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Au-delà du Voile
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Livre électronique115 pages1 heure

Au-delà du Voile

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À propos de ce livre électronique

Médusé par certains événements dans sa communauté, Kuma Vachi Wo, un jeune garçon, aspire à ce qu’ils soient démêlés. L’occasion se présente quand il est appelé au tangkumm, le processus d’initiation à l’enfance de la communauté, qui l’amène à des découvertes et des compétences passionnantes et enrichissantes. Mais ce qui intrigue, c’est comment cette initiation lui permet d’aller au-delà du voile qui est sur les phénomènes.
LangueFrançais
Date de sortie13 nov. 2020
ISBN9782312078397
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    Aperçu du livre

    Au-delà du Voile - Julius Nji Zhie

    PREMIÈRE PARTIE :

    L’Énigme

    Chapitre I

    Kuma Vachi Wo assistait pour la première fois au festival culturel de sa communauté Seymbong. Il avait dix ans. Avant cela, il n’avait entendu parler de l’événement que lors de conversations entre adultes. Ce festival avait lieu chaque année, principalement pendant la saison sèche, dans les concessions des chefs de famille. Il durait trois jours au cours duquel les membres d’une famille se retrouvaient pour célébrer la vie en hommage à leurs ancêtres. Les familles l’offraient à tour de rôle. Un festival de clôture de sept jours, appelé Sangniy{1}, avait lieu au palais de Seymbong où toutes les familles se réunissaient en action de grâces pour la paix, la santé et la fertilité. Kuma Vachi Wo avait observé que seuls les hommes parlaient librement de certaines créatures nettement bizarres qui divertissaient le public au festival. Le peuple Seymbong appelle ces créatures extraordinaires mkum{2}. Chaque fois que les parents ou les frères et sœurs adultes de Kuma se rendaient à cette célébration, ils le laissaient à la maison avec sa fratrie d’âges similaires.

    – Les mkum vous attraperont ! Ils attrapent les petits enfants ! leur disaient les adultes. Lorsque ces enfants persistaient à les suivre, les adultes intensifiaient l’avertissement.

    – Les mkum vous emmèneront chez eux à la forêt ! Le ngongong{3} vous mangera… !

    D’habitude, lorsque Kuma entendait ces menaces, il courait dans la maison et se cachait. Mais dernièrement, il les avait entendues si souvent qu’elles ne signifiaient plus grande chose pour lui.

    Ce radieux après-midi de la saison sèche, il partit discrètement du domicile, accompagné de leur chien, et suivant la direction de la musique, assista au festival culturel. Il portait des sandales, un short kaki, un vêtement multicolore ample, aux aisselles découvertes, qui lui arrivait aux genoux, et une calotte. Pendant qu’il s’échappait par un sentier, ses frères et sœurs qui avaient remarqué son absence appelèrent :

    – Kuma !

    – Kuma Vachi Wo !

    – Kuma-a-a-a !

    – Kuma Vachi Wo-o-o-o.… !

    Il accéléra, son vêtement gonflé par le vent, le chien en pleine poursuite, jusqu’à ce que les cris s’éteignissent. En peu de temps, il était à sa destination souhaitée. C’était l’occasion de repaitre ses yeux de mkum ! La cour d’honneur grouillait de monde dont la plupart étaient vêtus de tala{4}, la tenue d’apparat du peuple Seymbong – une robe brodée minutieusement qui ressemble à des ailes multicolores de papillon. C’était une grande cour en terre rouge dans l’enceinte de sept maisons en briques crues et aux toits de chaume, entourée d’une grande ferme de caféiers arabica et de bananiers, principalement. Au milieu de la cour était un parterre rond avec des pierres autour florissant de lys, de kying{5}, d’aloès, d’aubergines, de cactus et de plusieurs autres plantes, au centre duquel se trouvait une pierre portant les trois traits droits noir et blanc de la trinité divine Seymbong : Fiazhia iy Vaing iy Nyam-a-mbving. C’était un sanctuaire. Cela se trouvait uniquement dans les concessions des chefs de famille. À proximité, le xylophone était soigneusement disposé sur deux longues tiges de bananier posées parallèlement sur le sol. Plusieurs hommes y étaient. Certains d’entre eux accordaient le xylophone ; pendant que d’autres emportaient les poulets, les chèvres et les bœufs qui y avaient été abattus. Kuma vit son père conduire six hommes à une maison devant laquelle étaient éparpillés des graines de maïs, des haricots et des plumes de poulet. Ils marchaient avec dignité, de temps en temps rejetant sur les épaules, les manches trainantes de leur tala, avec une élégance noble.

