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Le jour où j'ai appris à gérer mes émotions: Guide de développement personnel
Le jour où j'ai appris à gérer mes émotions: Guide de développement personnel
Le jour où j'ai appris à gérer mes émotions: Guide de développement personnel
Livre électronique308 pages9 heures

Le jour où j'ai appris à gérer mes émotions: Guide de développement personnel

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À propos de ce livre électronique

Se reconstruire après un parcours semé d’embûches, se recentrer sur
soi et s’ouvrir à de nouvelles idées pour redonner un sens à sa vie, c’est ce que propose Florent Catanzaro dans cet ouvrage essentiel, entre témoignage et outil de développement personnel.
« Auparavant, la vie n’avait pas la même saveur. Oscillant entre des hauts et des bas, je n’étais que rarement maître de moi-même et de mes décisions. Je crois même pouvoir dire que je ne me souviens pas avoir effectué de choix en pleine conscience. Parfois, cela s’accompagnait de belles surprises mais très souvent, cela m’éloignait du bonheur tant désiré. »
Il y a plusieurs mois, alors en proie à un profond mal-être, Florent décide de partir un an au Brésil. Au gré des rencontres, il découvre là-bas un enseignement novateur, basé sur l’intelligence émotionnelle et l’autodiagnostic. Très vite, cela l’emmène vers une introspection profonde, qu’il relate tantôt avec tendresse, tantôt avec humour, et qui lui ouvre de nouvelles perspectives, beaucoup plus positives !
LangueFrançais
Date de sortie7 mai 2020
ISBN9782390094760
Le jour où j'ai appris à gérer mes émotions: Guide de développement personnel

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    Aperçu du livre

    Le jour où j'ai appris à gérer mes émotions - Florent Catanzaro

    allié

    Ouvrages du même auteur

    Aux Éditions Jourdan/PixL

    Aventures & mésaventures d’une aide-soignante à domicile (2016)

    Aux Éditions La Boîte à Pandore

    Oser prendre une année sabbatique (2018)

    Dédicace

    À tous ceux qui ont choisi de ne pas baisser les bras,

    de ne pas délaisser leurs responsabilités,

    de ne pas cesser de construire l’avenir,

    et qui continueront encore longtemps à s’efforcer

    de réparer ce qui a été cassé.

    Note

    Pour une plus grande justesse, la plupart des dialogues relatés dans ce livre ont été enregistrés. Et lorsque cela n’a pas été possible, j’ai annoté méticuleusement les répliques provenant de ma mémoire afin de les faire lire et valider par la personne concernée. Il m’est en effet primordial de retranscrire avec le plus d’exactitude la sagesse et le courage contenus dans les enseignements présentés. La créatrice de cet atelier sur l’intelligence émotionnelle – auquel j’ai participé et qui m’a inspiré ce livre – a bien compris mon envie de transmettre ces connaissances novatrices au plus grand nombre, et cela correspond également à sa vision. Pour cela, elle n’a pas hésité une seule seconde à mettre à disposition tout son savoir et son expérience dans le domaine des sciences humaines afin de m’aider à élaborer ce livre.

    Bien que mon but soit de produire une œuvre utile à chacun, vous remarquerez très vite que ce n’est en aucun cas un guide se permettant de promettre, sans scrupule, des progrès spectaculaires concernant votre intelligence émotionnelle. Au contraire, vous découvrirez les efforts qu’exige une véritable amélioration de cette capacité essentielle. C’est pour cela que vous n’y trouverez aucune solution miracle, mais bien des axes de travail pour un authentique développement de vos compétences émotionnelles.

    Nos perspectives d’avenir dépendent de plus en plus de notre aptitude à gérer notre comportement et nos rapports à l’autre de façon plus pérenne. Puisse cet ouvrage vous offrir une énergie nouvelle qui vous aidera à faire brillamment face aux défis quotidiens qui nous attendent tous.

