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Mork-Ham - Tome 1: Le début de la légende
Mork-Ham - Tome 1: Le début de la légende
Mork-Ham - Tome 1: Le début de la légende
Livre électronique403 pages5 heures

Mork-Ham - Tome 1: Le début de la légende

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À propos de ce livre électronique

Un jeune dragon s'oppose à Khamjalorn, un dragon astral déchu qui tente de se venger sur Terre.

Khamjalorn, l’un des dragons astraux déchus, a résolu d’exercer sa vengeance sur Terre où il est assigné à résidence Ad vitam æternam par le Dieu des dragons. Il usera de tous les stratagèmes et de tous ses pouvoirs qui sont encore immenses pour y parvenir. Un jeune dragon nommé Mork-Ham va refuser l’asservissement des hommes et de sa race, et se dresser contre lui. Aura-t-il assez d’envergure pour accomplir la tâche que, sans qu’il le sache, le Dieu des dragons Elh-Hâat lui a assignée ?

Mork-Ham arrivera-t-il à répondre à l'attente du Dieu des dragons ? Plongez-vous dans le premier tome d'une saga fantastique surprenante et pleine d'action !

EXTRAIT

— Que… heu heu… qui…
Jarhg-Onn lui colla son museau sur le nez. L’homme tremblait de tous ses membres.
— Si tu pouvais éviter les onomatopées… pour une meilleure compréhension.
— Qui… êtes-vous ? Réussit-il à articuler.
— Mon identité t’importe peu. Par contre, la tienne et les fonctions que tu exerces m’intéressent énormément.
— Je… Je ne peux rien dire. Khamjalorn me tuerait.
Elle lui grattouilla la glotte avec sa griffe.
— En fait, et si j’ai bien compris, tu préfères mourir maintenant.
— Tu aurais tort de t’obstiner à contrarier Jarhg-Onn, signala Stellan. Chacun a sa manière de supprimer un ennemi ou un récalcitrant. Moi je grille. Ma copine est plus perverse. Elle ouvre l’abdomen d’un coup de griffe pour permettre aux viscères de s’aérer un peu. La jeune dragonne fit descendre sa griffe jusqu’au nombril du type. L’autre roula des yeux de biche effarée.
— D’accord. D’accord, concéda-t-il d’une voix haletante. Je m’appelle Nellan. Je suis le responsable des communications de cette base.
— J’aime cet élan de spontanéité qui transpire de tes indications, mais dis-m’en un peu plus. Je suppose que Khamjalorn a exigé de recevoir un rapport régulier sur les activités de cette base… histoire de s’assurer que tout va bien.
Nellan hésitait à pousser plus avant les confidences. Jarhg-Onn lui griffa légèrement la joue jusqu’à ce que perlent quelques gouttes de sang.
— C’est bon, je vais vous dire ce que je sais si vous me promettez de me laisser la vie sauve.
— Je t’écoute et je décide après. L’autre n’avait pas le choix.
— Khamjalorn a…
— Tais-toi juste deux secondes, lui ordonna-t-elle.
— Que se passe-t-il, s’inquiéta Stellan. Il attendit dix secondes la réponse.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Yann Kooly est né en 1995. Il habite et travaille en Vendée, plus précisément aux Sables-D’Olonne. Très tôt passionné par la lecture et notamment par la fantasy, il s’est lancé dans l’écriture depuis 6 ans déjà. Mork-Ham est son premier roman, il s’articulera en deux tomes.
LangueFrançais
Date de sortie9 août 2019
ISBN9782851137654
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    Aperçu du livre

    Mork-Ham - Tome 1 - Yann Kooly

    Préambule

    Chers amis lecteurs, je dois vous faire un aveu. Je me suis lancé dans une aventure tellement ardue au regard de mon âge que je ne pensais sincèrement pas la mener jusqu’à son terme. Aujourd’hui, je suis à la fois étonné et ravi. Mork-Ham est devenu une réalité. Le héros du premier vrai grand livre de ma toute jeune carrière d’écrivain. Néanmoins, et afin d’être tout à fait honnête, je n’y serais sûrement pas parvenu sans quelques soutiens extérieurs. Ainsi, je remercie tout d’abord mon père de m’avoir encouragé et conseillé tout au long de ce parcours d’écriture, et pour m’avoir insufflé la volonté, tout en stimulant mon inspiration. Grand merci aussi aux amis et aux anonymes croisés au hasard de séances de dédicaces, autant de personnes dont je me suis inspiré pour créer les personnages de cette histoire fantastique, mais également pour leur donner vie et consistance.

