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Boo-Boo Woo: Roman
Boo-Boo Woo: Roman
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Livre électronique217 pages3 heures

Boo-Boo Woo: Roman

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À propos de ce livre électronique

L'histoire bouleversante de Marc, un photographe animalier qui abandonne tout après avoir appris sa maladie...

Marc Bersan est photographe animalier. Lors d’un voyage en Mandchourie, il se prend de passion pour un oiseau rare et en voie de disparition, le kétoupa de Blakiston, un hibou-pêcheur. Pendant de longs mois, il va ainsi le traquer et le photographier malgré une douleur récurrente à la poitrine.
De retour en France, il consulte un médecin puis un cancérologue et le verdict tombe : il souffre d’un cancer du sein et de plus, il est atteint du syndrome de Klinefelter…C'est-à-dire qu’il n’a pas 46 chromosomes comme tout le monde, mais 47 ! En outre, ce 47e chromosome est un chromosome X, c'est-à-dire féminin, ce qui va lui occasionner bien des déboires.
De longues séances de chimiothérapie le laissent complètement à plat. Après avoir entendu la surprenante histoire d’un alpiniste cancéreux ayant abandonné tous les traitements pour s’isoler dans un chalet perdu, une histoire que lui raconte son ambulancier, il décide de tout abandonner pour aller finir ses jours sur la plage sauvage de Capbreton dans les Landes, une plage chargée de souvenirs d’enfance.
Il va ainsi vivre des moments douloureux et orageux et faire de surprenantes rencontres. Mais c’est surtout, l’insolite retour d’un kétoupa, de SON kétoupa qui va bouleverser son existence, jusqu’à l’emporter aux confins des neiges éternelles, celles dont on ne revient pas…

Malgré son cancer et ses douleurs, il part vivre une aventure surprenante !

EXTRAIT

Parfois, il a l’impression que les affrontements avec la mort sont de plus en plus âpres, que la grande faucheuse ne maîtrise plus sa faux, de plus en plus acérée. Mais il ne cède pas, pour autant ! Aussi, dès que les premiers rayons de soleil ourlent la crête des vagues, il quitte à regret sa position pour rejoindre sa caravane, cette caravane un peu trop inhospitalière à son goût. Là aussi, le rituel est immuable ou presque, une douche bien chaude, et un expresso bien serré... Il ne lui reste plus alors qu’à égrener les heures de la journée avec l’espoir que la douleur, cette sournoise rivale qu’il redoute plus que tout, lui laissera encore, quelques moments de répit.Il préfère l’hiver à l’été, les marées d’équinoxe aux mers d’huile. L’océan le fascine, il ne se lasse jamais de ces vagues à la destination incertaine, de ces vagues qui le chavirent, de ces vagues qui lui donnent l’impression qu’il existe encore, malgré d’interminables apnées souvent trop salées...

À PROPOS DE L'AUTEUR

Bernard Escudero est né à Pau dans les Pyrénées-Atlantiques. C’est au contact d’un père photographe qu’il devient professionnel de l’image. Mais la passion de l’écriture le rattrape bien vite et c’est vers le journalisme qu’il s’oriente. Il collabore ainsi avec de nombreux journaux et magazines et publie divers ouvrages (biographies, livres de souvenirs, contes pour enfants et romans). Il vit aujourd’hui de sa plume et de ses images à Brassac dans le Tarn et Boo-Boo Woo est son tout dernier roman.
LangueFrançais
Date de sortie6 mars 2019
ISBN9782378778835
Boo-Boo Woo: Roman

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    Aperçu du livre

    Boo-Boo Woo - Bernard Escudero

    I

    De faméliques lambeaux de lumières découpent sommairement la crête des dunes, le jour peine à s’extirper de la torpeur nocturne... Les oyats courbent l’échine, malmenés par un vent tempétueux. De l’autre côté, d’énormes vagues font tanguer l’océan sous un crachin tenace. D’incessants assauts de rouleaux écumants s’enchaînent, ne laissant plus aucun espoir à cette plage définitivement abandonnée aux embruns iodés... Les silhouettes massives des derniers blockhaus survivants s’accrochent désespérément à leurs fondations. Triste sort. De gros cumulus chargés d’averses orageuses roulent sur l’horizon, tandis que d’impromptus éclairs zèbrent un horizon complètement déboussolé.

