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Le Visage de la Rage (Les Mystères de Zoe Prime — Tome 5)
Le Visage de la Rage (Les Mystères de Zoe Prime — Tome 5)
Le Visage de la Rage (Les Mystères de Zoe Prime — Tome 5)
Livre électronique260 pages5 heures

Le Visage de la Rage (Les Mystères de Zoe Prime — Tome 5)

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À propos de ce livre électronique

« UN CHEF-D’ŒUVRE DU GENRE THRILLER ET ENQUÊTE. Blake Pierce a merveilleusement construit des personnages ayant un charactère psychologique si bien décrit que l’on sent ce qui se passe dans leurs esprits, on suit leurs peurs et l’on se réjouit de leur succès. Plein de rebondissements, ce livre vous tiendra éveillés jusqu’à la dernière page. »
--Books and Movie Reviews, Roberto Mattos (sur Sans Laisser de Traces)

LE VISAGE DE LA RAGE est le tome #5 d’une nouvelle série thriller FBI de l’auteur à succès selon USA Today, Blake Pierce, dont le bestseller Sans Laisser de Traces (Tome 1) (téléchargement gratuit) a reçu plus de 1000 critiques cinq étoiles.

L’Agent Spécial FBI Zoe Prime souffre d’une maladie rare qui lui confère aussi un talent unique : elle voit le monde à travers le prisme des chiffres. Des chiffres qui la tourmentent, la rendent incapable de comprendre les gens, et lui laissent une vie sentimentale ratée – mais ils lui permettent également de voir des schémas qu’aucun autre agent du FBI ne peut voir.

Dans LE VISAGE DE LA RAGE, des femmes sont retrouvées assassinées, victimes d’un tueur en série qui grave un mystérieux symbole sur leur corps. Ce symbole a une signification mathématique, et Zoe a du mal à savoir s’il tue dans l’ordre du nombre Pi.

Mais quand sa théorie échoue, Zoe doit remettre en question tout ce qu’elle croyait savoir.

Le talent de Zoe est-il à la hauteur ? Et peut-elle sauver la prochaine victime à temps ?

Un thriller psychologique plein d’action et de suspense, LE VISAGE DE LA RAGE est le tome #5 d’une nouvelle série fascinante qui vous fera tourner les pages jusqu’à tard dans la nuit.
LangueFrançais
ÉditeurBlake Pierce
Date de sortie7 déc. 2020
ISBN9781094342719
Le Visage de la Rage (Les Mystères de Zoe Prime — Tome 5)
Auteur

Blake Pierce

Blake Pierce is author of the #1 bestselling RILEY PAGE mystery series, which include the mystery suspense thrillers ONCE GONE (book #1), ONCE TAKEN (book #2) and ONCE CRAVED (#3). An avid reader and lifelong fan of the mystery and thriller genres, Blake loves to hear from you, so please feel free to visit www.blakepierceauthor.com to learn more and stay in touch.

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    Aperçu du livre

    Le Visage de la Rage (Les Mystères de Zoe Prime — Tome 5) - Blake Pierce

    LE VISAGE

    DE

    LA RAGE

    (LES MYSTÈRES DE ZOE PRIME — TOME 5)

    B L A K E   P I E R C E

    Blake Pierce

    Blake Pierce est l’auteur de la série à succès mystère RILEY PAIGE, qui comprend dix-sept volumes (pour l’instant). Black Pierce est également l’auteur de la série mystère MACKENZIE WHITE, comprenant quatorze volumes (pour l’instant) ; de la série mystère AVERY BLACK, comprenant six volumes ; et de la série mystère KERI LOCKE, comprenant cinq volumes ; de la série mystère LES ORIGINES DE RILEY PAIGE, comprenant six volumes (pour l’instant), de la série mystère KATE WISE comprenant sept volumes (pour l’instant) et de la série de mystère et suspense psychologique CHLOE FINE, comprenant six volumes (pour l’instant) ; de la série de suspense psychologique JESSIE HUNT, comprenant sept volumes (pour l’instant), ; de la série de mystère et suspense psychologique LA FILLE AU PAIR, comprenant deux volumes (pour l’instant) ; et de la série de mystère ZOÉ PRIME, comprenant trois volumes (pour l’instant) ; de la nouvelle série de mystère ADÈLE SHARP et de la nouvelle série mystère VOYAGE EUROPÉEN.

    Lecteur avide et admirateur de longue date des genres mystère et thriller, Blake aimerait connaître votre avis. N’hésitez pas à consulter son site www.blakepierceauthor.com afin d’en apprendre davantage et de rester en contact.