    Fort de cette inoubliable expérience, j’ai osé initier un nouveau projet que je verrais bien comme une suite à cette histoire. Mais est-ce bien raisonnable ? Finalement, au terme de cet exercice ô combien ludique, j’ai pensé que ça l’était. Enfin pour terminer et afin de rendre la chose plus utile encore, j’attendrai vos retours que je rendrai possibles en ajoutant mon adresse mail ci-dessous.

    Je vous souhaite, en attendant, de bons moments de lecture.

    Yann Kooly

    Tout commence à l’intérieur d’une caverne très éloignée de la civilisation. Située au pays d’Ihr-Amhos en plein cœur de la jungle, elle fait office de forteresse inexpugnable. Quatre dragons y ont leurs quartiers. Deux adultes prénommés Ath-Mâ et Athk-Hore, et deux enfants. Mork-Ham leur fils, et Jarhg-Onn, leur fille. Un cinquième personnage y demeure également. Il s’agit de Drak, un jeune garçon très particulier, lequel jouera un rôle prépondérant au cours de cette fantastique aventure.

    *

    1

    Le syndrome de Ronflus et la grande menace.

    Le soleil termina sa plongée et disparut pour la durée de la nuit derrière l’horizon. Fin d’une journée de printemps triomphant. Le ciel devint aussitôt bleu sombre, et des nuées d’étoiles commencèrent à briller comme autant de lumignons célestes. Chaque soir et comme un rituel, Mork-Ham profitait du sommeil profond de ses parents pour sortir furtivement du havre familial. Quand le temps l’y autorisait, ou que la pureté du firmament devenait presque magique, il volait à sa rencontre et se dégourdissait longuement les ailes. Cela durait une heure. Parfois nettement plus. Pour ce soir, et sans qu’il puisse comprendre ce qui le poussait à agir ainsi, il se contenta de s’allonger sur l’herbe d’une étroite clairière située à proximité du repaire et rêvassa. De ce fait, il rentra plus tôt que de coutume et vint se caler contre sa sœur dont le flanc se mouvait au gré de sa respiration. Près d’elle et à deux coudées de ses parents, Drak ronflait comme un soufflet de forge. Mork-Ham lui balança un coup de patte afin d’enrayer la machine et s’endormit avant qu’elle n’ait repris du service.  Depuis que la famille résidait dans ce gîte, et hormis quelques proches, personne n’était au courant qu’elle y avait élu domicile. L’endroit demeurait pour l’instant inviolé. Les rares étrangers qui s’aventuraient en ces lieux sans intérêt particulier ne s’y attardaient jamais, et au vu de la configuration très chaotique des abords immédiats du refuge, il leur aurait fallu un énorme et improbable coup de chance pour le découvrir. Drak se repositionna et émit un grognement sonore qui fit sursauter Mork-Ham. Ce dernier le houspilla avec humeur.

    — Coupe le son définitivement ou tu vas terminer ta ronflette dehors jusqu’au petit matin.

    L’autre entrouvrit un œil et commit un geste d’humeur avant de replonger. Mork-Ham l’observa un instant. Ils avaient beau passer le plus clair de leur temps à se chicaner, cela n’empêchait pas le jeune dragon de le considérer comme son frère de cœur, et de l’aimer profondément. Il se rallongea et se rendit compte qu’il en savait vraiment très peu sur Drak. Juste qu’il s’agissait d’un jeune orphelin recueilli par ses parents bien avant sa naissance et celle de Jarhg-Onn, et qu’il jouissait par la grâce d’Athk-Hore d’une jeunesse pouvant perdurer jusqu’à l’heure de son trépas. Ce mystère avait longtemps taraudé Mork-Ham. Jusqu’à ce que son père se décidât à lever le voile en lui avouant que certains dragons détenaient ce pouvoir ancestral d’augmenter la longévité d’un être humain dans des proportions équivalentes à celle d’un dragon, et de le doter de facultés extra-sensorielles qui leur étaient propres. Depuis l’intervention du grand dragon, Drak conservait l’apparence d’un gamin de douze ans, et il en serait ainsi jusqu’à la fin de sa vie.

    La nuit se termina, paisible.