    La colère de l’océan est dantesque, la pluie redouble, l’orage gronde au loin... Et Marc est là, allongé sur le sable mouillé, nu, les bras en croix. Régulièrement battu par les vagues, il perd son souffle, mais cette apnée temporaire semble lui redonner goût à la vie, il hurle, il s’époumone !

    — « Putain, ça vaut toutes les morphines du monde ! ».

    Et c’est comme ça tous les matins ou presque ! Ses nuits sont douloureuses, ses nuits sont blanches et le crabe qui le ronge inexorablement, ne lui laisse aucun répit. Cela fait plusieurs semaines qu’il a tout arrêté, chimios, morphines et autres radiothérapies. Il n’en veut plus ! Il n’en peut plus ! C’est un défi absolument fou qu’il a lancé à la mort, mais aussi à la vie. Un pied de nez ! Il sait pertinemment qu’il est condamné ou presque, que la grande faucheuse rôde, que le corps médical, complètement impuissant, ne lui a laissé aucun espoir ! Mais, il veut encore y croire et les furies de l’océan lui redonnent souvent, ce goût de vivre qui l’abandonne régulièrement toutes les nuits, lorsque la douleur devient insoutenable !

    Au petit matin, après un harassant « mano a mano » avec la grande faucheuse, les traits tirés, il quitte son lit, ce lit qu’il ne supporte plus... Les draps froissés transpirent, son corps grelotte, mais il résiste. Vers 4 h, il abandonne son douloureux champ de bataille, quitte l’enfer de sa caravane pour retrouver, dans le plus simple appareil, la caresse incessante des vagues qui viennent s’échouer sur la grève... qu’il pleuve ou qu’il vente ! Il ne sent même plus la morsure du froid, ni même le souffle du vent qui forcit.

    Alors, il s’allonge sur le sable mouillé, étire son corps brisé et laisse les vagues le submerger... Et la douleur finit par s’apaiser, par capituler s’apaise, jusqu’à disparaître. Il lui arrive parfois même de retrouver la position du fœtus et de rester ainsi de longues minutes, insensibles aux tourments orageux du ciel et de la houle... Ce besoin sensoriel avec l’océan l’apaise, d’autant qu’il devine les premières lueurs du jour qui redessinent petit à petit, un nouvel horizon, son nouvel horizon... Certes, il n’a pas gagné la guerre, mais juste une bataille et quelle bataille !

    Parfois, il a l’impression que les affrontements avec la mort sont de plus en plus âpres, que la grande faucheuse ne maîtrise plus sa faux, de plus en plus acérée. Mais il ne cède pas, pour autant !

    Aussi, dès que les premiers rayons de soleil ourlent la crête des vagues, il quitte à regret sa position pour rejoindre sa caravane, cette caravane un peu trop inhospitalière à son goût. Là aussi, le rituel est immuable ou presque, une douche bien chaude, et un expresso bien serré... Il ne lui reste plus alors qu’à égrener les heures de la journée avec l’espoir que la douleur, cette sournoise rivale qu’il redoute plus que tout, lui laissera encore, quelques moments de répit.

    Il préfère l’hiver à l’été, les marées d’équinoxe aux mers d’huile. L’océan le fascine, il ne se lasse jamais de ces vagues à la destination incertaine, de ces vagues qui le chavirent, de ces vagues qui lui donnent l’impression qu’il existe encore, malgré d’interminables apnées souvent trop salées...

    Perdu dans ses rêves les plus fous, il a imaginé ce crabe qui le ronge, s’extirper de son corps douloureux, pour rejoindre son élément naturel, l’océan... Mais en vain ! Le décapode est tenace et parfois coriace, il s’accroche et ne lâche rien ou presque ! La pince toujours à l’affût…

    II

    En fait, tout a commencé, il y a deux ans environ... Marc est alors photographe animalier, il travaille pour diverses agences. Sa spécialité : l’ornithologie. Il parcourt ainsi les contrées du monde les plus reculées pour trouver l’« oiseau rare », celui qui déchaînera les passions des ornithologues de toute la planète...

