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Un monde merveilleux
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Livre électronique179 pages2 heures

Un monde merveilleux

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À propos de ce livre électronique

Vétorel n’est pas inspecteur, ni commissaire mais c’est une employée parmi d’autres qui travaille au sein d’une grande entreprise de la région. Après un évènement sordide qui va la plonger au cœur d’une histoire scabreuse, Vétorel ira au bout de ses convictions. Avec son compagnon, réussiront-ils à révéler au plus grand nombre cette histoire où libertés et pouvoir sont en jeu ? Un monde merveilleux est un roman noir policier qui porte un regard critique sur le capitalisme. La singularité du roman se situe dans le déroulement des intrigues qui rend le lecteur souvent complice de l’écrivain. Par un jeu subtil d’écriture, l’auteur lui révèle ainsi l’énigme avant qu’elle soit découverte par les personnages.
LangueFrançais
Date de sortie20 févr. 2013
ISBN9782312008240
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    Aperçu du livre

    Un monde merveilleux - Sandrine Louvalmy

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    Un monde merveilleux

    Sandrine Louvalmy

    Un monde merveilleux

    LES ÉDITIONS DU NET

    22 rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes

    © Les Éditions du Net, 2013

    ISBN : 978-2-312-00824-0

    Avant-Propos

    « Mieux vaut subir l’injustice que la commettre » Socrate

    Chapitre I

    Elle récite son texte en silence. Elle ne doit rien oublier, ne commettre aucune erreur sur les dates et les intitulés. Dans cette petite pièce où la lumière du jour peine à entrer, l’attente devient une compagne gênante qui la détourne de son futur discours. Ses mains sont de plus en plus moites et sa nervosité renforce son inquiétude. Elle tente de se concentrer en pensant à autre chose, mais à peine y parvient-elle qu’une voix sortie de nulle part l’interpelle : « Veuillez me suivre, Mademoiselle ».

    Disciplinée, elle se lève, s’engage dans un couloir sombre et étroit. L’ombre qu’elle suit la dirige dans une grande pièce où elle découvre enfin le visage des recruteurs. Ils sont trois alignés devant elle.

    Lui a-t-on déjà accordé une si grande attention ? Elle n’a pourtant ni de révélation, ni de long discours à faire. Par un geste, ils lui indiquent sa place.

    Dans quelques secondes, elle prendra la parole. Ils ont la tête d’exterminateurs, ces examinateurs, deux hommes, une femme qui ne vont certainement pas lui proposer du thé ou du café. Rentrer dans le vif du sujet, sans perdre une minute ! Et aujourd’hui le sujet, c’est elle !

    Enfin sa carrière, ses perspectives, ses choix et sa capacité à gérer le poste pour lequel elle est candidate. Une ritournelle habituelle. C’est souvent le même refrain, seulement le public qui change.

    Après les quelques salamalecs de rigueur, l’un d’entre eux ouvre le bal sans perdre un instant en commençant par une phrase dont elle connaît par cœur le refrain :

    — Parlez-nous de vous, de votre parcours. Pourquoi postulez-vous chez nous ?

    Au début, elle préfère entendre leur histoire ou celle de la boîte. C’est le temps qu’il lui faut pour être à l’aise et aborder avec tranquillité par la suite son discours.

    Cette fois, c’est à elle de commencer. Très vite embarrassée par ces yeux qui s’interrogent, elle ressent un tremblement dans ses mains dont elle redoute qu’il ne monte jusqu’à ses cordes vocales. Sa panique grandit. Le stress s’emballe et freine son enthousiasme. D’où lui vient cette appréhension ? Elle n’en sait rien. Elle sait seulement qu’elle doit s’en défaire pour éviter de perdre le contrôle d’elle-même et éloigner le ridicule même s’il ne tue pas.

    Pourquoi a-t-elle cette vague impression que son passé semble lui échapper ? Tout s’embrouille dans son esprit à cause de ses souvenirs en fuite. A-t-elle exercé ce poste en 2008 ou en 2009 ? Bientôt, elle se demandera même si elle a d’ailleurs un jour travaillé dans sa vie. Plus elle tremble, plus ils s’interrogent. Comment parvenir à maîtriser cette insoumise fébrilité?

    Dépasser le cap en domptant ce stress contre-productif, c’est sa seule façon d’y parvenir. Elle doit redoubler d’efforts pour repousser cette plaine de nuisances qui ne fait que tourmenter le champ de son récit.

    Grâce à ces efforts, elle parvient progressivement à trouver une énergie positive lui permettant de reprendre l’assurance nécessaire pour réciter son texte. Elle est dorénavant plus attentive et capte même un froncement de sourcils qu’elle décide d’ignorer.

