OGM : Intérêts industriels et enjeux politiques: Essai scientifique

Par Yasmine Lrhziel

Les organismes génétiquement modifiés, toute une aventure scientifique et politique expliquée par Yasmine Lrhziel.

Au lendemain de la publication de l'étude choc de Gilles-Éric Séralini, professeur de biologie moléculaire à l'université de Caen, par la revue américaine Food and Chemical Toxicology, révélant la toxicité du maïs OGM NK603 de Monsanto, le débat sur le dossier sensible des OGM est une fois encore relancé. D'un côté, nous avons les industriels et les politiques pro-OGM ; de l'autre les associations et les politiques anti-OGM ; et encore ailleurs, il y a les agences souveraines telles que l'EFSA (autorité européenne de sécurité des aliments) ou la FDA (Food and Drug Administration) par exemple, entre les mains desquelles repose le destin sanitaire d'à peine quelques milliards de personnes. C'est la guerre des clans : tous se livrent une lutte sans merci depuis des années. La cause ? L'organisme génétiquement modifié. Découverte révolutionnaire pour certains, quand elle est à prohiber pour d'autres, la transgénèse n'est pas accueillie de la même manière partout. Si, d'un point de vue scientifique, elle constitue une avancée majeure, du point de vue social, elle représente souvent un danger. Pourtant, malgré une opposition vive de la part des citoyens, les intérêts privés des puissants lobbys restent préservés et défendus par de nombreux politiciens. Alors, qui détient réellement le pouvoir ? Quels intérêts servent les OGM ? Face à tant d’incertitudes généralisées et devant tant de méfiance de la part des consommateurs, comment comprendre cet acharnement des puissants pour imposer la culture OGM ? Entre intérêts industriels et enjeux politiques, ce livre fait le point sur ce dossier brûlant depuis un demi-siècle.

Cet ouvrage détaille l'histoire des OGM et explique les débats médicaux, commerciaux et politiques à propos de leur usage, afin de mieux en comprendre les enjeux. Quels sont les véritables intérêts des OGM ? Pourquoi continuer à suivre cette voie alors que grand nombre de citoyens s'y opposent ?

EXTRAIT

Monsanto : méthodes lobbying et techniques de marketing

C’est l’histoire d’une firme qui, en seulement un peu plus d’un siècle, est devenue le leader mondial des biotechnologies. Son activité se centre particulièrement sur la culture des organismes génétiquement modifiés. Sa mainmise sur une partie colossale de la culture transgénique (elle possède les brevets de 90 % du maïs, du soja, du colza ou du coton transgéniques cultivés dans le monde) la place au rang de premier semencier de la planète. Son pouvoir s’étend donc sur une large partie de la population mondiale, qui consomme régulièrement des produits Monsanto. Si la firme parvient à contrôler l’intégralité de la chaîne alimentaire (et elle est sur la bonne voie), nous avons de quoi nous faire des soucis. Des soucis, nous nous en faisons déjà, et non sans raison ! L’industrie Monsanto a créé des dégâts considérables en matière d’environnement et de santé, nous le verrons à travers l’exemple de l’Argentine. De plus, depuis la mise en champ des cultures transgéniques, elle a opéré un matraquage publicitaire intensif visant, par tous les moyens, à rendre les paysans dépendants de cette nouvelle industrie, tout en essayant de convaincre les consommateurs de leurs bonnes intentions.


À PROPOS DE L'AUTEUR

Yasmine Lrhziel naît en 1987 à Toulouse. Elle mène des études en histoire et civilisations modernes et contemporaines à l’université du Mirail. Les recherches spécialisées menées par cette étudiante passionnée concernent les enjeux politiques de notre temps et s’insèrent dans le courant d’histoire immédiate. Elle porte un grand intérêt aux relations qui s’exercent entre la France et l’Union européenne en s’appuyant notamment sur l’étude des opinions publiques et des médias.

• Langue: Français
• Éditeur: La Vallée Heureuse
• Date de sortie: 6 nov. 2019
• ISBN: 9782366960945

Aperçu du livre

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Yasmine Lrhziel

OGM

Intérêts industriels et enjeux politiques

Collection « Santé & Environnement »

Yasmine Lrhziel naît en 1987 à Toulouse. Elle mène des études en histoire et civilisations modernes et contemporaines à l’université du Mirail. Les recherches spécialisées menées par cette étudiante passionnée concernent les enjeux politiques de notre temps et s’insèrent dans le courant d’histoire immédiate. Elle porte un grand intérêt aux relations qui s’exercent entre la France et l’Union européenne en s’appuyant notamment sur l’étude des opinions publiques et des médias.

À travers son expérience professionnelle, Yasmine Lrhziel a développé un attrait des plus vifs pour les domaines liés à l’environnement, en particulier la botanique. Cette double préoccupation pour la géopolitique et les sciences naturelles a amené l’auteure à réaliser une étude sur les enjeux politiques et les intérêts économiques actuels liés à la question des OGM. Fruit d’une initiative citoyenne, ce travail s’est imaginé dans le cadre de l’association loi 1901 « FoOlosophie et Compagnie », créée en 2009 par Yohann Dandeville et Florian Feuillerat dans le but de véhiculer le partage des savoirs et permettre à chaque individu d’apporter, d’acquérir et de parfaire ses connaissances.

