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Le roman d'Héliopolis: Un roman historique captivant
Le roman d'Héliopolis: Un roman historique captivant
Le roman d'Héliopolis: Un roman historique captivant
Livre électronique230 pages3 heures

Le roman d'Héliopolis: Un roman historique captivant

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À propos de ce livre électronique

L’auteur nous plonge dans les coulisses de la Grande Exposition universelle de 1900 à Paris !

Amélie d'Arschot fait revivre, sous sa plume animée, les personnages clés de cet extraordinaire projet : le roi Léopold II sans qui les intérêts belges en Égypte n’auraient pu se développer, les hommes d’affaires de même que les architectes de talent. Ceux-ci ont réalisé une ville sublime sur le plan architectural. Héliopolis fut cependant bien plus qu’une superbe ville, elle a représenté tout un art de vivre et un esprit de tolérance permettant aux différents cultes de se côtoyer.
Un tableau vivant d’une époque révolue et une parfaite maîtrise du sujet rendent le récit captivant.

Au travers des lignes se dessine, comme des hiéroglyphes, la passion qu’éprouve l’auteur pour l’Égypte.

EXTRAIT

Le sujet d’Héliopolis fait partie de ma vie puisque mon arrière-grand-mère Eva d’Arschot Schoonhoven était la fille de Boghos Nubar Pacha, associé d’Édouard Empain dans la Cairo Electric Railways Heliopolis Oases Company. Édouard Empain en était le président et son ami Boghos Nubar le vice-président. Ils ont acquis ensemble les premiers deux mille cinq cents hectares dans le désert en vue d’y ériger une nouvelle ville.
J’avais douze ans lorsque mon arrière-grand-mère est morte et je garde d’elle un souvenir très précis car lui rendre visite était pour moi pénétrer dans ce monde envoûtant et étrange que représente l’Orient. Les persiennes de ses fenêtres étaient toujours un peu tirées pour filtrer la lumière crue du dehors et se voiler en quelque sorte de l’intérieur. C’était l’Orient des parfums et des songes avec des statues silencieuses qui l’entouraient telle une garde rapprochée.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

Le parfum de cette douce nostalgie d’un temps où il faisait bon vivre loin de toutes les menaces, les tumultes et les insécurités, est très palpable tout au long de ce livre roman. L’auteure très bien documentée, a versé dans le roman que pour rendre ses personnages plus vivants et plus attachants mais la ligne historique est quant à elle très rigoureuse. - Régine Salens, Noblesse et Royautés

À PROPOS DE L'AUTEUR

Descendante de Boghos Nubar Pacha, Amélie d’Arschot, historienne et conférencière, nous fait revivre cette fabuleuse aventure de la construction de la ville d’Héliopolis en plein désert à quelques kilomètres du Caire en 1905.
Le capitaine d’industrie Édouard Empain s’était alors associé à Boghos Nubar, fils du Premier ministre égyptien, pour acheter les premiers milliers d’hectares de terrain nécessaires.
Mais quelles étaient leurs motivations ? Où et comment Empain eut-il cette idée ingénieuse ?
LangueFrançais
ÉditeurAvant-Propos
Date de sortie13 avr. 2018
ISBN9782512010074
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    Aperçu du livre

    Le roman d'Héliopolis - Amélie d'Arschot Schoonhoven

    histoire.

    HÉLIOPOLIS, 1913

    Boulevard circulaire, Héliopolis.

    Le Boulevard circulaire est traversé par le tramway qui relie la ville du Caire à Héliopolis et, de ce fait, on y trouve toujours une grande animation.

    Les curieux venant y passer la journée discutent à bâtons rompus avec les résidents de la nouvelle ville. Ceux-ci sont très fiers de vanter ses somptueuses qualités et l’un de montrer la direction du champ de courses, l’autre le Luna Park et ensuite le Palace Hotel, considéré comme le plus bel hôtel du monde.

