Elle s’appelait Sophie
Le 22 février 1943, dans la prison de Stadelheim à Munich, Sophie Scholl observe le ciel à travers la fenêtre de sa cellule. Un rectangle bleu où passent furtivement quelques oiseaux. Elle voudrait être l’un d’eux. Pouvoir s’envoler dans leur sillage afin d’oublier le triste décor qui l’entoure, la funeste époque où elle vit. Pour se sentir libre et légère, et ne plus éprouver la peur insidieuse qui lui dévore les entrailles. Sur son visage auréolé d’un carré brun, et qui a conservé ses rondeurs enfantines, plane l’ombre de la nervosité et de la fatigue. Elle s’assied sur le lit en fer, remonte ses genoux sous son menton avant de les entourer étroitement de ses bras.
La jeune Allemande de vingt et un printemps se donne ainsi l’illusion du réconfort, comme si elle espérait ressentir la chaleur d’une présence amicale à ses côtés. Elle réprime le sanglot qui cherche à s’échapper de sa gorge. Un instant, ses pensées s’envolent vers ses compagnons d’infortune, enfermés, comme elle, dans une autre aile de l’établissement pénitentiaire. Son frère Hans et Christoph Probst, leur camarade. Tous trois membres de La Rose blanche, le groupe de résistants antinazis auquel ils appartiennent, et qui est principalement composé d’étudiants.
Il y a à peine une heure, Sophie se trouvait sur le banc des accusés, aux côtés de Hans et de Christoph. Un frisson d’effroi lui parcourt le dos lorsqu’elle revoit le visage de marbre de tous ces dignitaires nazis assis dans la salle. Et plus particulièrement, celui du juge Roland Freisler, le chef du Tribunal du peuple, qui traîne dans son sillage une funèbre réputation. D’aucuns disent que chez cet homme, l’humiliation et la terreur n’ont d’égal que son absence de pitié et de compassion. Au cours de ce procès, il en a fait de nouveau la preuve en prononçant sa sentence au bout de trois heures seulement.
« Quel simulacre, ce procès ! » formule-telle à mi-voix. Mais que peut-on attendre d’autre de la part de monstres qui bafouent impunément les droits des hommes ?
Elle repense à Hans et à l’indéfectible courage dont
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