    Copyright © 2020 by Blake Pierce. Tous droits réservés. Sauf autorisation selon Copyright Act de 1976 des U.S.A., cette publication ne peut être reproduite, distribuée ou transmise par quelque moyen que ce soit, stockée sur une base de données ou stockage de données sans permission préalable de l'auteur. Cet ebook est destiné à un usage strictement personnel. Cet ebook ne peut être vendu ou cédé à des tiers. Vous souhaitez partager ce livre avec un tiers, nous vous remercions d'en acheter un exemplaire. Vous lisez ce livre sans l'avoir acheté, ce livre n'a pas été acheté pour votre propre utilisation, retournez-le et acheter votre propre exemplaire. Merci de respecter le dur labeur de cet auteur. Il s'agit d'une œuvre de fiction. Les noms, personnages, sociétés, organisations, lieux, évènements ou incidents sont issus de l'imagination de l'auteur et/ou utilisés en tant que fiction. Toute ressemblance avec des personnes actuelles, vivantes ou décédées, serait purement fortuite. Photo de couverture Copyright  Mimadeo sous licence Shutterstock.com.

    LIVRES PAR BLAKE PIERCE

    LES MYSTÈRES DE ADÈLE SHARP

    LAISSÈ POUR MORT (Volume 1)

    CONDAMNÈ À FUIR (Volume 2)

    CONDAMNÈ À SE CACHER (Volume 3)

    CONDAMNÉ À TUER (Volume 4)

    LA FILLE AU PAIR

    PRESQUE DISPARUE (Livre 1)

    PRESQUE PERDUE (Livre 2)

    PRESQUE MORTE (Livre 3)

    LES MYSTÈRES DE ZOE PRIME

    LE VISAGE DE LA MORT (Tome 1)

    LE VISAGE DU MEURTRE (Tome 2)

    LE VISAGE DE LA PEUR (Tome 3)

    LE VISAGE DE LA FOLIE (Tome 4)

    LE VISAGE DE LA RAGE (Tome 5)

    SÉRIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE JESSIE HUNT

    LA FEMME PARFAITE (Volume 1)

    LE QUARTIER IDÉAL (Volume 2)

    LA MAISON IDÉALE (Volume 3)

    LE SOURIRE IDÉALE (Volume 4)

    LE MENSONGE IDÉALE (Volume 5)

    LE LOOK IDÉAL (Volume 6)

    LA LIAISON IDÉALE (Volume 7)

    L’ALIBI IDÉAL (Volume 8)

    LA VOISINE IDÉALE (Volume 9)

    SÉRIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE CHLOE FINE

    LA MAISON D’À CÔTÉ (Volume 1)

    LE MENSONGE D’UN VOISIN (Volume 2)

    VOIE SANS ISSUE (Volume 3)

    LE VOISIN SILENCIEUX (Volume 4)

    DE RETOUR À LA MAISON (Volume 5)

    VITRES TEINTÉES (Volume 6)

    SÉRIE MYSTÈRE KATE WISE

    SI ELLE SAVAIT (Volume 1)

    SI ELLE VOYAIT (Volume 2)

    SI ELLE COURAIT (Volume 3)

    SI ELLE SE CACHAIT (Volume 4)

    SI ELLE S’ENFUYAIT (Volume 5)

    SI ELLE CRAIGNAIT (Volume 6)

    SI ELLE ENTENDAIT (Volume 7)

    LES ORIGINES DE RILEY PAIGE

    SOUS SURVEILLANCE (Tome 1)

    ATTENDRE (Tome 2)

    PIEGE MORTEL (Tome 3)

    ESCAPADE MEURTRIERE (Tome 4)

    LA TRAQUE (Tome 5)

    SOUS HAUTE TENSION (Tome 6)

    LES ENQUÊTES DE RILEY PAIGE

    SANS LAISSER DE TRACES (Tome 1)

    RÉACTION EN CHAÎNE (Tome 2)

    LA QUEUE ENTRE LES JAMBES (Tome 3)

    LES PENDULES À L’HEURE (Tome 4)

    QUI VA À LA CHASSE (Tome 5)

    À VOTRE SANTÉ (Tome 6)

    DE SAC ET DE CORDE (Tome 7)

    UN PLAT QUI SE MANGE FROID (Tome 8)

    SANS COUP FÉRIR (Tome 9)

    À TOUT JAMAIS (Tome 10)

