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Un pied devant l'autre
Un pied devant l'autre
Un pied devant l'autre
Livre électronique181 pages2 heures

Un pied devant l'autre

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À propos de ce livre électronique

Cléo Braghini a 30 ans. Elle est consultante auprès de la brigade criminelle.
Entre son travail, ses amis, son collègue avec qui elle entretient une relation amoureuse intermittente et quelques autres hommes de passage, elle poursuit une vie un peu chaotique mais finalement dans un cadre bien défini.
Tout va changer suite à accident sportif et une mauvaise fracture qui l’immobilise et l’oblige à arrêter ses activités.
Cléo doit s’occuper d’elle et réapprendre à marcher. Elle est bien décidée à profiter de cet arrêt forcé pour faire une pause dans son quotidien peuplé par la violence et la mort et mettre une distance avec son métier. Mais l’univers de Cléo va la rattraper, ses collègues enquêtent sur le meurtre d’une jeune femme qui a été traitée dans le centre qu’elle fréquente quotidiennement pour sa rééducation.
Ses réflexes professionnels vont s’enclencher et Cléo va, malgré elle, se laisser captiver par la personnalité de son kinésithérapeute et les sentiments forts et troubles qu’il suscite tout autour de lui.
Sentiments puissants au point de mener au crime ?
LangueFrançais
Date de sortie15 mars 2017
ISBN9782312051215
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    Aperçu du livre

    Un pied devant l'autre - Olivia Colbeau-Justin

    cover.jpg

    Un pied devant l’autre

    Olivia Colbeau-Justin

    Un pied devant l’autre

    LES ÉDITIONS DU NET

    126, rue du Landy 93400 St Ouen

    © Les Éditions du Net, 2017

    ISBN : 978-2-312-05121-5

    Prologue

    C’était il y a déjà quinze ans… parfois j’ai la sensation que c’était hier et à d’autre moment j’ai l’impression que c’était dans une autre vie.

    Maintenant j’ai le recul nécessaire et je réalise que dès le début je l’ai su, dès notre première rencontre. A peine t’ai-je vu et je l’ai su. J’ai mis longtemps à me l’avouer mais c’était pourtant une évidence. Je savais que j’allais sauter à pied joints dans cette histoire et que j’en sortirai meurtrie. J’avais beau me mentir, me dire que je n’étais pas dupe, juste un peu sensible à ton charme mais pas à ton manège… En vain, j’étais déjà prise au piège.

    C’était clair, tu étais trop insistant pour être sincère et plus ma raison me disait de résister, plus mon cœur s’ouvrait. C’était stupide et je le savais, mais il n’y avait rien à faire.

    J’ai toujours été comme ça, attirée par les voies sans issue, plus j’ai la certitude d’aller tout droit vers un mur et plus je fonce, dans ces conditions comment pouvais-je lutter ?

    J’ai vite compris qu’il n’y avait pas de place pour moi dans ta vie, mais la mienne était pleine de vide, c’était forcément avec toi que j’allais la remplir. Tu étais là pour me faire marcher et moi j’allais courir, plonger tête baissée dans ton jeu.

    Je savais que c’était mauvais pour moi et je me suis laissée entraîner, mais je n’avais pas prévu que cela irait si loin, que tu me mènerais à un tel degré d’aliénation.

    Chapitre 1

    Le bruit de la scie s’arrêta et l’interne écarta les bords du plâtre qu’il venait de couper. Cléo sortit doucement son pied et l’observa d’un air interdit. Elle ne reconnaissait pas sa jambe, le mollet était devenu minuscule et flasque, la cheville ressemblait à une boule marquée d’une longue cicatrice et le pied était couvert d’une épaisse peau morte qui s’effritait au moindre frottement. Elle fut également surprise de constater à quel point son système pileux s’était épanoui pendant ces dix semaines passé dans l’ombre et la chaleur du plâtre. Cléo ne s’attendait évidemment pas à trouver son mollet imberbe mais elle était loin de se douter que ses poils puissent prendre cette couleur si sombre et se développer autant. Décidément cette jambe ressemblait à tout sauf à celle d’une femme de trente ans.

    Cléo était légèrement embarrassée d’exhiber cette chose molle et velue devant l’interne, même si, elle le savait bien et tout le monde lui avait répété, il en avait certainement vu d’autre ; et puis, le fait de contempler sa propre jambe sans la reconnaître comme telle la mettait encore plus mal à l’aise.

    – Vous êtes sûr qu’ils ne m’ont pas coupé la jambe pendant l’opération et greffé celle d’un adolescent mâle à la place ?

    Se hasarda-t-elle en espérant qu’un peu de dérision dissiperait son malaise. Mais elle réussit tout juste à déclencher une esquisse de sourire crispé sur le visage de l’interne. Elle l’avait déjà constaté au cours de ces fréquentes visites, ici, le personnel hospitalier manquait totalement d’humour, en tout cas, vis à vis des patients.

    – Eh bien voilà, vous êtes libre.

    Dit l’interne en quittant précipitamment la pièce, il n’avait visiblement pas le temps de plaisanter.

