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Le Beau et son Contraire: Roman psychologique
Le Beau et son Contraire: Roman psychologique
Le Beau et son Contraire: Roman psychologique
Livre électronique263 pages4 heures

Le Beau et son Contraire: Roman psychologique

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À propos de ce livre électronique

Deux êtres de chair et de sang mais si différents que l’existence de l’un est faite de conquête féminine et d’aisance pécuniaire, et l’autre doit subir la pauvreté, l’abstinence sexuelle et même les quolibets des « gens bien ». Pourquoi ?
Parce que l’un est beau comme un Adonis de l’Antiquité avec une intelligence supérieure… et l’autre est le contraire de beau (je refuse de qualifier un humain de laid) et un cerveau de faible capacité.
Mais le beau aurait-il le droit de tuer de jeunes femmes sans être accusé par le contraire de beau qui lui a tout vu ?
Mais là encore, il y a des différences dans le déroulement de la justice, l’aisé peut financer un avocat de grand talent, et le modeste accusateur, à lui, on lui fournit un défenseur d’office rémunéré par la société.
Un duel inégal s’engage.
Un combat avec une fin… apocalyptique !

À PROPOS DE L'AUTEUR

Né en 1947 à Saint-Quentin dans l’Aisne (02), Arilde Bacon a vécu toute sa vie professionnelle à la Société « Shell ».
Académicien de Provence, Le Beau et son Contraire est son seizième ouvrage.
LangueFrançais
Date de sortie16 oct. 2020
ISBN9791037713704
Le Beau et son Contraire: Roman psychologique

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    Aperçu du livre

    Le Beau et son Contraire - Arilde Bacon

    Préambule

    Le Beau et son Contraire – mais également son serf, son otage, son inférieur, son moindre : le laid.

    Il est invraisemblable de qualifier de laid un être humain, je ne peux pas, ce n’est pas dans mes gènes, pas dans ma ligne philosophique, pas dans la mire de ma doctrine ; c’est pour cette raison que, dans cet ouvrage, je stipule « contraire de beau » en remplacement de cet adjectif trop dégradant, trop bas, trop méprisable pour décrire les traits trop marqués d’un visage.

    Emmanuel Levinas estime que l’expérience qui fonde l’humanité est celle du visage. Un visage humain fixe un autre visage humain et entre dans une relation intersubjective. Il y voit un regard, pas des yeux ; car « la meilleure manière de rencontrer autrui, c’est de ne pas même remarquer la couleur de ses yeux ! Si on le fait, on ne peut plus entrer en relation avec l’autrui ».

    Sans le faire, il reconnaît en l’autre, l’autre que lui, il voit son prochain, celui qui est digne d’égards, celui que l’on ne doit pas humilier.

    Oui, peut-être… Je n’ai pas le pouvoir rationnel, compétent, pour contrarier le jugement d’un tel savant… Mais…

    … Assurément, j’ai souvent constaté le phénomène contraire : quand l’autrui à la malchance de posséder un visage ingrat, voir hostile, désagréable et même plus, il n’y a aucune relation intersubjective. Il y a même absence de regard, personne ne désire constater la couleur des yeux, nul ne souhaite entrer en relation avec un « contraire de beau », un affreux, un vilain, mais néanmoins humain de chair et de sang… avec surtout une sensibilité dans l’âme qui ne demande – pas de la pitié – mais du respect et de l’affection, voire même un peu d’amour.

    Ma foi en l’homme parfois oscille, elle connaît même des dérobades, des échappés singulières, de véritables incompréhensions, voire même fréquemment des incohérences. Régulièrement, il faut que ma volonté me rappelle qu’il est nécessaire d’apprécier le genre humain, tant les violences, les injustices, les stupidités élargissent la véritable différence entre « le Beau et son Contraire ». Il faut dénoncer l’idiote concurrence qui existe entre eux, la dénoncer et la condamner.

    Le Beau et son « Contraire » est flagrant chez les hommes – ou femmes –, pas chez les animaux ; une chienne pure-race peut s’accoupler avec un bâtard à l’oreille pendante sans arrière-pensée ; une femme… pas certain. À moins que le « bâtard » roule sur l’or et en Ferrari et alerte sa « Gold Mastercard » à chaque exigence souvent capricieuse de madame.

    Il faut aimer l’homme… mais qu’il est difficile à aimer !

