Manifeste citoyen: Coalitions pour le dépeçage d’une Nation
Par Citor
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Aperçu du livre
Manifeste citoyen - Citor
Manifeste citoyen
Citor
Manifeste citoyen
Coalitions pour le dépeçage d’une Nation
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2019
ISBN : 978-2-312-06966-1
Préface
Ce livre est un cri du cœur qui vous prend les tripes et vous secoue. À travers un style alerte, sans fioritures ni artifices, l’auteur montre ce qui est devenu ce pays. Citor fait surtout prendre conscience, avec une rare acuité, de ce que devrait être ce cher Sénégal. L’ouvrage est très actuel et ne saura laisser indifférent quiconque aura le bonheur de le tenir entre les mains. Car, il va au-delà du simple diagnostic et de la dénonciation. Il interpelle la conscience de chaque individu. Il met chaque lecteur devant ses responsabilités de citoyen et de patriote dont lui incombe la prospérité et la grandeur de ce pays. Une nation sénégalaise fière de ses illustres aïeux et de leur combat pour un Sénégalais debout et fier. Un legs à perpétuer.
Très actuel, « Coalitions pour le dépeçage d’une Nation » jette un regard acéré voire pointu sur les failles et les graves dérives qui compromettent, depuis trop longtemps, la marche en avant de ce pays. Un Sénégal offert sur un plateau à des étrangers qui n’en demandaient pas tant. L’auteur, étant un observateur avisé, un homme d’affaires et industriel aguerri qui a blanchi sous le harnais, ne veut plus regarder son pays sombrer dans la déchéance. Cet ouvrage est donc le fruit de plus de trente ans d’expérience et de dur labeur pour promouvoir un secteur privé fort et impulser une dynamique de croissance et de développement. Des décennies d’expériences heureuses et douloureuses, de succès et de désillusions. Mais, surtout une foi inébranlable en un avenir meilleur dont il faut, dès maintenant, poser les jalons.
Mais, cela ne sera pas une sinécure, comme le montre Citor, compte tenu des goulots qui étranglent l’économie de ce pays. Ils ont pour noms : népotisme, favoritisme, prévarication, corruption, concussion. À chaque changement de régime politique, les nouveaux dirigeants créent des castes de nouveaux riches tirés de leurs cercles de proches. Cette nouvelle caste, qui n’a jamais contribué à la création d’entreprise ou de richesse, s’évertue à faire sombrer les citoyens ordinaires qui y ont toujours évoluée. Elle s’évertue à détruire les entreprises que ces citoyens ordinaires ont bâties à force de privations et d’abnégations. Dans cette optique d’accaparement, les moyens les plus sournois, les plus iconoclastes, basés sur les structures étatiques républicaines sont souvent malheureusement utilisés.
N’empêche que, derrière le constat amer d’un Sénégal qui se perd, il y a quelque chose de fondamentalement optimiste derrière chaque ligne de cet ouvrage. Dont l’accouchement a été difficile. En effet, avant les indépendances, la création littéraire a fait floraison. Les auteurs n’éprouvaient pas de difficultés majeures pour faire éditer et publier leurs œuvres, quelle que soit la virulence des thèmes abordés contre le système colonial. Soixante années après les indépendances, les œuvres « non conformes » sont systématiquement dans l’impossibilité de se faire éditer. Beaucoup d’œuvres de qualité sont en souffrance dans les cartons de leurs auteurs, faute d’éditeurs. Au mieux, il est exigé à l’auteur qui veut se faire publier, une somme faramineuse que sa condition de citoyen ordinaire ne lui permet d’obtenir. Or, la création, l’accomplissement de l’individu doit être encouragé par les autorités publiques, qui ne sont promues que pour cette mission.
Gaston Coly
Journaliste pour Enquête
Introduction
L’Africain, et plus particulièrement le sénégalais vit depuis des siècles des situations de domination, dont le seul but est d’accaparer ses ressources. Tout est fait ou manigancé pour perpétuer cette situation.
Plus de cinquante années après les indépendances, les régimes politiques se succèdent, les mêmes systèmes de contrôles des principaux leviers de décision politique et d’accaparement des richesses restent plus que jamais tenus par les cercles familiaux, partisans et étrangers. Chaque nouveau régime crée sa cohorte de nouveaux riches puisés dans les cercles cités. Ces nouveaux riches sont orientés vers les secteurs souvent occupés, et organisés par des citoyens considérés comme de seconde zone qui doivent perpétuellement se morfondre dans des rêves d’accomplissement brisés.
Les premiers dirigeants politiques de l’après indépendance de notre pays ont été formés et formatés par le système colonial. Ils ont vécu avec l’ambition d’égaler le maître. Ce dernier a usé de tous les artifices pour les maintenir au pouvoir, en veillant à ce que leurs ordres soient scrupuleusement exécutés. L’impérialisme, avec son corollaire d’exploitation des ressources des pays dominés prend le relais du colonialisme. Le tenant du pouvoir est entouré de conseillers mis en place par le maître pour transmettre les ordres et surveiller leur bonne exécution. Toutefois, malgré leur situation de dominés, les nouveaux tenants du pouvoir vassalisé, parvenaient à faire valoir leur amour propre. Cela s’est traduit par des nationalisations de secteurs et de patrimoines clés comme les ressources minérales, les terres, les secteurs indispensables à la société tels que l’eau et les sources d’énergie.
