse, fut-elle si cruelle, la pandémie des pangolins, et que l’on doive à un lécheur d’insectes répugnants la disparition de l’humanité la faisait beaucoup sourire, les gens en quatorzaine confinés sur les paquebots luxueux, masqués, encarnavalés d’un loup vénitien chirurgical, ce monde avait des propensions à s’enduire de ridicule, dont on disait pourtant, du moins jusqu’alors, que celui-ci ne tuait pas… Elle éviterait toutefois de pangoliner son errance, et malgré ses inlassables prises d’air elle s’empêcherait les longues traversées bouche béante, ne respirerait qu’un air légèrement comprimé, débarrassé de toute vie sauvage, n’expirant plus que le meilleur d’elle-même, un hygiaphone pour souffler silence à l’oreille des chevauchées fantastiques de Pégase, son ami des bordées mémorables, d’ardentes constellations ; elle avait songé aux temps anciens, quand les hivers étaient dans les confettis des flocons, aujourd’hui ces vieux désirs étaient muets, enfoncés dans la neige, et la moindre trace de son cheminement n’y paraissait plus, tout était à refaire une dernière fois, même sous les perséides des étés brûlants elle demeurerait une vapeur ulyssienne prête à tous les épilogues, telle Sylphide l’aérienne ne pesant plus que le poids de l’air qui habitait le

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