    Comme de coutume, Ath-Mâ et Athk-Hore émergèrent à six heures. Le rythme biologique de leurs enfants nécessitant une plage de repos beaucoup plus large, ils évitèrent de troubler leur sommeil. À leur réveil, ils trouveraient à leur disposition un solide en-cas matinal composé de viande de garenne et de cerf, le tout accompagné d’un assortiment de baies sauvages. Mork-Ham redressa le museau aux alentours de huit heures et identifia immédiatement la nature des effluves qui lui caressaient les naseaux. Cela le mit en appétit. Drak se pointa juste après et afficha une moue de dégoût en voyant le jeune dragon dégoulinant d’hémoglobine se bâfrer de chair crue.

    — Comment peux-tu avaler ce genre d’horreur en guise de petit-déjeuner ?

    — Je vais te faire un aveu, répliqua Mork-Ham. Dès l’aube, mon estomac est intenable. Impossible de le raisonner. Si ce délicieux en-cas matinal venait à me faire défaut, je serais capable de me jeter tous crocs dehors sur la première chose comestible qui se pointe devant moi. Pour info, et à part toi, je n’ai encore vu personne débarquer depuis que je suis debout. Drak haussa les épaules et s’attaqua à ce que lui avait préparé Ath-Mâ. Œufs de caille cuits durs et bouillie de fruits rouges. Menu plus conforme à son métabolisme.

    — L’escapade prévue ce matin est toujours d’actualité ? lança-t-il entre deux bouchées.

    — À moins que tu aies changé tes plans, oui.

    Ils terminèrent de manger en silence puis gagnèrent l’extérieur. Le calme y régnait en maître, à peine troublé par le piaillement lointain des oiseaux, et le bruissement des feuilles agitées par un léger vent. Mork-Ham se figea un instant, comme déconnecté.

    — Tu as l’air bizarroïde mon grand, commenta Drak. Une panne de neurones ?

    Mork-Ham fit un mouvement de tête pour lui signifier que tout allait bien.

    — Le temps de prendre forme humaine, et c’est parti.

    Il transmuta. Opération incontournable pour pouvoir accompagner son ami vers Michim-Honron, la cité de ces humains qui ignoraient leur existence, et dont les premiers faubourgs se situaient à quatre kilomètres du refuge. Il s’agissait d’une faculté inaliénable que possédaient génétiquement tous les dragons. Chaque médaille ayant son revers, il existait un gros inconvénient qui rendait la transformation assez risquée si on n’y prenait garde. Les changements d’apparence ne s’inscrivaient pas dans la durée et ne devaient pas excéder douze heures consécutives. Passé ce délai, le dragon qui ne réintégrait pas sa version animale finissait par tomber dans une léthargie profonde. Si elle se prolongeait au-delà d’une semaine, elle le conduisait à la mort. Pour ceux n’ayant pas atteint le seuil de l’adolescence, c’était pire. La mort pouvait intervenir au bout de trois jours. La raison de cette différence de délai entre les adultes et les jeunes était simple. Afin de lancer le processus de transmutation, il était nécessaire d’activer une gamme d’ondes capables de modifier temporairement la structure moléculaire de l’ADN. Le dragon consommait pour ce faire une part non négligeable d’énergie vitale. Les jeunes dragons en étant très modestement pourvus, et pour leur sécurité, ils devaient éviter les transferts. Lorsque des inconscients transgressaient cette règle et se délestaient au point de tomber en léthargie, il fallait agir de toute urgence afin de régénérer les énergies de l’animal. Cette affection portait un nom dont l’origine se perdait dans la nuit des temps. Le syndrome de Ronflus. La marche s’éternisait. L’esprit du jeune dragon s’évada et remonta le temps d’environ quatre cents ans.

    Plan d’urgence au refuge. Mork-Ham avait transgressé la loi en bravant l’interdit. L’imprudente transmutation réalisée à l’insu de tous venait de le placer en situation d’extrême urgence. Le syndrome de Ronflus menaçait sa vie. Athk-Hore ne disposait plus que de trois jours pour sauver son fils. Une seule solution s’offrait à lui pour réaliser le miracle. Elle avait l’allure d’une décoction à base de pistils très particuliers que l’on devait délayer dans de la sève de sureau ayant vieilli en fiole durant dix ans, et qu’on ne pouvait prélever que sur la Pahr-Hatag. Littéralement Fleur aux mille pouvoirs. Or, si Athk-Hore possédait plusieurs fioles du précieux liquide, il manquait en revanche de fleurs fraîches pour concocter son remède. L’ennui, c’était que celles-ci ne poussaient qu’au fin fond de la forêt d’Ohr-Miâ qui se trouvait à des milliers de kilomètres d’ici, et que cinq jours de vol s’avéraient nécessaires pour effectuer l’aller-retour. Compte tenu de ce délai, et à la condition que Karkis, gardien inamovible des lieux ne lui imposât pas de tracasseries, Athk-Hore savait que le jeune dragon serait mort d’ici là. Quitte à y perdre trente pour cent de ses défenses et de ses forces, et puisqu’il lui était possible de le faire, Athk-Hore lui céda une partie de son immunité afin qu’il tînt le temps nécessaire, soit quatre à cinq jours supplémentaires tout au plus. Il réalisa le transfert et s’envola pour sa quête.   

