Guide des gentilés: Les noms des habitants en Communauté française de Belgique
Par Jean Germain et Françoise Echer
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À propos de ce livre électronique
Grâce à la minutie et au patient travail de Jean Germain, assisté de quelques collaboratrices et collaborateurs, le francophone de Belgique est enfin en possession d’une liste quasiment exhaustive des gentilés de chez lui, et dont certains lui paraitront peut-être aussi exotiques que ceux qui viennent d’être cités. Il pourra ainsi retrouver les noms de ceux qu’il côtoie dans sa région, répondre à des questions qu’il s’est peut-être toujours posées sur des voisins un peu plus lointains, sans jamais avoir obtenu de réponse (« Mais comment diable appelle-t-on les habitants de Quevaucamps ? Quevaucampiens ? Quevaucampois ? ». Non, cher lecteur : la réponse est un peu moins prédictible), ou se muer en hardi explorateur de tous les bans et arrière-bans de chez nous.
Un tel répertoire présente de multiples utilités.
La collection « Guide » de la Fédération Wallonie-Bruxelles offre au public des outils pratiques de référence ou de réflexion sur la langue française !
EXTRAIT
Chacun d’entre nous porte un nom de famille dont il a hérité de ses parents, chacun se voit attribuer un ou plusieurs prénoms qu’on a choisis pour lui, certains se voient même gratifiés d’un sobriquet, plaisant ou ironique. Il est important d’être dénommé pour exister administrativement, mais aussi socialement et même affectivement.
Cela ne suffit pas. Nous appartenons à des entités, à des collectivités, territoriales ou non, et dans ce cadre, nous sommes aussi dénommés.
Nous habitons la Wallonie, nous sommes des Wallons. De telle ou telle région : nous serons des Hesbignons ou des Gaumais. Plus particulièrement de telle ville ou de tel village, de tel hameau : des Tournaisiens, des Schaerbeekois, des Carolos, des Hutoises, des Chestrolais, des Lupipontains, des Mazyciens, des Xhoffurlaines, des Boursignols, des Yvoiriens, des Vinconais, etc. Bref, nous disposons tous d’un gentilé.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Jean Germain, né à Spontin en 1949, est un romaniste belge, spécialisé dans la langue wallonne.
Anciennement professeur à l'Université catholique de Louvain, il y a dirigé la Bibliothèque générale et de sciences humaines. Il est l'auteur de plusieurs études en toponymie, études sur la langue ancienne, en onomastique et dialectologie wallonne et il a constitué avec Jacques Herbillon un Dictionnaire des noms de famille en Belgique romane aux éditions du Crédit communal de Belgique.
Il est aussi le précurseur du wallon dit refondu dont il proposa une version dans Quel avenir pour nos dialectes ?
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Aperçu du livre
Guide des gentilés - Jean Germain
À la mémoire d’Albert Doppagne
qui a réhabilité les termes gentilé et blason populaire
et en a défini le périmètre des usages et pratiques.
PRÉFACE
QUE l’habitant de Bruxelles s’appelle un Bruxellois et celui de Liège un Liégeois, voilà qui n’étonnera personne. Que la native de Dinant soit une Dinantaise et celle d’Ostende une Ostendaise n’est pas davantage surprenant. Pourtant, c’est ici que la difficulté commence : pourquoi pas, au fond, dinantois et bruxellais (brusselais ?). Une difficulté qui s’aggrave lorsqu’on croise le Caudisylvestrien, le Valcaprimontois, le Gaugéricien, le Stéphanois, le Cujenot et le Roborinrien : c’est avec une certaine coquetterie que ces citoyens avouent venir de Queue-du-Bois, de Vaux-sous-Chèvremont, de Saint-Géry, de Court-Saint-Étienne, de Lacuisine et de Rouveroy…
C’est qu’en matière de formation de gentilés — ainsi appelle-t-on les noms de personnes lorsqu’ils désignent la collectivité peuplant un lieu donné —, il n’y a pas de règle : il n’y a que des usages. Et ces usages réservent parfois bien des surprises. Le lecteur des journaux le sait, qui doit jongler chaque jour avec de bien peu probables Kosovars, côtoyer le Bosniaque et le Burkinabé, faire dialoguer des Cairotes, des Mancuniens et des Hiérosolomytains.