« Toute découverte de la science pure 

est subversive en puissance ;

toute science doit parfois être traitée 

comme un ennemi possible. »

Aldous Huxley, Le Meilleur des Mondes

Introduction

Les organismes génétiquement modifiés sont utilisés depuis un peu plus d’une trentaine d’années dans le domaine médical et dans les laboratoires de recherche. L’acronyme OGM nous est devenu familier à partir des années 1990. Depuis cette époque, les OGM ont colonisé peu à peu le monde agroalimentaire.

Cette science récente s’insère dans un vaste domaine de recherche qui voit le jour au milieu du xxe siècle : la biologie moléculaire. La découverte de l’ADN et de sa structure en double hélice, en 1953 par les chercheurs James Watson et Francis Crick, marque une véritable révolution dans l’histoire de la science et ouvre simultanément la voie à un vaste champ d’investigation. Une nouvelle étape est franchie par Paul Berg, un biochimiste américain, qui découvre, en 1972, comment recombiner deux morceaux d’ADN appartenant à des espèces différentes dans une nouvelle molécule hybride. L’effervescence de la recherche dans ce nouveau domaine d’application donne lieu à des avancées rapides – telle que la mise au point, en 1978, de l’insuline humaine, produite à partir d’une bactérie transgénique¹.

Les désirs de progrès en matière de biotechnologie sont quelque peu freinés, à cette époque, par une partie de la communauté scientifique américaine qui exige la prudence et la mise en place d’une nouvelle éthique². Mais c’était sans compter sur la curiosité inhérente à l’homme et son insatiable soif de connaissance. Très rapidement, des laboratoires privés consacrés à la recherche moléculaire s’établissent un peu partout aux États-Unis³. Dès lors, un rapprochement manifeste se fait entre la sphère scientifique et les grandes sociétés industrielles. Cette association inédite fait avancer la science à grand pas, mais à quel prix ? La première plante génétiquement modifiée, la tomate flavr savr, est commercialisée en 1994 pour être retirée de la vente seulement deux ans après. Un groupe de défense de consommateurs poursuit en justice l’agence américaine responsable de sa commercialisation et obtient gain de cause. Ainsi commence l’aventure des organismes génétiquement modifiés…

Les OGM n’ont pas tous les mêmes propriétés et les mêmes fonctions. Leur utilisation sert divers domaines d’application. Par exemple, ils peuvent être utilisés pour les animaux, les micro-organismes ou les virus. Il faut savoir également que les OGM utilisés pour fabriquer des médicaments sont issus d’une protéine qui a été produite par un organisme génétiquement modifié. Ce genre de subtilité est essentiel et évite des amalgames. Il faut se méfier des arguments avancés par de nombreux défenseurs de la cause OGM, qui louent les bienfaits des OGM à usages pharmaceutiques en omettant complètement les effets pervers que les OGM peuvent occasionner dans le secteur agroalimentaire. Rappelons que 99 % des plantes génétiquement modifiées tolèrent des herbicides et/ou produisent des pesticides. Il ne s’agit pas de s’opposer à cette nouvelle science, mais plutôt à son exploitation en pleins champs sans analyses préalables des risques à moyen et long terme. Cette nouvelle technologie peut être synonyme de « progrès » seulement si elle représente une réelle avancée dans le respect de l’homme et de son environnement. Dans cette étude, nous souhaitons donc nous pencher sur l’utilisation des OGM dans le milieu agricole et appréhender leur impact sur le monde.

Depuis plus d’une dizaine d’années, la question des OGM anime les débats publics et privés. Dans l’ombre, les enjeux et intérêts économiques d’une minorité décident de la politique à mener en matière de biotechnologie « moderne ». Les organismes génétiquement modifiés sont les produits de cette nouvelle science, basée principalement sur les connaissances des gènes. Nous le savons, à présent, il est possible de modifier la plupart des principales espèces cultivées (pomme de terre, maïs, colza, soja…). Par le biais de ces transformations génétiques, qui visent à rendre les organismes végétaux résistants aux herbicides, aux insectes et aux maladies, l’objectif recherché est d’obtenir de meilleurs rendements et davantage de productivité. Nous sommes entrés dans l’ère de l’agriculture industrielle.

En peu de temps, la culture des plantes transgéniques a gagné un nombre considérable d’hectares dans le monde. En voie d’expansion rapide et régulière, cette nouvelle agriculture bouleverse le monde paysan et agricole.

Ces nouvelles découvertes peuvent être aussi bénéfiques que préjudiciables à notre humanité. Il s’agit, comme nous l’indique la célèbre phrase de Rabelais, d’en faire bon usage, car les sciences mal utilisées peuvent devenir nos pires ennemies. « Science sans conscience n’est