    Cinq suggestions pour tirer le meilleur de ce livre

    1.Si vous voulez tirer pleinement parti de ce livre, je vous suggère de vous mettre dans une certaine condition – qui s’applique également dans de nombreuses autres situations de vie – et sans laquelle toute lecture deviendrait vite inutile. En la cultivant, vous accomplirez des merveilles… Ayez un profond désir d’apprendre ! Une volonté de vous ouvrir à la nouveauté. Par extension, cela implique de chercher à vous améliorer constamment et d’améliorer également vos relations avec votre entourage, sans hésiter à aborder de nouvelles notions pour sortir des sentiers battus, sans craindre une remise en question. Pour développer cela, rappelez-vous simplement que tout est en constante évolution sur cette planète ; rien n’est jamais figé, et cela vaut aussi pour nous-mêmes : ce que nous croyons vrai aujourd’hui pourrait nous sembler ridicule dans quelques années.

    2.Grâce à cette envie d’apprendre, la lecture ne sera que plus riche. Et lorsque vous commencerez à entrer dans les enseignements d’intelligence émotionnelle, voici la deuxième suggestion : prenez le temps de la découverte. N’hésitez pas à vous arrêter fréquemment afin de vous interroger. Ce qui est dit peut-il s’appliquer à votre vie ? Le cas échéant, comment faire pour vous l’approprier ? Vous constaterez d’ailleurs que des moments de questionnements seront suggérés au fil des pages, à certains chapitres clés, pour vous inciter à faire une pause et à obtenir de vraies réponses.

    3.Prenez également un crayon pour mettre en évidence les passages qui vous touchent particulièrement. Je sais bien que gribouiller sur les livres n’est pas au goût de tout le monde, mais si c’est votre cas, faites une exception – et repensez à la première suggestion ! Alors, autorisez-vous à donner de la vie à ce livre : pliez des pages ou surlignez des phrases afin de pouvoir revenir plus facilement sur les notions qui vous ont marqué. Cela vous permettra d’ailleurs d’amorcer la transition vers la quatrième suggestion.

    4.Une fois la première lecture achevée, n’abandonnez pas tout de suite l’ouvrage. Au contraire, relisez-le après quelques semaines. Les concepts évoqués sont parfois complexes ou déroutants, et il est difficile de tout assimiler en une seule fois. Selon votre sensibilité du moment ou votre attention lors de la première lecture, certains passages risquent ainsi d’être laissés de côté.

    Pire encore, il est incroyable de constater à quel point on oublie vite les choses, surtout si l’on ne les répète pas au quotidien. Moi-même, j’ai été surpris lors des deux années passées à écrire cet ouvrage à quel point la relecture m’était bénéfique. Certains chapitres me paraissaient presque nouveaux, même si c’était moi qui les avais rédigés ! La rapidité avec laquelle nous pouvons oublier est véritablement déconcertante… Alors, afin de tirer le maximum de cet ouvrage dans sa totalité, il est important de le relire. Peut-être plus d’une fois, jusqu’à pouvoir appliquer ses principes sans effort.

    5.Et surtout, mettez en pratique tout ce que vous lisez. Une lecture passive ne pourra pas vous fournir de résultats spectaculaires. Soyez actif dans la découverte. Pour que des changements positifs commencent à se produire, rien ne vaut une pratique quotidienne. Tout au long de la lecture, certains exercices vous seront ainsi proposés ; il est important de les vivre dans votre propre existence pour qu’ils puissent s’ancrer en vous. Je sais à quel point ils peuvent être difficiles, car j’ai moi-même parfois du mal à les mettre en œuvre. Mais c’est en nous exerçant que nous nous perfectionnons.

    Au-delà de la découverte de connaissances novatrices, cet ouvrage vous offre donc la chance d’adopter de nouvelles possibilités de vie, et cela ne pourra se faire qu’à travers la pratique. Afin de faciliter cette pratique, pourquoi ne pas expliquer à vos proches les notions apprises, ou leur demander de l’aide pour vous accompagner dans la réalisation des exercices proposés ? En jouant le jeu avec ceux qui partagent votre quotidien, il s’ensuivra probablement de très beaux moments de complicité ainsi que des échanges ludiques qui permettront d’augmenter sensiblement votre quotient émotionnel.

