Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Autour du bivouac: Roman classique
Autour du bivouac: Roman classique
Autour du bivouac: Roman classique
Livre électronique198 pages2 heures

Autour du bivouac: Roman classique

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Extrait : "Sur la rive occidentale du Mississippi, à douze milles de son confluent avec le Missouri, se trouve la ville de Saint-Louis, poétiquement surnommée la Cité-des-Monts. Elle fut fondée par les français. C'est là que l'émigrant se repose, c'est là que le chasseur s'équipe avant de s'enfoncer dans les sauvages solitudes de l'intérieur."

À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN

Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de qualité de grands livres de la littérature classique mais également des livres rares en partenariat avec la BNF. Beaucoup de soins sont apportés à ces versions ebook pour éviter les fautes que l'on trouve trop souvent dans des versions numériques de ces textes.

LIGARAN propose des grands classiques dans les domaines suivants :

• Livres rares
• Livres libertins
• Livres d'Histoire
• Poésies
• Première guerre mondiale
• Jeunesse
• Policier
LangueFrançais
ÉditeurLigaran
Date de sortie22 avr. 2015
ISBN9782335054859
Autour du bivouac: Roman classique

En savoir plus sur Ligaran

Auteurs associés

Lié à Autour du bivouac

Livres électroniques liés

Articles associés

Catégories liées

Avis sur Autour du bivouac

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Autour du bivouac - Ligaran

    etc/frontcover.jpg

    EAN : 9782335054859

    ©Ligaran 2015

    CHAPITRE PREMIER

    Une troupe de chasseurs

    Chaque coup d’obusier faisait tomber une pluie d’oiseaux.

    Sur la rive occidentale du Mississippi, à douze milles de son confluent avec le Missouri, se trouve la ville de Saint-Louis, poétiquement surnommée la Cité-des-Monts. Elle fut fondée par les Français. C’est là que l’émigrant se repose, c’est là que le chasseur s’équipe avant de s’enfoncer dans les sauvages solitudes de l’intérieur.

    Je me trouvais à Saint-Louis pendant l’automne de 18… La ville était remplie de gens désœuvrés, qui semblaient n’avoir pas autre chose à faire que de tuer le temps. Chaque hôtel était bondé ; sous chaque véranda, au coin de toutes les rues vous pouviez voir des gentlemen bien mis qui causaient et riaient tout le long du jour. La plupart étaient des oiseaux de passage venus là de la Nouvelle-Orléans pour fuir la fièvre jaune. Il y avait aussi des voyageurs européens qui avaient laissé derrière eux les aises de la vie civilisée pour aller passer une saison dans les sauvages déserts de l’Ouest : peintres en quête de pittoresque, naturalistes curieux d’une flore nouvelle, chasseurs qui, fatigués de courir après le petit gibier, parlaient pour ta grande prairie afin de prendre part à la noble chasse du bison.

    J’étais moi-même un de ces derniers.

    Il n’y a pas de pays au monde où la table d’hôte soit plus goûtée qu’en Amérique, et où les gens oisifs se lient plus vite. Je ne mis pas longtemps à nouer des relations d’amitié avec un bon nombre de ces désœuvrés, désireux, comme moi, d’entreprendre une expédition cynégétique dans les prairies. Cinq d’entre eux consentirent à se joindre à moi.

    Après force discussions, nous tombâmes d’accord. Chacun s’équiperait à sa guise, mais tous se pourvoiraient d’un cheval ou d’une mule. Un fonds commun servirait à acheter un wagon ou chariot, avec des tentes, des provisions et des ustensiles de cuisine. Deux chasseurs de profession seraient engagés, des hommes connaissant bien le pays et qui seraient nos guides au cours de notre expédition.

    Nos préparatifs nous prirent toute une semaine ; au bout de ce temps, par une riante matinée, une petite cavalcade quittait les faubourgs de Saint-Louis gravissait les hauteurs au-delà desquelles commençaient les sauvages prairies de l’Ouest : c’était notre expédition de chasse.