    Ainsi qu’il le craignait, Karkis ne donnait qu’aux plus méritants. Pour en juger, il imposa donc au requérant un lot d’épreuves, jubilant par avance à l’idée du spectacle qu’elles allaient lui offrir. Athk-Hore ne put que se soumettre, maudissant secrètement ce challenge qui promettait de rallonger substantiellement le délai d’obtention du remède.

    Ces épreuves étaient au nombre de quatre et s’étalaient sur autant de jours. Fort heureusement, la forêt d’Ohr-Miâ se situait dans une bulle de distorsion temporelle où le temps passait trois fois plus vite qu’ailleurs. Trois jours ici ne représentaient donc qu’une journée au pays d’Ihr-Amhos.

    Le premier obstacle aurait déjà pu paraître insurmontable pour Athk-Hore. Il s’agissait de traverser une forêt de feu s’étendant sur cinq kilomètres sans la survoler, ce qui impliquait de ne progresser qu’en marchant. En temps ordinaire, et malgré ses protections particulières, la peau du dragon ne résistait pas à la morsure des flammes plus de quinze minutes. Afin de s’assurer qu’il allait concourir loyalement, Karkis l’attendrait à la sortie de la forêt de feu. Cela ne parut pas gêner Athk-Hore.

    — Il me faut activer le niveau Alpha, marmonna-t-il entre ses dents.

    Il entra dans une sorte de méditation transcendantale. Cela entraîna immédiatement une modification moléculaire qui transforma le corps du grand dragon en une masse liquide portée à une température proche du zéro. Il s’élança.

    — J’ai trente minutes devant moi pour atteindre mon but avant que cet hydro fluide dont je suis composé n’entre en ébullition, et que je ne disparaisse par évaporation.

    Athk-Hore était un dragon de feu. Il s’en sortit indemne, se restaura, et passa la nuit sur le terrain en attendant la suite des réjouissances. La seconde épreuve passait par le Volcan de la mort dont il dut rejoindre le pied dans le courant de la matinée. Karkis l’y attendait et lui dévoila les détails du défi durant lequel il lui était une nouvelle fois interdit de voler avant de s’éclipser.

    Le grand dragon commença par escalader les deux mille mètres qui le séparaient du sommet de ce fameux volcan à la façon d’un gros lézard besogneux. Il descendit ensuite sur un dénivelé de mille mètres à l’intérieur du cratère fumant afin d’atteindre la corniche des sacrifices. Il rallia ce point intermédiaire au bout d’une heure de concentration et de corrections de trajectoires, le poids de son corps ayant tendance à l’entraîner vers cette corniche plus vite qu’il ne l’aurait souhaité. Après avoir pris le temps de souffler quelques louches, il observa attentivement l’étroite bande rocheuse qu’il devait traverser. Le passage enjambait durant deux cents bons mètres un lac de magma en fusion qui bouillonnait, pour sa part, cent mètres plus bas, et sa largeur ne devait pas excéder un mètre cinquante.

    — Pur exercice de funambule, grommela Athk-Hore.

    Il posa précautionneusement une patte. Quelques morceaux de roches se détachèrent et allèrent se dissoudre dans le magma. Ce pont minéral ne devait pas supporter plus de cent kilos. Le grand dragon pesait deux tonnes.

    — Activons le niveau Bêta, annonça-t-il.

    Nouvelle méditation, et nouvelle modification moléculaire agissant sur la masse musculaire et osseuse. Son poids allait automatiquement s’adapter au niveau de résistance du passage. Il ne lui resterait plus qu’à éviter la chute.

    Athk-Hore était un dragon d’air. Il vint à bout du challenge, obtint la validation du gardien, se restaura, et passa une nouvelle nuit sur le terrain.