    Avant-propos de l’auteur

    Au départ, je souhaitais donner à ce livre un titre comportant les termes d’« intelligence émotionnelle » ou d’« éveil de la conscience », puisque c’est bien de cela qu’on va traiter au fil des pages. Une brève discussion entre amis m’en a dissuadé. Ce jour-là, un dimanche d’été en terrasse, je me suis rendu compte que lorsque l’égo s’exprimait, le dialogue devenait stérile. Pire encore, certains propos allaient même jusqu’à m’effrayer quand ce dernier était aux commandes. Pardonnez donc ma vulgarité, mais à la fin de la soirée, je me suis dit que l’égo était un con et qu’il était temps de lui apprendre à se taire… Il ne faisait plus aucun doute que l’esprit du titre venait juste d’être trouvé. Une insulte ne sera peut-être pas très appropriée pour commencer l’ouvrage, mais avouons tout de même que l’égo est un drôle d’oiseau qui nous veut rarement du bien. La plupart du temps, on est tellement incité à le cultiver qu’on ne se rend même plus compte lorsque c’est lui qui prend le contrôle. En tout cas, moi, je n’avais pas remarqué à quel point il m’a guidé de manière pernicieuse durant un sacré nombre d’années…

    Pourtant, aussi loin que je me souvienne, je me suis constamment escrimé à un effort de remise en question. La recherche du bonheur m’a toujours intrigué, au moins autant que la connaissance de soi, même si je ne saisissais pas pleinement comment accéder à l’un ou à l’autre. Nombreux sont ceux à s’être cassé les dents avant moi sur l’étude de ces deux thèmes, mais loin de me rebuter, cela m’a encouragé à persévérer. Jour après jour, j’ai donc cherché à révolutionner le décor du théâtre de ma vie, sans pour autant trouver en permanence la motivation dans le sens de mes actions. Je désirais sincèrement m’ouvrir aux autres, à ce monde, en comprendre les tenants et les aboutissants ; néanmoins, je ne savais pas toujours quoi prioriser ni comment opérer en profondeur. Une force invisible me maintenait enchaîné. À l’instar de certains de mes amis, de mes proches ou de tout être humain absorbé par la société, je passais parfois à côté d’aspects cruciaux de mon existence. Sans avoir réellement vécu, sans être totalement maître de mes décisions, comme enfermé dans une prison dorée au doux nom d’égo. Si l’on m’avait prédit, par exemple, aux débuts de mes études d’ingénieur, qu’une dizaine d’années plus tard j’allais être amené à reconsidérer tout ce que j’avais si longtemps bu comme du petit lait, je n’y aurais probablement jamais cru. Vu que mon activité cérébrale d’époque était uniquement liée à des théorèmes de mathématiques ou des exercices de mécanique des fluides, je croyais dur comme fer qu’éveiller sa conscience n’était pas une option possible, ni même sérieuse.

    Toutefois, il me semblait avoir compris la base dans cette sombre histoire de conscience, c’est-à-dire que quelque chose se produisait lorsqu’on était seul face à soi-même, devant son miroir ou sur son lit de mort. Dans ces moments-là – enfin, surtout en me regardant dans un miroir –, je réalisais alors que mon égo n’était pas vraiment moi et que je pouvais donc reprendre le dessus pour m’apaiser. Passé ces décevants instants de lucidité, je ne voyais guère comment procéder.

    Il faut dire qu’atteindre le bonheur n’est pas chose aisée si l’on ne compte que sur soi. Peut-être faut-il un déclic ou même un coup de chance pour commencer l’approfondissement réel de ses connaissances et ne pas rester en superficie ? Mais après des années passées à creuser dans mon coin sur le sujet, rien ne semblait véritablement bouger… Malgré toute ma détermination, je me noyais encore dans la masse d’idées, allant parfois jusqu’à me perdre. J’ai même failli renoncer, imaginant que le bonheur n’était finalement pas pour moi. Car lorsqu’on se retrouve seul au milieu de l’abondance d’informations avec l’égo pour unique guide, difficile de discerner le vrai du faux… Et comment savoir par où commencer ? On peut alors hésiter, se chercher des prétextes afin de repousser l’instant où l’on se lancera sur ce nouveau chemin – parce qu’on est trop jeune, trop vieux, trop occupé, trop dépassé, trop ignorant, etc. –, mais au diable les excuses : il n’y a pas de meilleur moment pour plonger à l’intérieur de son être que celui où l’on se sent naturellement prêt. Ça doit donc être à cet instant précis que tout s’est emballé pour moi.