    Pourquoi ne semblent-ils pas comprendre ce qu’elle dit ; pourquoi entend-elle maintenant un soupir ? Ont-ils de bonnes raisons d’agir ainsi ?

    Elle les voudrait dociles et sympathiques identiques à son attitude. Son histoire est banale, récitée peut-être avec maladresse, mais le contenu est sincère. Pour oublier leurs masques abîmés par l’incompréhension, elle décide de penser au ridicule de la situation. Ne devrait-elle pas sourciller de la même façon pour leur faire comprendre la stupidité de leurs questions ? Ne lui a-t-on pas imposé un jour de revenir au prochain rendez-vous avec une mise en scène sur le thème de : Pourquoi elle et pas une autre ? avec originalité, lui avait-on précisé. Cette agence publicitaire voulait entendre un slogan à sa candidature en chanson, en saynètes ou en poésie, peu importe, du moment qu’elle était originale et crédible !

    Pourtant, elle ne postulait pas pour devenir présidente de l’agence, non elle postulait pour un poste d’assistante avec un contrat de quelques mois et peut-être plus si affinités ! Voulaient-ils se marrer, ces pauvres imbéciles pour décontracter leurs journées de dur labeur ? Elle n’aura jamais l’occasion de faire son show. Entre-temps, elle chopait un contrat de travail ailleurs.

    Parfois, pour certains postes, quand l’entretien n’est pas nécessaire, il s’agit alors du poste le plus merdique de tous. Celui dont personne n’a envie d’avoir à exercer un jour dans sa vie et encore moins TOUTE sa vie. Pour elle, il consiste à taper sans s’arrêter comme une psychopathe névrosée sur des touches d’un clavier pour enregistrer des données informatiques.

    Ne pas posséder de cerveau avec trop de neurones est d’ailleurs fortement recommandé pour éviter de cogiter en se demandant comment arrêter ces longues et ennuyeuses minutes qui semblent vouloir se figer.

    De la dextérité dans les doigts de la main droite et gauche semble être la seule qualité requise. Mais la qualité la plus importante à détenir, elle est mentale, c’est la patience qui permet d’accepter de se mettre en mode robot toute la journée enfermée pendant sept heures minimum avec des pensées négatives qui viendront inévitablement se faufiler pour lui saper le moral définitivement. Comme si ça ne suffisait pas. A la fin de la journée, enfin (on attendait ça depuis le début), quelle immense joie de revoir le ciel, les nuages, le soleil, la pluie et les oiseaux, tout ça pour se sentir libre d’exister !

    Pour revenir à l’entretien avec les trois recruteurs, le poste est sans conteste plus intéressant que ces longues journées à taper avec acharnement sur les touches d’un clavier, mais pour l’obtenir elle va devoir être au top, le mériter vraiment et ça commence par éviter de regarder leurs sourcils aux accents circonflexes qui pourraient la détourner de son objectif. Elle décide d’ignorer ces gens aux sourcils bizarres payés à poser des questions.

    Au fond, les entretiens ne seraient-ils pas qu’une énorme mascarade ? L’occasion de déceler une incohérence, un tic, un toc, une intox, un malaise, un dérapage… Pourtant il paraît que tous ces repérages sont nécessaires pour sélectionner, sans commettre d’erreur, la recrue idéale !

    Au moment où elle pense avoir fini de raconter son histoire, ils continuent à s’acharner en lui posant une série de :

    Pourquoi, comment…Mais où e(s)t donc or ni car ?

    Dans le jardin en train de ramasser la baballe !

    Le plan de carrière, les défauts et qualités viennent rallonger le contenu de son monologue. Puis il y a les questions indiscrètes pour satisfaire leur curiosité malsaine auxquelles de toute façon il faut se soumettre sous peine d’être recalée.

    Certains interrogent sur la vie de famille ou si la candidate souhaite avoir des enfants et à quel moment. D’autres en profitent pour avoir des informations sur la situation du conjoint, sur le chat, le chien et les voisins. Toute une série d’hors-sujets dont ils aiment tant s’abreuver…Tout ceci lui apparaît comme un grand déballage d’indiscrétions à sens unique qui fait a priori autant d’arguments pour ne pas embaucher ! Souvent, elle aimerait leur dire d’aller se faire voir -pour ne pas dire foutre, elle se verrait bien se lever brutalement en jetant son cv dans leur gueule de…. Ouf, il était temps, c’est maintenant à eux de parler. Elle va pouvoir se détendre et réalimenter son cerveau d’oxygène.

    Quel intérêt d’écouter leur ascension, toutes ces médailles en métal précieux qu’ils ont obtenues au cours de leur brillantissime carrière.