    Karkis lui présenta la troisième épreuve en fin de matinée. Elle se résumait en une courte phrase. Rallier la Grotte aux merveilles et y récupérer un Zynyx qui deviendrait la propriété du gardien de la forêt d’Ohr-Miâ. Il s’agissait d’un cristal de roche multicolore d’une incomparable pureté et aux multiples propriétés que ce dernier se garda de dévoiler. Challenge raisonnable, a priori, puisque Karkis lui avait indiqué la situation géographique précise de l’anfractuosité sous-marine. Sauf que pour cela, il fallait d’abord rejoindre une mer intérieure proche et évoluer à plus de cinq mille mètres sous la surface, car cette grotte était sous-marine. Bien évidemment, l’apnée ne faisait pas partie des capacités attribuées aux dragons. Pour cette fois, Athk-Hore manifesta son inquiétude. Non pas à cause de la profondeur et de la pression avec lesquelles il pouvait s’accommoder en activant le niveau Gamma, mais avec le temps qu’allait lui demander cet exercice. Il était impératif pour lui d’oublier de respirer de façon conventionnelle, et de se retrouver à l’air libre au bout d’une heure maximum. 

    Pour la troisième fois, séance de méditation et modification moléculaire. Les pores de la peau d’Athk-Hore prirent le relais de ses poumons. Ils oxygéneraient le sang en filtrant l’oxygène de l’eau. Le psychisme du grand dragon produisit également une bulle anti-pression. Ainsi enveloppé, son corps aurait la possibilité d’éviter la dispersion totale.

    Il plongea. Cinquante minutes lui suffirent pour émerger hors des flots et boucler cette troisième épreuve. Athk-Hore était un dragon d’eau.

    Le quatrième défi eut lieu le lendemain en début d’après-midi, et pour celui-ci, la force, la ruse, et la tactique allaient s’avérer primordiales. Karkis lui proposait rien de moins qu’un combat, mais quel combat ! Titanesque, et a priori, très inégal. En fait, il allait devoir terrasser un géant nommé Sieh-Leter, lequel régnait en maître absolu sur le pays d’Arh-Nâ. Fussent-ils hommes ou dragons, les créatures s’étant aventurées à l’intérieur de ces contrées n’en étaient jamais revenues. À ce jour, on ignorait d’ailleurs encore le sort qui avait été réservé à cette poignée de téméraires. Tout ce que savait Karkis pour l’avoir un jour aperçu, c’était que ce géant mi-homme, mi-animal mesurait bien plus de six mètres de haut, et qu’il possédait des dents encore plus longues et encore plus acérées que le plus imposant des T. Rex. Le pays d’Arh-Nâ se situant à une heure de distance de la forêt d’Ohr-Miâ, Athk-Hore en atteignit les abords très rapidement. Karkis donna ses dernières consignes. Interdiction de cracher le feu, mais autorisation de voler. Le gardien ne pouvant assister au combat, le grand dragon devrait prouver qu’il avait vaincu Sieh-Leter en ramenant l’une de ses dents.

    Ce dernier acquiesça et prit aussitôt les airs. Arh-Nâ lui parut très rapidement infréquentable, inhospitalier, et quasi désertique. Parsemé de cratères et d’amas rocheux massifs. On se serait presque cru sur la lune si quelques arbres spectraux ou arbustes scrofuleux n’avaient eu la force de s’accrocher au terrain, et si des champs d’ossements de toute nature ne s’étaient pas constitués sur des lieux d’holocauste.

    Athk-Hore piqua vers de petits mamelons aux sommets érodés et décida de se poser sur un replat gris ardoise étrangement plissé. De là, on pouvait balayer d’un seul regard la plaine environnante et voir arriver le géant de très loin. Un tremblement agita le promontoire sur lequel il se tenait. Il crispa instinctivement ses griffes afin de s’agripper et fut immédiatement catapulté à plus de cent mètres en contrebas. Il évita un atterrissage potentiellement douloureux d’un coup d’aile et se posa rapidement afin d’identifier la cause de cette mésaventure. Dressé à cent cinquante mètres de là face à lui, le géant l’observait, passablement incrédule. Il ne devait apparemment pas avoir rencontré de candidats au suicide depuis des lustres. Athk-Hore jaugea son adversaire et sentit immédiatement qu’il avait l’air d’un crocodile face à un T.Rex. Sur ce coup, pas question de compter sur une capacité hors norme. Pour espérer triompher sans péril, il lui aurait au moins fallu posséder le niveau Delta. N’ayant pas encore satisfait au rite de Krasmer-Ha, Athk-Hore ne le possédait pas. Comme il semblait évidemment impossible de vaincre cette montagne de muscle à la loyale, Athk-Hore essaya d’imaginer un stratagème de préférence imparable. Ce fut le moment choisi par Sieh-Leter pour s’ébranler et marcher vers l’intrus. Il venait manifestement de s’apercevoir que ça faisait un moment que du dragon n’avait pas été affiché au menu.