    Une série d’évènements pas forcément joyeux a fait irruption dans mon quotidien. J’imaginais déjà la descente aux enfers… Jusqu’à découvrir l’intelligence émotionnelle – ce qui a été l’expérience la plus profonde de mon existence, après en avoir été la plus dérangeante ! C’était la première fois qu’on me présentait la combinaison de ces deux mots, et tout ce qui en a découlé ensuite a réellement eu un impact profond sur ma vie. Les effets néfastes de mon égo étaient révélés au grand jour, et j’ai appris à le mettre en sourdine. Assez rapidement et grâce à une pratique quotidienne, j’ai pu accéder à des réponses concrètes à propos de ces questions qui me taraudaient depuis des années. C’est ainsi que j’ai osé amorcer en profondeur ce processus de développement personnel, enrichissant comme jamais je n’aurais pu le soupçonner. Dès lors, l’envie de m’engager pleinement dans ce chemin est apparue comme une évidence : les connaissances sur ce sujet devaient être diffusées. J’ai commencé par transmettre mes récentes découvertes à mon entourage, à ma manière, en observant les bienfaits relationnels mais sans aucune certitude d’où cela pouvait m’emmener… Jusqu’à m’engager pleinement dans l’écriture de ce livre et l’organisation d’ateliers. L’avenir me réservera encore probablement son lot de surprises. Cependant, la seule chose dont je suis à peu près convaincu, c’est qu’on attire ce que l’on est. Cela m’a mené à considérer la vie avec légèreté, et elle me l’a bien rendu. Désormais, chaque jour est un apprentissage, chaque épreuve est accueillie avec gratitude. Ce ne sont certes pas des conditions suffisantes afin d’atteindre le bonheur, mais elles sont nécessaires pour s’en approcher.

    En toute humilité, je vous invite donc à embarquer dans cet ouvrage. L’histoire réelle que je m’apprête à raconter est celle de mon propre voyage, à la découverte de nouvelles terres émotionnellement plus intelligentes.

    Malgré les obstacles, une route inattendue était prête à s’ouvrir devant moi, me menant jusqu’à cette nature sauvage en plein cœur

    de l’État de Rio de Janeiro.

    Première Partie : Le chemin du déclic

    « J’ai eu beaucoup de problèmes dans ma vie,

    dont la plupart ne sont jamais arrivés. »

    Mark Twain

    1. Déchéance programmée

    Rien n’était foncièrement différent des autres jours en cette triste soirée pluvieuse ; pourtant, l’accumulation de banalités m’était soudain devenue insupportable. Plus que jamais, la morosité ambiante commençait à me peser. Pourquoi suis-je ici, dans cette ville froide et terne, dans ce job ennuyeux ? Pourquoi suis-je ici, sur cette Terre qui ne semble plus tourner bien rond ? Malgré mon positivisme naturel, je me retrouvais à présent en plein doute. La météo n’avait pas été des plus radieuses ce jour-là, et dans ma tête, le temps n’était pas non plus au beau fixe. Pire que cela, il y avait déjà un petit moment que ça se ressentait dans ma façon d’être.

    J’étais peut-être dans une phase de transition, où j’aurais dû amorcer un changement significatif, m’affirmer, réussir à aller de l’avant, pour continuer dans cette voie toute tracée. Mais je n’arrivais plus à faire semblant. Les premières années captivantes de la découverte professionnelle paraissaient déjà loin derrière, et celles de l’insouciance étudiante plus encore. Cela me laissait à présent un goût d’inachevé lorsque j’osais regarder où j’en étais arrivé. Certes, j’avais aimé participer au développement des associations de mon école d’ingénieurs, tout autant qu’être un bon employé de mon ancienne entreprise ; j’avais donc acquis une certaine reconnaissance sociale et accumulé pas mal d’argent. Mais à quoi bon, finalement, si c’était pour atterrir dans cette banalité déconcertante ?