    Cléo bougea prudemment sa cheville, elle était raide et ses mouvements étaient très limités mais pas vraiment douloureuse, c’était déjà un point positif. Elle attrapa ses béquilles, il fallait encore qu’elle descende faire une radio de contrôle et ensuite qu’elle remonte voir le chirurgien avec ses clichés.

    Une fois arrivée en radiologie, elle présenta sa convocation à l’accueil, l’infirmière s’en saisit et la glissa dans un casier en lui demandant de s’asseoir et de patienter. Cléo observa qu’il y avait peu de monde dans la « salle d’attente », mais elle savait que cela ne voulait rien dire ; il lui était arrivé de passer immédiatement alors que la salle regorgeait de monde comme d’attendre des heures alors qu’il n’y avait qu’une ou deux personnes devant elle. Elle s’installa en espérant que cette fois ce ne serait pas trop long. Au bout de trois quarts d’heure Cléo avait fini de feuilleter les quelques journaux stupides qui traînaient sur la table et commençait à vraiment s’impatienter. Elle ferma les yeux et s’assoupit presque immédiatement. Elle fut réveillée brusquement par l’infirmière qui appelait son nom, elle mit quelques secondes à se rappeler où elle était et ce qu’elle faisait, et s’étonna de s’être endormi si vite et si facilement en position assise. « Cet accident m’a transformé en légume. » Pensa-t-elle en suivant l’infirmière jusqu’à la salle de radiologie. Celle-ci installa Cléo dans une petite cabine où elle dut encore patienter en attendant que la technicienne vienne la chercher.

    Pendant que Cléo posait ses béquilles dans un coin et s’installait sur la table de radiologie, la technicienne lui demanda si elle avait des risques d’être enceinte, Cléo répondit négativement mais cela n’empêcha pas la jeune femme de lui coller un tablier en plomb sur le ventre ; son assistante lui jeta un regard interrogateur et Cléo entendit la technicienne lui chuchoter en s’éloignant : « avec ces jeunes on ne sait jamais ! ».

    Cléo sourit intérieurement, elle était prête à parier qu’elle était plus âgée que ces deux femmes. Elle ne savait pas vraiment si elle devait être flattée qu’on la prenne encore pour une « jeune » alors que ses vingt ans était bien loin ou vexée qu’on la prenne pour une irresponsable alors qu’elle s’assumait depuis bien longtemps. « C’est peut être à cause de ma demi jambe de garçon de quinze ans qu’elles m’ont prise pour une adolescente. » Pensa-t-elle en attendant de récupérer ces radios.

    Ses clichés sous le bras, Cléo repartit dans les couloirs de l’hôpital pour rejoindre à nouveau la consultation orthopédique et voir son chirurgien. Elle se souvenait des premiers jours avec son plâtre et ses béquilles où faire à peine quelques mètres lui paraissait la chose la plus pénible et la plus épuisante du monde et maintenant, un mois et demi après, elle se baladait d’un bout à l’autre de l’hôpital presque sans fatigue. Avec un peu de patience le corps finissait par s’adapter et les choses les plus compliquées, avec le temps, gagnaient en simplicité. Cléo avait tout de même hâte de récupérer sa mobilité et reprendre une vie normale, mais ce n’était pas encore pour demain, elle n’avait plus de plâtre mais elle avait encore plusieurs semaines devant elle sans appuyer son pied, donc à se déplacer encore avec ses béquilles.

    L’assistante du chirurgien avait installé Cléo dans une des salles de consultation, et encore une fois elle attendait. Ces paupières commençaient à s’abaisser doucement quand la porte s’ouvrit, le professeur Vergnier fît irruption dans la pièce suivi d’un de ses collègues et d’une horde d’étudiants, d’internes ou d’externes, Cléo ne réussissait jamais à retenir les différents titres du parcours des futurs médecins, ni à quoi correspondaient ses titres d’ailleurs. Le chirurgien la salua tout en ignorant totalement qui elle était et pour quelles raisons elle était là, un petit coup d’œil aux documents posés sur le bureau allait lui rafraîchir la mémoire.

    – Ah oui ! Dit-il soudain enthousiaste à la vue du dossier médical.

    Il s’empara alors des toutes premières radios, celles effectuées avant l’opération, et les installa sur le panneau lumineux, puis il mit ses étudiants au défi de trouver la nature du problème. L’autre chirurgien, qui était apparemment au même rang hiérarchique que le professeur Vergnier, sourit d’un air complice.

    – Une luxation de la cheville. Hasarda une étudiante.

    « C’est un peu une évidence. » Pensa Cléo « Même moi j’aurai pu le trouver. » Les radios montraient un pied totalement retourné où les os ne se touchaient absolument plus.

    – Oui mais il y a autre chose. Annonça le professeur.

    Un des étudiants remarqua enfin la fracture mais aucun ne réussit à identifier l’os concerné.

    – Une fracture de l’astragale. Se décida enfin à dévoiler le professeur Vergnier.

    – C’est très rare, à peine 1 % des fractures.

    Et de manière presque jubilatoire il plaça les toutes dernières radios que Cléo venait de faire juste à côté des autres, de manière à ce que les étudiants apprécient bien la qualité de son travail.