    La cavalcade se composait de huit hommes montés et d’un chariot attelé de six fortes mules, celles-ci sous la direction de Jack, un nègre libre à la noire face luisante, aux lippes épaisses, aux dents d’ivoire que découvrait un perpétuel sourire.

    Sous la tente du wagon on entrevoyait une autre figure qui formait le plus parfait contraste avec celle de Jack. Cette figure avait été rouge à l’origine, mais le hâle, le soleil et d’innombrables taches de rousseur avaient changé ce rouge en jaune d’or. Une crinière de cheveux d’un bond ardent surmontait le front, à demi caché par un chapeau grossier. Toujours clignant d’un œil, il avait la physionomie irrésistiblement comique d’un acteur dans une farce bouffonne. Une courte pipe toujours en mouvement entre ses lèvres ajoutait à l’expression comique de cette face, qui était celle de Mike Lanty, un Irlandais de Limerick.

    Qui étaient les huit cavaliers escortant le wagon ? Six étaient des gentlemen par la naissance et par l’éducation, les deux autres étaient les rudes trappeurs engagés pour nous servir de guides.

    Un mot sur chacun de mes huit compagnons. Le premier était un Anglais, haut de six pieds et large à proportion, avec des cheveux châtain clair, un teint fleuri, des moustaches et des favoris encadrant un visage régulier et noble. C’était un véritable gentilhomme, un de ceux qui, dans leurs voyages à travers les États-Unis, ont le bon sens de porter leur parapluie eux-mêmes et de laisser leurs titres derrière eux. Nous le connaissions sous le nom de M. Thompson, puis, quand nous nous fûmes un peu liés, de Thompson tout court ; ce ne fut que longtemps après, et par hasard, que j’appris son rang et son titre.

    Son costume se composait d’une jaquette tic drap à huit poches, d’une veste à quatre, d’un pantalon et d’une casquette, le tout d’un drap pareil. Dans le wagon il avait un carton à chapeau en cuir épais, avec courroies et cadenas, et contenant, non pas un chapeau, comme nous le supposions d’abord, mais différentes brosses, y compris une brosse à dents, des peignes, des rasoirs et du savon. Le chapeau, il l’avait laissé à Saint-Louis.

    Mais il n’y avait pas laissé son parapluie, un énorme hémisphère de baleine et de toile qu’il portait alors sous son bras. Sous ce parapluie il avait chassé les tigres dans les jungles de l’Inde, les lions dans les plaines de l’Afrique, les autruches et les vigognes dans les pampas de l’Amérique du Sud ; et maintenant, sous ce même hémisphère de toile bleue, il allait porter la terreur et le carnage parmi les sauvages bisons des prairies.

    Avec ce parapluie, une véritable arme défensive, M. Thompson portait aussi un lourd fusil à deux coups, signé « Bishop, de Bond Street ». Il montait un robuste étalon bai, avec une queue coupée court et une selle anglaise.

    Le numéro deux de notre compagnie différait du numéro un autant que peuvent différer deux animaux de la même espèce. C’était un Kentuckien, qui mesurait six pouces de plus que Thompson. Ses traits étaient marqués, saillants, irréguliers, d’une irrégularité encore accusée par la bosse d’une chique de tabac. Son teint était foncé, presque olivâtre, sa face entièrement glabre, sans moustache ni favoris ; mais de longs cheveux, noirs comme ceux d’un Indien, lui pendaient sur les épaules. Il avait un air de gravité qu’il devait à son teint basané et aux plis qui, des coins de sa bouche, descendaient jusqu’à son menton ; mais en fait il était aussi gai et jovial que pas un de nous.

    Notre Kentuckien, un riche planteur, réputé dans son pays comme un grand chasseur de cerfs, était vêtu comme il l’aurait été dans son domaine par quelque froide matinée : justaucorps de drap, long pardessus taillé dans une couverture verte, avec des poches nombreuses, pantalon serré dans une paire de grosses bottes en cuir de cheval, chapeau de feutre tout cabossé. Il montait un cheval haut, membru, possédant quelques-uns des caractères qui distinguaient son cavalier. Aux épaules du Kentuckien pendaient un sac à munitions, une corne de chasse et un havresac ; sur ses orteils reposait la crosse d’un lourd rifle, dont le canon arrivait au niveau de son épaule.