    Athk-Hore vola vers une position plus sécuritaire afin de se donner le temps de la réflexion et traça une ébauche. Le meilleur moyen de réduire considérablement la capacité de combattre du géant était d’altérer partiellement ou totalement sa vision. La technique qu’il devait employer pour l’aveugler restait à imaginer. Poussé dans ses retranchements, le grand dragon prit le parti de la prudence. Pas question de jouer à un jeu de hasard potentiellement mortel. Il cogita en commençant à tournoyer prudemment autour et très au large des chevilles du géant.  Cette solution d’attente lui parut la plus sage, mais Sieh-Leter étant doté de bras démesurés, il s’aperçut rapidement qu’il s’exposait aux revers de main potentiellement destructeurs de son adversaire. C’est ce que fit le géant, mais fort heureusement, d’une façon assez désordonnée. Un peu comme lorsque l’on chasse une mouche qui vous tournoie autour. Le manège dura encore un temps, puis finit par lasser Sieh-Leter. Excédé de ne pouvoir toucher sa cible, le mastodonte résolut d’arrêter ses balayages stériles et se courba dans un souci d’efficacité. Athk-Hore saisit l’opportunité qui se présentait à lui et joua son va-tout. Il plongea sans se poser de question vers la tête de son adversaire et lui imprima ses griffes très profondément dans les orbites. Condamné à l’obscurité et ravagé par une indicible souffrance, Sieh-Leter se redressa et plaqua ses paumes de mains sur ses yeux, hurlant à en faire trembler les montagnes sur leurs bases. Vainqueur potentiel, Athk-Hore s’empressa d’aller lui taillader les tendons arrière des articulations de manière à ce qu’il s’affalât définitivement. Le coup de grâce asséné, il s’activa à extraire une dent de la mâchoire du géant, et alla immédiatement l’offrir à Karkis comme gage de sa victoire. Épaté par cette incroyable performance, le gardien de la forêt d’Ohr-Miâ le félicita sincèrement, ce qui était la moindre des choses. La mort de Sieh-Leter le propulsait d’office gardien du pays d’Arh-Nâ, et il aurait à le rendre aussi beau et aussi agréable à vivre que l’était la forêt d’Ohr-Miâ. De son côté, Athk-Hore repartit muni d’un stock de Pahr-Hatag pour plusieurs mois avec l’assurance de ne plus avoir d’épreuves à affronter lors de ses prochains approvisionnements. 

    La décoction sauva Mork-Ham, mais ce ne fut pas gratuit. Il dut affronter la colère de son père qui lui apprit au passage ce qu’il lui avait fallu subir pour obtenir les ingrédients principaux de l’élixir de vie. 

    — Mork-Ham ! Ohoh ! Mork-Ham ! Redescends deux secondes sur Terre. On arrive faubourg Dakh-Nahâar.

    Le jeune dragon secoua la tête.

    — Excuse-moi frangin. Une réminiscence du passé.

    — Ça devait être du lourd. Tu as marché trois kilomètres au radar sans desserrer les dents.

    — Le passé vous fait souvent oublier le présent, répliqua Mork-Ham, mais on apprend tellement en le revisitant.

    Drak n’insista pas et se recentra sur l’objet de leur déplacement.

    — Où se trouve l’entrée de ton fameux souterrain secret connu seulement par tous les gamins de la ville ?

    — Si tu parles de celui de l’ancienne citadelle Mira-Hamar qui est pire que l’avenue centrale un jour de carnaval, sûr que tu as tout faux. Le mien est particulier. Sauf que je n’y suis jamais allé… enfin, en chair et en os. 

    — Une vision peut-être ? Ironisa Drak.

    Mork-Ham se contenta de hausser les épaules et le fit pivoter d’un quart de tour.

    — C’est par là, casseur de rêves.

    Il traça sa route. Drak lui emboîta le pas.