    Dans un coin de la cour, des hommes et des femmes, en cercle, chantaient et dansaient le njang. Ce dernier se composait de chansons rythmiques, de gongs, de cors, de battements de tambour, et de crécelles. Les hommes et les femmes, en couple, penchés en avant et faisant face au milieu du cercle, chantaient en chœur et dansaient vers la droite autour des musiciens. Les bras pliés, la main droite serrée et levée un peu au-dessus de celle de gauche, ils déplaçaient rythmiquement le pied droit devant et derrière, et de temps en temps bondissaient en avant, tournaient deux fois vers la gauche, une fois vers la droite et revenaient à la position initiale.

    Il y avait plusieurs abris de fortune autour, construits avec des bâtons, des fibres végétales, des feuilles de bananier et de palmier où les gens étaient assis sur des chaises en bois et en bambou. Certains mangeaient du kahti-kahti{6}, de l’achu{7}, du shemsi{8}, de la bouillie de haricots-carottes-pommes de terre, du riz et du poulet dans une soupe d’arachide ; tandis que d’autres buvaient du vin de palme et du kang{9}. La nourriture était servie dans des feuilles de bananier ramollies à la flamme, des bols en paille, des bols et assiettes en émail et en terre cuite, et ils buvaient dans des gobelets calebasse et des gobelets fabriqués de cornes d’animaux.

    Kuma Vachi Wo grimpa à un avocatier afin d’être aux premières loges. Le chien le regarda grimper à l’arbre. Puis, il alla se promener pour renifler, ramasser et manger, revenant de temps en temps pour le surveiller. Il avait appris que les mkum vivaient dans la forêt et y retournaient directement après leur spectacle. Et que si l’un d’eux ne dansait pas en rythme, le kam{10} le renverrait immédiatement dans la forêt.

    Il regarda plusieurs danses avec grand plaisir. Les mkum étaient des espèces vraiment étranges et merveilleuses. Dans leur spectacle palpitant, ils étaient à la fois effrayants et charmants. Ils étaient debout sur leurs membres postérieurs, tout comme les humains ; avaient des mains, des jambes et des pieds humains, et étaient pieds nus. Certains avaient des têtes humaines tandis que d’autres avaient ceux d’animaux. Pourtant, d’autres avaient des têtes à plumes hérissées. Toutes les têtes étaient anormalement grosses. Et leurs cous proportionnellement gros, voilés d’un tissu blanc rétiforme, effilaient vers les épaules. Ils portaient des robes larges qui leur arrivaient aux jambes. Les robes étaient à plumes, velues, en raphia ou à motif bleu et blanc. Une grappe de cosses sèches, brunes foncées, creuses et faisant un bruit de crécelles était attachée à leurs jambes, justes au-dessus des chevilles. Deux des têtes à plumes ressemblaient à la crête du coq. Les crêtes étaient sombres et ornées de cauris. Ces deux-là étaient le kam et son adjoint. L’un des mkum, sans crécelles aux jambes, était très grand, dominant les bâtiments. Il portait un pantalon blanc qui atteignait et couvrait ses pieds, un haut blanc et une tête à plumes hérissées. Ses jambes étaient très longues, donc disproportionnées par rapport au reste de son corps. Il dansait en rond pendant que certaines personnes scandaient. Kuma craignait pour lui et les spectateurs, s’il tombait. Il était si grand que Kuma avait imaginé que la chute serait un désastre. La partie la plus effrayante était que, parfois, certains de ces danseurs extraordinaires, étant pris de folie furieuse, abattaient des bananiers et fouettaient les gens.

    – Les mkum sont devenus dingue, s’écrièrent les spectateurs en courant se mettre à l’abri.

    À cette occasion, un vieil homme resplendissant en tala se présentait avec un poulet charnu qui criait, tenu par les pattes à sa main droite, et le leur offrait pour l’apaisement. Ainsi, lorsque les mkum se produisaient, les spectateurs se méfiaient de la possibilité d’un comportement violent. La plupart des gens s’enfuyaient à leur approche, tandis que certains se courbaient ou s’accroupissaient. Parfois, le kam marchait sur les hommes courbés ou accroupis, tandis que d’autres hommes à côté scandaient des éloges. Dans une telle situation, il était difficile de dire si ces éloges étaient pour la personne qui avait reçu le pied sur le dos ou le kam ou les deux. Curieusement, les hommes qui avaient été piétinés rayonnaient de joie. Kuma découvrit plus tard qu’il était prestigieux pour un homme d’être piétiné par les mkum, et que peu d’hommes recevaient l’honneur.

    Les femmes, les enfants et la plupart des hommes s’enfuyaient à l’approche de ces créatures. Seuls quelques hommes osaient s’accroupir ou se courber. Mais, chose étonnante, dans

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