    Avant même d’admirer les superbes bâtiments sortis du désert comme par enchantement, les visiteurs sont d’abord impressionnés par la végétation luxuriante qui longe chaque avenue. Les balcons aussi débordent de fleurs et de plantes variées qui se balancent au gré de ce petit vent, ce zéphyr qui vous frôle doucement. Ils éprouvent une sorte de sentiment indéfinissable de se trouver dans un rêve éveillé ou un monde nouveau, presque parfait.

    L’esthétique de l’ensemble est indéniable et cette couleur sable qui recouvre tous les immeubles lui confère une unité très séduisante.

    Édouard Empain aime s’y promener de son pas rapide car il adore voir son tramway fonctionner. Comme un enfant jouerait pendant des heures avec son train électrique, Empain se plaît à assister au départ et à l’arrivée du tramway. Entre ses réunions d’affaires, ses conseils d’administration et ses allers-retours entre Paris, Bruxelles et l’Égypte, il a besoin de se détendre. Cependant, il n’aime pas l’idée de perdre de l’argent, aussi ne risque-t-on pas de le croiser sur le champ de course d’Héliopolis.

    Ce matin, il retrouve son ami Boghos Nubar à la terrasse d’un café. D’un coup d’œil, il a compris que son ami a quelque chose sur le cœur. Il le connaît tellement bien et depuis tant d’années, ce subtil Arménien, que les expressions de son visage n’ont plus de secret pour lui.

    Après une poignée de main et une légère inclination de la tête, les deux hommes s’asseyent et commandent un thé sucré.

    « Édouard, je me dois de vous parler », commence Nubar d’un ton extrêmement triste.

    Le capitaine d’industrie n’approuve pas cette tristesse, il n’aime que l’activité et les projets, les états d’âme l’ennuient et le lassent profondément.

    Il se penche toutefois poliment en avançant le buste, comme quelqu’un qui attend une information de première importance, un secret d’État presque.

    « Je vais quitter l’Égypte. »

    La phrase tombe comme un couperet et Empain écarquille les yeux. A-t-il bien entendu ? Son ami arménien mais égyptien de cœur quitterait le pays des pyramides et des obélisques ?

    Boghos Nubar a dit : « Je vais quitter l’Égypte » d’une manière sentencieuse et radicale. On pourrait presque en faire la première phrase d’un livre nostalgique.

    Les pensées se bousculent dans l’esprit d’Empain car lui aussi va quitter l’Égypte, il a tellement de projets à réaliser ; or il comptait bien sur Boghos Nubar pour rester son représentant, son meilleur associé sur place.

    Nubar poursuit :

    « J’aime l’Égypte au-delà de tout, vous le savez certainement, c’est même moi qui vous ai convaincu d’y venir. Je suis né en Égypte, ce pays est dans mes veines. Mon père qui fut ministre avait affirmé être passionnément égyptien et mes larmes d’ailleurs sont salées comme l’eau du Nil. Je suis égyptien de cœur mais mon sang est arménien, ma famille est arménienne, ma femme est arménienne et j’ai peur. »

    Quel aveu de la part de cet intrépide homme d’affaires à l’esprit aiguisé !

    « L’Empire ottoman est en train d’exercer de terribles répressions vis-à-vis de ma communauté. Les massacres ont commencé il y a presque vingt ans, mais à présent je sens une catastrophe se préparer. De nombreux membres de notre famille à Constantinople sont aussi sur le départ. Ils vont tout quitter, leurs palais, leur train de vie somptueux et tâcher de s’établir en Europe. J’ai décidé de faire de même car je ne me sens plus en sécurité ici. L’Égypte n’exercera rien contre les Arméniens, mais j’ai bien peur d’être assassiné par des sbires envoyés de Constantinople. »

    Il esquisse un triste sourire, ce qui a pour effet d’accentuer les cernes qui encerclent ses yeux un peu tombants.

    « Vous êtes le meilleur ami du prince Hussein, vous avez toutes vos entrées à la cour khédivale, je suis bien certain qu’il ne vous arrivera rien !

