S'il te plaît, raconte-moi une histoire...

Par Christine Doyen

« S'il vous plaît...dessine-moi un mouton », demande le petit Prince.
Antoine de Saint-Exupéry, piètre dessinateur et impatient rétorque :
« Ça c'est la caisse. Le mouton que tu veux est dedans »
Et le petit Prince de répondre :
« C'est tout à fait comme ça que je le voulais » !
Et pendant ce temps, s'apprivoise la rose...

C'est dans l'ignorance précieuse et consentie de ce qui s'apprivoisera chez le lecteur,
que je propose mes quatre boîtes à histoires.

• Langue: Français
• Éditeur: Books on Demand
• Date de sortie: 1 oct. 2020
• ISBN: 9782322228041

Christine Doyen

Philosophe de formation, Christine Doyen a été professeur de morale. Depuis 2008, dans le cadre de son entreprise « Une fenêtre ouverte sur la Vie... », elle organise des ateliers individuels de développement personnel et des ateliers collectifs d'écriture.

Aperçu du livre

Dessin de couverture réalisé par Gabriel Boukraâ-Pire

Philosophe de formation, Christine Doyen a été professeur de morale. Depuis 2008, dans le cadre de son entreprise « Une fenêtre ouverte sur la Vie... », elle organise des ateliers individuels de développement personnel et des ateliers collectifs d'écriture.

A Gabriel « Pour quand je serai grand »

Sommaire

Le joueur de flûte

Lola

La petite et le loup

Le village

La mère

La grand-mère

Le garde-chasse

La petite fille

Le loup

La source

Le joueur de flûte

Aucun présage n'avait annoncé sa venue. Un dimanche, après la messe, elle est là, assise en lotus à même la pierre grise du parvis de l'église. Sa peau foncée est adoucie çà et là de la fine poussière des chemins nomades. Pieds nus, mains nues, cheveux longs et sauvages, belle en ses yeux sombres et sa bouche gourmande. Sa robe de cotonnade rouge, délavée jusqu'à l'orange pâle, ne laisse entrevoir que ses fines chevilles entrecroisées et la plante de ses pieds qui endurent avec grâce les callosités de l'errance.

Les très pauvres savent, au profond, que le mot parvis à la même racine que paradis et c'est tout naturellement qu'ils viennent s'y asseoir, paumes tendues vers le bon vouloir du ciel et des hommes.

Après le prêche, souvent sévère, du vieux curé, qui oserait ne pas faire l'aumône ? Chacun et chacune y va de sa piécette.

Pour tout remerciement, un chant sans paroles s'échappe des lèvres de la jeune fille, une mélopée douce et nostalgique. Après quoi, furtive, elle disparaît dans les bois comme une jeune biche.

Ainsi de dimanche en dimanche, vient-elle asseoir sa chanson sans mot sur le parvis de l'église.

Les villageois s'y habituent et déposent à ses pieds une pièce, un vêtement usagé, un quignon de pain. Certains se risquent à quelques mots de charité bien-pensante, nulle autre réponse que sa mélopée coutumière.

On comprend alors qu'elle est sourde. On la surnomme la muette.