    LE GRAIN DE SABLE (Tome 11)

    LE TRAIN EN MARCHE (Tome 12)

    PIÉGÉE (Tome 13)

    LE RÉVEIL (Tome 14)

    BANNI (Tome 15)

    MANQUE (Tome 16)

    CHOISI (Tome 17)

    UNE NOUVELLE DE LA SÉRIE RILEY PAIGE

    RÉSOLU

    SÉRIE MYSTÈRE MACKENZIE WHITE

    AVANT QU’IL NE TUE (Volume 1)

    AVANT QU’IL NE VOIE (Volume 2)

    AVANT QU’IL NE CONVOITE (Volume 3)

    AVANT QU’IL NE PRENNE (Volume 4)

    AVANT QU’IL N’AIT BESOIN (Volume 5)

    AVANT QU’IL NE RESSENTE (Volume 6)

    AVANT QU’IL NE PÈCHE (Volume 7)

    AVANT QU’IL NE CHASSE (Volume 8)

    AVANT QU’IL NE TRAQUE (Volume 9)

    AVANT QU’IL NE LANGUISSE (Volume 10)

    AVANT QU’IL NE FAILLISSE (Volume 11)

    AVANT QU’IL NE JALOUSE (Volume 12)

    AVANT QU’IL NE HARCÈLE (Volume 13)

    AVANT QU’IL NE BLESSE (Volume 14)

    LES ENQUÊTES D’AVERY BLACK

    RAISON DE TUER (Tome 1)

    RAISON DE COURIR (Tome2)

    RAISON DE SE CACHER (Tome 3)

    RAISON DE CRAINDRE (Tome 4)

    RAISON DE SAUVER (Tome 5)

    RAISON DE REDOUTER (Tome 6)

    LES ENQUETES DE KERI LOCKE

    UN MAUVAIS PRESSENTIMENT (Tome 1)

    DE MAUVAIS AUGURE (Tome 2)

    L’OMBRE DU MAL (Tome 3)

    JEUX MACABRES (Tome 4)

    LUEUR D’ESPOIR (Tome 5)

    CHAPITRES

    CHAPITRE UN

    CHAPITRE DEUX

    CHAPITRE TROIS

    CHAPITRE QUATRE

    CHAPITRE CINQ

    CHAPITRE SIX

    CHAPITRE SEPT

    CHAPITRE HUIT

    CHAPITRE NEUF

    CHAPITRE DIX

    CHAPITRE ONZE

    CHAPITRE DOUZE

    CHAPITRE TREIZE

    CHAPITRE QUATORZE

    CHAPITRE QUINZE

    CHAPITRE SEIZE

    CHAPITRE DIX-SEPT

    CHAPITRE DIX-HUIT

    CHAPITRE DIX-NEUF

    CHAPITRE VINGT

    CHAPITRE VINGT ET UN

    CHAPITRE VINGT-DEUX

    CHAPITRE VINGT-TROIS

    CHAPITRE VINGT-QUATRE

    CHAPITRE VINGT-CINQ

    CHAPITRE VINGT-SIX

    CHAPITRE VINGT-SEPT

    CHAPITRE VINGT-HUIT

    CHAPITRE VINGT-NEUF

    CHAPITRE TRENTE

    CHAPITRE TRENTE ET UN

    CHAPITRE TRENTE-DEUX

    CHAPITRE UN

    Zoé ferma les yeux et appuya la tête contre le dossier du divan. Ses rideaux étaient ouverts et la nuit était tombée sur Bethesda, mais elle n’avait pas pris la peine de se lever pour allumer les lampes. Au loin, de minuscules points jaunes indiquaient que la ville de Washington ne dormait toujours pas et elle était fatiguée de voir toute cette agitation.

    Elle ne faisait plus partie de cet univers. Tout ce qu’elle voyait quand elle regardait la ville, c’étaient des chiffres : le nombre d’étages et de fenêtres dans chaque bâtiment, leur hauteur, le temps qu’il faudrait à un objet pour heurter le trottoir en tombant de l’une de ces fenêtres. Le nombre de buildings, de rues et de croisements. Toutes ces données tournaient incessamment dans sa tête et tout ce qu’elle avait envie de faire, c’était de disparaître dans l’obscurité et de ne plus penser à rien.