    La beauté et son « contraire » – pour les humains – sont des critères de jugements relatifs à plusieurs facteurs : l’éducation des parents – elle est indispensable mais trop souvent négligée –, la formation individuelle de chacun – suivant ses propres possibilités intellectuelles et matérielles –, l’œil trop critique ou pas assez – suivant l’éducation et la formation –, le bienheureux toujours enchanté ou le permanent stressé par les vicissitudes d’une vie chahutée, l’artiste absorbé par son œuvre ou le bricoleur passionné, le poète rêveur et le cartésien matérialiste… et surtout, oui surtout : entre l’homme et l’homme.

    Pour celui qui sait voir au-delà des apparences – celui qui regarde plus avec son cœur qu’avec ses yeux –, il n’y a pas de « contraire de beau » ; mais tout est simplement dans un ordre fonctionnel, évident, raisonnable, dans un degré imaginaire sur une échelle virtuelle de l’acceptable, et surtout quand il s’agit de femmes ou d’hommes de chair et de sang, donc sensibles à tout ce qui désoblige le caractère, donc faibles devant la supériorité, choqués, abattus et désarmés devant un beau « ou belle » majestueux « ou majestueuse » qui les toise comme un seigneur inspecte sa garde personnelle, puis les méprise ensuite de vils affronts, de lâches quolibets vexants, d’insultes dégradantes. Alors le « contraire du beau » se rétracte sur lui-même devant cette situation ridicule, se referme comme une huître, s’enferme chez lui pour se punir d’être si différent des autres et plonge alors dans un mutisme inquiétant qui peut aller jusqu’à la dépression suicidaire.

    Pourtant, pour la raison qui ne cesse de discriminer et de comparer, la beauté évoque le caractère de ce qui est conforme à un idéal esthétique, donc admirable, donc respectable. Toutefois, tous les êtres de la terre devraient être respectés, même celui ou celle qui a dégringolé quelques échelons sur l’échelle de l’attirance.

    Un visage avec des traits réguliers et harmonieux éveille un sentiment d’admiration, voire d’extase, d’exaltation ; les visages « contraires » devraient être – au moins – regardés sans aucun jugement critique, sans remontrance désobligeante.

    Dans la réalité concrète ou contingente, la beauté ne peut se définir autrement qu’avec l’harmonie des formes, des couleurs, de l’éclat de la lumière et, même dans la demi-pénombre d’un endroit ombragé où on ne la voit pas, on la devine, on la sent ; elle arrive à transpercer l’obscurité pour l’animer de sa présence invisible.

    Individuellement, la beauté découle de la prise en main de sa propre destinée en exprimant son unicité dans l’harmonie et en puisant sa force dans sa source intérieure ; elle résulte du bien faire qui conjugue les efforts de l’âme et de l’esprit, mais sans en connaître vraiment ni l’origine de sa source héréditaire, ni de la pérennité de son futur éventuel.

    La beauté représente la manifestation de ce qui est authentique, vrai, confirmé par une autre personne – souvent moins clinquante d’ailleurs.

    Plus un être est remarqué par sa beauté, plus il prend conscience de l’énergie en sa possession ; l’équilibre du corps engendre l’harmonie quand l’harmonie engendre la beauté du corps.

    Paradoxalement – en général –, les « super beaux ou belles » ne connaîtront jamais le bonheur total en couple. Trop de choix leur sont offerts, et se sont mêmes les potentiels sélectionnés du bas qui se proposent en premier, et parmi ces captifs – ou captives – faciles, il y a des spécimens, des créatures, des rêveurs – ou des rêveuses – qui ont oublié de s’exhiber devant un miroir, ou alors il était étoilé de mille brisures, ou recouvert d’une couche de buée, ou bien il était déformant et renvoyait une image tronquée.

    Tout ce qui est harmonieux est beau chez l’humain, nonobstant la réaction de l’observateur qui n’a peut-être pas le goût accompli ou l’œil développé pour le comprendre, celui-là n’est alors ni « contraire du beau » ni beau, mais est surtout privé d’intelligence, donc insensible à la joliesse.

    Si le hasard de la naissance n’existait pas, tout serait beau, ce seraient les degrés d’appréciation qui varieraient selon les expériences, les habitudes, les pratiques qui donneraient les connaissances personnelles et une vision différente pour chaque individu, mais le hasard, heureusement, existe, même s’il est incertain.