    Et cet « oiseau rare », il a fini par le dénicher, lors d’un voyage en Mandchourie, en bordure du fleuve Amour.... C’est un hibou pêcheur de grande taille au fascinant regard jaune-orangé, le Kétoupa ou Grand-duc de Blakiston ! Le kétoupa de Blakiston se nourrit principalement de poissons. Parfois, ceux-ci peuvent avoir une taille considérable comme les brochets de l’Amour, les poissons-chats, les barbots, les truites, les saumons, mais aussi les écrevisses. Ce hibou, pas comme les autres, consomme également des grenouilles qu’il capture en grande quantité pour nourrir sa progéniture. En hiver, le kétoupa de Blakiston chasse des mammifères qui peuvent atteindre la taille d’un lièvre, d’une martre, voire d’un petit chien. Il capture ses proies en pataugeant dans l’eau peu profonde et marque une pause, avant de bondir sur sa victime.

    Marc va ainsi se prendre de passion pour ce rapace méconnu, qui chasse dès que la nuit commence à tomber mais pas seulement, il traque inlassablement ses faits et gestes pour les photographier, en oubliant parfois ses propres heures de sommeil. Il va même aller jusqu’à imiter à la perfection son cri « Boo-Boo Woo » pour mieux l’approcher, tant et si bien que tous ceux qui l’entourent et le côtoient vont finir par le surnommer affectueusement « Boo-Woo » ... Il réalise ainsi des milliers de clichés de ce hibou pêcheur, des clichés qui excitent la curiosité des passionnés d’ornithologie, de plus en plus nombreux, et ce d’où qu’ils soient. Pour ce faire, il va séjourner durant de longs mois dans des conditions plus que spartiates et parfois glaciales, en Mandchourie, aux confins de la Chine, sur les rives du fleuve Amour. Il va en oublier alors, jusqu’au sens de sa vie et même sa santé !

    Car depuis quelques semaines, une douleur lancinante l’agresse régulièrement, une douleur récurrente au niveau de son téton gauche, une douleur bizarre qui ne veut pas dire son nom, mais qui malgré tout, ne semble pas l’inquiéter outre mesure, bien que...

    Lorsqu’il se décide enfin, mais à regret, à quitter la Mandchourie et ses kétoupas, il s’empresse de rendre visite à son médecin traitant, à peine atterri à l’aéroport de Toulouse. Urgence oblige ! Sa douleur persistante, malgré les nombreux anti-inflammatoires qu’il ingurgite, commence sérieusement à l’inquiéter. Le diagnostic du médecin est quelque peu dubitatif. Malgré une boule un peu bizarre au niveau du téton gauche, ce sont ces termes, il ne décèle rien de vraiment anormal.

    Mais histoire de confirmer son hasardeux diagnostic, il lui prescrit toute une batterie d’examens... Marc ne sait plus trop quoi penser, d’autant que ces examens nécessitent une courte hospitalisation, dont il se passerait bien !

    Quelques jours plus tard, et après avoir subi, analyses de sang, radiographies et autre IRM, il se retrouve face à face avec un cancérologue peu avenant, un professeur austère qui ne ménage ni ses mots ni son vocabulaire cancérigène, un vocabulaire à faire blêmir le plus convaincu des hypocondriaques :

    — « Je ne vais pas y aller par quatre chemins, ce n’est pas du tout mon genre... Vous avez un cancer du sein qui est déjà bien avancé, un cancer du sein qui ne laisse présager rien de bon. C’est un cancer métastatique de stade 4 qui nécessite très rapidement des soins appropriés... Il y a urgence ! »

    — « Un cancer du sein ? Mais, mais je croyais que ce n’était réservé qu’aux femmes ! » : bredouille Marc, complètement anéanti par l’annonce presque insolite de ce diagnostic.

    — « Hélas non ! Moins de 1 % de tous les cancers du sein affectent les hommes... D’autant plus que vous êtes atteint du syndrome de Klinefelter, ce qui est vraiment un facteur de risque supplémentaire, sans parler de l’âge ! Mais au fait, vous avez quel âge, exactement ?... »

    — « J’ai 58 ans et je n’ai vraiment pas de pot ! Mais c’est quoi ça Kline… machin ? Je ne connais pas ce syndrome. Quel rapport a-t-il avec mon cancer ?... »

    — « Pour faire court, cela signifie que vous avez un chromosome sexuel X supplémentaire. Vous avez donc deux chromosomes X féminins et un seul chromosome Y masculin. C’est à dire 47 chromosomes au lieu des 46, que nous avons tous ou presque... Vous devez donc être stérile et vous avez dû certainement développer, une gynécomastie au cours de votre vie ! »

    — « Une quoi ? »

    — « Une gynécomastie, c’est-à-dire un développement exagéré des glandes mammaires. Vous n’avez jamais remarqué que votre poitrine gonflait ? »

    Un brin interloqué, Marc tente de rassembler ses souvenirs et finit par avouer, presque gêné qu’il y a une dizaine d’années, sa poitrine avait gonflé de façon exagérée, tout du moins pour un homme, et que cela l’obligeait à porter des chemises amples, afin de ne pas subir les sarcasmes et les railleries de ses collègues de travail !