    Le jeune dragon l’entraîna vers la sortie ouest de la ville et piqua vers un chemin tracé au milieu d’une végétation luxuriante qui terminait de l’absorber. Ils y parcoururent cinq cents mètres et atterrirent près de douves à demi comblées et envahies par des ronciers. Elles appartenaient à une ancienne forteresse rasée depuis des temps immémoriaux dont il ne restait que quelques moellons perdus sur un tertre broussailleux. Mork-Ham empoigna sa torche au Likhtron et descendit dans la partie la plus profonde du fossé, suivi par Drak comme son ombre. Il écarta ensuite précautionneusement une branche d’épineux et découvrit un morceau de muraille percée par une ogive d’à peu près un mètre vingt. Les vestiges d’une ouverture portant encore les traces de barreaux qui devaient en interdire l’accès.

    — Je t’éclaire, dit-il à Drak. À toi l’honneur et n’oublie pas de baisser la tête. L’autre s’engouffra et attendit que le jeune dragon l’ait rejoint.

    — Je ne voudrais pas avoir l’air d’un rabat-joie, mais tu ne m’as toujours pas dit ce qui t’a poussé à venir t’enterrer dans ces boyaux du diable.

    — Une prémonition par rapport à laquelle j’attends confirmation.

    Ils tournèrent sur la droite et se trouvèrent face à une longue portion souterraine qui courait bien sur deux cents mètres. Ils progressèrent sur une dizaine de mètres. Un vent glacé qui arrivait du fin fond des ténèbres les enveloppa et les figea sur place. Pour couronner le tout, la lampe de Mork-Ham s’éteignit et refusa de reprendre du service.

    Drak jeta un œil sur ses arrières.

    — L’obscurité est trop glauque, pleurnicha-t-il. C’est flippant.

    — Je préfère encore l’obscurité à ce que je vois devant nous, répliqua le jeune dragon.

    L’autre fit volte-face et sentit son sang se glacer. Cent mètres plus avant, une paire d’yeux rouges les fixaient intensément.

    — Je constate que mon appel a été entendu, murmura une voix rocailleuse et grave.

    La paire d’yeux lança de petits éclairs. Elle paraissait s’être rapprochée.

    — Tirons-nous d’ici en courant, supplia Drak.

    Les deux jeunes exécutèrent un demi-tour synchro et détalèrent vers la sortie en traînant leurs mains sur le mur afin de se guider.

    — Le démon vient de partir en guerre, Mork-Ham, hurla la voix. C’est le commencement de la fin pour la race des dragons.

    Un rire démoniaque les enveloppa au moment même où ils s’extirpaient du boyau et s’élançaient à l’assaut de la bordure des douves.

    2

    Opération Sham-Ôthé ou le défi des trois.

    La semaine qui suivit l’escapade la plus flippante qu’il leur ait été donné de vivre, Drak et Mork-Ham évitèrent de faire allusion à ce qu’ils avaient vécu et n’en parlèrent ni à leurs parents ni à Jarhg-Onn. Hors de question de passer pour des illuminés. Au fil du temps, et rien d’alarmant ne se pointant à l’horizon, la vie reprit son cours, et l’aventure du souterrain finit par se perdre dans les méandres de leur mémoire. Néanmoins et depuis ce temps, Mork-Ham paraissait avoir changé. Si rien ne l’indiquait dans ses habitudes, son comportement laissait à penser que quelque chose le tracassait, ou que des pensées contradictoires l’agitaient. Pour être celui qui le côtoyait le plus, Drak avait été le premier à s’en rendre compte, et n’allait pas tarder à avoir confirmation qu’il pensait juste.

    Depuis le jour où Athk-Hore l’avait informé des risques qu’il avait pris pour le tirer du très mauvais pas dans lequel il s’était fourré, Mork-Ham rêvait de commettre un exploit que personne n’avait jamais osé tenter. Une façon pour lui de renvoyer l’ascenseur à son père, et de lui prouver d’une façon éclatante qu’il avait tout d’un dragon susceptible de s’inscrire un jour dans la légende. En évitant de l’informer au préalable sur le défi qu’il envisageait de relever, bien évidemment. À compter de l’épisode du souterrain, le projet était redevenu d’actualité. Il ne restait qu’à se trouver la bonne grosse gageure potentiellement mortelle, avec issue de secours de préférence. Même si la témérité faisait partie intégrante de sa nature, Mork-Ham n’en était pas pour autant suicidaire.

    Ce fut un matin à la fraîche alors qu’il profitait du spectacle de l’éveil de la forêt qu’il sut ce qu’il allait tenter.

    — Le Sham-Ôthé, murmura-t-il. Voilà une occasion de réaliser l’exploit absolu.

    Mork-Ham s’allongea de tout son long dans l’herbe perlée de rosée, et se remit à cogiter en fermant les yeux. Drak vint le rejoindre silencieusement et lui tapota le crâne du bout de l’index.