    – Je n’en suis pas certain et vous non plus. J’ai aussi une grande œuvre à réaliser mais toute différente de ce que nous avons imaginé ici avec la construction d’Héliopolis. Je veux développer l’œuvre caritative que j’ai créée, l’Union générale arménienne de bienfaisance. J’aurai beaucoup à faire, il faudra tâcher de lever des fonds pour aider les Arméniens et, si je dois obtenir de l’aide des Occidentaux, je serai mieux à Paris pour le faire. Le monde doit nous aider, le monde ne peut assister les bras ballants à un massacre qui finira tôt ou tard par arriver. Nous vivons une étrange époque, Édouard, avec un empire allemand qui joue à s’armer jusqu’aux dents et un empire ottoman en pleine déliquescence. Je ne sais pas ce que nous réserve l’avenir, mais il est sombre, croyez-moi. »

    Édouard Empain en est tout aussi convaincu, mais il ne pense pour le moment qu’aux intérêts de la compagnie et, dans cette optique, le départ de Boghos Nubar lui apparaît préjudiciable.

    Empain n’aime pas s’encombrer de sentiments tels que la compassion, car cela obstrue son sens des affaires. Pas d’états d’âme surtout pourrait être sa devise mais, pour une fois, il éprouve une sorte de malaise, un pressentiment. Si Boghos a raison, si sa sécurité est en jeu, il doit pouvoir partir.

    Une semaine plus tard, il écrira à Boghos :

    Mon ami,

    Je sais à quel point il vous est pénible d’être arrivé à une telle décision mais comptez sur mon soutien. Nous repartirons ensemble exactement comme nous étions arrivés il y a quelques années. Je me rappelle de vous dans mes bureaux rue du Congrès à Bruxelles, vous m’aviez presque convaincu de venir en Égypte, or j’hésitais encore car j’ai les voyages en aversion et ensuite vous m’avez dit : « Je viendrai vous chercher comme cela nous arriverons à deux et je vous ferai découvrir mon superbe pays. »

    Serais-je venu en Égypte sans votre opiniâtreté, je ne le sais pas, mais ce que je sais, par contre, c’est que vous et moi avons créé une œuvre magnifique, une nouvelle ville qui restera éternelle. Nous lui avons insufflé un art de vivre, l’enrichissant d’un esprit de tolérance entre les habitants. Vous avez raison de dire que l’avenir est sombre, nous allons connaître la guerre avec ce jeu des alliances qui sera le pire des dominos possibles. Serez-vous plus en sécurité alors à Paris ? Votre départ ne serait pas alors définitif car je pense que l’on n’arrive jamais à quitter l’Égypte, vous y retournerez et moi aussi, soyez-en certain.

    Nous évoquerons tout cela sur le chemin de retour.

    Transmettez à Madame Nubar toute l’expression de mes respectueux hommages.

    Édouard Empain.

    SEIZE ANS AUPARAVANT, MAI 1897 À BRUXELLES

    Le peintre Émile Wauters n’en croit pas ses yeux. Le tramway est à nouveau tombé en panne dans la montée de l’avenue de Tervuren et les passagers n’ont pas d’autre échappatoire que de sortir et aider le conducteur à le pousser. Pendant que les hommes tâchent de remettre en route l’engin défaillant, les dames restent prudemment sous les ombrelles car le soleil brille de mille feux et la chaleur se fait déjà sentir, lourde, oppressante et moite. Au bout d’un long moment, le tramway s’ébroue lentement sur les rails et repart sous les vivats des passagers. Certains canotiers sont lancés dans les airs, les enfants et leurs gouvernantes tapent dans les mains, car le petit incident a créé de l’animation. Cela fait plus de cinq ans tout de même que l’on exploite ce système Trolley par fil aérien mais, visiblement, des soucis persistent encore lorsque le tramway doit franchir une côte.