Grâce à la minutie et au patient travail de Jean Germain, assisté de quelques collaboratrices et collaborateurs, le francophone de Belgique est enfin en possession d’une liste quasiment exhaustive des gentilés de chez lui, et dont certains lui paraitront peut-être aussi exotiques que ceux qui viennent d’être cités. Il pourra ainsi retrouver les noms de ceux qu’il côtoie dans sa région, répondre à des questions qu’il s’est peut-être toujours posées sur des voisins un peu plus lointains, sans jamais avoir obtenu de réponse (« Mais comment diable appelle-t-on les habitants de Quevaucamps ? Quevaucampiens ? Quevaucampois ? ». Non, cher lecteur : la réponse est un peu moins prédictible), ou se muer en hardi explorateur de tous les bans et arrière-bans de chez nous.
Un tel répertoire présente de multiples utilités.
Il viendra sans nul doute en aide au journaliste, qui obéit (trop) souvent et (trop) servilement au principe stylistique que son instituteur lui a inculqué — ne jamais utiliser deux fois le même mot, mais y aller du synonyme — et qui est bien fier de pouvoir faire de Justine Henin « la Rochefortoise » ou « la Marlovanaise » (« la Wallonne » ou « la Namuroise », ce serait sans doute trop simple ?). Par delà, il servira toute personne qui voudrait briller en société et snober son monde, en imitant ces philosophes pour qui Aristote ne saurait être que « le Stagyrite ».
Mais il aura surtout, du moins je l’espère, une autre fonction.
Chacun des noms ici rassemblés parle de nous et de ce que nous sommes.
Car nous sommes fortement attachés à certains noms : celui qui désigne notre famille, dont nous nous demandons souvent d’où il vient et ce qu’il signifie (et sur ce sujet, le curieux pourra consulter un autre et puissant dictionnaire de Jean Germain et Jules Herbillon) ; notre prénom, qui témoigne souvent de l’histoire des modes ; le nom du lieu où nous sommes nés, d’où nous venons, et où nous vivons, dont le sens est souvent mystérieux. Il y a aussi tous ces « blasons populaires », ou surnoms donnés à une population, blasons dont beaucoup sont en voie de disparition (mais ici, saluons ces vestales que sont les journalistes sportifs, jamais à court de « zèbres » ou de « lainiers »). Chacun des gentilés ici rassemblés renvoie donc à une identité, à une histoire, qu’il ne pouvait évidemment être question de conter, une histoire qui nous a faits, même si l’histoire des gentilés est souvent une histoire récente.
Et il y a encore ceci : au-delà de tous ces patronymes, de ces blasons et de ces gentilés, il y a la langue.
Cette langue qui est notre principal moyen de nous approprier l’univers, que nous pensons et concevons à travers elle. Notre langue qui nous fabrique. Notre langue qui établit le plus solidement nos identités, et qui nous permet de nous ouvrir aux autres sans cesser d’être nous-mêmes. Cet outil par excellence du lien affectif et social.
La Communauté française de Belgique offre ce répertoire de gentilés à ses citoyens. Une manière de fêter chacun de ceux-ci, dans son identité, comme de fêter avec eux cette langue qui la fonde, et qui les réunit.
JEAN-MARIE KLINKENBERG
Président du Conseil de la langue française et de la politique linguistique
INTRODUCTION
Chacun d’entre nous porte un nom de famille dont il a hérité de ses parents, chacun se voit attribuer un ou plusieurs prénoms qu’on a