Le premier régime a réussi la construction du sentiment d’appartenance à une même nation. Cela a préservé notre pays de conflits ethniques, religieux ou claniques. Il ya eu une démocratisation du système d’enseignement, premier levier d’émancipation pour une nation, et les enfants des démunis pouvaient accéder à l’école publique avec même la distribution de repas au niveau des écoles primaires, notamment dans les villages. Cela s’est accentué après la sévère sécheresse de 1973. Les élèves de cette période se remémorent encore les distributions d’omelettes faites de poudre de jaune d’œufs, accompagnées de verres de lait. Les stocks de barils de poudre de jaune d’œuf et de sacs lait en poudre étaient parcimonieusement gérés par les directeurs d’école.
Au niveau de l’enseignement secondaire, les élèves bénéficiaient de prises en charge totale dans les internats (logements décents, repas, effets de toilettes et habillements). La surveillance de la scolarité des enfants était même mieux assurée que dans les cadres familiaux. Ceux qui n’étaient pas admis dans les internats et issus de familles pauvres, étaient mis en demi pension ou percevaient des pécules (bourses) de l’État. L’école publique fut un cadre d’excellence où les meilleurs étaient maintenus et cette organisation positive est inversée en l’espace de deux décennies, et la décrépitude de l’école publique, a servi de base solide à l’enseignement privée, pour canaliser l’excellence. Cette métamorphose exclue désormais du cadre de performance les enfants de la grande masse de pauvres. L’école publique est devenue depuis les années 1980, le symbole du misérabilisme avec les affectifs pléthoriques, entrainant les doubles flux, la suppression des internats, le recrutement au rabais des enseignants, etc.
Dans le même souci de bâtir un sentiment d’appartenance à la même nation, les enfants du secondaire et les jeunes fonctionnaires étaient mutés hors de leur terroir. Une telle organisation permettait d’annihiler les sentiments de cloisonnement social et le brassage des différents groupes de la société (ethnies, clans, religion). Les internats, en dehors du fait qu’ils permettaient à des enfants de bénéficier d’un bon encadrement pour leur scolarité, constituaient comme dans l’armée, un excellent facteur de fusion entre les enfants d’une même nation. De fait, l’école publique était de très loin la meilleure filière pour avoir une très bonne éducation, dans sa conception la plus vaste. Les enfants d’après indépendance qui ont baigné dans ce climat, et grandi dans cette atmosphère devraient avoir un très fort sentiment de reconnaissance vis-à-vis de la nation. Il est inadmissible de naître dans un pays pauvre, y avoir subi gratuitement toute sa formation, y être responsable à un quelconque niveau de l’administration publique, c’est-à-dire continuer à être entretenu par l’État, et mener des actes prévaricateurs contre cet État et cette Nation. À leur décharge, les négriers d’antan qui capturaient et vendaient leurs parents aux esclavagistes étrangers n’avaient pas reçu de tels privilèges de leur société.
Tout ce système d’organisation scolaire a été balayé au milieu des années 1980, sous le dictat des politiques d’« ajustements » budgétaires. Les comportements séparatistes au niveau de la Casamance ont provoqué des conséquences aux coûts économiques, sociaux, historiques beaucoup plus importants que les économies visées au niveau du budget public. Il est évident que l’abolition du système de déplacement des enfants et des fonctionnaires de leur terroir vers d’autres contrées de la nation, ainsi que la suppression des internats ne peuvent constituer la cause de la rébellion en Casamance, mais leur maintien aurait pu réduire les impacts.
Pour mieux consolider l’harmonie et la cohésion au sein de la nation, les emplois et postes gouvernementaux et de l’administration publique obéissaient à des règles de ségrégation positive. Les différentes composantes de la nation, dans leur diversité, devaient se retrouver dans les différents attelages. Le dosage était laborieux mais salutaire, car il fallait tenir compte des disparités ethniques, religieuses, régionales, etc. La sélectivité en fonction des différences, n’excluait point la compétence, quoique la proximité familiale ou amicale fut de mise. De telles conceptions de l’esprit national, ont fortement contribué à préserver le pays de méfiances et de conflits entre ses différentes composantes. Chaque composante de la Nation se sentait représenté au niveau des instances de décision, ancrant ainsi le sentiment de solidarité entre groupes, et la fierté nationale.
Des politiques d’ajustement structurels ont jalonné les décennies 1980 et 1990. Entre autres actions, il a fallu procéder à des privatisations de sociétés stratégiques pour l’équilibre de la nation. Ces politiques d’ajustement structurels, dans le volet des privatisations d’entreprises nationales, ne pouvaient en aucun cas avantager le citoyen, ordinaire ou pas, qui n’était pas en mesure, ne serait-ce que financièrement, d’acquérir ces entreprises. De sorte qu’au départ, les bailleurs de fonds, censés « venir à notre secours » avaient des cibles étrangères pour la dislocation de notre patrimoine. Avec ces bailleurs de fonds et les repreneurs, les seuls bénéficiaires d’un tel pillage, sont les politiques.
Dans le souci de s’en approprier, la plupart des privatisations étaient partielles car il lesdites sociétés ont été scindées en deux parties : Une société dite de patrimoine et une autre d’exploitation. La société de patrimoine, restait dans le giron étatique et devait gérer les installations. Elle n’avait pas à dégager des ressources et devait dépendre de l’autre et de l’État, c’est-à-dire du citoyen. La société d’exploitation, comme son nom l’indique, est chargée de la fourniture des produits ou services au client et de la récolte des produits financiers. Elle est entièrement privatisée et les propriétaires sont des non nationaux, français particulièrement. Depuis cette période, les propriétaires engrangent des profits colossaux et le client, c’est-à-dire le citoyen, subit des hausses de prix inouïes pour des qualités moindres. La société d’exploitation, qui est privée et qui est propriétaire des revenus, n’a pas à s’occuper des couacs et pannes majeures des circuits de productions ; cela est du ressort exclusif de la société d’exploitation, c’est-à-dire du citoyen ordinaire.
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