    Peu de temps auparavant, j’avais lu que les crises d’adolescence des nouveaux adultes appartenant à la Génération Y s’étaient déplacées pour n’arriver qu’à l’aube de la trentaine – mince, j’étais en plein dedans. Alors, caprice d’enfant gâté ou symptômes d’un mal-être générationnel ? Chacun trouvera son interprétation… Toujours est-il que pour moi, je savais par intuition qu’il manquait une partie de ma vie, quelque chose pour lui donner un sens, et n’osais pas croire à un dérèglement soudain ; non, le malaise ressenti était plus profond. Rien à voir avec une simple crise éphémère ou immature : si je continuais de la sorte, j’allais droit dans le mur avec le pied sur l’accélérateur. En ressassant le passé, je n’avais pas l’impression d’avoir accompli des choses extraordinaires, et pourtant, le plus beau semblait derrière. Loin, déjà si loin. Et lorsque j’envisageais le futur en restant dans cette vie maussade, je me demandais ce qui m’attendait. Continuer de remplir tant bien que mal mon compte en banque, tout en m’enlisant un peu plus dans mon job ? Ou bien, trouver une femme pour supporter le vide professionnel et chercher du réconfort auprès de ma moitié, jusqu’à me lasser également du combo famille/maison/labrador ? Insister tout de même, encore et encore, pour ne pas renvoyer une image d’échec vis-à-vis de la société… Mais finalement, m’ennuyer dans mon quotidien, être déçu de ne plus vibrer aussi passionnément qu’avant. Et devenir aigri, en passant à côté de l’essentiel. Cette vision m’effrayait ; impossible de poursuivre de la sorte alors que mon couple battait de l’aile et que je traînais un peu plus des pieds chaque jour pour quitter mon lit afin de me rendre au bureau. Mais où était donc passé mon engouement spontané dans tout ce que je faisais ? Je ne pouvais pas me forcer à jouer un faux rôle dans cette vie monotone, au risque de finir lobotomisé.

    La déchéance semblait programmée, mais j’étais loin d’avoir dit mon dernier mot. Inconcevable de se laisser avoir si facilement ; il était temps de se poser les bonnes questions pour obtenir les bonnes réponses. « Demande-toi un peu quel est le bonheur pour toi ; c’est loin d’être stupide, ça devrait même être la base de tous tes choix dans la vie… » Le bonheur, je n’en avais aucune idée, et c’était un véritable dialogue de sourds dans mon cerveau, alors que je cherchais à éluder certaines prises de conscience. Le bonheur, on s’imagine même souvent qu’on ne peut pas le définir. « C’est si complexe, ne perds pas de temps avec ça, ce n’est pas pour toi, ou tu sentiras bien ce que c’est quand il arrivera, point final. » Ange ou démon ? Deux petites voix s’opposaient en moi ; je ne savais pas laquelle écouter, mais je ne pouvais m’arrêter ainsi. Une brèche s’était ouverte, et il fallait que je m’y engouffre. Alors, pour comprendre les causes, les effets et toutes les notions sous-jacentes d’un terme, il est toujours intéressant d’en connaître la définition… Mon côté scientifique resurgissait au moment opportun pour démarrer une étude introspective inédite. Il était temps que j’avoue mes faiblesses et que je commence à creuser profondément à l’intérieur de moi. L’heure était venue de répondre à cette question simple : qu’est-ce que le bonheur ? Passé le rejet total de mon égo pour éviter le sujet, je pouvais donc enfin me mettre à y réfléchir.

    Alors, qu’est-ce que le bonheur ? Avec la naïveté caractéristique d’un enfant, je réalisais que je m’étais souvent interrogé sur ce thème auparavant. Puis, au fil du temps, je l’avais occulté, comme si l’on ne se laissait plus le choix du bonheur en grandissant, comme si la vie suivait son cours déterministe sans qu’on puisse intervenir. Au fur et à mesure, je l’avais remplacé par d’autres notions beaucoup moins nobles, l’associant parfois au plaisir instantané ou à la réalisation sociale. C’est bien vrai, j’éprouvais quotidiennement du plaisir dans mes loisirs et je m’étais réalisé aux yeux de la société, mais il me semblait pourtant avoir fait fausse route. Le bonheur était ailleurs ; je ne savais pas encore où, mais je sentais bien qu’il ne pouvait s’acquérir qu’avec du travail sur soi, autant qu’on travaillerait d’autres aptitudes physiques ou intellectuelles. En tout cas, j’en étais maintenant convaincu : il fallait le vouloir pour être heureux. Et je réalisais que ça faisait quelques mois déjà que je ne voulais plus grand-chose, que j’évitais mes responsabilités vis-à-vis de moi-même.