    Mais une fois qu’elle fermait les yeux, ses autres sens prenaient le relais. Elle entendait clairement le tic-tac de sa montre, qu’elle avait enlevée et jetée au loin depuis des jours pour ne plus l’entendre. Mais le bruit des secondes qui passaient était toujours audible. Même les bulles à l’intérieur de la bière qu’elle tenait en main avaient commencé à adopter leur propre rythme dans sa tête. Elle s’était mise à calculer le temps qui s’écoulait entre chaque bulle, la quantité de bière qui restait dans la bouteille et la rapidité à laquelle ces bulles éclataient. 

    Zoé but une autre gorgée. Finir sa bière présenterait un double avantage : elle n’aurait plus ce bruit de bulles à proximité et l’alcool lui permettrait d’engourdir un peu ses sens exacerbés. Peut-être que la prochaine bière ne ferait plus autant de bruit.

    L’un de ses chats s’avança sur le dossier du divan et se coucha derrière elle. À en juger par le bruit délicat des coussinets sur le tissu, ça devait être Euler. Il s’était silencieusement approché d’elle, avant d’étendre sa chaude fourrure contre les cheveux courts de Zoé. Mais il faisait quand même du bruit. Elle pouvait entendre le battement de son cœur et le rythme de sa respiration. Bien que ce soit soit très discret, ils étaient bien là et Zoé savait qu’elle n’allait pas tarder à se mettre à compter ses battements de cœur et le nombre d’inspirations qu’il prenait à la minute. 

    Elle bougea légèrement le bras et tendit la main vers son téléphone, qui était posé sur l’accoudoir du divan. Il était éteint. Elle ne l’avait pas allumé depuis des jours. Au début, juste après cette enquête qui avait causé sa suspension du boulot, elle l’avait laissé allumé. Mais les messages, les notifications, les bips et les sonneries avaient commencé à l’agacer et elle avait fini par l’éteindre. Elle ne le rallumait qu’une fois par jour pour lire les messages avant de l’éteindre à nouveau. Mais ça faisait maintenant des jours qu’elle n’avait même plus pris la peine de faire ça. Ça lui paraissait au-dessus de ses forces.

    De toute façon, Zoé ne s’attendait à rien de neuf. Elle avait coupé les ponts avec tout le monde et elle s’était retranchée chez elle. Après quelques semaines, ils avaient fini par cesser d’essayer de la joindre. Elle savait déjà qu’elle n’aurait aucun message du boulot – après avoir roué de coups l’assassin qui avait tué sa coéquipière, l’agent spécial Shelley Rose, l’agent en charge Maitland n’avait pas eu d’autre choix que la renvoyer chez elle et la suspendre de ses fonctions. Elle avait retiré une certaine satisfaction de retrouver cette crapule d’assassin et de le passer à tabac. Mais ça n’avait pas suffi. Elle n’avait pas pu empêcher la mort de sa coéquipière.

    Elle n’avait pas pu empêcher cette crapule de tuer Shelley juste sous son nez.

    Zoé fixa son téléphone des yeux et se mit à en calculer les dimensions, le poids et la taille de chaque touche. Même les chiffres, c’était mieux que repenser à tout ça et à ce qui était arrivé à Shelley.

    Et ce n’était pas seulement le FBI qui ne l’appelait plus. Zoé sortait avec John depuis suffisamment longtemps pour commencer à lui faire confiance. Elle avait même prévu de lui parler de cette obsession qu’elle avait avec les chiffres. Mais depuis la mort de Shelley, elle ne voyait plus vraiment l’intérêt de le revoir.

    Au début, il l’avait appelée tous les jours. Puis il avait envoyé des messages, au moins trois par jour, puis il était passé à deux, et finalement à un. Mais il avait fini par arrêter d’essayer. Il lui avait envoyé un dernier message qu’elle connaissait maintenant par cœur : Je serai là si/quand tu auras envie de parler.

    Dix mots. Quarante-cinq caractères. Et c’était le dernier message qu’il lui avait envoyé, il y a vingt-sept jours. Vu que son horloge interne n’arrêtait jamais de compter, sans même regarder, Zoé savait que ça ferait vingt-huit jours d’ici quelques heures. Chaque jour avait cette même longueur insupportable, cette même durée qui s’étendait derrière et devant elle, la même chose qui se répétait encore et encore. 

    Zoé tendit la main pour prendre une deuxième bière. Mais elle sursauta et la bière faillit lui tomber des mains. Des coups énergiques venaient d’être frappés à la porte et des chiffres apparurent tout de suite devant les yeux de Zoé. Elle visualisa le poids de la main qui avait frappé à la porte, la rapidité et la force des coups. Et elle sut tout de suite de qui il s’agissait. 