    Le numéro trois était un disciple d’Esculape, non point maigre et pâle comme ils le sont d’habitude, mais gras, rose et enjoué. À dire vrai, le docteur aimait à boire. Il adorait ta musique et chantait avec goût. Ce n’était point l’amour de la chasse au bison, mais plutôt le désir d’accompagner des amis qui l’avait décidé à se joindre à nous. Nous l’en avions tous prié, tant pour jouir de son aimable compagnie, que pour mettre à contribution sa science médicale au cours de notre voyage.

    Le docteur Jopper avait conservé le vêtement noir de sa profession, tant soit peu râpé par un long usage, mais avec adjonction d’une casquette en fourrure et de guêtres en drap brun.

    Isaac Bradley.

    Il montait un petit cheval maigre, d’humeur paisible, qui, outre son maître, portait la trousse et la boîte à médicaments.

    Un élégant jeune homme, aux traits mâles et beaux, aux yeux vifs et noirs, aux épaisses boucles frisées, était aussi des nôtres. Un pantalon de cotonnade bleu de ciel, une jaquette de même étoffe qui lui moulait le torse, un magnifique chapeau de Panama et un manteau de drap bordé de velours composaient le costume de cet adolescent, dont la fine moustache et l’impériale accentuaient encore la virile physionomie.

    C’était un créole de la Louisiane, et, en dépit de sa jeunesse, le plus illustre botaniste de son pays. Il se nommait Jules Besançon. Il n’était pas le seul naturaliste de la troupe. Nous en avions avec nous un autre d’une célébrité universelle, et dont le nom était aussi familier aux savants de l’Europe qu’à ses concitoyens. C’était déjà un vieillard à l’aspect vénérable ; mais sa démarche était ferme, et son bras assez solide pour manier un long et lourd rifle à deux coups. Une ample redingote en drap bleu foncé couvrait son corps ; ses jambes étaient enveloppées dans une culotte à boutons, et un chapeau en poil de zibeline abritait son front large et haut. Nous l’appelions M, A…, le chasseur naturaliste. C’est à son amour pour l’étude que nous devions l’honneur de sa présence parmi nous. Entre lui et le jeune Besançon, nulle jalousie. Au contraire, la similitude des goûts eut bientôt créé entre eux une amitié réciproque.

    Je me cataloguerai moi-même sous le numéro six. Une courte description de moi suffira. J’étais alors un tout jeune homme, assez bien élevé, féru de sport et d’histoire naturelle ; surtout j’aimais un bon cheval à la folie, et j’en possédais un de toute beauté. Mon visage n’avait rien de désagréable, ma taille était moyenne. J’étais vêtu d’une blouse en peau de daim brodée, avec une cape aux bords frangés, et d’un pantalon de drap écarlate. Une casquette de drap brun couvrait mes cheveux noirs. Une poire à poudre, un sac à plomb, une ceinture avec un couteau de chasse et deux révolvers ; un léger rifle dans une main, mes rênes dans l’autre ; une haute selle espagnole de cuir gaufré ; une couverture rouge pliée et attachée sur la croupe, un lazzo, un havresac, une corne de chasse… – voilà tout !

    Deux personnages me restent à décrire : les guides, qu’on appelait respectivement Isaac Bradley et Mark Redwood, deux trappeurs aussi différents l’un de l’autre que deux hommes peuvent l’être. Redwood était un colosse, visiblement aussi fort qu’un bison, tandis que son confrère, maigre, nerveux, musculeux, avait dans l’allure quelque chose de la belette. Les manières de Redwood étaient franches et décidées, ses yeux gris, ses cheveux châtains ; une épaisse barbe brune couvrait ses joues. Bradley, au contraire, avait de petits yeux noirs et perçants, une face glabre et bronzée comme celle d’un Indien avec des cheveux noirs taillés en rond.