    Ainsi, même si à cette époque-là, je ne savais pas véritablement ce qu’était le bonheur, je savais en tout cas ce qu’il n’était pas… Et il était clair que je m’en éloignais un peu plus chaque jour : rien n’allait plus dans ma vie, que ce soit mon couple ou mon travail. L’un comme l’autre, je les avais pourtant aimés, mais la routine était en train de les tuer à petit feu. Surtout, cette maudite routine avait eu raison de ma patience. Alors, balayant d’un revers de la main ce qui me piquait au vif, j’ai cru bon d’effectuer une remise à zéro et d’échapper à cette situation. Pour sortir de ce marasme ambiant, il aurait plutôt été judicieux de s’y pencher sérieusement. Mais agissant sous l’effet de l’impulsion, j’ai pris ma décision de manière radicale. Irrémédiable. Dans un ultime élan à la recherche du bonheur, je suis parti au Brésil. « Ah, enfin le Brésil ! », pensais-je avec des étoiles dans les yeux – comme si l’herbe était toujours plus verte chez le voisin. J’y retournais afin d’accomplir une nouvelle mission professionnelle fraîchement décrochée, mais surtout pour me retrouver. J’étais loin de me douter à l’époque du revirement drastique que j’allais offrir à ma vie.

    2. Un trait sur le passé

    Un Afro-Américain m’a dit un jour, en agitant une énième pinte de bière devant mon nez : « You know man, je crois que tous les Noirs d’Amérique devraient aller en Afrique, pour renouer avec leurs racines. You know man, moi, j’ai aucune idée du pays d’où viennent mes ancêtres et pourtant, en posant un pied en Afrique du Sud, j’ai tout de suite senti quelque chose d’incroyable. » Non, man, je ne voyais pas du tout ce qu’il essayait de me dire ; peut-être n’étais-je pas aussi aviné que lui. J’avais en revanche trouvé ses considérations foncièrement philosophiques autant que dénuées de sens… Le temps s’était ensuite écoulé sans que je pense à lui – il est même assez rare que je repense aux personnes rencontrées en bar, surtout lorsqu’elles sont de sexe masculin. Puis, je suis enfin sorti de l’Europe. J’ai posé un pied sur le sol brésilien et j’ai compris ce qu’il avait essayé de me dire. Comme une sorte de déclic. Je n’étais pourtant pas du tout sud-américain, ni de près ni de loin, pas même dans mes origines. Grand, brun, aux yeux noisette et cheveux bouclés, on aurait peut-être pu me trouver une vague ressemblance physique avec les latinos, mais là n’était pas le propos. La connexion s’était faite sur le plan psychologique. Je possédais en moi le style brésilien, sans même le savoir. C’est ainsi qu’en arrivant à Rio de Janeiro, j’ai tout de suite senti quelque chose d’incroyable, comme si j’appartenais à cet endroit depuis toujours. Je découvrais un trésor enfoui au plus profond de mon être.

    Ma première rencontre avec le Brésil ne datait pas d’aujourd’hui et, à l’époque, elle avait été bien trop brève : à peine avais-je effectué un semestre d’études dans le Minas Gerais qu’il me fallait déjà rentrer en France avec un goût d’inachevé. De nombreuses années s’étaient écoulées, et je gardais sans cesse une puissante volonté de regagner ce pays. J’y étais bien sûr retourné quelques fois depuis, en vacances pour plusieurs semaines ou même plusieurs mois (au cours d’une année sabbatique en Amérique latine¹), mais cela ne me suffisait toujours pas. Au plus les jours s’écoulaient, au plus il était clair que je devais m’installer véritablement là-bas. Alors, le jour où j’ai commencé à trop broyer du noir dans ma vie quotidienne française, j’ai tout de suite cherché un boulot au Brésil. J’avais besoin de sentir la chaleur humaine de ce pays ; c’était elle qui allait me sortir de ma morosité. Cependant, lorsqu’on ressent un malaise intérieur, c’est rarement à l’extérieur que la solution se trouve. Avec le recul, je réalise à présent que ce départ s’assimilait à une fuite

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