    C’est à ce moment qu’arrive un des responsables de la Société des tramways bruxellois, le cou bien engoncé dans son col raide, très imbu de sa personne et qui déclare d’un ton tonitruant : « Que les personnes très minces, les femmes et les enfants se mettent de côté, et que les personnes bien fortes me suivent. » Wauters qui est plutôt mince se met du côté des femmes, ce qui n’est pas pour lui déplaire. Il adore l’absurde de situation et ceci paraît l’être à la puissance maximale.

    Les passagers qui étaient installés dans les deux wagons se regroupent et sont rejoints par d’autres qui viennent d’on ne sait où, en tout état de cause, ils ont chaud et semblent déjà assoiffés malgré leur air un peu éméché et, quand tout ce beau monde est réuni tant bien que mal, il leur est demandé de s’asseoir dans les compartiments.

    « Et nous alors ! », proteste une jeune fille qui n’a pas sa langue en poche. Elle semble révoltée que certains puissent profiter des banquettes, ce qui contraint les dames à rester debout. Les petits arbres plantés récemment le long de la grande avenue ne donnent pas encore d’ombre en suffisance. « Voilà une suffragette », songe Wouters qui la trouve assez appétissante avec son petit air effronté.

    « Mademoiselle, nous devons faire une expérience », rétorque un des directeurs de la compagnie d’un air très sentencieux.

    « Une expérience ? Mais vous vous moquez de nous ! Une expérience ! Et monsieur est peut-être un scientifique de haut niveau qui veut observer combien de temps les dames vont rester en plein soleil sans pouvoir s’asseoir ! Monsieur veut pouvoir prendre des notes scientifiques à ce sujet ? »

    Et ce disant, elle se tourne vers les autres femmes aussitôt solidaires de cette jeune dégourdie et qui l’applaudissent à tout rompre.

    « Mademoiselle, restez calme, je vous prie, nous devons expérimenter ce tramway avec des personnes plus lourdes pour évaluer le nombre pouvant monter à bord. Nous avons sans cesse des pannes sur ce tronçon. Nous allons démarrer avec une cinquantaine de passagers et ensuite nous verrons ce qu’il adviendra. »

    La jeune fille éclate de rire :

    « Vous voulez dire que vous ne prenez que des gros !

    – Mademoiselle, mademoiselle, comme vous y allez ! Des gros, des gros, disons des personnes en bonne santé !

    – Alors, prenez-moi aussi, je suis en excellente santé ! », dit-elle en se plantant devant lui en bombant le torse de manière exagérée, ce qui provoque des rires autour d’elle. Elle n’a pas beaucoup d’effort à fournir d’ailleurs pour avantager sa tournure car elle est déjà bien cambrée par son corset ajusté. Il lui assure une taille de guêpe, mais aussi parfois quelques vapeurs car il est bien trop serré.

    « Et la mam’selle, elle n’a pas froid aux yeux, on dirait ! », déclare un jeune fleuriste muni de son panier débordant de fleurs. Il aimerait bien lui donner quelques roses. Les jolies filles, il faut leur en offrir et de plus celle-ci est particulièrement charmante !

    Émile Wauters prend alors poliment le bras de la jeune personne.

    « Chère mademoiselle, je pense qu’il vaut mieux laisser les spécialistes faire leur travail ! Plus vite l’expérience sera réalisée et conclue, plus vite nous reprendrons ce tramway.

    – C’est un tramway de malheur, monsieur ! J’ai dû attendre deux heures devant le Cinquantenaire car chaque tramway qui passait par là était tout rempli ! À ce point que même les dames étaient assises sur les genoux des messieurs ! C’est vous dire ! »

    Le peintre sourit. « Eh bien, je vous propose qu’au retour de Tervuren, je vous montre quelque chose de particulier dans le parc du Cinquantenaire, vous ne serez pas déçue et vous direz partout que vous n’avez pas perdu votre journée ! »

    Ce qu’il aimerait lui montrer, c’est en réalité la pièce maîtresse de l’Exposition internationale qui se déroule à Bruxelles : son œuvre, un extraordinaire panorama d’une longueur de cent quatorze mètres intitulé « Le Caire et les rives du Nil ». Cette œuvre monumentale a été exposée à Munich et le succès fut au rendez-vous. L’archiduc Rodolphe était venu en personne le féliciter puisque le thème de cette vue d’ensemble était de commémorer le voyage en Égypte de l’héritier du trône austro-hongrois.