    Mais en bon soldat discipliné, elle écoute en leur posant parfois deux trois questions qui resteront évidemment en dehors du champ de l’intimité, car eux toléreraient guère qu’on vienne s’immiscer dans leur vie privée !

    Souvent, elle doit mimer une bouche légèrement entrouverte qui lance des petits ouah admiratifs. Un exercice qui s’acquiert toutefois avec de la pratique. Avoir l’attitude positive tout en restant à la fois naturel et convainquant. Dieu sait que tout ça demande de la concentration.

    Avoir l’air de comprendre son interlocuteur en lui faisant des œillades de compréhension en secouant délicatement la tête vers le bas puis vers le haut, ce qui sous-entend gentiment :

    — C’est tout à fait clair ce que vous dites ! Bravo pour votre belle réussite ! Alors, c’est quand ce premier jour de travail ?

    S’ils veulent être rassurés, elle martèle une dernière fois avec un ton convainquant que le poste correspond à ce qu’elle recherche depuis toujours : évidemment qu’il est en lien avec son cursus, évidemment qu’il correspond à ses expériences, évidemment qu’elle est motivée, que c’est celui-ci et pas un autre comme si c’était une vocation depuis qu’elle était enfant ! Elle essaie de se convaincre pour convaincre.

    Les entretiens qui s’éternisent l’épuisent. Elle se demande souvent si ce grand déballage forcé d’intimité qu’ils veulent écouter sert vraiment à recruter. Pourquoi toutes ses mises en scène pour des boulots qui ne seront jamais de grands rôles au cinéma ? Elle ne s’est pas encore présentée : elle s’appelle Tanya Vétorel.

    Chapitre II

    Pendant tout le trajet du retour, Tanya se repasse en boucle le film de son entretien. Ça tambourine dans son cerveau, mais pas au son des djembés africains, plutôt au son de la prise de tête : combien de temps à attendre cette réponse ?

    Pendant toutes ces longues heures à patienter, elle aura tout le temps de repenser à cette question qu’elle aura esquivée, ou encore à celle où elle aura répondu en dehors du sujet. A-t-elle été à la hauteur ? Décrochera-t-elle le job ? Autant d’interrogations sans réponse où elle refera l’entretien parfois jusqu’à épuisement, souvent jusqu’à ce qu’ils veuillent bien lui donner un oui ou un non.

    Parfois quelques heures, d’autres fois, une semaine passent. Il y a les réponses qui ne viendront jamais. Plus les jours défilent, plus l’espoir s’amenuise d’en obtenir une positive.

    Pour l’entretien des trois examinateurs, elle a obtenu un courrier, un beau matin dans sa boîte aux lettres. Elle lit leur lettre de refus, ce courrier impersonnel dans lequel ils ont copiées-collées des phrases types qu’ils envoient à tous ceux qui échouent. Le tout formulé en toute cordialité.

    Si elle devait faire le compte du nombre d’entretiens passés, elle détiendrait sûrement une palme d’or. Et toutes ces heures non rémunérées inutiles à convaincre et attendre pour rien. Quel gâchis ! Malgré tout, elle a développé une certaine assurance, une aisance et à améliorer la façon de se présenter. Elle peut dorénavant mieux prévoir les questions et récite son texte avec plus d’aplomb et de conviction.

    Au début, lorsqu’elle échouait, elle s’en voulait. Avec les années, Tanya était devenue plus philosophe (formule polie pour dire qu´elle continuait à se fondre dans le décor pour éviter de faire des vagues). Elle avait compris que les candidats sont plus nombreux, les places le sont beaucoup moins !

    Les échecs, lorsqu’ils se renouvellent, finissent par affaiblir. Pour elle, ils ont eu l’effet inverse celui de créer une combativité tenace face aux refus (in)justifiés qu’on lui imposait. L’opiniâtreté peut payer. Lorsqu’il s’agit de survivre, il n’y a pas de questions à se poser, il faut réussir. Il ne faut pas décrocher, jamais !

    Chapitre III

    Dans une pièce de la maison ou de l’appartement, le bureau, dixit le secrétaire attend qu’on vienne travailler, écrire, disperser un tas de paperasses. En entreprise, ce n’est pas la même définition. Il rassemble un tas de gens aux fonctions et aux grades différents.

    Il impose cependant à tous, presque sans exception, une certaine discipline horaire. Entendons nous bien, ça concerne ceux qui sont contraints à rester dans un même endroit cinq jours sur sept.

    Parfois, il y a des petites réunions qui s’éternisent ou des formations qui permettent d’améliorer les connaissances et le savoir-faire des salariés ; tous ces petits moments qui sont autant d’instants d’échapper à cette routine

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