    La beauté résulte de l’ordre des choses et de l’harmonie des traits, mais elle prend sa source dans l’âme de celui qui regarde la cible – que ce soit un humain ou un animal, et pareillement pour les objets.

    En fait, tout est beau, à chaque instant, pour celui qui sait dépasser les apparences pour ne retenir que le reflet vu par son âme.

    Une âme évoluée a besoin de s’entourer de beauté ; or, rien n’est plus beau que ce qui est sain et naturel. La beauté suscite un plaisir admiratif, pour ainsi dire extatique, par sa forme ou son aspect de noblesse esthétique ou éthique, de supériorité mentale, de parfaite adaptation ou de totale conformité à ce qui doit être normalement ainsi. Le conformiste s’appuie sur la valeur pratique des choses ; bien nanti physiquement et psychiquement, il pense à enjoliver les objets et les êtres, à les orner, à les décorer, à les rendre plus conformes à sa sensibilité intérieure, agréables à la vision.

    L’ordre esthétique des artistes relève des besoins de l’âme qui a obligation du beau pour s’épanouir. Donc le modèle du peintre doit obligatoirement lui sembler beau pour pouvoir parachever son œuvre. Pareil pour le sculpteur. Pareil pour le photographe. Le romancier, lui, peut décrire un être imparfait, puisqu’il ne fait que l’inventer avec son imagination.

    L’harmonie ne s’expérimente qu’en vivant dans l’ici et le maintenant, en acceptant les tâches indubitablement répétitives et fastidieuses, mais qui cultivent et amplifient le sens de l’ordre, de la méthode, de la discipline, de la précision, de la rigueur, qui forment la compétence… et ceux à qui cela échappe, resteront des manants, des arriérés, des incompris… des tristement malheureux.

    La beauté, qui repose sur l’harmonie, implique qu’un être soit capable d’apprécier le degré de son physique pour savoir approfondir ses relations avec d’autres humains – très beaux, beaux, normaux ou « contraire de beau » –, et il doit être capable de se maîtriser et de modérer son caractère suivant le degré d’esthétique de son interlocuteur ou de son interlocutrice. Que l’être face à lui soit « contraire de beau », moins beau – ou beau ou très beau –, il doit intervenir avec compréhension dans ses rapports interpersonnels, sans jamais s’abandonner à ses pulsions primaires qui n’autoriseraient que le parfait. Il doit maîtriser ses tendances violentes, combatives, opportunistes contre l’imperfection de son semblable ; il doit trouver l’équilibre entre leur rapport, ce qui implique le calme, la patience et la persévérance. Il doit savoir s’adapter aux diverses situations et toujours agir dans un esprit d’union avec tout le monde. Il doit être en mesure d’identifier les phénomènes physiques et psychiques des autres pour les intégrer en lui dans une fusion harmonieuse. Il doit développer une réflexion sereine et une confiance inébranlable dans son destin, lui qui a été comblé à sa naissance.

    Lorsque l’on a été favorisé par la nature, lorsqu’elle vous a agréé un physique de Dieu vivant buriné par un sculpteur de grand génie, on doit rester humble, modeste, mesuré.

    Mais…

    L’homme doit évoluer dans l’entendement, la circonspection et la prudence ; il doit comprendre la vie de l’univers et la manière dont elle se renouvelle constamment à travers les êtres comme à travers lui, comme à travers les choses, comme à travers les animaux et les végétaux.

    Il doit fuir les conflits d’intérêts, les désaccords, les incertitudes, pour se faire un pour tous, afin que tous se fassent un. Il doit éviter les efforts vains autant que l’instabilité émotive de manière à bien développer ses capacités, ses aptitudes et ses talents, et à toujours intervenir dans un esprit de collaboration avec ses congénères. Il doit faire preuve d’initiative dans la recherche des moyens pour résoudre ses conflits intimes autant qu’interpersonnels. Il doit chercher un idéal élevé, établi à partir de la compréhension de ce que l’esprit humain est venu incarner dans son pèlerinage à travers la matière et la vie d’autrui.

    La beauté ne peut être que dans une âme cordiale, d’humeur joviale, qui, dans son amour, sait accueillir tous les êtres – très beaux, beaux, normaux ou « contraire de beau » – à bras ouverts, humains, animaux, végétaux et objets.