    – J’ai eu aussi un cas d’astragale au début de ma carrière. Dit l’autre chirurgien comme s’il se sentait lésé par l’exposé de Vergnier.

    – Oui mais sans luxation. Répliqua celui-ci.

    – Si, avec une luxation également. Insista l’autre.

    – Fracture de quel type ? Demanda le professeur Vergnier.

    – Type Hawkins IV. Répondit immédiatement l’autre chirurgien.

    – Et bien moi c’est un Hawkins V. Conclut Vergnier fièrement.

    « Il y a Hawkins V qui aimerait bien savoir si sa fracture rarissime est en bonne voie de consolidation. » Pensa Cléo en observant les deux médecins.

    Le professeur Vergnier s’installa quelques secondes en face de Cléo, le temps de rédiger une ordonnance.

    – Bien, comme on avait dit, pas d’appui avant le prochain rendez-vous dans un mois et demi, de la rééducation tous les jours, et on continue les injections d’anticoagulant tant qu’on n’a pas sa mobilité complète. Dit-il sans la regarder et tout en écrivant.

    – Voilà, au revoir et à la prochaine fois. Dit le professeur Vergnier en guise de conclusion puis il quitta la pièce accompagné de sa suite.

    – Sinon, je vais plutôt bien, je m’habitue au béquillage, ma cheville n’est pas trop douloureuse, le moral va mieux… C’est gentil de vous en inquiéter. Dit Cléo à la chaise vide en face d’elle.

    – Oh ! Vous avez remarqué, on m’a enlevé mon plâtre !

    L’assistante du chirurgien l’interrompit dans son monologue en entrant dans la pièce pour lui donner le jour et l’heure de son prochain rendez-vous avec le professeur Vergnier.

    Cléo avait enfin regagné son domicile, elle s’était épargné le métro et avait décidé de prendre un taxi à la sortie de l’hôpital. Elle était maintenant affalée sur son canapé, elle hésitait à entamer une petite sieste. Elle n’arrivait pas à se laisser aller à ces moments de totale inactivité, elle avait du mal à admettre que son corps ait subi un traumatisme et qu’elle ait besoin de repos pour se reconstruire. En temps normal, Cléo n’était pas spécialement de nature hyperactive et elle aimait se préserver des moments de calme, mais elle appréciait le fait d’être occupée et, à son rythme propre, elle était souvent en mouvement. Cette période d’immobilité forcée commençait à lui peser, elle était en arrêt maladie depuis déjà huit semaines et le chirurgien lui avait reconduit jusqu’à leur prochain rendez-vous, sans lui demander son avis d’ailleurs, comme d’habitude, mais est-ce qu’une astragale pense ? De toute façon son travail était assez pesant et stressant et Cléo se persuadait que c’était une bonne chose pour son équilibre et son moral qu’elle en soit éloignée pendant un temps, mais au fond elle savait bien que sa profession lui manquait.

    Cléo soupira en constatant que quand elle arrivait à reposer son corps, sa tête, elle, redoublait d’activité. Elle essaya de canaliser un peu ses pensées pour les ralentir un peu, voir même les arrêter, mais c’était l’exercice le plus difficile qu’elle n’ait jamais eu à faire, il n’y avait pas de bouton « off » à son cerveau. Elle décida de lui trouver une occupation et de se mettre à la recherche d’un centre de rééducation.

    Cléo se tourna vers son ordinateur, attrapa le clavier et le mit sur ses genoux ; depuis qu’elle avait le pied dans le plâtre elle avait réorganisé son appartement de manière à avoir près d’elle tous les outils nécessaires à ses occupations, actuellement, la moitié de son logement tenait donc autour de son canapé. Ainsi, elle avait toujours quelque chose à faire à portée de main. L’ennui était la chose que Cléo redoutait le plus et quand on est mis en arrêt maladie pour plusieurs mois, la menace est d’autant plus présente et pesante, et même si elle aimait passer de longs moments à rêvasser, allongée, perdue dans ses pensées, il lui fallait toujours avoir le choix, avoir un certain nombre de tâches en prévision, c’était seulement ainsi qu’elle appréciait de ne rien faire.

    Cléo mit son PC en route et se connecta sur Internet, il fallait qu’elle trouve un centre avec piscine, le professeur Vergnier, entre deux exposés sur la rareté de la fracture de l’astragale, lui avait suggéré de faire la rééducation dans l’eau. Elle se rendit sur un moteur de recherche et tapa « kinésithérapie – piscine » dans la case appropriée. Dans la liste des sites en rapport avec sa demande, elle en trouva un qui contenait un annuaire des professionnels, elle cliqua dessus et obtint une liste des centres de rééducation avec piscine qu’elle imprima. Elle constata une fois de plus que le Net était vraiment un outil extraordinaire, elle y trouvait toujours la réponse à toutes ses questions pratiques, elle se demandait souvent comment elle faisait avant et s’amusait de la capacité de l’être humain à se créer des besoins.

    Elle cocha dans la liste les deux centres les plus proches de chez elle et hésita un moment sur

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