    « Zoé ? » La voix se faufila sous la porte et traversa l’espace silencieux de son appartement. Elle résonna trop fort aux oreilles de Zoé. Le docteur Francesca Applewhite était venue tous les jours depuis le dernier message de John et aussi chaque jour avant ça. Ça faisait trente-six fois qu’elle frappait à sa porte. Vu que le docteur Applewhite frappait toujours à quatre reprises avec le même rythme – un, un-deux, un – ça faisait cent quarante-quatre coups frappés à sa porte, cent quarante-quatre fois que les articulations des mains du docteur Applewhite tressaillaient contre la porte d’entrée de son appartement.

    Et Zoé ne lui avait pas une seule fois ouvert.

    « Zoé, je veux juste entendre ta voix, » dit le docteur Applewhite. « Je veux juste savoir si tu vas bien. »

    Zoé ferma les yeux. La voix du docteur Applewhite lui parvenait à travers la porte à un niveau de soixante-cinq décibels. À peine plus fort que le niveau d’une voix normale. Juste assez fort pour être entendue à travers la porte et dans tout l’appartement. Zoé ne pouvait pas échapper à la voix. Il n’y avait nulle part où elle pouvait se cacher pour ne plus l’entendre. L’appartement était trop petit. Elle avait déjà essayé.

    « Zoé ! »

    La voix avait maintenant atteint les soixante-neuf décibels. Zoé se boucha les oreilles avec les mains pour ne plus entendre les chiffres qui résonnaient dans sa tête. « Va-t’en ! » hurla-t-elle. « Laisse-moi tranquille ! »

    Elle entendit un léger bruit dans le couloir. « OK, Zoé. » La voix était redescendue à soixante décibels. Le ton était plus doux et plus tranquille. « Je vais m’en aller, alors. Appelle-moi si tu as besoin de quelque chose. »

    Mais elle resta encore quelques secondes devant la porte, en attendant peut-être une réponse. Zoé resta silencieuse. Le docteur Applewhite finit par s’éloigner et Zoé entendit le bruit de ses pas se diriger vers les escaliers. Rien qu’au bruit, elle sut que le docteur Applewhite pesait toujours cinquante-huit kilos.

    Zoé se passa la main sur le front et prit sa deuxième bière. Elle l’ouvrit et en but une longue gorgée, en essayant d’avaler la plus grande quantité qu’elle pouvait ingurgiter en une seule fois. Elle mesura des yeux le volume qui restait dans la bouteille. Elle en était presque exactement à la moitié de la bière. Elle regarda en direction du divan mais elle resta sur place. L’appartement lui semblait maintenant trop étroit, trop petit. Elle avait l’impression d’y étouffer et de tourner en rond avec ses pensées.

    Elle ne pouvait pas rester ici, pas avec tous ces chiffres, pas le reste de la nuit. Elle ne supportait plus de les entendre résonner dans sa tête, sans aucune réponse. Ils étaient partout. Et bien qu’elle sache qu’ils seraient également là si elle sortait de chez elle, au moins ce serait de nouveaux chiffres.

    Elle attendit dix-sept minutes après le dernier bruit audible de pas du docteur Applewhite, afin d’être sûre qu’elle ait quitté son quartier. Puis elle vida le reste de sa bière et jeta la bouteille à la poubelle, avant d’aller enfiler ses chaussures.

    ***

    Zoé trébucha sur une pierre qui faisait saillie au bord du trottoir. En y regardant de plus près, elle se rendit compte que la pierre faisait en fait partie du trottoir. C’était une bordure qui avait été mise là lors de la construction. Elle n’aurait certainement pas dû y être. Zoé se redressa et fit attention à ne pas trébucher à nouveau dessus.

    Elle regarda la rue où elle se trouvait et son cœur se serra : elle finissait toujours par venir au même endroit lorsqu’elle errait dans les rues le soir après quelques verres. Ou parfois même en buvant, puisqu’elle avait emporté le reste des bières avec elle et que maintenant ses mains étaient vides. Ce n’était pas si près que ça de chez elle. Elle avait donc fait délibérément le choix de venir par ici, même si elle ne se souvenait pas d’avoir pris cette décision. Et pourtant, elle se trouvait là, devant cette même maison.

    Cette maison devant laquelle Zoé n’aurait normalement jamais osé se trouver. Ce n’était pas une coïncidence qu’elle y vienne uniquement le soir, sous le couvert de l’obscurité et sous les effets de l’alcool. En venant la nuit, il y avait peu de chances qu’on la voie et elle pouvait lâchement rester là à s’apitoyer sur elle-même et à se sentir coupable, sans jamais trop s’approcher.