    — « N’avez-vous pas eu une puberté tardive, accompagnée d’une pilosité déficiente ? »

    — « Oui, je n’ai pratiquement pas de poils aux jambes et encore moins sur la poitrine et les bras, quant à ma puberté, je n’ai de ce côté-là, aucun souvenir précis... Et puis oui, je suis stérile ! »

    — « N’avez-vous pas une grande fragilité dentaire, des troubles du sommeil accompagnés d’apnées, de l’arthrose ? »

    Marc se rend compte alors que ce cancérologue un peu bourru vient de mettre le doigt sur une réalité qu’il éludait régulièrement, du fait qu’elle ne perturbait pas trop, sa vie de tous les jours...

    — « Mais alors que dois-je faire ? Que me prescrivez-vous ? »

    — « Pour commencer, des séances de chimiothérapie... Je n’envisage aucune intervention chirurgicale immédiate et cela même si, je pourrais éradiquer le principal foyer cancéreux, en enlevant ce nodule un peu trop gros à mon goût. Cependant, je tiens à vous prévenir que nous allons devoir augmenter les doses habituelles de chimiothérapie et que cela ne va pas être sans conséquence, pour votre état général. Attendez-vous à vivre des jours plus que difficiles !!! »

    Complètement anéanti et prostré, Marc reste silencieux... Sa vie vient, en un instant, de basculer !

    — « Mais alors, je vais devoir arrêter de travailler ? »

    — « Oui ! J’ai bien peur que vous soyez contraint d’arrêter toute activité professionnelle, et ce dans les meilleurs délais... Vous faisiez quoi jusque-là ? »

    — « J’étais photographe animalier et souvent en déplacement dans des contrées reculées, sous des latitudes exceptionnelles... Je rentre d’ailleurs de Mandchourie où j’ai passé plusieurs mois à photographier les kétoupas de Blakiston, une espèce de hiboux pêcheurs assez rare, ce sont des rapaces magnifiques... je précise que je suis spécialisé en ornithologie ! »

    — « Étant donné l’urgence du traitement et les métastases de votre cancer, il va vous falloir oublier la Mandchourie et les kétoupas, durant quelques mois, voire plus !... D’ailleurs, vous commencez votre première chimiothérapie, dans deux jours ! »

    — « Deux jours ! Mais, je n’ai même pas le temps de me retourner ! Comment je fais ? »

    — « Je suis désolé, mais je n’ai pas d’autres solutions à vous proposer ! C’est ça où je ne donne pas cher, des quelques mois qui vous restent à vivre... Alors, battez-vous, accrochez-vous, c’est la seule alternative qu’il vous reste ! Sur ce, rendez-vous dans deux jours, ici même, je vous expliquerai en détail tout, le protocole de traitement... »

    Lorsqu’il quitte l’austère cabinet du cancérologue, Marc erre de longues minutes dans les couloirs du CHU de Rangueil. Des bribes de phrases se bousculent dans sa tête « Vous avez un cancer du sein déjà bien avancé... », « Vous avez un chromosome sexuel X supplémentaire... », « Vous commencez votre première chimiothérapie dans deux jours... », « C’est ça ou je ne donne pas cher des quelques mois qui vous restent à vivre... »

    En glissant la clé dans la serrure de la porte de son petit appartement de la rue de Rémusat à Toulouse, il constate que sa douleur ne l’a pas quitté pour autant, un peu comme si elle voulait donner encore plus de véracité, au diagnostic du cancérologue.

    Il ne jette même pas un œil à son matériel sommairement déballé sur la table du salon, il a juste un regard embué pour toutes ces pupilles jaune-orangé qui semblent le dévisager, pour tous ces kétoupas avec lesquels, il a partagé les rives du fleuve Amour... Mais, il le sait, une nouvelle page vient de se tourner et quelle page ?