    Émile Wauters s’y était rendu une première fois lors de l’inauguration du canal de Suez et il y était revenu en 1880 pendant deux mois pour peindre, dessiner des croquis et s’imprégner de l’atmosphère du pays des pharaons. Il voulait en saisir la lumière et la restituer plus tard sur la toile grâce à sa palette de couleurs subtiles.

    Ce panorama a été offert à l’État belge par le généreux et excentrique baron Cavens. Ce dernier avait éprouvé un véritable coup de foudre pour cet immense décor oublié, presque échoué comme un vieux navire depuis une quinzaine d’années dans un ancien atelier de Molenbeek-Saint-Jean où il commençait à sérieusement se détériorer.

    Si cette œuvre n’était pas tendue sur des murs, elle finirait par s’abîmer définitivement. Elle avait déjà été sauvée de justesse de l’incendie du New Panorama de Vienne où elle était exposée.

    Le baron Cavens fit ériger un superbe pavillon mauresque à ses frais dans le parc du Cinquantenaire. Le Caire et les rives du Nil sera considéré comme le « clou » de l’Exposition internationale de 1897. Les visiteurs patientaient même plusieurs heures avant de pouvoir s’introduire dans le balcon du premier étage qui permettait d’avoir une vue circulaire tout à fait impressionnante.

    Wauters a précédé la jeune fille dans l’escalier et il attend impatient qu’elle se penche par-dessus la rambarde placée à trois mètres du sol afin de regarder ce spectacle dont il est si fier.

    Elle pousse presque un cri : « Mais c’est exotique tout cela ! J’adore ! » Ses yeux parcourent la toile pendant qu’elle marche à pas comptés tout le long du couloir, elle n’en perd pas une miette, apprécie les couleurs de la rive, les dégradés de l’eau et les tons adoucis des palmiers. Il s’agit d’une histoire que l’artiste a voulu conter à travers toute l’étendue de son panorama. Les felouques du Nil, dont les mâts s’entrechoquent, bougeant doucement au gré du vent en sont le prologue. Le motif de l’ouvrage est bien la représentation de l’archiduc Rodolphe : transporté dans son très élégant landau à travers le paysage ponctué d’habitants voilés de sombre qui vaquent à leurs occupations quotidiennes. La tragédie de Mayerling ne l’avait pas encore englouti puisque Wauters avait peint cette œuvre bien des années auparavant.

    L’artiste est touché par l’enthousiasme juvénile qui émane de la jeune fille et lui demande :

    « Mais quel âge avez-vous donc, mademoiselle ? Vous êtes un peu jeune pour vous balader de la sorte dans Bruxelles sans être accompagnée !

    – J’ai 15 ans et toutes mes dents ! » Et aussitôt dit, elle part d’un grand rire qui la secoue tout entière. C’est une jeune personne joyeuse à l’image de la Belle Époque dont elle semble savourer chaque instant.

    Comme elle pressent la question suivante, elle poursuit :

    « Et je m’appelle Jeanne Becker, pour répondre à ce que vous allez assurément me demander, et j’habite à Schaerbeek, comme cela vous savez tout !... En réalité, avoue-t-elle d’un air faussement gêné, j’ai faussé compagnie à ma gouvernante qui devait m’accompagner pour visiter le Palais des Colonies. Mais, ajoute-t-elle en esquissant un sourire, ma gouvernante avait un rendez-vous avec son galant aux étangs de Woluwé, et donc elle était ravie d’avoir son après-midi, comme elle dit. Je la retrouve à six heures ce soir car je dois bien entendu rentrer avec elle. Mes parents sont très rigoureux pour cela, je suis bien obligée de

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