    La beauté s’exprime dans le respect des lois naturelles, des principes cosmiques et des valeurs fondamentales ; elle naît dans le soin méticuleux de maîtriser ses appétits, ses désirs et ses passions pour incarner des idéaux élevés, toujours nobles, en s’isolant des conventions, des coutumes et des traditions, de l’esprit de la routine. Elle passe par la confiance en soi et l’amour de soi et surtout celle de l’autre : elle vise à accomplir la plénitude dans la joie, le changement, la nouveauté sans cesse renouvelée, mais toujours afin d’engendrer le bonheur de tous, partout et sans interruption.

    Félix Leclerc a chanté : « Quand les hommes vivront d’amour… ». Oui, Monsieur le Poète Québécois, il nous restera toujours le droit de l’espérer, mais…

    Ainsi – pour les humains – qu’en est-il de la « laideur », cet autre critère mental, qui aspire à devenir éthique pour certains beaux ?

    Celle-ci se définit comme le fait de heurter, de choquer, par son aspect désagréable, le sens moral, la notion qu’un être se croit « normal » alors que, pour d’autres, il est… affreux.

    La beauté comme la « laideur » ne sont que les critères d’un être encore plongé dans la dualité, qui ne peut qu’être diviseur par son attitude face à diverses réalités. Les animaux se moquent que l’être soit beau ou laid, riche ou pauvre, car ils aiment d’un amour inconditionnel, sans porter de jugement de valeur. Il y a des chiens amoureux de leur maître « SDF » tout barbu et crasseux, et qui pour rien au monde, même pour aller vivre dans un château chaudement douillet, quitteraient la rue et surtout leurs maîtres pour aller se morfondre dans le luxe trop douillet.

    Un philosophe a dit un jour : « Du temps où j’avais la raison diviseuse, bien des choses me répugnaient. Plus tard, quand je l’eus perdue dans la vision, j’ai beaucoup cherché le laid, mais n’arrivais plus à le retrouver ».

    Il avait raison, ce philosophe dont j’ai oublié le nom.

    La beauté et la laideur représentent des critères culturels que les êtres humains ont élaborés au cours de leur éducation pendant des siècles et des siècles. En fait, rien n’est beau, rien n’est laid, tout est ainsi. Ce qui paraît laid à l’un, relève son état d’inharmonie avec cet individu ou cette chose. Ainsi, le « contraire de beau » laisse entendre son état d’inadéquation avec une autre personne parce qu’il n’est pas en état d’harmonie avec elle ou qu’il vaut mieux qu’il s’en abstienne.

    Mais oublions les principes cosmiques, la réalité contingente et autre univers et espace impalpable pour revenir sur terre dans un réel concret : si tous les hommes sont égaux devant la loi (ou presque, hihihi…), il en est tout autre sur le physique. Heureusement, car il est impensable de mettre un seul et unique visage sur tous les êtres de la terre. Il n’y aurait qu’une seule photo sur les cartes d’identité et autres visas, la reconnaissance faciale serait alors impossible.

    Pour une implacable logique : il vaut mieux être beau que « son contraire », il vaut mieux être intelligent que dépourvu de neurone, riche que pauvre et jeune que vieux ne rentrent pas dans le sujet philosophique.

    L’idéal serait d’être très beau et super intelligent – et jeune et très riche –, mais peu de personnes entrent dans ce genre de catégorie ; les très beaux sont souvent présomptueux, méprisant envers les moins nantis physiquement, ce qui manifeste une intelligence modeste, même si parfois ils sont instruits. Toutes les filles sont attirées par cette catégorie, même les limitées en beauté, et c’est également valable en inversant les sexes.

    La grande majorité est un heureux mélange d’intelligence et de beauté moyennes, ce qui favorise une existence que l’on pourrait qualifier de légitime.

    Pour les extrêmes, c’est différent.

    Pour ceux du haut, la ligne est toute tracée : droit devant, je fonce et je m’éclate !

    Mais pour ceux du bas sur l’échelle des négligés côté beauté et intelligence… (Voire même les trisomiques) c’est une vie cruelle qui les attend dès leur naissance. Et pourtant, ils possèdent bien un cœur sensible qui bat au rythme des sarcasmes et des quolibets crachés par ceux d’en haut, les favorisés sur l’échelle des chanceux. Oui, on peut certifier sans risque de se tromper : la première loterie est bien celle de la naissance.