    — Toi, tu me caches quelque chose, lui siffla-t-il à l’oreille.

    Le jeune dragon souleva une paupière.

    — Pourrais-je savoir ce qui te préoccupe ? insista Drak.

    — Je revisite un passé vieux de quatre cents ans.

    — Encore ! Ça devient vraiment récurrent.

    — Juste à propos d’une histoire terrifiante que me racontait ma mère pour m’endormir…

    Drak grimaça.

    — Drôle de méthode pour préparer une nuit apaisante.

    — La psychologie des jeunes dragons est très différente de celle de leurs homologues humains. Il leur faut du terrible, de l’épouvantable, du drame bien sanguinolent. Un truc de dragon quoi.

    — Admettons. Et que racontait cette jolie petite histoire ?

    — En synthétisant, que dans un labyrinthe aussi grand que la forêt d’Ohr-Miâ, vivait un animal de légende plus terrifiant que le plus terrifiant des dragons, et qu’aucun des téméraires ayant osé le défier n’avait réussi à vaincre. Et aussi que les malheureux qui s’y étaient essayés blanchissaient encore les os de leurs carcasses sous le soleil.

    — Et… dans quel pays était censé se situer ce labyrinthe ?

    — Au pays d’Oph-Thêt.

    Drak vint s’asseoir face à Mork-Ham qui n’avait pas bougé d’un iota.

    — Quel intérêt, ton remue-méninges ?

    — Celui d’avoir un prétexte pour te demander si tu te sentirais capable de repousser très très loin les limites de ton courage. Par exemple.

    — Rien que cette question m’effraie déjà, signala l’autre.

    — Et pourquoi ça ?

    — Parce que te connaissant comme je te connais, ce que tu es en train d’imaginer ne doit pas seulement dépasser mes capacités. Ça doit également dépasser les tiennes. Mork-Ham lui adressa un sourire aigre-doux, et se redressa.

    — Je n’imaginais pas que nous puissions être à ce point sur la même longueur d’onde, mon cher Drak. Mais pour répondre à ton commentaire, je pense qu’un challenge sert à se dépasser. À quoi servirait-il de s’en imposer un pour lequel on partirait la fleur au fusil ?

    Drak haussa les sourcils, circonspect.

    — Laisse tomber enchaîna Mork-Ham, et considère que je ne t’ai rien dit.

    Le jeune garçon s’arrêta à son tour et le retint dans son élan.

    — Un moment, matamore. Je n’ai pas dit que ton projet ne m’intéressait pas. J’attends juste de plus amples informations.

    — Puisque tu insistes. As-tu déjà entendu parler du Sham-Ôthé ?

    — Non… enfin oui. Non pour te dire j’espère que tu n’es pas sérieux, et oui pour te dire que je connais ce monstre. Surtout sa réputation d’ailleurs. 

    — Tu fais un blocage parce que Sham-Ôthé veut dire Bête invincible ? C’est la signification de son nom qui te glace le sang ?

    — Je ne suis pas un pleutre, objecta Drak. Laisse-moi seulement te dire que ton challenge, ça serait plutôt comme qui dirait Le jeu de la mort certaine

    — C’est donc bien un challenge.

    — Tu as raison. Un challenge qui consisterait à réussir à rester vivant plus de dix minutes, record officiel établi par Tar-Hôbé qui, entre parenthèses, était tout de même le plus puissant des dragons qui ait jamais existé. Enfin, si l’on en croit l’histoire. Sinon que comptes-tu faire en affrontant le Sham-Ôthé ? Lui tailler un millimètre de peau et convoquer le conseil des dragons pour te vanter de ton acte de bravoure ?

    — Pas du tout Drak. Je compte le tuer et ramener sa tête. Le jeune garçon leva les bras au ciel.

    — Mon ami est cerné par la folie. Pire que le syndrome de Ronflus.

    — Bien s’énerva Mork-Ham. Cesse de tergiverser. Partant ou pas ?

    — Si tu échafaudes un plan qui justifierait une absence de je ne sais combien de semaines à tes parents, je commencerai à réfléchir sérieusement à ta proposition.

    — Je n’ai pas la tronche d’un demeuré Drak, pesta le jeune dragon. À combien de semaines sommes-nous du début de l’été ?

    — Trois… à partir de demain.

    — Parfait. Et quel est mon âge ?

    — Pigé ! s’exclama Drak. L’âge à partir duquel tu vas entrer dans le monde des adultes.

    — Exactement. L’âge requis pour être

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