    Ces kétoupas ne sont désormais plus que de simples souvenirs photographiques, des souvenirs émus qui lui laissent déjà, un goût amer !

    III

    Deux jours plus tard, il se retrouve à nouveau assis, face au sinistre cancérologue, mais cette fois-ci, il sait ce qui l’attend...

    — « J’espère tout d’abord que vous avez le moral, car c’est essentiel pour la guérison et puis cela va vous aider à mieux supporter toutes ces chimiothérapies. Au fait, la dernière fois que l’on s’est vu, j’ai omis de vous préciser que nous allions vous garder deux à trois jours pour la première séance, étant donné que vous allez devoir subir une petite intervention chirurgicale destinée à mettre en place, un cathéter destiné à faciliter l’administration du traitement, par intraveineuse... Ce qui signifie que nous allons nous revoir régulièrement, car dans un premier temps, je vous ai prescrit une dizaine de séances. Vous aurez ensuite droit à toute une série d’examens, destinée à mesurer l’impact de toutes ces chimiothérapies, sur la taille du nodule et sur l’état des différentes métastases... En fonction de tous ces résultats, soit nous poursuivrons les séances de chimiothérapies, soit je procéderai à l’ablation du nodule. Enfin dernier point et non des moindres, les effets secondaires... Je ne vous cache pas que le traitement risque d’être épuisant et surtout que vous risquez de développer une inflammation des muqueuses buccales, de l’anémie et de l’asthénie, d’avoir des nausées, des vomissements, de la diarrhée et de la constipation, sans parler de l’alopécie... Vous allez perdre vos cheveux et vos sourcils ! Je vous rassure, ça repousse ! Mais, je vais arrêter là, cette liste déjà trop longue. Je ne tiens pas à vous saper le moral outre mesure. Voilà, j’ai fait le tour du protocole de traitement que nous allons donc mettre en place, dans les meilleurs délais.   Mais avez-vous des questions ? »

    Marc, qui ne sait plus où il habite, hésite un instant et bredouille :

    — « Non ! Je crois que vous m’avez tout dit et surtout, j’en ai assez entendu pour aujourd’hui... »

    — « Je comprends, je comprends ! » acquiesce le cancérologue, toujours aussi bourru, et il rajoute :

    — « Vous allez maintenant rejoindre votre chambre où l’on va vous préparer pour la petite intervention chirurgicale dont je vous ai parlé. Lorsque vous vous réveillerez, le cathéter et l’intraveineuse seront en place et la chimiothérapie aura commencé... »

    Marc se lève, serre machinalement la main du cancérologue et rejoint sa chambre où l’attendent déjà, deux infirmières. Rapidement préparé, il se retrouve sous le scialytique du bloc opératoire.

    Quelques deux heures plus tard, lorsqu’il rouvre les yeux, il est encore en salle de réveil... Sa vision est encore approximative, sans doute les derniers soubresauts de l’anesthésie. Il devine néanmoins la fameuse perfusion intraveineuse, sa première chimiothérapie vient de commencer... Il ne ressent rien, si ce n’est une douleur quelque peu ténue, une douleur, ma foi, très supportable !

    Après avoir rejoint sa chambre et retrouvé une vision un peu plus normale, il se remémore les propos du cancérologue. Machinalement, sa main gauche vient caresser ses cheveux, sa tignasse semble tenir le coup. Sa première nuit sous chimiothérapie le surprend un peu, elle semble plus que sereine, mais cette impression est de courte durée... Le surlendemain, lorsque les premières lueurs du jour éclairent les murs de sa chambre, une envie apparemment pressante le pousse hors de son lit. Mais, il a toutes les peines du monde à se relever, ses jambes sont lourdes et ses bras l’abandonnent. Il ne peut se redresser et sonne l’infirmière... Mais son envie pressante ne résiste pas à cette trop longue attente ! Lorsque celle-ci pousse la porte de la chambre, il est trop tard, son lit est détrempé.

    Honteux, Marc tente de s’expliquer... Mais l’infirmière plus que compréhensive, fait mine de ne rien avoir vu et l’aide à se relever, pour finalement l’asseoir sur un fauteuil tout proche. En quelques minutes, les draps sont changés et Marc peut à nouveau s’allonger, rasséréné. Le lendemain, après une nuit un peu chaotique, il tente à nouveau de s’extirper de son lit, il y parvient non sans mal et se hasarde à faire quelques pas...

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