    Mais il y a encore pire ! Imaginez un « contraire de beau », pauvre, dépourvu d’intelligence et…

    … et obèse !

    Les gens beaux, c’est bien.

    Mais les gens bien, c’est beau.

    Quant aux super intelligents : de quoi se reposent-ils quand ils dorment ? De leur supériorité ? Ils trouvent accablant d’avoir toujours raison ; mais cela les isole plus encore qu’un « contraire de beau ». N’étant pas à un paradoxe près, ils se sentent plus seuls que seuls chez eux lorsqu’ils sont réellement seuls au milieu des autres. Le sentiment de leur génie, la confiance dans leur destin tout tracé, c’est plus facile de s’en griser dans un fauteuil en regardant la télé qu’au milieu de subalternes du cerveau pour qui il faut transformer cette ivresse du supérieur en sobriété négligeable, accessoire, insignifiante.

    C’est bien assez d’être supérieur, si en plus il faut s’abaisser au niveau des moins nantis de l’intellect, il vaut mieux rester seul chez soit devant la télévision à se moquer des mauvaises répliques récitées par de mauvais acteurs qui jouent les scènes d’un feuilleton de série B ; eux auraient réalisé un super film avec des répliques, voire des tirades de classe, qu’ils auraient eux-mêmes magistralement interprétées.

    Pour les objets, c’est une autre sorte d’indétermination. Chacun peut percevoir la différence du beau et du laid – là, j’admets la laideur – suivant son humeur, son état d’âme, son degré de culture, son sens des affaires et même avoir un jugement d’indifférence.

    Personnellement, je préfère les humains : on doit – suivant notre code pénal – tous avoir la même valeur devant la loi, bien qu’il y en ait qui sont plus égaux que d’autres – ; mais quand je constate la dissimilitude énorme entre certains objets, sujets ou concepts, je reste stupéfait ! Je ne prétends pas avoir la connaissance ni la science des beaux-arts, mais je suis capable de rester en extase devant le tableau d’un peintre de Montmartre vendu – je dirais plutôt échangé – contre un repas chaud au restaurant du coin – le terme : « pour une bouchée de pain » serait ici idéalement employé – et qu’en contrepartie je tombe dans un gouffre de stupéfaction quand j’entends ou je vois dans les médias une toile vendue une fortune parce qu’elle est estampillée d’une signature prestigieuse… là, je m’interroge sur l’honnêteté artistique de l’acheteur qui voit – mais ce n’est que mon humble avis – plus un placement rentable dans un avenir proche que l’amorce d’un regard envieux sur la splendeur, la magnificence, le raffinement de l’objet ou de l’œuvre convoitée.

    Tony Vallet – le héros de mon roman – n’avait ni la capacité intellectuelle d’apprécier une œuvre d’art ni la richesse pour s’en procurer une ; il se contentait de survivre misérablement dans un monde d’égoïstes et de prétendus supérieurs, se satisfaisant de ce qu’il possédait : un cabanon au bord du lac d’Annecy, une barcasse amarrée au débarcadère à un pieu de métal planté dans le sable, et une hérédité familiale à avaliser.

    Ce qui chagrinait son existence était l’absence d’une compagne, une femme à qui il aurait tout offert : amour, tendresse, affection, estime, complicité ; mais en plus de son inintelligence et de son indigence, sur son corps d’homme des cavernes surplombait une tête démesurée, disproportionnée, excessive, avec un visage disgracieux, affreux, hideux, où l’œil gauche plus ouvert que l’autre semblait sans véritable humanité ni émotivité. Un véritable masque pour un carnaval dont le thème serait la frayeur, l’épouvante, l’effroi ; il ne lui manquait plus que des cicatrices sur les joues et des poils noirs sous le cou pour être le plus abject des hommes…

    I

    Si l’on pouvait imaginer le paradis terrestre sous la forme d’un village, ce serait Doussard, en Haute-Savoie ; et comme deux saisons suffisaient pour l’embellir – la suffocante et la tempérée – l’idéal glorifiait l’endroit de sa magie végétale permanente.

    Tout le long du chemin de terre qui dévalait la pente douce jusqu’au lac, chaque façade constituait un jardin suspendu. Pendant que les glycines accrochaient leurs lampions mauves aux grillages, les géraniums flambaient aux fenêtres, la vigne illuminait les terres et même des marquises de fer forgé, les digitales fusaient sur les bords du layon, tandis

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