    Et pourtant, elle en avait tellement envie. Zoé désirait plus que tout pouvoir gravir les marches jusqu’à cette maison et frapper à la porte. Elle aurait tellement voulu la voir s’ouvrir et voir apparaître l’agent Shelley Rose, avec son chignon blond parfaitement en place et son impeccable rouge à lèvres rose. Elle aurait tellement voulu la voir sourire et l’entendre dire quelque chose du genre, « Tu es prête, Z ? », avant d’aller prendre un avion pour aller élucider un meurtre.

    Mais ce n’était plus possible, parce que Shelley n’était plus là. Elle était six pieds sous terre. Zoé avait assisté à l’enterrement. Elle avait vu son cercueil descendre dans une tombe fraîchement creusée, sous les yeux de son mari et de sa fille. À ce moment-là, elle aurait voulu pouvoir leur dire quelque chose, mais elle n’avait pas pu. Elle avait encore envie aujourd’hui de le faire, mais elle n’y parvenait toujours pas.

    Le mari de Shelley se retrouvait sans épouse et la fille de Shelley, sans une mère. Zoé pourrait frapper à leur porte maintenant et leur dire qu’elle était désolée, que tout était de sa faute, qu’elle n’avait été capable de l’empêcher. Elle aurait pu prendre toute la faute sur elle et subir leur colère, leur peine, ou tout ce qu’ils lui jetteraient au visage… pourvu que ça les soulage un peu.

    Mais que ce soit pour son bien ou pour le leur, elle ne parvenait pas à le faire. Ça n’avait rien à voir avec le fait que ce soit mérité ou non. Ni même avec le fait d’avoir le courage de le faire. Zoé regarda la maison et essaya de penser à ce qu’elle pourrait bien leur dire, mais tout ce qui lui venait en tête, c’était que la maison avait cinq fenêtres qui donnaient sur la rue, que chacune d’entre elles était divisée en quatre carreaux ; la porte faisait deux mètres de haut ; l’allée mesurait un mètre quatre-vingts de long et elle était composée de douze dalles ; chacune de ces dalles faisait un demi-pied de long, ou 15,24 centimètres, ou six pouces, ou 0.167 yard, ou…

    Zoé n’avait aucun mot à leur dire. Elle n’avait que des chiffres en tête. Elle détourna les yeux de cette maison dont elle connaissait les moindres dimensions et se força à reprendre le chemin retour vers son appartement. À chaque fois qu’elle venait ici, elle se sentait encore plus déprimée qu’avant de partir. Mais ses pieds parvenaient toujours à trouver la force pour rentrer chez elle.

    Tôt ou tard, elle allait devoir tout simplement cesser de sortir de chez elle. Ça n’en valait plus la peine.

    Et Zoé ne voyait vraiment pas comment se sortir de ce bourbier – un bourbier qu’elle avait elle-même créé. Tout ce qu’elle avait la force de faire, c’était rester enfermée chez elle et laisser son téléphone éteint. Ignorer les appels qui finiraient par arriver lorsque sa suspension serait terminée et attendre que tout finisse par s’estomper et s’oublier.

    CHAPITRE DEUX

    Elara Vega jeta un coup d’œil à sa montre et fronça les sourcils. Elle était seule au bureau. Tous ses collègues étaient partis vers dix-huit heures, à la fin de leur journée de travail. Mais pour Elara, le boulot, c’était sa vie – ça avait toujours été le cas.

    Non, ce n’était pas tout à fait vrai, se dit-elle en rassemblant ses affaires et en rangeant ses notes pour le lendemain matin. Il y avait eu une époque où d’autres choses avaient été plus importantes à ses yeux. Elle avait élevé son fils et, pendant tout un temps, il y avait également eu son mari, bien qu’ils aient divorcé il y a déjà vingt ans. Deux ans après ça, son fils était parti à l’université et depuis lors, elle était seule. Et elle aimait ça. Il n’y avait plus qu’elle, les planètes et les étoiles, éternelles et pourtant si fugaces.

    Elara regarda son bureau bien rangé pour vérifier qu’il n’y ait plus rien qui traîne. Si elle avait appris quelque chose au cours de ses cinquante-neuf années de vie, c’était que garder les choses en ordre demandait beaucoup moins d’effort que ranger un énorme bazar qu’on avait

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