    Tous deux étaient couverts de vêtements de peau de la tête aux pieds : blouse de chasse, culottes collantes, mocassins, et bonnet en fourrure. Le fusil de Bradley était de la plus grande taille, il mesurait six pieds de long, et c’était le trappeur lui-même qui en avait façonné le bois. Le rifle de Redwood était aussi long, mais d’une forme plus moderne, de même que son équipement.

    Tels étaient nos guides. Mark Redwood était réputé comme l’un des plus célèbres montagnards de ce temps-là, et Isaac Bradley avait été surnommé le « vieil Ike le tueur de loups ».

    CHAPITRE II

    Le campement et les feux du soir

    La route que nous avions prise se dirigeait vers le Sud-Ouest. Le point le plus rapproché où nous espérions rencontrer les bisons se trouvait à deux cents milles plus loin. À cette époque, tout le pays était désert et sauvage ; à peine trouvait-on de rares fermes isolées. Nous n’avions donc pas l’espoir de nous abriter sous un toit avant notre retour à Saint-Louis ; mais nous nous étions munis de deux tentes.

    Quoique le pays que nous traversions semblât giboyeux, nous n’aperçûmes ni un oiseau ni un quadrupède de toute la journée. Ce résultat n’était guère encourageant. Nous étions heureusement bien approvisionnés de vivres : un grand tonneau de biscuit, un de farine, des jambons, du lard, du café, du sucre, sans compter la provende des mules et des chevaux.

    Nous fîmes trente milles le premier jour. Le chemin était bon. Nous campâmes le soir au bord d’un ruisseau limpide. Nous installâmes toutes choses suivant un ordre régulier que nous observâmes par la suite jusqu’à la fin de notre expédition. Chacun de nous dessella son cheval ; nous n’avions pas de serviteurs dans la prairie. Lanty s’occupait exclusivement de la cuisine, et Jack avait assez à faire avec ses mules.

    Nos chevaux et nos mules furent attachés à des piquets au milieu d’un espace découvert. Les deux tentes s’élevèrent côte à côte, près du ruisseau, et le wagon fut placé à l’arrière.

    Les deux tentes s’élevèrent côte à côte.

    Dans le triangle formé par le wagon et les tentes, un grand feu fut allumé, aux deux extrémités duquel nous plantâmes deux perches dont les sommets faisaient la fourche. En travers des deux fourches, au-dessus de la flamme, un jeune tronc fut posé. C’était la crémaillère de Lanty, le feu lui servant de fourneau.

    Le souper est prêt, et Lanty est décidément. Si cette heure, le personnage le plus important de notre cercle. Il est debout devant le feu, avec une petite poêle à frire au long manche, dans laquelle il grille le café. La crémaillère supporte une large cafetière en fer battu, pleine d’eau bouillante ; et une seconde poêle, plus grande que la première, est remplie de tranches de jambon, et prête à être placée sur les charbons ardents.

    Notre ami anglais Thompson est assis sur un tronc d’arbre ; devant lui, tout ouvert, son carton à chapeau, d’où il a tiré son assortiment de peignes et de brosses. Il a déjà, fait ses ablutions, et maintenant il achève sa toilette, arrangeant ses cheveux, ses favoris, ses moustaches, nettoyant ses dents et ses ongles.

    Le Kentuckien, lui, debout, tenant d’une main un couteau à longue lame, à manche d’ivoire – un de ces bownie-knifes qu’on appelle « cure-dents de l’Arkansas, – et de l’autre une tablette de tabac, en taille un morceau qu’il fourre aussitôt dans sa bouche et se met à mastiquer.

    Et le docteur Jopper, que fait-il ? Il est au bord de l’eau, et tient dans une main un de ces flacons d’étain qu’on appelle « pistolet de poche ». Ce pistolet est chargé d’eau-de-vie, et

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1